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par JEMS Sam 5 Avr - 3:37
Article intéressant sur ce lycée d'Arras. Des points intéressants, d'autres qui peuvent être discutables. J'aime beaucoup le conseil de classe au bout de trois semaines.

A Arras, le lycée professionnel Jules-Ferry voit ses indicateurs de performance progresser depuis deux ans, malgré des élèves souvent peu motivés en arrivant.
Elle a le sourire. La proviseur Katja Erdmann, pimpante, s’apprête à féliciter son équipe. Elle vient de recevoir les indicateurs des lycées, publiés aujourd’hui par le ministère de l’Education nationale.

La suite : http://www.liberation.fr/societe/2014/04/04/dans-mon-lycee-le-defi-c-est-de-retenir-les-eleves_993123
menerve
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par menerve Sam 5 Avr - 6:16
Pour une fois que le Pas-de-Calais est montré en exemple.

Moi j'aime bien l'idée de récompenser les élèves...on les punit quand il ne font pas bien, pourquoi ne pas les récompenser quand ils font bien.
philann
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par philann Sam 5 Avr - 6:24
menerve a écrit:Pour une fois que le Pas-de-Calais est montré en exemple.

Moi j'aime bien l'idée de récompenser les élèves...on les punit quand il ne font pas bien, pourquoi ne pas les récompenser quand ils font bien.

Tout à fait d'accord!
Dans mon collège on s'est juste mis à faire l'inverse 😢 
Du coup, on ne voit pas bien pourquoi les élèves auraient envie de travailler s'ils ne sont pas poussés chez eux...ça ne leur "rapporte" absolument rien, ni récompense, ni temps passé sur leur cas au CC, rien de rien.

Bonjour le message envoyé!

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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine  Very Happy  Very Happy  Very Happy
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine cheers 
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
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par menerve Sam 5 Avr - 8:36
Le problème des récompenses, c'est qu'il faut trouver l'argent pour les financer....
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par Iphigénie Sam 5 Avr - 9:06
Recréons les "bons points" et les images :lol: :lol: 
10 images un poster du CDE dédicacé.
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par WonderWoman Sam 5 Avr - 9:07
Pour sortir de cette spirale de l’échec, dans ce lycée, les notes telles qu’on les connaît dans le système classique, n’existent pas. Ici, les jeunes passent des contrôles personnalisés, en fonction de leur niveau de compétence. Parfois, il arrive que tous soient évalués sur le même exercice, mais pas au même moment de l’année. L’enseignant décide du moment où son élève est prêt.
Sur le principe, c'est bien mais je maintiens qu'avec une h/semaine, je suis incapable de savoir qui est prêt quand.  Sad 

Les places de ciné, elles sont financées par qui ?

Les TIG je suis pour +++ !!!

La proviseure mise aussi beaucoup sur le suivi personnalisé des élèves. Elle a transformé les heures de soutien, héritées de la réforme Darcos en 2009, en ateliers de sophrologie, montage vidéo, ou travaux pratiques pour savoir se présenter au téléphone, vaincre sa timidité
Ok mais qui fait ces ateliers ? Les profs ? Avec quelle formation ? Moi je veux bien de la sophro au lycée...


