Remplissage des bulletins: que faire?

Bonsoir à tous ,

Et oui, l'arrêt des notes est déjà là; j'ai donc pris du temps ces derniers jours pour remplir mes bulletins, entouré de mes collègues. S'est alors lancé un débat: faut-il chercher à valoriser l'élève
même si son attitude et son travail n'ont rien d'acceptables?
Pour ma part, non. Et des collègues me l'ont reproché; car je suis très franc sur les bulletins. Si l'élève mérite qu'on le blâme, je le blâme. A l'inverse, s'il mérite qu'on le mette en valeur, il sera
mis en valeur dans mon appréciation.

Et vous, quel est votre avis sur la question? Faut-il chercher à valoriser l'élève, même si attitude et son travail n'ont rien d'acceptables?
Et sinon, comment construisez vous vos appréciations? Personnellement: impression que l'élève donne, résultats écrits, oral, bilan.

Amicalement.

Tout dépend des classes et des élèves... il y en a à qui tu mettras 5 toute l'année, qui ne foutent rien, le savent et s'en foutent, inutile de te casser la tête : "pas de travail" et basta. A la limite, tu peux te permettre, avec certains, d'ironiser. J'ai une collègue qui marque à certains "ne fait rien, mais a le bon goût de le faire avec discrétion" (à un élève du genre glandeur discret et sympathique par ailleurs).
Pour d'autres, il est utile de valoriser l'effort.
Exemple, dans ma classe de secondes à la rue, j'ai un groupe de filles ultra-greluches totalement à la ramasse, mais je fais la différence entre celles qui viennent seulement pour s'asseoir sur une chaise ("pas de travail", donc) et celles qui tentent, bossent mais restent à un très faible niveau. A celles-là, je mets des "élève méritante", ou "accrochez-vous", etc.
De même, pour certains très bons, un "excellent travail" suffira. Mais pour d'autres on peut valoriser en plus un côté agréable (un élève excellent mais en plus moteur et bon camarade qui met une bonne ambiance).
Enfin, pour ceux qui ont des notes moyennes, je fais la différence entre ceux qui, bon, font bien ce qu'ils peuvent, et ceux dont on peut attendre des efforts.

Pour les casse-noix de compétition, je mentionne les bavardages (bien sûr) mais aussi les insolences, quitte à être un peu sarcastique.

Je construis mes appréciations comme une justification de mes notes : elles sont donc plutôt techniques et, de fait, assez neutres.

C'est quoi ces bahuts où les profs se critiquent entre eux sur les appréciations ? Ils n'ont pas de fesses à s'occuper ?

La seule limite, je trouve, c'est de bien se rappeler que le bulletin est un document officiel. Les appréciations de type "Un vrai touriste aurait pris des photos" par exemple, sont très rigolotes mais peu professionnelles, je trouve (et comme je ne veux jeter la pierre à personne, je commence par me la jeter à moi, parce que je n'ai pas toujours su résister à cette tentation).
En dehors de ça, une description précise et franche du travail et du comportement me semble tout à fait normal, c'est même ce qui est attendu.

holderfar a écrit:La seule limite, je trouve, c'est de bien se rappeler que le bulletin est un document officiel. Les appréciations de type "Un vrai touriste aurait pris des photos" par exemple, sont très rigolotes mais peu professionnelles, je trouve (et comme je ne veux jeter la pierre à personne, je commence par me la jeter à moi, parce que je n'ai pas toujours su résister à cette tentation).
En dehors de ça, une description précise et franche du travail et du comportement me semble tout à fait normal, c'est même ce qui est attendu.

Entièrement d'accord.
N'empêche qu'un parent a loué un jour, en plein CA, une appréciation que j'avais écrite pour son fils quelques années auparavant : "En friche"
J'étais tout

Il me semble (mais n'étant pas directement concerné, je ne saurais être catégorique) qu'il y a des instructions officielles pour le remplissage des bulletins, instructions qui requièrent d'être bienveillant et de donner des pistes d'amélioration.

