- ProvenceEnchanteur
V.Marchais a écrit:En cours, sans hésitation.
La question en suspens, pour moi, c'est le reste. Peut-il encore exister un TDL dans un cadre aussi inepte ? Bon, c'est pas le lieu pour en parler. Je voulais juste dire que je suis obligée de me poser la question d'une possibilité de s'emparer intelligemment d'un merdier pareil. À l'envers, peut-être ?
Je comprends. Réfléchir à une nouvelle paire de chaussures de course quand on nous impose de courir les deux jambes liées ensemble, ce n'est guère utile ni engageant. Après, il y aura toujours des collègues pour faire semblant de s'attacher les jambes...
- henrietteMédiateur
Provence :Provence a écrit:Cripure a écrit::lol:Li-Li a écrit: Je vois bien Médée dans "Vivre ensemble"
Une thématique "Bonheurs familiaux, bonheurs du foyer" :lol!:
Vous parvenez à me faire rire alors que j'ai surtout envie de pleurer.
_________________
"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- MUTISExpert
V.Marchais a écrit:En cours, sans hésitation.
La question en suspens, pour moi, c'est le reste. Peut-il encore exister un TDL dans un cadre aussi inepte ? Bon, c'est pas le lieu pour en parler. Je voulais juste dire que je suis obligée de me poser la question d'une possibilité de s'emparer intelligemment d'un merdier pareil. À l'envers, peut-être ?
Il serait peut-être judicieux alors de proposer un anti-manuel qui offre une présentation complètement différente. Un anti-manuel conçu comme une sorte de viatique pour les collégiens... Un peu à la manière de l'anti-manuel de philosophie d'Onfray. Mais évidemment, ce ne serait pas un manuel scolaire.
Ceci dit, je me demande s'ils ne souhaitent pas au Miniistère, avec ce genre de programme, voir disparaître les manuels et proposer une base simpliste et numérisée... Vous voyez d'ici les économies...
Cela suppose deux préalables :
1° que les établissements soient équipés (on progresse de ce côté-là)
2° que l'on démontre que les manuels (qui posent des questions et proposent des exercices sur les textes) ne servent à rien. C'est en cours avec les nouvelles formations proposées !
_________________
"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- NLM76Grand Maître
Cripure a écrit:Puisqu'on cite Monsieur LAUDET, autant le lire un peu, non ?
Voici le début. Les grands lecteurs que j'ai face à moi sauront exploiter la suite...
Oui, finalement, il mérite d'être lu, ce texte. Vraiment lu :lol:
En effet. S'il comporte beaucoup de propos justes et de bon sens, et que sa tonalité générale est assez roborative, il n'est en aucune façon pour moi parole d'évangile : trop souvent bavard, en particulier quand il se pique de psychanalyse ou de Ricœur.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
F. Lemoine a écrit:A l'envers ?
J'imagine un TDL très 2016 en apparence, mais qui quand on le retourne nous révèle un autre manuel autrement intéressant. :p
- doctor whoDoyen
Pour les fans, le compte twitter de Patrick Laudet .
Inactif, mais on peut le réveiller, non ?
https://twitter.com/patricklaudet
Inactif, mais on peut le réveiller, non ?
https://twitter.com/patricklaudet
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- User5899Demi-dieu
C'est précisément là qu'il me semble intéressant et, surtout, en pleine phase avec l'enseignement des lettres. Mais bon, il existe plusieurs chemins pour atteindre la maison du seigneur...nlm76 a écrit:Cripure a écrit:Puisqu'on cite Monsieur LAUDET, autant le lire un peu, non ?
Voici le début. Les grands lecteurs que j'ai face à moi sauront exploiter la suite...
Oui, finalement, il mérite d'être lu, ce texte. Vraiment lu :lol:
En effet. S'il comporte beaucoup de propos justes et de bon sens, et que sa tonalité générale est assez roborative, il n'est en aucune façon pour moi parole d'évangile : trop souvent bavard, en particulier quand il se pique de psychanalyse ou de Ricœur.
