- EdgarNeoprof expérimenté
J'ai vu que le nom d'Edouard Louis était cité dans un autre fil au sujet d'une tribune politique sur la Russie.
J'ai acheté et lu ce we son autobiographie (il n'a que 21 ans ...) intitulée En finir avec Eddy Bellegueule et j'encourage quiconque à la lire à condition de savoir que le contenu est difficile à supporter parfois (souvent) et qu'il faut se garder de juger les gens et leur milieu ou de les prendre de haut, mais de les voir comme des victimes sociales d'un système plus vaste qu'eux (c'est dans cette option sociologique d'ailleurs que l'auteur souhaite que son livre soit pris).
Eddy Bellegueule est son vrai nom.
C'est terrible et je suis bouleversé depuis deux jours par cette lecture et certains détails qui sont donnés que je ne pensais pas possible en 2013 en France. Je pensais certaines choses propres au 19ème siècle, à Dickens, ou même impensables hors du cerveau d'un auteur un peu pervers.
(Il s'agit d'un enfant qui découvre son homosexualité dans un village picard au sein d'un famille ouvrière pauvre et qui est rejeté par tout le monde avant même de savoir et de comprendre ce qu'il a de différent des autres. La plongée dans cet univers d'inculture, de dureté, de cruauté, de saleté, de bêtise érigée en valeur est très éprouvante, je vous préviens).
J'ai acheté et lu ce we son autobiographie (il n'a que 21 ans ...) intitulée En finir avec Eddy Bellegueule et j'encourage quiconque à la lire à condition de savoir que le contenu est difficile à supporter parfois (souvent) et qu'il faut se garder de juger les gens et leur milieu ou de les prendre de haut, mais de les voir comme des victimes sociales d'un système plus vaste qu'eux (c'est dans cette option sociologique d'ailleurs que l'auteur souhaite que son livre soit pris).
Eddy Bellegueule est son vrai nom.
C'est terrible et je suis bouleversé depuis deux jours par cette lecture et certains détails qui sont donnés que je ne pensais pas possible en 2013 en France. Je pensais certaines choses propres au 19ème siècle, à Dickens, ou même impensables hors du cerveau d'un auteur un peu pervers.
(Il s'agit d'un enfant qui découvre son homosexualité dans un village picard au sein d'un famille ouvrière pauvre et qui est rejeté par tout le monde avant même de savoir et de comprendre ce qu'il a de différent des autres. La plongée dans cet univers d'inculture, de dureté, de cruauté, de saleté, de bêtise érigée en valeur est très éprouvante, je vous préviens).
- florestanGrand sage
J'ai lu le livre et j'éprouve un certain malaise. Je n'arrive pas à croire tout simplement à certains passages (celui dans la grange, quand il parle des désirs susceptibles de ressentir un enfant de neuf dix ans).
Ces interventions dans les médias me laissent perplexes également, il n'est pas clair. rien à voir avec le livre D'Eribon "Retour à Reims" à qui est dédié Eddy Bellegueule, dans lequel tout sonne juste. Il y a eu une réaction de ses parents dans le courrier picard. Ce sont des gens visiblement modestes mais ils ne ressemblent pas à des monstres obèses imbibés de TF1 de haine et de bière et ils ont l'air effondrés.
J'ai l'impression qu'il cherche un coup médiatique (plus que réussi il est partout en tête de gondole). En plus je n'aime pas l'"écriture blanche". J'ai déjà beaucoup discuté de ce livre avec des amis et nos avis sont très partagés.
Ces interventions dans les médias me laissent perplexes également, il n'est pas clair. rien à voir avec le livre D'Eribon "Retour à Reims" à qui est dédié Eddy Bellegueule, dans lequel tout sonne juste. Il y a eu une réaction de ses parents dans le courrier picard. Ce sont des gens visiblement modestes mais ils ne ressemblent pas à des monstres obèses imbibés de TF1 de haine et de bière et ils ont l'air effondrés.
J'ai l'impression qu'il cherche un coup médiatique (plus que réussi il est partout en tête de gondole). En plus je n'aime pas l'"écriture blanche". J'ai déjà beaucoup discuté de ce livre avec des amis et nos avis sont très partagés.