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Vide dressing petite fille https://www.vinted.fr/membres/15210542-wiwiagathe
Vide dressing sur néo : https://www.neoprofs.org/t128716-vd-fille-wonderwoman-du-3-mois-au-4-ans-sergent-major-jacadi-zara-dpam-kiabi-verbaudet#4954294
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par WonderWoman Sam 5 Avr - 9:08
iphigénie a écrit:Par contre les conseils de classes intermédiaires, et avancés on faisait ça chez nous et ça n'a servi qu'à augmenter le nombre des réunions inutiles: pire ça stigmatisait à tort certains élèves (un peu lents, trop discrets, etc) pour le restant de l'année! et trois semaines après la rentrée c'est beaucoup trop tôt pour connaître les élèves. Ce sont des modes de management testés dans l'EN pour changer notre façon de travailler et forcer le travail en équipe (comme l'idée de créer des trous dans les emplois du temps pour forcer les gens à discuter entre eux... affraid ). Je déteste ces formes de manipulation.
L'idée de récompenser, c'est très bien, si on trouve quoi récompenser toutefois...
Remplacer les colles par des travaux d'intérêt général, c'est bien aussi.
Quant à la mesure de la réussite par le classement des lycées, euh, faudrait voir de plus près.
Dans mon 1er bahut on avait des conseils de mi-trimestre, c'était pas si mal, + que 3 semaines donc on pouvait mieux cerner les élèves, et ça permettait de recentrer sur les pb avec le PP.
Pour forcer le travail en équipe, je t'avoue que moi aussi, ça m'agace... Surtout que dans mon cas, où on se partage la salle d'arts (normalement) ça voudrait dire que qqun ne va pas dans la salle ? Bah, c'est relou. Je le fais cette année et ça me soule vraiment.

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dandelion
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par dandelion Sam 5 Avr - 12:39
"58% des élèves de seconde ressortent avec un diplôme". Je trouve toutes ces initiatives très bien intentionnées, et certainement pour certaines efficaces (les places de cinéma, dans cet environnement très défavorisé, ça doit en effet être particulièrement motivant). Cependant, j'ai deux réserves majeures:
- si ces élèves avaient eu la possibilité de maîtriser les fondamentaux (ce qui suppose pas mal de choses, dont la possibilité d'étudier sereinement à l'école), ce système ne serait-il pas, sinon inutile, au moins beaucoup plus efficace?
- ces indicateurs étant conçus par l'EN, n'y-a-t-il pas un biais, du type 'je dis que c'est bien, donc je vais trouver les indicateurs qui prouvent que c'est bien ce que je dis'?
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par pitchounette Dim 6 Avr - 17:30
l'idée de faire un bilan au bout de 3 semaines avec TOUS les membres de l'équipe je trouve ca très bien
-> il faut juste avoir une équipe fiable, tous les membres pouvant être réunis (notre infirmière et notre assistante sociale sont sur 2 établissements, comme pour beaucoup)
Tiens je vais rajouter les TZR la dedans. Quand tu es en AFA et que tu "remontes" une gamine et qu'elle s'effondre l'année d'après car une autre prof la casse..ça m'agace

La déco, le gymnase...ok je comprends
->mais pourquoi tous les lycées ne sont pas logés à la même enseigne???

Après il y a beaucoup de choses qui sont plus ou moins faites dans d'autres établissements. ça ne marche pas à tous les coups et dans tous les établissements.

Après le reste me gêne on ne doit pas faire aimer l'école pour ses à côtés. A croire qu'il faut faire attractions pour que les élèves viennent et y restent.

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par pitchounette Dim 6 Avr - 17:32
menerve a écrit:Le problème des récompenses, c'est qu'il faut trouver l'argent pour les financer....
et de ne pas récompenser à tout va...il faut récompenser quand il ya eu un vrai effort. Mais comme ils évoluent pas à la même vitesse. ça risque d'être dur à gérer
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par Hussard Lun 7 Avr - 9:16
Je suis assez d'accord avec toi dans l'absolu, Pitchounette.

Mais au fur et à mesure que croît mon expérience en face de nos élèves, ma position devient moins rigide sur le sujet.

D'abord, il faut admettre que, pour nos élèves, ou du moins un nombre certain, venir à l'école de manière positive (et pas juste parce qu'on est obligés) constitue un véritable effort. Faut-il leur donner une place de cinéma à chaque fois qu'ils passent la grille du lycée ? Non.

Alors, faut-il mettre en avant les dispositifs "à côtés" ? Plus certainement.
Avant même de pouvoir transmettre les connaissances, ne faut-il pas en passer par cette phase d'accroche générale ? Un détour nécessaire, en somme, pour leur donner les codes dont ils manquent cruellement. On passe déjà par ce moment d'accroche dans nos cours, alors pourquoi ne pas le faire à l'échelle du lycée ?