L'idée d'un anti-manuel n'est pas neuve et on a déjà eu un très bon livre de ce genre, celui de Claude Duneton, avec de savoureux passages sur les questionnaires préalables et leurs dégâts. Ca date d'il y a trente ans
http://livre.fnac.com/a107554/Claude-Duneton-Anti-manuel-de-francais
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Voilà bien le livre qu'il me faut depuis longtemps ! Merci pour la référence.
- angelusiaNiveau 6
Berlingot,
J'ai participé à une formation sur la lecture analytique lundi. C'était vraiment bien, enrichissant. Je suis repartie avec plein d'idées, mais ma tutrice me conseille de la jouer plutôt "classique" pour une inspection (moi je vais être inspectée mardi prochain).
Donc fais comme à ton habitude, écoute tes habitudes. Si tu changes ta manière de faire, tes élèves le verront, et l'inspecteur aussi. Fais-toi confiance.
Pour répondre à ta question, ça dépend de ton niveau, du texte que tu as choisi... Mais tu peux entrer dans un texte par l'image, ou par l'écriture... A toi de voir.
L'expérience me manquant, j'ai toujours eu un formateur en face de moi me disant "vous auriez pu faire ça" etc. et je me suis dit 'mais oui ! et l'idée est bonne ! pourquoi je ne l'ai pas eue ?'. Parce que c'est le début voilà tout.
Bon courage à toi !
J'ai participé à une formation sur la lecture analytique lundi. C'était vraiment bien, enrichissant. Je suis repartie avec plein d'idées, mais ma tutrice me conseille de la jouer plutôt "classique" pour une inspection (moi je vais être inspectée mardi prochain).
Donc fais comme à ton habitude, écoute tes habitudes. Si tu changes ta manière de faire, tes élèves le verront, et l'inspecteur aussi. Fais-toi confiance.
Pour répondre à ta question, ça dépend de ton niveau, du texte que tu as choisi... Mais tu peux entrer dans un texte par l'image, ou par l'écriture... A toi de voir.
L'expérience me manquant, j'ai toujours eu un formateur en face de moi me disant "vous auriez pu faire ça" etc. et je me suis dit 'mais oui ! et l'idée est bonne ! pourquoi je ne l'ai pas eue ?'. Parce que c'est le début voilà tout.
Bon courage à toi !
- MUTISExpert
Cripure a écrit:
L'idée d'un anti-manuel n'est pas neuve et on a déjà eu un très bon livre de ce genre, celui de Claude Duneton, avec de savoureux passages sur les questionnaires préalables et leurs dégâts. Ca date d'il y a trente ans
Il y aurait donc eu des livres depuis ma Bible en 1965 (Nouvelle Critique ou Nouvelle Imposture, Picard) et personne ne m'aurait rien dit ! Je me renseigne !
_________________
"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- MUTISExpert
angelusia a écrit:
J'ai participé à une formation sur la lecture analytique lundi.
C'est fou comme ces formations se multiplient ces derniers temps... juste avant la parution des nouveaux programmes. Evidemment, ça doit être un hasard...
_________________
"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- IphigénieProphète
L'anti-manuel de Duneton, c'est un classique, MutisMUTIS a écrit:Cripure a écrit:
L'idée d'un anti-manuel n'est pas neuve et on a déjà eu un très bon livre de ce genre, celui de Claude Duneton, avec de savoureux passages sur les questionnaires préalables et leurs dégâts. Ca date d'il y a trente ans
Il y aurait donc eu des livres depuis ma Bible en 1965 (Nouvelle Critique ou Nouvelle Imposture, Picard) et personne ne m'aurait rien dit ! Je me renseigne !
- V.MarchaisEmpereur
Je ne connaissais pas moi non plus. Je pense que je vais jeter un oeil.
