- paulinednNiveau 3
Bonsoir,
J'ai une élève à domicile qui a un texte de Mallarmé ("Apparition") sur sa liste d'oral.
Or, je ne suis pas d'accord avec l'interprétation de son professeur sur le vers suivant: "Ma songerie aimant à me martyriser". J'aurai dit que le poète était nostalgique et que toutes ces pensées le ramenaient inlassablement vers ce souvenir certes heureux mais révolu d'une passion passée, mais leur professeur l'interprete plutôt comme "Mallarmé ne sait plus quoi dire il manque d'inspiration".
Loin de moi l'habitude de dénigrer les professeurs, mais j'ai déjà remarqué plusieurs interprétations hasardeuses, voir pour moi quelques aberrations de ça part (comme le fait qu'elle classe Zola comme un auteur réaliste et refuse de parler de naturalisme) d'où cet appel à contribution aujourd'hui.
Merci d'avance pour votre aide!
La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.
J'ai une élève à domicile qui a un texte de Mallarmé ("Apparition") sur sa liste d'oral.
Or, je ne suis pas d'accord avec l'interprétation de son professeur sur le vers suivant: "Ma songerie aimant à me martyriser". J'aurai dit que le poète était nostalgique et que toutes ces pensées le ramenaient inlassablement vers ce souvenir certes heureux mais révolu d'une passion passée, mais leur professeur l'interprete plutôt comme "Mallarmé ne sait plus quoi dire il manque d'inspiration".
Loin de moi l'habitude de dénigrer les professeurs, mais j'ai déjà remarqué plusieurs interprétations hasardeuses, voir pour moi quelques aberrations de ça part (comme le fait qu'elle classe Zola comme un auteur réaliste et refuse de parler de naturalisme) d'où cet appel à contribution aujourd'hui.
Merci d'avance pour votre aide!
La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.
- leyadeEsprit sacré
paulinedn a écrit:Bonsoir,
J'ai une élève à domicile qui a un texte de Mallarmé ("Apparition") sur sa liste d'oral.
Or, je ne suis pas d'accord avec l'interprétation de son professeur sur le vers suivant: "Ma songerie aimant à me martyriser". J'aurai dit que le poète était nostalgique et que toutes ces pensées le ramenaient inlassablement vers ce souvenir certes heureux mais révolu d'une passion passée, mais leur professeur l'interprete plutôt comme "Mallarmé ne sait plus quoi dire il manque d'inspiration".
Loin de moi l'habitude de dénigrer les professeurs, mais j'ai déjà remarqué plusieurs interprétations hasardeuses, voir pour moi quelques aberrations de ça part (comme le fait qu'elle classe Zola comme un auteur réaliste et refuse de parler de naturalisme) d'où cet appel à contribution aujourd'hui.
Merci d'avance pour votre aide!
La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.
ça me parait clair, Mallarmé s'explicite dès le vers suivant, sa songerie le pousse à se remémorer encore et encore le Rêve des débuts amoureux.
_________________
Maggi is my way, Melfor is my church and Picon is my soutien. Oui bon je sais pas dire soutien en anglais.
LSU AP ENT HDA PAI PAP PPMS PPRE ULIS TICE PAF
- InvitéeLaNiveau 5
Mallarmé, ça ne me paraît pas clair. J'ai beau lire et relire...L'idée que le souvenir est un souvenir heureux me semble -c'est mon interprétation- démentie au premier vers, 'La lune s'attristait', ( et pleurs, et sanglots, et mourantes, et archet et tiraient) alors que M. évoque 'le jour béni de ton premier baiser'. Pour la songerie, s'agit-il de celle qu'il vit et dont il parle dans ces vers, ou de toute songerie en général, car la phrase mentionne le 'parfum de tristesse que...laisse la cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli', ça semble être une vérité générale ? Je n'ai pas d'explication claire, mais ce passé ne semble pas révolu, car le poème s'achève au présent sur l'apparition, réelle ou fantasmée, je ne sais ! de la riante fée. Peut-être aime-t-il se martyriser en se laissant aller à des rêveries douloureuses qui aboutissent à ce genre de poème, ou au sonnet en X. Quant à Zola, se disait-il naturaliste ? Il a partagé sa vision du roman sous le titre 'Le roman expérimental', mais quel qualificatif utilisait-il pour se définir lui-même ?