Ca me défrise, ça me fait mal de le dire, ça m'exaspère, parce qu'il ne me serait jamais venu à l'idée, du temps où j'étais élève, de remettre en cause l'utilité de l'école et l'intérêt d'y aller envers et contre toutes les difficultés.

Faire aimer l'école pour ses "à côtés", pourquoi pas ? Oui, on en est là. Du moment qu'il y a une vraie communication entre les "à côtés" et le "plat principal" disciplinaire, qu'on va jusqu'au bout de la logique et qu'on ne s'arrête pas qu'au côté récréatif, alors pourquoi pas ?

Pourtant, sur cette question de récompenser, tu as parfaitement raison, comme pour tout, il faut user de parcimonie dans les récompenses, sinon ça perd tout son sens. Il n'est pas question qu'on en arrive indirectement à "rémunérer" voire à "soudoyer" les élèves pour qu'ils viennent de bonne grâce. D'autant que ça n'aurait qu'un temps, car nos élèves ne sont pas bêtes.
Mais la "récompense", ça peut être plein de choses. La mise en valeur du travail des élèves dans le lycée par exemple, pour qu'ils obtiennent la reconnaissance de la communauté éducative (par le biais du journal du lycée, ou autres), organiser une sortie en rapport avec le travail effectué si celui-ci a donné de bons résultats, etc.

Je ne dis pas détenir la Vérité, ni toutes les solutions, je constate seulement. J'ai des secondes Bac Pro Tertiaire qui ont un déficit d'éducation certain, et je vois plus globalement le problème d'incivilités en tout genre dans ce niveau d'enseignement quand les conseils de discipline se succèdent et que la majorité sont pour des secondes. Des gens de plus en plus immatures que je vais retrouver pendant trois ans. Du coup, je m'interroge sur des moyens pour contrecarrer la tendance dramatique qui pourrit le climat scolaire et se répercute dans la classe. Je ne suis peut-être pas payé pour ça, mais tant que ça améliore mes conditions d'enseignement, j'y trouve mon compte.

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par pitchounette Lun 7 Avr - 10:26
Hussard a écrit:
Pourtant, sur cette question de récompenser, tu as parfaitement raison, comme pour tout, il faut user de parcimonie dans les récompenses, sinon ça perd tout son sens. Il n'est pas question qu'on en arrive indirectement à "rémunérer" voire à "soudoyer" les élèves pour qu'ils viennent de bonne grâce. D'autant que ça n'aurait qu'un temps, car nos élèves ne sont pas bêtes.
Mais la "récompense", ça peut être plein de choses. La mise en valeur du travail des élèves dans le lycée par exemple, pour qu'ils obtiennent la reconnaissance de la communauté éducative (par le biais du journal du lycée, ou autres), organiser une sortie en rapport avec le travail effectué si celui-ci a donné de bons résultats, etc.

Je ne suis pas absolument pas contre ce que tu écris. C'est de récompenser par les places de cinéma qui me gênait. Je pense qu'on pratique tous voire plus tout ce que tu écris. Je me souviendrais de la tête de mes 2ndes quand je les ai félicités de s'être bien tenus pendant la sortie cinéma...En début d'année j'aurais fais  affraid  affraid  affraid  affraid . Quand je leur ai dis que pour l'an prochain on organiserait un voyage plus loin (pas l'étranger car je débute) car je sais qu'ils peuvent se tenir correctement...leur regard à changer.