Je m'étais beaucoup amusée avec le Jourde et Nollaud, parodie de Lagarde et Michard faisait l'étude des auteurs contemporains aussi creux que médiatiques, à la mode IUFM.
À vrai dire, la première fois que j'ai lu les nouveaux programmes, ceux qui nous arrivent, j'ai pensé : il est impossible de faire un manuel correct avec ça, je vais faire une parodie, moi aussi. Et puis je me suis dit que des tas de collègues ne se rendraient vraisemblablement pas compte qu'une séquence sur le vivre-ensemble avec Gudule, Yannick Noah ("aux arbres citoyens") et la fresque réalisée par les élèves de petite section de l'école Jules Ferry dans le cadre du téléthon, c'est une grosse blague, et j'ai préféré m'abstenir...
Je m'étais beaucoup amusée avec le Jourde et Nollaud, parodie de Lagarde et Michard faisait l'étude des auteurs contemporains aussi creux que médiatiques, à la mode IUFM.
À vrai dire, la première fois que j'ai lu les nouveaux programmes, ceux qui nous arrivent, j'ai pensé : il est impossible de faire un manuel correct avec ça, je vais faire une parodie, moi aussi. Et puis je me suis dit que des tas de collègues ne se rendraient vraisemblablement pas compte qu'une séquence sur le vivre-ensemble avec Gudule, Yannick Noah ("aux arbres citoyens") et la fresque réalisée par les élèves de petite section de l'école Jules Ferry dans le cadre du téléthon, c'est une grosse blague, et j'ai préféré m'abstenir...
- NLM76Grand Maître
Au fait, on les trouve où ces nouveaux programmes ?
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- F.LemoineÉrudit
nlm76 a écrit:Au fait, on les trouve où ces nouveaux programmes ?
Pour l'instant, nulle part. Ils semble que quelques privilégiés aient eu accès aux textes, mais motus.
- User5899Demi-dieu
Oh, vous ne me ferez pas croire que vous n'avez pas éprouvé, vers la fin des années 70, un émoi presque érotique à la parution du fameux Assez décodé du valeureux Pommier, qui aurait mieux fait de s'appeler Chêne vu les fruits de son livre...MUTIS a écrit:Cripure a écrit:
L'idée d'un anti-manuel n'est pas neuve et on a déjà eu un très bon livre de ce genre, celui de Claude Duneton, avec de savoureux passages sur les questionnaires préalables et leurs dégâts. Ca date d'il y a trente ans
Il y aurait donc eu des livres depuis ma Bible en 1965 (Nouvelle Critique ou Nouvelle Imposture, Picard) et personne ne m'aurait rien dit ! Je me renseigne !
- User14996Niveau 10
Cripure a écrit:Oh, vous ne me ferez pas croire que vous n'avez pas éprouvé, vers la fin des années 70, un émoi presque érotique à la parution du fameux Assez décodé du valeureux Pommier, qui aurait mieux fait de s'appeler Chêne vu les fruits de son livre...MUTIS a écrit:Cripure a écrit:
L'idée d'un anti-manuel n'est pas neuve et on a déjà eu un très bon livre de ce genre, celui de Claude Duneton, avec de savoureux passages sur les questionnaires préalables et leurs dégâts. Ca date d'il y a trente ans
Il y aurait donc eu des livres depuis ma Bible en 1965 (Nouvelle Critique ou Nouvelle Imposture, Picard) et personne ne m'aurait rien dit ! Je me renseigne !
Pourriez-vous, s'il vous plaît, Cripure, expliciter ou éclairer ce qui vous déplaît dans l'approche de R. Pommier, qu'on pourrait qualifier d'"archéologique" ?