Mentir à un élève sur son bulletin me semble le comble de la malveillance. Lui demander de changer de comportement et lui suggérer de se mettre au travail constituent des pistes d'amélioration.

Je pense que les consignes de bienveillance, pour le coup, n'ont pas d'autre but que d'éviter les appréciations-défouloir (encore une fois, je peux comprendre hein, j'ai bien écrit ma première année pour une élève que la salle de classe n'était ni un salon de beauté ni un salon de thé) qui n'aident justement pas l'élève à voir ce qu'il faut améliorer, parce qu'elles sont davantage là pour soulager leur auteur que pour décrire.

holderfar a écrit:Je pense que les consignes de bienveillance, pour le coup, n'ont pas d'autre but que d'éviter les appréciations-défouloir (encore une fois, je peux comprendre hein, j'ai bien écrit ma première année pour une élève que la salle de classe n'était ni un salon de beauté ni un salon de thé) qui n'aident justement pas l'élève à voir ce qu'il faut améliorer, parce qu'elles sont davantage là pour soulager leur auteur que pour décrire.

Disons que préciser que l'élève n'est pas chez la manucure permet de décrire le comportement de l'élève. Ce qu'il faut éviter, c'est le vrai défouloir. "Casse-toi, pauvre con", par exemple, est à proscrire

Nous n'avons pas beaucoup de place pour écrire  vraiment des commentaires techniques et suffisamment nuancés. Une formule liminaire dans un style moins protocolaire  peut-être très éclairante (le "en friche" par exemple, ou la référence au salon de beauté), c'est sûr qu'il vaudrait mieux éviter, surtout qu'on est pas sûr d'être compris par les receveurs du message, mais le format nous y contraint parfois.

Évidemment, nous ne sommes pas là pour insulter les élèves, d'autant plus que les bulletins sont faits à froid et hors de la présence de l'élève, et il faudrait être bien cruel pour dire ses quatre vérités à un ado sans lui laisser une note d'espoir, sans compter que c'est sans doute contre-productif, pourquoi sa façon de faire changerait-elle si on lui dit que tout est mal et foutu et qu'il est en plus parfaitement con et antipathique? S'il nous prend au mot il va se cabrer ou se renfermer, c'est tout et ce sera pire. Une certaine part de bienveillance est un instrument pédagogique dans ce cadre, et normale aussi de la part d'un adulte envers un enfant dont il a la charge. enfin bref la bienveillance et l'empathie font partie pour moi des relations sociales normales.

Par contre Holdefar, je te trouve un peu naïf, pour moi les consignes de bienveillance, puisqu'elles sont inutiles, sont encore une fois là pour mettre la poussière sous le tapis et éviter que des document officiels ne révèlent la déliquescence de notre institution.

Cripure a écrit:

holderfar a écrit:Je pense que les consignes de bienveillance, pour le coup, n'ont pas d'autre but que d'éviter les appréciations-défouloir (encore une fois, je peux comprendre hein, j'ai bien écrit ma première année pour une élève que la salle de classe n'était ni un salon de beauté ni un salon de thé) qui n'aident justement pas l'élève à voir ce qu'il faut améliorer, parce qu'elles sont davantage là pour soulager leur auteur que pour décrire.

Disons que préciser que l'élève n'est pas chez la manucure permet de décrire le comportement de l'élève. Ce qu'il faut éviter, c'est le vrai défouloir. "Casse-toi, pauvre con", par exemple, est à proscrire

Oui, ça décrit le comportement mais on peut le faire autrement et tout aussi clairement sans faire passer l'élève pour une cruche (parce que l'élève qui lit le message va davantage retenir la moquerie contenue dans l'appréciation que le message en soi, donc c'est contre productif)
Après, j'ai vu bien pire que cette appréciation qui m'a échappé en fin d'année.