Du coup, je m'interroge sur des moyens pour contrecarrer la tendance dramatique qui pourrit le climat scolaire et se répercute dans la classe. Je ne suis peut-être pas payé pour ça, mais tant que ça améliore mes conditions d'enseignement, j'y trouve mon compte.
Je comprend ce que tu dis, il faut les revaloriser, leur montrer qu'ils sont capables de tellement de belles choses.... Mais je pense qu'on peut faire tellement de chose avant d'offrir direct la place de cinéma.
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par CHADES Lun 7 Avr - 18:29
dandelion a écrit: ces indicateurs étant conçus par l'EN, n'y-a-t-il pas un biais, du type 'je dis que c'est bien, donc je vais trouver les indicateurs qui prouvent que c'est bien ce que je dis'?

+100
Il n'y a pas plus expert que notre employeur pour ce genre de manipulation Sad 

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par CHADES Lun 7 Avr - 18:31
Mouais... Cet article m'agace et cette proviseure encore plus...Je ne me rappelle pas avoir signé pour apprendre à des jeunes acnéiques à bouger les orteils... ok j'assume être un vieux con.

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par User17706 Lun 7 Avr - 18:35
Le problème des indicateurs, c'est la loi de Goodhart: «quand une mesure devient un objectif, elle cesse d'être une mesure». Il y a presque toujours d'autres moyens de faire augmenter un indicateur que d'améliorer ce qu'il est supposé indiquer.
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par JEMS Mar 8 Avr - 5:42
Et on reparle du Nord en bien ici :
http://www.lavoixdunord.fr/region/lycee-professionnel-jesse-de-forest-a-avesnes-ia0b0n2047317

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par pitchounette Mar 8 Avr - 19:13
JEMS faut préciser que c'est un lycée HOTELIER pour lequel on prend la crème de la crème  Very Happy 

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Article sur un LP à Arras Libération "Dans mon lycée, le défi c'est de retenir les élèves" Empty SUR LA RÉUSSITE EN LP, ET PLUS SI AFFINITÉS...

par JCP Dim 22 Mar - 9:57
JEMS a écrit:Article intéressant sur ce lycée d'Arras. Des points intéressants, d'autres qui peuvent être discutables.

À Arras, le lycée professionnel Jules-Ferry voit ses indicateurs de performance progresser depuis deux ans, malgré des élèves souvent peu motivés en arrivant.

La suite : http://www.liberation.fr/societe/2014/04/04/dans-mon-lycee-le-defi-c-est-de-retenir-les-eleves_993123

Et on reparle du Nord en bien ici :

http://www.lavoixdunord.fr/region/lycee-professionnel-jesse-de-forest-a-avesnes-ia0b0n2047317


On notera que la réussite dans ces LP repose certes sur des initiatives apparemment sympathiques pour personnaliser les rapports avec les élèves et les raccrocher à l'école, mais aussi sur une débauche de moyens financiers et humains dont beaucoup d'autres établissements aimeraient profiter aussi...

Il en va là comme des micro-lycées pour décrocheurs : si vous avez une dizaine d'élèves à gérer, il est évidemment facile d'individualiser, d'être attentif aux difficultés et au ressenti de chacun, afin de créer du lien et de remotiver... Car la dimension subjective et l'empathie sont des leviers efficaces pour réconcilier les décrocheurs avec le système. L'effet-prof joue à plein, ainsi que la multiplication des moyens humains, davantage que les méthodes d'apprentissage elles-mêmes (ce n'est pas l'APC et l'évaluation par compétences qui améliorent le rapport à l'école, c'est plutôt l'attention que le prof peut consacrer individuellement à chaque élève, ses lacunes et ses progrès, ses doutes et son investissement).  Être attentif à chacun avec des classes de 25 ou 30 gosses relève de la gageure ! A fortiori si ce sont de joyeux trublions !

D'ailleurs, les dispositifs expérimentaux qui fonctionnent bien et servent de modèles à généraliser dans l'Éducation Nationale, sont (souvent ou toujours) menés par des profs enthousiastes, avec des effectifs réduits.
Voir cet article du Monde par exemple : http://campus.lemonde.fr/campus/article/2015/03/17/tablettes-et-cours-inverses-equation-gagnante-dans-un-lycee-pilote_4591589_4401467.html
Entre l'effet-prof et la classe à taille réduite, quel que soit le modèle pédagogique prôné, comment ne pas réussir ?