- User5899Demi-dieu
L'idée que la langue est claire, limpide, qu'un mot a un sens, sur lequel avec un peu de bonne volonté tout le monde peut se mettre d'accord, et que le lecteur doit tendre à cette perfection de tout dire de ce que l'auteur a pensé. En bref, je lui reproche d'avoir, par simple volonté polémique de ridiculiser le vieil adversaire de Picard, voulu doucher de ridicule une pourtant difficilement niable évidence : qu'un texte n'a jamais fini de signifier selon le regard qu'on lui porte, que c'est ce qui en fait sa richesse (alors que la richesse des amphores, en archéologie, dépend en effet d'elles-mêmes) et que le "décodage" (paronyme dans le titre d'une insulte adressée aux tenants de l'importance du lecteur) est bel et bien l'opération à laquelle nous nous livrons, en sachant très bien que nous sommes légitimes de trouver dans un texte ce que l'auteur ne sait peut-être même pas qu'il l'y a mis (Eco écrit de bien belles pages là-dessus, que ce soit dans les ouvrages savants comme Lector in fabula, ou dans de petites réflexions plus accessibles comme l'Apostille au Nom de la rose). Le XXe siècle, en redécouvrant les baroques, nous a donné l'exemple de textes morts de ce qu'aucun regard ne se posait plus sur eux, et cette renaissance interroge sur la revivification que nos regards de l'après-guerre ont opérée. C'est un exemple qui me vient à l'esprit, on en trouvera d'autres, je pense.Sullien a écrit:Cripure a écrit:Oh, vous ne me ferez pas croire que vous n'avez pas éprouvé, vers la fin des années 70, un émoi presque érotique à la parution du fameux Assez décodé du valeureux Pommier, qui aurait mieux fait de s'appeler Chêne vu les fruits de son livre...MUTIS a écrit:
Il y aurait donc eu des livres depuis ma Bible en 1965 (Nouvelle Critique ou Nouvelle Imposture, Picard) et personne ne m'aurait rien dit ! Je me renseigne !
Pourriez-vous, s'il vous plaît, Cripure, expliciter ou éclairer ce qui vous déplaît dans l'approche de R. Pommier, qu'on pourrait qualifier d'"archéologique" ?
- F.LemoineÉrudit
Cripure a écrit:L'idée que la langue est claire, limpide, qu'un mot a un sens, sur lequel avec un peu de bonne volonté tout le monde peut se mettre d'accord, et que le lecteur doit tendre à cette perfection de tout dire de ce que l'auteur a pensé. En bref, je lui reproche d'avoir, par simple volonté polémique de ridiculiser le vieil adversaire de Picard, voulu doucher de ridicule une pourtant difficilement niable évidence : qu'un texte n'a jamais fini de signifier selon le regard qu'on lui porte, que c'est ce qui en fait sa richesse (alors que la richesse des amphores, en archéologie, dépend en effet d'elles-mêmes) et que le "décodage" (paronyme dans le titre d'une insulte adressée aux tenants de l'importance du lecteur) est bel et bien l'opération à laquelle nous nous livrons, en sachant très bien que nous sommes légitimes de trouver dans un texte ce que l'auteur ne sait peut-être même pas qu'il l'y a mis (Eco écrit de bien belles pages là-dessus, que ce soit dans les ouvrages savants comme Lector in fabula, ou dans de petites réflexions plus accessibles comme l'Apostille au Nom de la rose). Le XXe siècle, en redécouvrant les baroques, nous a donné l'exemple de textes morts de ce qu'aucun regard ne se posait plus sur eux, et cette renaissance interroge sur la revivification que nos regards de l'après-guerre ont opérée. C'est un exemple qui me vient à l'esprit, on en trouvera d'autres, je pense.Sullien a écrit:Cripure a écrit:
Oh, vous ne me ferez pas croire que vous n'avez pas éprouvé, vers la fin des années 70, un émoi presque érotique à la parution du fameux Assez décodé du valeureux Pommier, qui aurait mieux fait de s'appeler Chêne vu les fruits de son livre...