- User5899Demi-dieu
Remarque stupide, à tel point que je doute de sa véracitépaulinedn a écrit:Bonsoir,
J'ai une élève à domicile qui a un texte de Mallarmé ("Apparition") sur sa liste d'oral.
Or, je ne suis pas d'accord avec l'interprétation de son professeur sur le vers suivant: "Ma songerie aimant à me martyriser". J'aurai dit que le poète était nostalgique et que toutes ces pensées le ramenaient inlassablement vers ce souvenir certes heureux mais révolu d'une passion passée, mais leur professeur l'interprete plutôt comme "Mallarmé ne sait plus quoi dire il manque d'inspiration".
Par ailleurs, je n'emploierais pas l'imparfait dans les remarques, mais le présent : c'est le temps de la lecture.
Bon, le texte.
D'abord, un arrière-plan à l'imparfait, une situation première, et un événement unique au passé composé : l'adjectif "ton" ("premier baiser") et le pronom "tu" ("m'es en riant apparue") renvoient de toute évidence à la même personne. Lorsque nous lisons "c'était le jour béni de ton premier baiser", ce baiser a-t-il eu lieu ? Je ne le pense pas.
Pour le vers qui vous pose problème, j'insisterais sur le fait que la rêverie désigne un processus (donc se développe dans la durée), qu le participe présent a un aspect inaccompli (et donc qu'on peut présenter l'action comme habituelle) et que le sujet du verbe désigne ce processus de rêverie auquel le poète confère une volonté qu'il analyse en la subissant ; et elle s’enivre de "la cueillaison d'un Rêve" : le mot est ambigü. S'agit-il d'un désir encore inassouvi (il rêve sans obtenir, vit dans le désir et souffre en y pensant, la mention du "coeur" renvoyant au sentiment amoureux) ? S'agit-il rétrospectivement de songer à ce premier baiser comme à un rêve assouvi ? Mais alors, on ne comprend plus la tristesse. En fait, il se peint dans l'attitude des romantiques, seul, dans un décor solennel (la racine "triste", en latin, désigne plutôt la gravité que le chagrin, les violes des séraphins me font penser au "violon [qui] frémit comme un coeur qu'on afflige" chez Baudelaire), dirigé par ses sentiments, puis évoque la rencontre qui change sa journée voire sa vie, avec le passage (peu réaliste ) de la lune au soleil.
Je suis donc en désaccord avec votre façon de comprendre, mais là, il est tard et si vous avez envie d'en discuter ce sera volontiers, mais demain
paulinedn a écrit:Loin de moi l'habitude de dénigrer les professeurs, mais j'ai déjà remarqué plusieurs interprétations hasardeuses, voire pour moi quelques aberrations de sa part (comme le fait qu'elle classe Zola comme un auteur réaliste et refuse de parler de naturalisme) d'où cet appel à contribution aujourd'hui.
Il suffit de lire Le Docteur Pascal ainsi que la préface de L'Assommoir pour n'avoir aucun doute sur la question, sans même aller jusqu'à la fêlure de Tante Dide, de Laurent Mouret ou de Jacques Lantier. Quant à la tare héréditaire du second Empire, qui croît au chaud de la serre de La Curée pour dévaster l'armée dans le Sedan de La Débâcle, elle laisse le réalisme loin derrière, me semble-t-il.laïla a écrit:Quant à Zola, se disait-il naturaliste ? Il a partagé sa vision du roman sous le titre 'Le roman expérimental', mais quel qualificatif utilisait-il pour se définir lui-même ?