Concernant le LP d'Avesnes, la filière hôtelière et l'internat sont aussi des facteurs de succès évidents : lorsqu'une formation débouche sur des possibilités réelles d'emploi, la motivation est davantage présente. C'est ce qui donne du sens à l'apprentissage, plus que des projets aléatoires, voire vaseux, même s'ils sont censés susciter de la motivation. Les LP qui fonctionnent le mieux sont des LP de niches ; ceux qui dispensent des formations qui permettent un accès facile à l'emploi, dans les rares secteurs professionnels où la demande de main-d'oeuvre est plus forte que l'offre. Avec plus de 5 millions de demandeurs d'emploi en janvier 2015 (catégories A, B, C), les secteurs d'activité qui recrutent ne sont pas légions.
Cf. http://www.journaldunet.com/economie/magazine/en-chiffres/chomeurs-en-france.shtml
Quant à l'internat, il permet de réduire l'absentéisme de façon conséquente : j'ai travaillé en LP urbain, à 30% d'absentéisme par jour. Comment assurer une formation de qualité dans ces conditions ? Je travaille aujourd'hui dans un LP rural avec 95% d'internes : l'absentéisme y est insignifiant.

On enseigne mieux à des élèves présents. Qu'on soit un zélote du constructivisme ou pas, force devrait être pour le moins de constater qu'on ne construit rien sur l'absentéisme chronique. Enseigner, c'est construire des savoirs et des savoir-faire,  veiller à ce que les élèves se les approprient au mieux. Soit. L'édifice risque d'être bancal s'il y a des trous dans les murs...

Quant à la fameuse bienveillance nécessaire pour encourager l'élève, elle réside davantage dans l'empathie et l'honnêteté que dans la distribution de friandises : je valorise toujours les élèves sérieux et motivés, même s'ils sont faibles. Les dilettantes, non. Par l'effort, on progresse. Ne pas le dire, c'est mentir. On peut certes chercher à raccrocher des élèves par les biais pédagogiques les plus variés, le jeu entre autres, il y a toujours un moment où sans travail assidu on ne progresse pas.
Mais face à des élèves aux lacunes rédhibitoires, que faire ?... D'autant plus qu'ils sont souvent tellement écoeurés qu'on a du mal à les réconcilier avec l'école. En faisant passer les élèves d'une classe à l'autre sans s'assurer de la solidité de leurs acquis de base, on les gâche, même si on leur ment en positivant sur leurs gains de compétences. Et les jeunes ne sont pas dupes : ils savent quand on les a leurrés, abandonnés. Souvent précocement aigris. En tant que prof, j'en ai honte.

Deux mots sur l'APC, l'approche par compétences, ce paradigme pédagogique avec lequel nous sommes officiellement  plus ou moins censés travailler : avec l'arrivée de l'APC, on est passé du "paradigme de l'enseignement" (magistral, top-down) au "paradigme de l'apprentissage" (élèves en action, bottom-up). Cette innovation pédagogique peut ravir des collègues de lycée et de collège qui ont l'impression de découvrir la pierre philosophale, ça n'émeut guère les profs de LP, car ça se pratique depuis toujours en ateliers sans qu'on s'en soit jamais émerveillé...
En effet, les enseignements professionnels sont par essence des apprentissages, où l'élève apprend en faisant. Il en va de même dans d'autres disciplines qui s'y prêtent par nature, telles que l'EPS, les maths et les langues vivantes peut-être (je présume peut-être à tort ; que les spécialistes de ces disciplines en parlent)...
En revanche, l'APC appliquée en force à des disciplines qui visent le sens plus que le savoir-faire pose d'épineux problèmes :
-En Français, l'APC ne permet guère de prendre en compte la finesse d'analyse d'un texte littéraire ou la qualité d'une réflexion, dans le cadre d'une dissertation par exemple. Anecdote perso, quand j'étais dans le Nord justement : un élève assez brillant mais néo-nazi m'avait fait un exposé apologétique de "Mein Kampf". Si je me référais simplement aux capacités et compétences de l'époque (les programmes et référentiels ont bougé depuis), je pouvais cocher toutes les cases idoines, capacités et compétences acquises. Pouvais-je moralement valider son exposé comme un excellent travail ?
- En HG, l'APC a souvent dérivé vers la maîtrise technicienne d'un type de document, plutôt que vers la compréhension réelle d'un phénomène historique ou géographique. Ça a beaucoup été le cas dans les anciens programmes de LP (BEP 1992, BAC PRO 1999), ça l'est moins dans les programmes de BAC PRO 2009 qui mettent davantage en avant les connaissances que les compétences ou capacités. Après des excès constructivistes, l'HG fait son aggiornamento en LP, plus que le Français : le mot "compétence" est d'ailleurs absent du programme 2009, et les capacités sont reléguées après les savoirs...
- En Philosophie, je ne suis pas un spécialiste, loin s'en faut, mais j'imagine aisément combien l'APC peut poser souci... Il y a quelques années, j'ai enseigné à titre expérimental la Philosophie en LP. Pour penser intelligemment la question de la liberté humaine, il est pertinent de comprendre ce qu'en disent Spinoza ou Sartre par exemple. Ce n'est pas une vaseuse "capacité à débattre" qui peut rendre compte de cette compréhension. Là est la différence entre une discussion de café du commerce et un vrai débat philosophique : le savoir est nécessaire pour alimenter la réflexion, il prime sur d'inadaptés savoir-faire.

Bref, l'APC est naturelle dans certaines disciplines, embarrassante dans d'autres : elle conduit parfois à des bricolages tératologiques et absurdes.
Erreur fondamentale et totalitaire des pédagogues adeptes de l'APC : croire que toutes les disciplines, quelles qu'elles soient, s'enseignent de la même manière.
À ce sujet, il convient de parler de croyances plutôt que de sciences pédagogiques ; en effet, rien ne décourage les dévots : ni le retour négatif d'expériences de terrain, ni l'abandon d'expérimentations hasardeuses, ni le manque d'adhésion des profs de terrain à certaines innovations pédagogiques promues en France, ni le bilan négatif du Renouveau Pédagogique au Québec, ni la comparaison des résultats de cohortes soumises à différentes méthodes pédagogiques aux USA dans le cadre du projet "follow through", ni l'analyse critique de chercheurs opposés à l'APC : Liliane Lurçat, Denis Kambouchner, Isabelle Stal, Nathalie Bulle, Normand Baillargeon et tant d'autres... La littérature abonde à ce sujet, et on gagnerait à ce qu'elle soit davantage lue au MEN, dans les ESPÉ, par les IEN et dans certains syndicats...

Petite parenthèse philosophique et épistémologique: la "science pédagogique" est-elle une science ? En tant que discours sur le réel, qu'est-ce qui valide sa "scientificité" si elle néglige la réalité qui la contrarie ? Une science expérimentale qui récuse les expériences négatives, ça porte un nom historiquement, c'est du lyssenkisme... Et derrière Lyssenko, il y avait Staline. Passons... Revenons au LP.

Alors, que des élèves réussissent mieux car ils sont évalués individuellement par compétences, bof, j'en doute : ils réussissent mieux car ils ont probablement des profs attentifs qui les guident de façon individuelle vers la réussite en leur prodiguant des conseils judicieux car précis, et puis c'est tout. Point n'est besoin de cocher des cases à gogo, comme avec le bientôt défunt LPC, ou les évaluations de primaire... Un gamin qui sort de CP, je regarde s'il sait assez lire, écrire, compter pour aborder la suite de sa scolarité sans lacunes dirimantes, je me contrefiche des 59 items cochés par le PE !