- EdgarNeoprof expérimenté
Je me suis posé exactement les mêmes questions que vous. Toutes les tares et les vices humains imaginables me paraissait trop concentrés sur le même lieu, la même famille, trop "beau" pour être vrai en d'autres termes. J'ai été très choqué par le récit de la sodomie entre garçons de 10 ans, c'est probablement d'ailleurs ce qui m'a le plus bouleversé dans le livre, ayant moi-même un enfant de cet âge et cela m'a terriblement perturbé.
J'ai vu la photo de la famille dans la Voix Du Nord et ils posent dans un intérieur qui ne ressemble pas du tout à l'idée que je me faisais de la grotte moyen-âgeuse que je m'étais représentée à la lecture de sa description. Et pourtant, connaissant la région et ayant visité des maisons, ce qu'il décrit ne me paraît pourtant pas impensable.
Et que peut-il se passer quand on laisse aujourd'hui des jeunes s'ennuyer entre-eux à l'ère de la vidéo porno ? Cela peut peut-être malheureusement aller un peu plus loin que la découverte maladroite de la sexualité adolescente.
Je me suis aussi demandé s'il n' y avait pas là la recherche de sensationnel, de quoi épater le bobo urbain et le conforter dans l'idée que les ouvriers et les gens du Nord Sont vraiment des dégénérés dont il faut se se tenir loin tout en brandissant l'étendard bien-pensant de l'égalité et de la tolérance. Succès assuré en librairie donc.
Je me suis demandé si l'on avait le droit moral de décrire la chambre de ses parents de leur vivant avec tant de détails et de les présenter au public en sachant ce que cela voudra dire pour eux. Je me suis vu comme un vulgaire voyeur entrant chez des gens sans y être invité pour les regarder comme dans un zoo.
Je connais (de loin) des gens des milieux décris à l'endroit dont ils parle, et ce sont des gens soucieux d'aider, prévenants, généreux, évidemment prisonniers de nombre de préjugés et de représentations provinciales et un peu anachroniques (l'homme fort avec une grosse voix, la femme avec des gosses à la maison) mais aussi malheureusement les filles mères très nombreuses, l'alcool comme distraction, mais on ne peut pas juger tous ces gens par l'exemple donné par quelques familles, ce serait comme faire des généralités sur tout et n'importe quoi.
J'ai vu la photo de la famille dans la Voix Du Nord et ils posent dans un intérieur qui ne ressemble pas du tout à l'idée que je me faisais de la grotte moyen-âgeuse que je m'étais représentée à la lecture de sa description. Et pourtant, connaissant la région et ayant visité des maisons, ce qu'il décrit ne me paraît pourtant pas impensable.
Et que peut-il se passer quand on laisse aujourd'hui des jeunes s'ennuyer entre-eux à l'ère de la vidéo porno ? Cela peut peut-être malheureusement aller un peu plus loin que la découverte maladroite de la sexualité adolescente.
Je me suis aussi demandé s'il n' y avait pas là la recherche de sensationnel, de quoi épater le bobo urbain et le conforter dans l'idée que les ouvriers et les gens du Nord Sont vraiment des dégénérés dont il faut se se tenir loin tout en brandissant l'étendard bien-pensant de l'égalité et de la tolérance. Succès assuré en librairie donc.
Je me suis demandé si l'on avait le droit moral de décrire la chambre de ses parents de leur vivant avec tant de détails et de les présenter au public en sachant ce que cela voudra dire pour eux. Je me suis vu comme un vulgaire voyeur entrant chez des gens sans y être invité pour les regarder comme dans un zoo.
Je connais (de loin) des gens des milieux décris à l'endroit dont ils parle, et ce sont des gens soucieux d'aider, prévenants, généreux, évidemment prisonniers de nombre de préjugés et de représentations provinciales et un peu anachroniques (l'homme fort avec une grosse voix, la femme avec des gosses à la maison) mais aussi malheureusement les filles mères très nombreuses, l'alcool comme distraction, mais on ne peut pas juger tous ces gens par l'exemple donné par quelques familles, ce serait comme faire des généralités sur tout et n'importe quoi.