- InvitéeLaNiveau 5
Cripure a écrit:Cripure a écrit:
Il suffit de lire Le Docteur Pascal ainsi que la préface de L'Assommoir pour n'avoir aucun doute sur la question, sans même aller jusqu'à la fêlure de Tante Dide, de Laurent Mouret ou de Jacques Lantier. Quant à la tare héréditaire du second Empire, qui croît au chaud de la serre de La Curée pour dévaster l'armée dans le Sedan de La Débâcle, elle laisse le réalisme loin derrière, me semble-t-il.
Oui oui, "...le naturalisme est une littérature républicaine..." (Zola)
- paulinednNiveau 3
Un très grand merci pour vos réponses :-) .
J'avoue que j'ai vraiment du mal à me positionner, n'étant "que" son professeur à domicile, je ne veux pas qu'elle soit perturbée par plusieurs sons de cloche...
Mais je pense que je vais un peu plus m'imposer, surtout quand je vois qu'en filière ES à la fin de l'année mon élève n'aura que 12 textes (dont 1 chanson de Piaf et 3 traductions en LA...) et que les plans distribués par l'enseignante comportent 5 à 6 sous parties ça me laisse perplexe...
J'avoue que j'ai vraiment du mal à me positionner, n'étant "que" son professeur à domicile, je ne veux pas qu'elle soit perturbée par plusieurs sons de cloche...
Mais je pense que je vais un peu plus m'imposer, surtout quand je vois qu'en filière ES à la fin de l'année mon élève n'aura que 12 textes (dont 1 chanson de Piaf et 3 traductions en LA...) et que les plans distribués par l'enseignante comportent 5 à 6 sous parties ça me laisse perplexe...
- User5899Demi-dieu
Je ne me plaçais pas sur le plan général.laïla a écrit:Cripure a écrit:
Il suffit de lire Le Docteur Pascal ainsi que la préface de L'Assommoir pour n'avoir aucun doute sur la question, sans même aller jusqu'à la fêlure de Tante Dide, de Laurent Mouret ou de Jacques Lantier. Quant à la tare héréditaire du second Empire, qui croît au chaud de la serre de La Curée pour dévaster l'armée dans le Sedan de La Débâcle, elle laisse le réalisme loin derrière, me semble-t-il.
Oui oui, "...le naturalisme est une littérature républicaine..." (Zola)
- InvitéeLaNiveau 5
Cripure a écrit:Je ne me plaçais pas sur le plan général.laïla a écrit:Cripure a écrit:
Il suffit de lire Le Docteur Pascal ainsi que la préface de L'Assommoir pour n'avoir aucun doute sur la question, sans même aller jusqu'à la fêlure de Tante Dide, de Laurent Mouret ou de Jacques Lantier. Quant à la tare héréditaire du second Empire, qui croît au chaud de la serre de La Curée pour dévaster l'armée dans le Sedan de La Débâcle, elle laisse le réalisme loin derrière, me semble-t-il.
Oui oui, "...le naturalisme est une littérature républicaine..." (Zola)
Je n'avais pas tout saisi, car je n'ai pas lu tous les textes auxquels tu fais référence. Ce que je voulais savoir de Zola, c'est : se disait-il lui-même naturaliste, et si oui, dans quel écrit ? J'ai trouvé ce mot dans la préface au Roman expérimental, sans informations sur la source.
- SeiferÉrudit
Cripure a écrit:Des plans distribués ? C'est malin, ça
En formation cette année on nous a dit : "Au lycée ne demandez pas aux élèves de rédiger un commentaire sur un texte, cela ne sert à rien. Demandez leur de trouver des commentaires sur internet et d'imprimer le plus pertinent, et ensuite vous en parlerez en classe".
Ok.
_________________
De tout cimetière naît un champ de fleurs.
- ysabelDevin
Seifer a écrit:Cripure a écrit:Des plans distribués ? C'est malin, ça
En formation cette année on nous a dit : "Au lycée ne demandez pas aux élèves de rédiger un commentaire sur un texte, cela ne sert à rien. Demandez leur de trouver des commentaires sur internet et d'imprimer le plus pertinent, et ensuite vous en parlerez en classe".