Tazon a écrit:Nous n'avons pas beaucoup de place pour écrire  vraiment des commentaires techniques et suffisamment nuancés. Une formule liminaire dans un style moins protocolaire  peut-être très éclairante (le "en friche" par exemple, ou la référence au salon de beauté), c'est sûr qu'il vaudrait mieux éviter, surtout qu'on est pas sûr d'être compris par les receveurs du message, mais le format nous y contraint parfois.

Évidemment, nous ne sommes pas là pour insulter les élèves, d'autant plus que les bulletins sont faits à froid et hors de la présence de l'élève, et il faudrait être bien cruel pour dire ses quatre vérités à un ado sans lui laisser une note d'espoir, sans compter que c'est sans doute contre-productif, pourquoi sa façon de faire changerait-elle si on lui dit que tout est mal et foutu et qu'il est en plus parfaitement con et antipathique? S'il nous prend au mot il va se cabrer ou se renfermer, c'est tout et ce sera pire. Une certaine part de bienveillance est un instrument pédagogique dans ce cadre, et normale aussi de la part d'un adulte envers un enfant dont il a la charge. enfin bref la bienveillance et l'empathie font partie pour moi des relations sociales normales.

Par contre Holdefar, je te trouve un peu naïf, pour moi les consignes de bienveillance, puisqu'elles sont inutiles, sont encore une fois là pour mettre la poussière sous le tapis et éviter que des document officiels ne révèlent la déliquescence de notre institution.

Je ne suis pas naïve: par contre, ce que je vois beaucoup, ce sont des collègues qui s'autocensurent dans les appréciations parce qu'ils sur interprètent le terme bienveillance. Et c'est un peu pareil pour tout: on n'ose plus faire ci en classe parce que "mais l'IPR..." alors qu'on pense que ce serait efficace, et du coup on se plante parce qu'on fait mal et sans conviction d'après les attentes supposées d'un tel, on ne dit pas que tel élève est insolent parce que "les collègues, le chef" et tour le monde fait pareil, si bien qu'on n'a rien ou presque à verser au dossier du dit élève pour mettre des trucs en place voire convoquer un CD etc.
On se flingue assez largement tout seuls dans ce métier...

Je suis en train de les remplir et  il y a des fautes d'orthographe...celles des collègues  :shock:

Langue de bois et objectivité (le plus possible...).
Un bulletin suit un élève, on ne sait pas qui le lira (un potentiel patron en vue d'un contrat d'apprentissage, par exemple).

Olympias a écrit:Je suis en train de les remplir et  il y a des fautes d'orthographe...celles des collègues  :shock:

J'ai fait le même constat quand j'ai rempli mes bulletins... Vraies fautes ou fautes de frappe, je ne sais pas, mais en tout cas, j'ai trouvé ça malvenu.

Jane a écrit:

Olympias a écrit:Je suis en train de les remplir et  il y a des fautes d'orthographe...celles des collègues  :shock:

J'ai fait le même constat quand j'ai rempli mes bulletins... Vraies fautes ou fautes de frappe, je ne sais pas, mais en tout cas, j'ai trouvé ça malvenu.

Jane, trois t, ou une virgule mal placée, c'est une faute de frappe. Ce qui me pique les yeux, ce sont des fautes d'orthographe. Et énormes de surcroît.

J'ai vu des "insufisant", mais aussi un "doit plus travaillé"...

Au moins, vous n'avez pas un collègue de Lettres qui écrit 'Il faut travaillé plus.'

TheDoctor a écrit:Au moins, vous n'avez pas un collègue de Lettres qui écrit 'Il faut travaillé plus.'

Non, mais je connais un collègue de langue qui écrit:

C'est alors lancé un débat

Et des collègues me l'ont reprochés;

Me dites pas que j'ai écrit ça....... et dire que j'ai noté sur un bulletin "Ménagez-vous un temps de relecture"...

Oui alors les fautes d'orthographe dans les appréciations...

Un régal.

Sinon, pour répondre à la question de départ, ça dépend du profil de l'élève. S'il glande rien, j'informe qu'il ne glande rien (un peu différemment). S'il a du mal, j'encourage et je peux éventuellement valoriser les efforts.