Pour résumer mon propos, un LP qui réussit, c'est :

- Un LP de niche, avec de l'emploi à la clef. Or, les offres d'emploi ne dépendent pas de l'Éducation Nationale, mais de la société. Aucune réforme du système scolaire n'y changera rien. Le combat est économique et donc politique ; il ne situe pas dans le champ pédagogique, n'en déplaise aux prophètes de l'innovation à tous crins.

- Des élèves sans lacunes rédhibitoires, qu'on ne saurait corriger avec quelques heures d'AP, ce zapping pédagogique promu par la Sarkozie... Donc des élèves qu'on n'aurait pas fait passer d'une classe à l'autre, sans pallier leurs difficultés, et en leur mentant à coups de gains de compétences fumeuses. Qu'on rétablisse le redoublement ou pas, peu me chaut, j'aimerais simplement que des enfant ne soient plus gâchés car on leur aurait "mal appris"...

- Des élèves dont on pourrait accompagner le parcours individuel en étant assez disponible, donc des classes pas trop chargées, des heures dédoublées. Un climat de travail serein. Pas de l'AP assuré par un collègue qui méconnaît les élèves, car il assure de l'AP pour compléter son emploi du temps. L'AP est la variable d'ajustement (nécessaire) des EDT, tout le monde le sait, tout le monde le tait.

- Des profs qui maîtrisent réellement leurs savoirs disciplinaires, de façon à pouvoir les faire passer aux élèves, quelle que soit la méthode et les biais pédagogiques employés. L'APC fait sens dans certaines disciplines, mais pas dans d'autres. Liberté pédagogique. L'interdisciplinarité n'est pas une recette magique : elle est consubstantielle du LP, ce qui n'a jamais résolu ses problèmes. En revanche, l'interdisciplinarité imposée dans le cadre des défunts PPCP, de l'AP ou des futurs EPI de collège, c'est de l'aventurisme pédagogique rarement fécond. De même que les réformes successives liées à chaque changement de ministre fragilisent les enseignants plus qu'ils ne les confortent.

Cela fait au moins 25 ans que Philippe Meirieu rêve de son "collège idéal" et utopique, d'autres que lui peuvent aussi rêver d'un LP idéal mais moins utopique, non ?

Article sur un LP à Arras Libération "Dans mon lycée, le défi c'est de retenir les élèves" 2320853811


Dernière édition par JCP le Dim 22 Mar - 10:54, édité 1 fois

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Article sur un LP à Arras Libération "Dans mon lycée, le défi c'est de retenir les élèves" Empty Re: Article sur un LP à Arras Libération "Dans mon lycée, le défi c'est de retenir les élèves"

par User5899 Dim 22 Mar - 9:58
Iphigénie a écrit:Recréons les "bons points" et les images :lol: :lol: 
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Ou d'un prof, s'il est dieu de l'Olympe, par exemple Article sur un LP à Arras Libération "Dans mon lycée, le défi c'est de retenir les élèves" 248604097
Je veux bien mettre quelques indulgences dans le pot commun des récompenses.
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Article sur un LP à Arras Libération "Dans mon lycée, le défi c'est de retenir les élèves" Empty Re: Article sur un LP à Arras Libération "Dans mon lycée, le défi c'est de retenir les élèves"

par Cath Dim 22 Mar - 10:11
JCP, tu prêches une convaincue... Mais qui te lit ?
JCP
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Niveau 7

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par JCP Dim 22 Mar - 11:00
Cath a écrit:JCP, tu prêches une convaincue... Mais qui te lit ?

Qui me lit ? Je ne sais... Toi, au moins ! Very Happy

36-15 QUI N'EN VEUT ?

Peut-être qu'un IEN ou un militant de l'U**A s'égarera ici par erreur... :lol!:

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" Penser, c'est dire non." Alain.
" Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. " Beaumarchais.
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