Ok.
Naaaan ! tu plaisantes, c'est pas possible !
_________________
« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- GilbertineNeoprof expérimenté
Seifer a écrit:Cripure a écrit:Des plans distribués ? C'est malin, ça
En formation cette année on nous a dit : "Au lycée ne demandez pas aux élèves de rédiger un commentaire sur un texte, cela ne sert à rien. Demandez leur de trouver des commentaires sur internet et d'imprimer le plus pertinent, et ensuite vous en parlerez en classe".
Ok.
C'est une blague ?
- User5899Demi-dieu
Bon. Le discours officiel des IPR de Besançon (en-dehors de toute considération de pratique personnelle), c'est : une explication rédigée pour l'oral, c'est nul car ça va contre l'esprit et des cours et des programmes et de l'épreuve.Seifer a écrit:Cripure a écrit:Des plans distribués ? C'est malin, ça
En formation cette année on nous a dit : "Au lycée ne demandez pas aux élèves de rédiger un commentaire sur un texte, cela ne sert à rien. Demandez leur de trouver des commentaires sur internet et d'imprimer le plus pertinent, et ensuite vous en parlerez en classe".
Ok.
Un détail pour vos formateurs : comment les élèves choisiront-ils le plus pertinent ?
Cette consigne est accablante pour le métier. Bien sûr, il m'arrive d'imprimer des explications toutes faites, pour en montrer les défauts (je les choisis ad hoc) ; mais la formation à la lecture littéraire, elle se fait comment, selon vos "formateurs" ?
- User5899Demi-dieu
Oui, vous voulez l'étiquette, pas le produit, quoi...laïla a écrit:Cripure a écrit:Je ne me plaçais pas sur le plan général.laïla a écrit:
Oui oui, "...le naturalisme est une littérature républicaine..." (Zola)
Je n'avais pas tout saisi, car je n'ai pas lu tous les textes auxquels tu fais référence. Ce que je voulais savoir de Zola, c'est : se disait-il lui-même naturaliste, et si oui, dans quel écrit ? J'ai trouvé ce mot dans la préface au Roman expérimental, sans informations sur la source.
- InvitéeLaNiveau 5
[/quote]Oui, vous voulez l'étiquette, pas le produit, quoi...[/quote]
Je les collectionne en effet, mais j'ai aussi quelques purs produits en stock. Comme Le roman expérimental, que tu as sûrement lu, où Zola explique : "...les romanciers naturalistes observent et expérimentent...jusqu'à ce qu'une idée expérimentale éveille brusquement un jour leur génie et les pousse à instituer une expérience, pour analyser les faits et s'en rendre les maîtres.". Si l'étiquette vient de l'auteur elle-même et qu'elle me permet de le mieux comprendre, je prends (préface de Pierre et Jean sur le réalisme, par exemple), quand les étiquettes viennent d'ailleurs, je me méfie et tente de me forger une opinion. C'est ce que j'essayais de faire. Mais tu as décidé de voir dans mon message ce que tu voulais y voir. Dommage.
Je les collectionne en effet, mais j'ai aussi quelques purs produits en stock. Comme Le roman expérimental, que tu as sûrement lu, où Zola explique : "...les romanciers naturalistes observent et expérimentent...jusqu'à ce qu'une idée expérimentale éveille brusquement un jour leur génie et les pousse à instituer une expérience, pour analyser les faits et s'en rendre les maîtres.". Si l'étiquette vient de l'auteur elle-même et qu'elle me permet de le mieux comprendre, je prends (préface de Pierre et Jean sur le réalisme, par exemple), quand les étiquettes viennent d'ailleurs, je me méfie et tente de me forger une opinion. C'est ce que j'essayais de faire. Mais tu as décidé de voir dans mon message ce que tu voulais y voir. Dommage.
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