- UlrichNiveau 6
Douai, Orléans, Yerres, Vichy... la liste des conservatoires en difficulté s'allonge depuis deux ans, dans l'indifférence générale. Comment expliquer une réalité qui paraissait impensable au début de la décennie ?
Avec la décentralisation, l'État s'est délesté de sa part (près de 8 %) du financement des conservatoires régionaux et départementaux au profit des collectivités territoriales qui en assumaient déjà l'essentiel. Étranglées par l'effet ciseau de la hausse des dépenses contraintes et de la baisse des dotations, communes et intercommunalités se voient obligées dès 2015 d'augmenter les droits d'inscription des élèves et de supprimer des postes de professeurs - sans même évoquer le coût financier et humain de l'improbable réforme des rythmes scolaires. Cependant, ces coupes budgétaires ne font qu'entériner un long processus, celui du changement des missions des conservatoires.
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-musique-france-tes-conservatoires-se-meurent-07-03-2015-1910932_1886.php
- InvitéInvité
pendant, ces principes éclairés n'en finissent pas de susciter des résistances - d'où l'impérieuse nécessité d'accélérer le changement (si possible maintenant) de ces établissements, sous prétexte que "99 % de nos publics sont de futurs amateurs" ! Pour autant, est-il raisonnable de consigner les élèves en tant qu'amateurs dès le début de leur apprentissage ? On n'ose imaginer le tollé si les instituteurs, pardon, les professeurs des écoles, se mettaient à enseigner aux élèves l'orthographe ou l'arithmétique "adaptées à des amateurs"... Voire : n'y sommes-nous pas déjà ?
- TazonNiveau 9
Oui, d'accord en grosse partie, mais ne versons pas non plus dans le manichéisme, je trouve tout de même bon que les conservatoires s'ouvrent sur la ville en organisant des concerts "hors les murs" à destination d'autres publics que les parents d'élèves, et il est vrai qu'ils sont vraiment utilisés par une toute petite partie de la population (chez moi c'est une succursale du collège-lycée catho- bourgeois privé d'à côté, les rares qui n'y sont pas sont de toute façon les enfants de profs, comme les miens), et il n'était pas idiot de vouloir ouvrir le conservatoire vers d'autres publics.
Par contre ça a raté, comme à l'école, parce que ce n'était pas une question de pédagogie, mais d'assumer un vrai élitisme républicain, c'est à dire trouver les moyens de forcer les barrières culturelles et sociales pour aller chercher les bons partout, y compris dans les familles qui à priori ne mettent pas leurs gamins au conservatoire. Et ça passe surtout par des actions politiques, pas seulement pédagogiques. Par exemple, connaissez-vous des conservatoires, mêmes neufs, qui ne soient pas en centre-ville?
Et puis la musique c'est comme les maths, si on a des aptitudes naturelles OK, on y trouve du plaisir, carrément, sinon, c'est très enrichissant, mais ça engendre beaucoup de frustration de ne pas y arriver et la jouissance sera alors toute intellectuelle, mais il faudra des années d'apprentissage ingrat pour y parvenir. En soi c'est drôlement bien d'apprendre le goût de l'effort avec récompense différée et à accepter la frustration (mes deux enfants y sont allés jusqu'au bac pour l'un, et j'espère y arriver aussi pour l'autre) mais c'est très passé de mode, et les conservatoires provinciaux peinaient aussi à garder leurs élèves au delà des premières années. Combien de grands élèves y a-t-il dans les conservatoires de vos villes? Un équipement qui coûte aussi cher et qui rate autant son but, il faut tout de même réfléchir à son utilité quand il faut faire des économies.
Les écoles de musiques municipales, qui ont souvent un public plus mélangé et assurent des missions d'animation culturelles sans états d'âme, peuvent sans doute aussi faire office de repérage des talents,par contre il faudrait que ces talents soient choyés ensuite. Un peu sur le systèmes des clubs de foot qui assurent un maillage efficace du territoire, créent beaucoup de lien social, et envoient leurs meilleurs éléments en filière spécialisée exigeante.
Par contre ça a raté, comme à l'école, parce que ce n'était pas une question de pédagogie, mais d'assumer un vrai élitisme républicain, c'est à dire trouver les moyens de forcer les barrières culturelles et sociales pour aller chercher les bons partout, y compris dans les familles qui à priori ne mettent pas leurs gamins au conservatoire. Et ça passe surtout par des actions politiques, pas seulement pédagogiques. Par exemple, connaissez-vous des conservatoires, mêmes neufs, qui ne soient pas en centre-ville?
Et puis la musique c'est comme les maths, si on a des aptitudes naturelles OK, on y trouve du plaisir, carrément, sinon, c'est très enrichissant, mais ça engendre beaucoup de frustration de ne pas y arriver et la jouissance sera alors toute intellectuelle, mais il faudra des années d'apprentissage ingrat pour y parvenir. En soi c'est drôlement bien d'apprendre le goût de l'effort avec récompense différée et à accepter la frustration (mes deux enfants y sont allés jusqu'au bac pour l'un, et j'espère y arriver aussi pour l'autre) mais c'est très passé de mode, et les conservatoires provinciaux peinaient aussi à garder leurs élèves au delà des premières années. Combien de grands élèves y a-t-il dans les conservatoires de vos villes? Un équipement qui coûte aussi cher et qui rate autant son but, il faut tout de même réfléchir à son utilité quand il faut faire des économies.
Les écoles de musiques municipales, qui ont souvent un public plus mélangé et assurent des missions d'animation culturelles sans états d'âme, peuvent sans doute aussi faire office de repérage des talents,par contre il faudrait que ces talents soient choyés ensuite. Un peu sur le systèmes des clubs de foot qui assurent un maillage efficace du territoire, créent beaucoup de lien social, et envoient leurs meilleurs éléments en filière spécialisée exigeante.
- InvitéInvité
Tazon a écrit:
Et puis la musique c'est comme les maths, si on a des aptitudes naturelles OK, on y trouve du plaisir, carrément, sinon, c'est très enrichissant, mais ça engendre beaucoup de frustration de ne pas y arriver et la jouissance sera alors toute intellectuelle, mais il faudra des années d'apprentissage ingrat pour y parvenir.
On doit passer à côté de beaucoup d'enfants qui ont des aptitudes naturelles et ne seront jamais inscrits ni dans un conservatoire, ni dans une école de musique.
- celitianSage
Tout à fait d'accord avec Tazon.
Les conservatoires sont en difficulté mais pas les écoles de musique ; dans mon coin, le conservatoire a mauvaise réputation car beaucoup de professeurs sont très très désagréables avec les enfants, et ils n'ont pas compris que la musique était un loisir et que c'était moins important que l'école.
Donc beaucoup d'enfants commencent la musique, et arrêtent car il y a trop de contraintes : carnet de correspondance, pour certains instruments, les parents sont obligés d'assister à tous les cours de la 1ère année, des horaires complétement farfelus pour des enfants....
Et, je ne parle même pas du snobisme de certains professeurs de violon, piano vis à vis des sous-instruments comme la guitare.
Les conservatoires sont en difficulté mais pas les écoles de musique ; dans mon coin, le conservatoire a mauvaise réputation car beaucoup de professeurs sont très très désagréables avec les enfants, et ils n'ont pas compris que la musique était un loisir et que c'était moins important que l'école.
Donc beaucoup d'enfants commencent la musique, et arrêtent car il y a trop de contraintes : carnet de correspondance, pour certains instruments, les parents sont obligés d'assister à tous les cours de la 1ère année, des horaires complétement farfelus pour des enfants....
Et, je ne parle même pas du snobisme de certains professeurs de violon, piano vis à vis des sous-instruments comme la guitare.
- TazonNiveau 9
Oui, très dommage, mais en fait les personnes vraiment habitées par la musique trouvent une façon de pratiquer, beaucoup de musiciens sont autodidactes, heureusement pour la vitalité des musiques populaires.Lornet a écrit:Tazon a écrit:
Et puis la musique c'est comme les maths, si on a des aptitudes naturelles OK, on y trouve du plaisir, carrément, sinon, c'est très enrichissant, mais ça engendre beaucoup de frustration de ne pas y arriver et la jouissance sera alors toute intellectuelle, mais il faudra des années d'apprentissage ingrat pour y parvenir.
On doit passer à côté de beaucoup d'enfants qui ont des aptitudes naturelles et ne seront jamais inscrits ni dans un conservatoire, ni dans une école de musique.
C'est dommage aussi de priver tout le monde d'une pratique amateur parce qu'on n'a pas les capacités, ou l'âge, ou le temps, ou l'envie de faire une formation super exigeante. C'est pourquoi, plutôt que de vouloir transformer les conservatoires en écoles de musique au détriment de la qualité de la formation dispensée, en feignant de croire, comme pour l'école, qu'une démocratisation de masse peut aller de pair avec une qualité égale de formation, il vaudrait mieux faire d'une part des écoles de musique pour des pratiques de loisir, et d'autre part des conservatoires (nationaux), sans doute moins nombreux, pour des études plus sérieuses.
Je crois qu'alors les profs de conservatoires seraient moins victimes, comme nous le sommes et ça nous rend dingus, de l'injonction contradictoire "faites réussir vos élèves mais sans qu'ils aient à travailler".
- IphigénieProphète
Ben dites donc: vu l'importance de l'école pour ceux qui pensent comme ça, ça doit vraiment pas en avoir beaucoup...dans mon coin, le conservatoire a mauvaise réputation car beaucoup de professeurs sont très très désagréables avec les enfants, et ils n'ont pas compris que la musique était un loisir et que c'était moins important que l'école.
Si tu veux faire de la musique, il faut faire de la musique.
Sinon, tu restes chez toi et tu tapes sur des casseroles; c'est pareil, et tu peux être auto-didacte.
C'est comme pour apprendre à lire: il y en a qui disent qu'il faut pas traumatiser les enfants, ils ont jusqu'à la licence pour apprendre. Avant il faut jouir.
- celitianSage
Pas d'accord, j'ai fait 10 ans de musique, je suis allée jusqu'au DFE mais les professeurs de l'école de musique (pour certains des musiciens dans des orchestres reconnus) avaient l'intelligence de comprendre que la musique était un loisir avant tout, et ils ne nous prenaient pas la tête avec des notes, des punitions.
Et, dans ce cadre, nous étions beaucoup à continuer jusqu'à au moins 18 ans, après avec les études nous allions dans d'autres villes.
Et, dans ce cadre, nous étions beaucoup à continuer jusqu'à au moins 18 ans, après avec les études nous allions dans d'autres villes.
- IphigénieProphète
Oui, mais il y a école de musique et école de musique...
Et le maillage est très inégal selon les régions.
Je ne dis pas que la rigueur passe par notes et punitions, mais par rigueur des apprentissages par de vrais musiciens vraiment formés à enseigner la musique, et pas n'importe quoi pourvu que ce soit festif.
Et le maillage est très inégal selon les régions.
Je ne dis pas que la rigueur passe par notes et punitions, mais par rigueur des apprentissages par de vrais musiciens vraiment formés à enseigner la musique, et pas n'importe quoi pourvu que ce soit festif.
- celitianSage
Ah là je suis d'accord, effectivement, j'ai, par exemple, du mal à comprendre comment des enfants peuvent apprendre à jouer d'un instrument sans faire de solfège, et c'est malheureusement le cas dans certaines écoles de musique.
- IphigénieProphète
Voilà, nous sommes parfaitement d'accord, donc.
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