Pourriez-vous, s'il vous plaît, Cripure, expliciter ou éclairer ce qui vous déplaît dans l'approche de R. Pommier, qu'on pourrait qualifier d'"archéologique" ?
+ 1000.
Voir aussi les "théories de la réception" (Jauss, Iser, etc.).
- MUTISExpert
Cripure a écrit:L'idée que la langue est claire, limpide, qu'un mot a un sens, sur lequel avec un peu de bonne volonté tout le monde peut se mettre d'accord, et que le lecteur doit tendre à cette perfection de tout dire de ce que l'auteur a pensé. En bref, je lui reproche d'avoir, par simple volonté polémique de ridiculiser le vieil adversaire de Picard, voulu doucher de ridicule une pourtant difficilement niable évidence : qu'un texte n'a jamais fini de signifier selon le regard qu'on lui porte, que c'est ce qui en fait sa richesse (alors que la richesse des amphores, en archéologie, dépend en effet d'elles-mêmes) et que le "décodage" (paronyme dans le titre d'une insulte adressée aux tenants de l'importance du lecteur) est bel et bien l'opération à laquelle nous nous livrons, en sachant très bien que nous sommes légitimes de trouver dans un texte ce que l'auteur ne sait peut-être même pas qu'il l'y a mis (Eco écrit de bien belles pages là-dessus, que ce soit dans les ouvrages savants comme Lector in fabula, ou dans de petites réflexions plus accessibles comme l'Apostille au Nom de la rose). Le XXe siècle, en redécouvrant les baroques, nous a donné l'exemple de textes morts de ce qu'aucun regard ne se posait plus sur eux, et cette renaissance interroge sur la revivification que nos regards de l'après-guerre ont opérée. C'est un exemple qui me vient à l'esprit, on en trouvera d'autres, je pense.Sullien a écrit:Cripure a écrit:
Oh, vous ne me ferez pas croire que vous n'avez pas éprouvé, vers la fin des années 70, un émoi presque érotique à la parution du fameux Assez décodé du valeureux Pommier, qui aurait mieux fait de s'appeler Chêne vu les fruits de son livre...
Pourriez-vous, s'il vous plaît, Cripure, expliciter ou éclairer ce qui vous déplaît dans l'approche de R. Pommier, qu'on pourrait qualifier d'"archéologique" ?
Intéressant.
Allons un petit peu plus loin que cet évangile eco-barthésien et sans polémique excessive.
Pensez-vous que pour interpréter un texte on doive faire abstraction de l'auteur, de son univers, de son imaginaire, du contexte historique, et surtout d'une certaine intentionnalité ? Et comment expliquer alors des phénomènes comme la parodie, la satire, l'ironie ? Doit-on faire abstraction de ce que Sartre appelle le "projet originel" pour comprendre l'oeuvre d'un Flaubert par exemple ?
En fait la lecture n'est elle pas un mouvement dialectique plutôt entre certaines données objectives du texte et un sens que l'on peut affiner en faisant un véritable travail sur l'imaginaire à l'oeuvre chez l'écrivain (la critique thématique, psychanalytique ou psychanalytico-anthropologique du Sur Racine de Barthes) sur la mise en perspective contextuelle (la critique sociologique, biographique, historiciste...) et les significations, d'autre part, qui renvoient effectivement au regard du lecteur et à une mise en résonance subjective, empathique et sensible ?
Un texte n'a jamais fini de signifier non seulement parce que le regard du lecteur évolue (ce que j'appellerais le domaine des significations et des interprétations) mais aussi parce que l'approche et la connaissance de l'auteur, du contexte historique, de son imaginaire ou de ses paradigmes s'approfondit (ce que j'appellerais le domaine de la compréhension et l'exploration des sens du texte). Et à mon avis, ce qui fait aussi la richesse d'une lecture c'est la dialectique entre ces deux niveaux qui supposent une complémentarité et un balancement perpétiuel savoir-sensibilité, approche objective et résonance subjective.