- DimkaVénérable
Bonjour,
il y a cet article, qui donne le point de vue de la famille et d’autres gens : http://www.courrier-picard.fr/region/les-deux-visages-d-eddy-bellegueule-ia0b0n306422
J’ai lu le bouquin, ça ne m’a ni plu, ni déplu (ni vraiment marqué, en fait). Par contre, je trouve la médiatisation et la position de l’auteur un peu gênantes. On souligne l’aspect autobiographique, puis si quelqu’un fait remarquer que c’est exagéré, voire faux, on rappelle qu’il y a marqué « roman » sur la couverture (alors que le titre reprend l’identité du type) : telle ou telle posture selon ce qui arrange.
Finalement, je ne vois pas d’intérêt sociologique au livre, puisque ce n’est pas représentatif, et je trouve qu’il a plutôt tendance à diffuser des stéréotypes péjoratifs à l’égard de classes sociales ouvrières ou non-parisiennes, sous couvert de l’identité de l’auteur qui permet de cautionner.
il y a cet article, qui donne le point de vue de la famille et d’autres gens : http://www.courrier-picard.fr/region/les-deux-visages-d-eddy-bellegueule-ia0b0n306422
J’ai lu le bouquin, ça ne m’a ni plu, ni déplu (ni vraiment marqué, en fait). Par contre, je trouve la médiatisation et la position de l’auteur un peu gênantes. On souligne l’aspect autobiographique, puis si quelqu’un fait remarquer que c’est exagéré, voire faux, on rappelle qu’il y a marqué « roman » sur la couverture (alors que le titre reprend l’identité du type) : telle ou telle posture selon ce qui arrange.
Finalement, je ne vois pas d’intérêt sociologique au livre, puisque ce n’est pas représentatif, et je trouve qu’il a plutôt tendance à diffuser des stéréotypes péjoratifs à l’égard de classes sociales ouvrières ou non-parisiennes, sous couvert de l’identité de l’auteur qui permet de cautionner.
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- Spoiler:
- EdgarNeoprof expérimenté
C'est en effet la faiblesse du livre que de vouloir "sociologiser", mais je trouve que c'est d'ailleurs la faiblesse de la sociologie dans son ensemble, qui plaque des mécanismes sur des comportements humains et retire en somme tout libre arbitre aux individus, toute place au hasard, à l'exceptionnel, à l'imprévu. L'auteur est jeune et brillant étudiant, j'ai l'impression qu'il découvre la magie de la sociologie et qu'il en joue comme on joue au début d'un nouveau jouet. Il a écrit un essai sur Bourdieu d'ailleurs, et s'inscrit dans sa filiation, ceci explique peut-être cela.
Je suis d'accord avec vous sur la supercherie du classement en roman, mais il explique que c'est pour protéger certaines personnes (je ne vois pas qui il reste à protéger...), mais je trouve que c'est une supercherie qui s'applique à l'autofiction dans son ensemble en tant que genre littéraire.
Ce n'est pas la valeur sociologique du livre qui m'intéresse, c'est le témoignage d'un individu et de sa détresse dans un monde familial qui l'enferme et l'asphyxie, et en cela, le livre a une valeur universelle.
Je pense par ailleurs qu'il ne connaît pas encore assez bien l'ensemble de la bourgeoisie pour savoir qu'il ne s'agit pas d'un milieu aussi doux et aussi fait de "pédés" (comme il le dit lui-même) que cela. Les grandes familles de militaires, ou d'industriels par exemple, ne sont pas toujours des exemples de douceur ni de tendresse, ni de mise en avant de la féminité chez l'homme, il a encore à apprendre de ce milieu qu'il commence à découvrir.
Je suis d'accord avec vous sur la supercherie du classement en roman, mais il explique que c'est pour protéger certaines personnes (je ne vois pas qui il reste à protéger...), mais je trouve que c'est une supercherie qui s'applique à l'autofiction dans son ensemble en tant que genre littéraire.
Ce n'est pas la valeur sociologique du livre qui m'intéresse, c'est le témoignage d'un individu et de sa détresse dans un monde familial qui l'enferme et l'asphyxie, et en cela, le livre a une valeur universelle.
Je pense par ailleurs qu'il ne connaît pas encore assez bien l'ensemble de la bourgeoisie pour savoir qu'il ne s'agit pas d'un milieu aussi doux et aussi fait de "pédés" (comme il le dit lui-même) que cela. Les grandes familles de militaires, ou d'industriels par exemple, ne sont pas toujours des exemples de douceur ni de tendresse, ni de mise en avant de la féminité chez l'homme, il a encore à apprendre de ce milieu qu'il commence à découvrir.
- Presse-puréeGrand sage
Dimka a écrit:
Finalement, je ne vois pas d’intérêt sociologique au livre, puisque ce n’est pas représentatif, et je trouve qu’il a plutôt tendance à diffuser des stéréotypes péjoratifs à l’égard de classes sociales ouvrières ou non-parisiennes, sous couvert de l’identité de l’auteur qui permet de cautionner.
J'ai le même sentiment.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- celitianSage
J'étais certaine de trouver un fil sur ce livre.
Je viens de le finir et j'ai eu la sensation d'entendre mon mari me parler de son enfance et de voir ma belle-famille qui n'est pas du Nord mais de banlieue parisienne.
C'est malheureusement très très réaliste avec l'alcoolisme banalisé et généralisé, la sexualité très très précoce, la misère intellectuelle, les enfants qui reproduisent les schémas familiaux, les bagarres...
Le seul point sur lequel je tique c'est d'associer ces comportements avec seulement la classe ouvrière, la plupart de mes beaux-frères et belles-sœurs ont réussi à évoluer professionnellement et à avoir des revenus largement supérieurs à ceux d'un prof mais la plupart des attitudes sont restées identiques seulement un peu atténuées, heureusement.
Et mon mari se sent totalement différent de sa famille et a du mal à les supporter sur plusieurs jours.
Je viens de le finir et j'ai eu la sensation d'entendre mon mari me parler de son enfance et de voir ma belle-famille qui n'est pas du Nord mais de banlieue parisienne.
C'est malheureusement très très réaliste avec l'alcoolisme banalisé et généralisé, la sexualité très très précoce, la misère intellectuelle, les enfants qui reproduisent les schémas familiaux, les bagarres...
Le seul point sur lequel je tique c'est d'associer ces comportements avec seulement la classe ouvrière, la plupart de mes beaux-frères et belles-sœurs ont réussi à évoluer professionnellement et à avoir des revenus largement supérieurs à ceux d'un prof mais la plupart des attitudes sont restées identiques seulement un peu atténuées, heureusement.
Et mon mari se sent totalement différent de sa famille et a du mal à les supporter sur plusieurs jours.
- ChewbaccaNiveau 3
A titre d'information, Gérard Mauger a donné un compte-rendu sociologique très éclairant du livre dans le numéro 30 de la revue Savoir/Agir : http://www.cairn.info.gate3.inist.fr/article.php?ID_ARTICLE=SAVA_030_0121&DocId=297483&hits=23+22+
- Blan6ineÉrudit
Penses-tu, Chewbacca, que cet article soit visible par tous?
- ChewbaccaNiveau 3
Non, mais il le sera bientôt, je pense, dans la mesure où la revue rend assez rapidement publics ses anciens numéros.
(Si je savais faire, je te l'enverrais volontiers par mp.)
(Si je savais faire, je te l'enverrais volontiers par mp.)
- ChewbaccaNiveau 3
http://www.savoir-agir.org/IMG/pdf/SA30-Culture-Mauger.pdf
Et voilà !
Et voilà !
- olocNiveau 6
Bonjour,
Merci beaucoup pour le lien. J'ai lu le roman la nuit dernière. Gérard Mauger ( ) met le doigt en les formulant explicitement, avec quel talent, les quelques objections que j'avais ("illusion biographique" et mémoire sélective, biais de sélection des souvenirs, "tropisme gay" dans l'explication de la rupture de trajectoire). Mais ça reste une lecture très recommandable.
Sans la dimension sexuelle, le roman m'a beaucoup fait penser à ce très beau film flamand du 2009, sur le thème des transfuges de classe :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=145947.html
Sinon, Richard Hoggart, mort l'an dernier, avait presque tout dit déjà (La culture du pauvre).
Chewbacca a écrit:http://www.savoir-agir.org/IMG/pdf/SA30-Culture-Mauger.pdf
Merci beaucoup pour le lien. J'ai lu le roman la nuit dernière. Gérard Mauger ( ) met le doigt en les formulant explicitement, avec quel talent, les quelques objections que j'avais ("illusion biographique" et mémoire sélective, biais de sélection des souvenirs, "tropisme gay" dans l'explication de la rupture de trajectoire). Mais ça reste une lecture très recommandable.
Sans la dimension sexuelle, le roman m'a beaucoup fait penser à ce très beau film flamand du 2009, sur le thème des transfuges de classe :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=145947.html
Sinon, Richard Hoggart, mort l'an dernier, avait presque tout dit déjà (La culture du pauvre).
- ChewbaccaNiveau 3
Merci pour la référence de film.
Mauger et Hoggart euh… Serions-nous jumeaux ? :shock:
Personnellement, j'ai été très déçu à la lecture du livre d'Edouard Louis. J'attendais quelque chose d'autre, de mieux (j'avais commencé la lecture, armé de mon crayon pour identifier les passages sociologiquement intéressants), mais bon, tout le monde ne peut pas être Richard Hoggart ou Annie Ernaux ! Ce n'est pas seulement une question de talent ou de culture (il a mal compris Bourdieu…ou plutôt il l'a compris comme ceux qui le caricaturent le comprennent), mais de recul.
(PS : Désolé pour le délai de réponse.)
Mauger et Hoggart euh… Serions-nous jumeaux ? :shock:
Personnellement, j'ai été très déçu à la lecture du livre d'Edouard Louis. J'attendais quelque chose d'autre, de mieux (j'avais commencé la lecture, armé de mon crayon pour identifier les passages sociologiquement intéressants), mais bon, tout le monde ne peut pas être Richard Hoggart ou Annie Ernaux ! Ce n'est pas seulement une question de talent ou de culture (il a mal compris Bourdieu…ou plutôt il l'a compris comme ceux qui le caricaturent le comprennent), mais de recul.
(PS : Désolé pour le délai de réponse.)
- KapellmeisterHabitué du forum
J'ai trouvé ce livre plus que médiocre sur le strict plan littéraire. Quant au contenu, j'ai tendance à être franchement d'accord avec l'écrivain Frédéric Vallotton et à penser que ce cher Eddy nous prend un peu beaucoup pour des hons : http://frevall.blogspot.fr/2014/03/en-finir-avec-eddy-bellegueule-dedouard.html
- olocNiveau 6
Chewbacca a écrit:Merci pour la référence de film.
Mauger et Hoggart euh… Serions-nous jumeaux ? :shock:
Ah je ne sais pas, je peux rajouter Stéphane Beaud, pour voir.
Personnellement, j'ai été très déçu à la lecture du livre d'Edouard Louis. J'attendais quelque chose d'autre, de mieux (j'avais commencé la lecture, armé de mon crayon pour identifier les passages sociologiquement intéressants),
Dans un certain sens moi aussi, cela aurait pu être plus riche de ce point de vue. J'ai été très déçu qu'il arrête le récit au moment où la rupture biographique se produit.
mais bon, tout le monde ne peut pas être Richard Hoggart ou Annie Ernaux ! Ce n'est pas seulement une question de talent ou de culture (il a mal compris Bourdieu…ou plutôt il l'a compris comme ceux qui le caricaturent le comprennent), mais de recul.
Faut que je lise A. Ernaux un jour. Un titre en particulier à recommander ?
Quant aux usages sociaux de Bourdieu aujourd'hui, il y aurait une thèse à faire. Je me désespère des lectures (enfin c'est souvent un grand mot) relativistes qu'on peut lire partout, jusque sur ce forum. Au contraire, ses critiques les plus sérieux (Grignon et Passeron) soulignaient son "légitimisme" culturel il y a plus de 20 ans déjà.
- Spoiler:
- J'ai vu le programme de l'agreg : miam Dommage qu'il y ait de l'éco, quoi
- KapellmeisterHabitué du forum
oloc a écrit:Faut que je lise A. Ernaux un jour. Un titre en particulier à recommander ?
Mon conseil n'est pas très original mais je pense que c'est bien de commencer avec La Place.
- olocNiveau 6
Kapellmeister a écrit:oloc a écrit:Faut que je lise A. Ernaux un jour. Un titre en particulier à recommander ?
Mon conseil n'est pas très original mais je pense que c'est bien de commencer avec La Place.
Les trésors du web étant infinis, mais c'est maaaaal, j'ai lu La place (oui, je suis en congés )
En effet, c'est un récit classique d'une transfuge de classe comme on les a évoqués sur ce fil. Rien de surprenant, mais bien écrit. L'usage des italiques est très houellebecquien me semble-t-il (avant la lettre bien sûr, si on me permet une remarque littéraire dont je suis bien incapable par ailleurs).
Merci beaucoup. Je vais essayer de trouver Les mots
- HonchampDoyen
D'Annie Ernaux, il y a aussi "Une femme". Plutôt sur sa mère. Fort aussi.
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- ChewbaccaNiveau 3
Kapellmeister a écrit:J'ai trouvé ce livre plus que médiocre sur le strict plan littéraire. Quant au contenu, j'ai tendance à être franchement d'accord avec l'écrivain Frédéric Vallotton et à penser que ce cher Eddy nous prend un peu beaucoup pour des hons : http://frevall.blogspot.fr/2014/03/en-finir-avec-eddy-bellegueule-dedouard.html
Moi aussi, globalement. Je prends note du nom de l'auteur pour découvrir ce qu'il a écrit sur le même thème : l'autobiographie d'un homosexuel issu des fractions inférieures des classes populaires.
Certains universitaires se demandaient si, plutôt que d'interroger le texte d'Edouard Louis, il ne serait pas plus pertinent de travailler les conditions sociales de son succès. Et j'ajouterais : pourquoi des réceptions aussi contrastées (pour certains, dont nous sommes, ce livre est mauvais, pour d'autres, il est important), même de la part de gens assez proches (Annie Ernaux semble avoir apprécié :shock: ) ?
- ChewbaccaNiveau 3
oloc a écrit:
Ah je ne sais pas, je peux rajouter Stéphane Beaud, pour voir.
- Spoiler:
- Un des membres de mon jury de thèse !
oloc a écrit:Dans un certain sens moi aussi, cela aurait pu être plus riche de ce point de vue. J'ai été très déçu qu'il arrête le récit au moment où la rupture biographique se produit.
A mon avis, il lui est impossible d'objectiver Eribon, sa relation amoureuse avec son maître et les effets tout récents de son intégration à ce cercle de sociabilité intellectuelle. D'ailleurs, comme en a témoigné la réception du texte de Mauger (et comme en témoigne le livre même d'E. Louis : mes "pauvres" parents et voisins s'expliquent voire s'excusent sociologiquement, mais pas moi, mon homosexualité, mon goût pour les études, ma supériorité morale et intellectuelle), ces soi-disant héritiers de Bourdieu refusent d'être objectivés sociologiquement comme les autres agents sociaux.
oloc a écrit:Quant aux usages sociaux de Bourdieu aujourd'hui, il y aurait une thèse à faire. Je me désespère des lectures (enfin c'est souvent un grand mot) relativistes qu'on peut lire partout, jusque sur ce forum. Au contraire, ses critiques les plus sérieux (Grignon et Passeron) soulignaient son "légitimisme" culturel il y a plus de 20 ans déjà.
En effet, mais le sujet est encore un peu trop "chaud". Marc Joly y avait pensé (si j'ai bien compris), il avait un peu commencé à propos de la réception en France d'Elias et s'est rabattu sur l'étude de la seule trajectoire de reconnaissance d'Elias avant et ailleurs.
- Spoiler:
J'ai vu le programme de l'agreg : miam Dommage qu'il y ait de l'éco, quoi
- Spoiler:
- Et des maths…
- Querelles en sociologie : Edouard Louis annule sa participation aux Rendez-vous de l'histoire (Blois) à cause de Marcel Gauchet.
- Les mises à jour du site "Vive la vie moderne !" de Luigi B.
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- Pour en finir avec l'école républicaine
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