La question pour moi n'est pas d'évacuer l'auteur au nom du lecteur ou d'évacuer le lecteur au nom de l'auteur mais plutôt d'explorer les sens possible (du côté du projet littéraire et d'une approche "intentionnelle") et les significations actuelles (qui passent par l'exploration du texte actualisé par un lecteur), d'envisager les deux si possible.
D'autre part comment comprenez-vous la critique d'un Michel Onfray qui considère que le texte est le produit d'un corps et d'une histoire humaine et que l'interprétation doit toujours passer par une exploration de l'homme qui a produit l'oeuvre ? Serait-il un affreux réactionnaire ? Ou a-t-il pointé aussi les dérives d'une certaine déconstruction post moderne et anti-humaniste qui nous aurait fait perdre le rapport à l'homme ? Car on peut concevoir aussi la littérature comme un projet humain qui suppose aussi une exploration de ce projet originel d'un homme avec un corps, une histoire, une sensibilité, un imaginaire. Autrement dit la littérature nous parle de l'homme mais l'homme qui est à son principe (à l'origine du projet littéraire) n'est pas inintéressant et il peut faire partie de cette exploration de l'humain. Je pense par exemple que la correspondance de Flaubert m'a aidé à mieux comprendre ses romans et le bonhomme est fort intéressant. Pour comprendre "le projet originel" aussi et accéder à une meilleure compréhension du texte.
_________________
"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- F.LemoineÉrudit
C'est marrant, on dirait un débat d'anciens combattants . Tout le monde est d'accord, mais chacun veut avoir raison...
_________________
"La vie est mêlée de traverses. Il est bon de s'y tenir sans cesse préparé." (Molière, Les Fourberies de Scapin).
- slynopHabitué du forum
Petite remontée.
J'ai lu avec intérêt l'ensemble de la discussion.
Il y a une chose que je fais, souvent à partir du 2e trimestre (sauf pour les "grands"), c'est de demander aux élèves de lire attentivement le texte chez eux que l'on va étudier, puis de formuler des questions (au moins 5) ouvertes (si je ne précise pas, j'ai : qui est l'auteur ? Quand a été écrit ce roman ? etc.) auxquelles ils doivent répondre de façon développée et le plus précisément possible.
Si certaines questions tombent totalement à côté, d'autres, au contraire, sont souvent pertinentes, et procéder ainsi les oblige à avoir un oeil différent sur le texte.
Concernant la synthèse, comme j'écris beaucoup (et les élèves aussi), ils ont souvent tout ce qu'il faut pour la faire. Je regarde les différents travaux et je détermine quelle synthèse va être la plus pertinente, ensuite c'est à l'élève qui a fait ce travail de la dicter à ses camarades, quitte à ce que je la modifie à l'oral quand il y a des maladresses.
J'ai lu avec intérêt l'ensemble de la discussion.
Il y a une chose que je fais, souvent à partir du 2e trimestre (sauf pour les "grands"), c'est de demander aux élèves de lire attentivement le texte chez eux que l'on va étudier, puis de formuler des questions (au moins 5) ouvertes (si je ne précise pas, j'ai : qui est l'auteur ? Quand a été écrit ce roman ? etc.) auxquelles ils doivent répondre de façon développée et le plus précisément possible.
Si certaines questions tombent totalement à côté, d'autres, au contraire, sont souvent pertinentes, et procéder ainsi les oblige à avoir un oeil différent sur le texte.
Concernant la synthèse, comme j'écris beaucoup (et les élèves aussi), ils ont souvent tout ce qu'il faut pour la faire. Je regarde les différents travaux et je détermine quelle synthèse va être la plus pertinente, ensuite c'est à l'élève qui a fait ce travail de la dicter à ses camarades, quitte à ce que je la modifie à l'oral quand il y a des maladresses.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum