- RobinFidèle du forum
Analyse des termes du sujet :
Désir : Le désir est à distinguer du besoin, qui renvoie au manque et à ce qui est utile pour le combler. Le besoin au sens strict relève du corps, le désir, de l'âme ; on peut définir le besoin comme un manque objectif, d'ordre physiologique : nous avons besoin de nourriture lorsque notre corps n'a plus les nutriments qui lui sont nécessaires pour se conserver. Le désir, quant à lui, serait le sentiment ou la conscience que notre esprit a de ce besoin corporel.
Connaissance : Le fait ou la manière de connaître. La connaissance d’un objet. Mots associés : conscience, compréhension, représentation.
Théorie de la connaissance : théorie des rapports entre le sujet qui connaît et l’objet.
Faculté de connaître propre à un être vivant (XIIIème siècle). Mots associés : discernement, entendement, intelligence.
Les connaissances (XVIIème siècle) : au sens objectif de ce qui est connu, ce que l’on sait pour l’avoir appris. Mots associés : culture, éducation, érudition, instruction, savoir, science
Citations :
"Toute connaissance est une réponse à une question." (Gaston Bachelard)
"Si les bêtes ont de la connaissance." (Fénelon)
"Pourquoi ma connaissance est-elle bornée ?" (Pascal)
"Les connaissances nous suivent tous les jours de notre vie, nous sont toujours utiles." (Stendhal)
Quel sens peut-on donner au sujet pris comme un tout ?
Le désir ne se confond ni avec besoin, ni avec la curiosité. Il n’est pas spontané, comme le besoin, mais acquis. Il est lié au langage : le désir est le besoin en ce qu’il se parle (Roland Barthes). Il partage donc les caractères de la connaissance. Par ailleurs, comme l'a montré Nietzsche, le désir de connaissance n'est pas neutre. Désir de connaissance = volonté de puissance (?)
Le besoin est lié au manque, le désir est un élan pour combler ce manque. Tandis que le besoin est neutre ou indifférencié, le désir, parce qu'il relève de la pensée, a au contraire un objet déterminé et différencié. En quoi la connaissance peut-elle être « l’objet » du désir ?
Axes possibles :
I. Les aspects ambivalents ou négatifs du « désir de connaissance »
Dans la pensée grecque : le mythe de Prométhée
Dans la pensée judéo-chrétienne : le Livre de la Genèse. « La connaissance du Bien et du Mal » : "Et eritis sicut Dei."
La "libido sciendi" désigne le désir de savoir. Il est donc à l’origine du péché originel puisque c’est l’envie de connaissance qui a poussé Adam et Eve à croquer la pomme. Là encore, ce désir est vain puisque notre raison elle-même ne peut pas tout démontrer et qu’elle est faible (une mouche peut la mettre en défaut). Pascal aborde dans le fragment 101 la question de la raison et du cœur. Quand bien même la raison est utile car elle permet de distinguer l’homme des animaux (96), elle est limitée. En effet, il y a des savoirs qui ne sont appréhendables qu’à travers l’intuition, seule capable de sentir Dieu.
Dans la civilisation occidentale, les rapports « problématiques » entre la philosophie et la théologie. Pour Thomas d’Aquin, la philosophie doit être « la servante de la théologie ». L’Église condamne le « désir de connaissance » pour autant qu’il prétend outrepasser ses droits (par elle fixée) et se prononcer sur la question de la « Vérité ».
A partir de Descartes, on assiste à une autonomisation de la raison humaine. L’homme devient la mesure de toutes choses. Il s’agit de se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Dès lors, il ne doit plus y avoir aucune limite au « désir de connaissance ». Tout ce qui est scientifiquement et technologiquement possible est juridiquement (et moralement) légitime. Le problème de la « bioéthique ».
Le désir, facteur de rivalité (la notion de "modèle obstacle" chez René Girard)
II. Les aspects positifs du « désir de connaissance »
La notion d’étonnement (devant l’Être) chez Aristote. Aristote explique que les hommes n'ont pas eu "de tout temps" le désir de connaissance. Le désir de connaissance est "tard venu" dans l'histoire humaine et il ne porte pas, au départ sur telle ou telle connaissance, mais sur le Tout, sur l'Être de l'étant.
Le mythe de la naissance d’Éros dans le Banquet de Platon
Le Mythe de la caverne et la figure de Socrate
III. La nécessité de purifier le désir
La destinée "historiale" de la pensée occidentale comme « éloignement de l’Être » (attention, pour Heidegger, l’Être ne se confond pas avec la Transcendance (Dieu). Il n’est pas la Transcendance, mais (éventuellement) la « dimension » de la Transcendance).
Selon Platon (Le Banquet), Le Désir est une mobilisation vers l'Absolu, le monde intelligible. Pourtant, son statut demeure ambigu : cette dynamique ambitieuse est freinée sans cesse, notre désir s'accrochant toujours sur des objets sensibles, imparfaits, impropres à le satisfaire. C'est une dynamique arrêtée. D'où notre intérêt peut-être, en vue de purifier cette dynamique, de réfléchir aux rapports que nous entretenons avec notre désir.
Toute l’angoisse et le mal-être des humains se trouvent selon Paul Diel (Le symbolisme dans la mythologie grecque) dans le manque d’harmonisation entre les désirs multiples (matériels et sexuels) et le désir essentiel, forme élargie prise par la poussée évolutive lorsqu’elle atteint le stade humain.
Cette pulsion venue du surconscient nous souffle l’envie de spiritualiser la matière, de l’orienter vers des valeurs guides telles que le Bon, le Juste, le Beau. Intuitivement, les hommes pressentent la satisfaction et la joie que cette démarche pourrait leur apporter. Et si Dieu est avant tout un symbole mythique, il n’en reste pas moins que mythes et religions représentent l’expression imagée de cette intuition.
Désir : Le désir est à distinguer du besoin, qui renvoie au manque et à ce qui est utile pour le combler. Le besoin au sens strict relève du corps, le désir, de l'âme ; on peut définir le besoin comme un manque objectif, d'ordre physiologique : nous avons besoin de nourriture lorsque notre corps n'a plus les nutriments qui lui sont nécessaires pour se conserver. Le désir, quant à lui, serait le sentiment ou la conscience que notre esprit a de ce besoin corporel.
Connaissance : Le fait ou la manière de connaître. La connaissance d’un objet. Mots associés : conscience, compréhension, représentation.
Théorie de la connaissance : théorie des rapports entre le sujet qui connaît et l’objet.
Faculté de connaître propre à un être vivant (XIIIème siècle). Mots associés : discernement, entendement, intelligence.
Les connaissances (XVIIème siècle) : au sens objectif de ce qui est connu, ce que l’on sait pour l’avoir appris. Mots associés : culture, éducation, érudition, instruction, savoir, science
Citations :
"Toute connaissance est une réponse à une question." (Gaston Bachelard)
"Si les bêtes ont de la connaissance." (Fénelon)
"Pourquoi ma connaissance est-elle bornée ?" (Pascal)
"Les connaissances nous suivent tous les jours de notre vie, nous sont toujours utiles." (Stendhal)
Quel sens peut-on donner au sujet pris comme un tout ?
Le désir ne se confond ni avec besoin, ni avec la curiosité. Il n’est pas spontané, comme le besoin, mais acquis. Il est lié au langage : le désir est le besoin en ce qu’il se parle (Roland Barthes). Il partage donc les caractères de la connaissance. Par ailleurs, comme l'a montré Nietzsche, le désir de connaissance n'est pas neutre. Désir de connaissance = volonté de puissance (?)
Le besoin est lié au manque, le désir est un élan pour combler ce manque. Tandis que le besoin est neutre ou indifférencié, le désir, parce qu'il relève de la pensée, a au contraire un objet déterminé et différencié. En quoi la connaissance peut-elle être « l’objet » du désir ?
Axes possibles :
I. Les aspects ambivalents ou négatifs du « désir de connaissance »
Dans la pensée grecque : le mythe de Prométhée
Dans la pensée judéo-chrétienne : le Livre de la Genèse. « La connaissance du Bien et du Mal » : "Et eritis sicut Dei."
La "libido sciendi" désigne le désir de savoir. Il est donc à l’origine du péché originel puisque c’est l’envie de connaissance qui a poussé Adam et Eve à croquer la pomme. Là encore, ce désir est vain puisque notre raison elle-même ne peut pas tout démontrer et qu’elle est faible (une mouche peut la mettre en défaut). Pascal aborde dans le fragment 101 la question de la raison et du cœur. Quand bien même la raison est utile car elle permet de distinguer l’homme des animaux (96), elle est limitée. En effet, il y a des savoirs qui ne sont appréhendables qu’à travers l’intuition, seule capable de sentir Dieu.
Dans la civilisation occidentale, les rapports « problématiques » entre la philosophie et la théologie. Pour Thomas d’Aquin, la philosophie doit être « la servante de la théologie ». L’Église condamne le « désir de connaissance » pour autant qu’il prétend outrepasser ses droits (par elle fixée) et se prononcer sur la question de la « Vérité ».
A partir de Descartes, on assiste à une autonomisation de la raison humaine. L’homme devient la mesure de toutes choses. Il s’agit de se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Dès lors, il ne doit plus y avoir aucune limite au « désir de connaissance ». Tout ce qui est scientifiquement et technologiquement possible est juridiquement (et moralement) légitime. Le problème de la « bioéthique ».
Le désir, facteur de rivalité (la notion de "modèle obstacle" chez René Girard)
II. Les aspects positifs du « désir de connaissance »
La notion d’étonnement (devant l’Être) chez Aristote. Aristote explique que les hommes n'ont pas eu "de tout temps" le désir de connaissance. Le désir de connaissance est "tard venu" dans l'histoire humaine et il ne porte pas, au départ sur telle ou telle connaissance, mais sur le Tout, sur l'Être de l'étant.
Le mythe de la naissance d’Éros dans le Banquet de Platon
Le Mythe de la caverne et la figure de Socrate
III. La nécessité de purifier le désir
La destinée "historiale" de la pensée occidentale comme « éloignement de l’Être » (attention, pour Heidegger, l’Être ne se confond pas avec la Transcendance (Dieu). Il n’est pas la Transcendance, mais (éventuellement) la « dimension » de la Transcendance).
Selon Platon (Le Banquet), Le Désir est une mobilisation vers l'Absolu, le monde intelligible. Pourtant, son statut demeure ambigu : cette dynamique ambitieuse est freinée sans cesse, notre désir s'accrochant toujours sur des objets sensibles, imparfaits, impropres à le satisfaire. C'est une dynamique arrêtée. D'où notre intérêt peut-être, en vue de purifier cette dynamique, de réfléchir aux rapports que nous entretenons avec notre désir.
Toute l’angoisse et le mal-être des humains se trouvent selon Paul Diel (Le symbolisme dans la mythologie grecque) dans le manque d’harmonisation entre les désirs multiples (matériels et sexuels) et le désir essentiel, forme élargie prise par la poussée évolutive lorsqu’elle atteint le stade humain.
Cette pulsion venue du surconscient nous souffle l’envie de spiritualiser la matière, de l’orienter vers des valeurs guides telles que le Bon, le Juste, le Beau. Intuitivement, les hommes pressentent la satisfaction et la joie que cette démarche pourrait leur apporter. Et si Dieu est avant tout un symbole mythique, il n’en reste pas moins que mythes et religions représentent l’expression imagée de cette intuition.
- Se7thNiveau 4
Ce sujet me rappelle la libido sciendi qui est une des trois concupiscence dans la christianisme.
Je pense qu'il y aurait des éléments intéressants au livre 4 de la recherche de la vérité de Malebranche, au chapitre 3 sur la curiosité, et aux 7 et 8 ( le 7 s'appelle "du désir de la science et des jugements des faux savants")
Désolée si ça a déjà été dit, je n'ai pas eu le courage de tout lire...
Je pense qu'il y aurait des éléments intéressants au livre 4 de la recherche de la vérité de Malebranche, au chapitre 3 sur la curiosité, et aux 7 et 8 ( le 7 s'appelle "du désir de la science et des jugements des faux savants")
Désolée si ça a déjà été dit, je n'ai pas eu le courage de tout lire...
- RobinFidèle du forum
"Concupiscence" : Ce terme vient du latin « concupiscentia », mot formé sur le verbe « cupere » qui signifie désirer. Il est notamment employé dans un contexte religieux par Tertullien. Saint-Augustin dont Pascal était un fervent admirateur distingue trois types de concupiscences : la libido sentiendi, la libido dominandi et la libido sciendi.
I- L’origine des concupiscences
Ce désir excessif vient de notre nature déchue. De fait, l’homme est naturellement désireux de vérité et de bien mais il est incapable de les atteindre du fait du péché originel qui le fait chercher non plus en Dieu mais en lui-même : « Mais malheureux que nous sommes [...], nous avons une idée du bonheur et ne pouvons y arriver, nous sentons une image de la vérité et ne possédons que le mensonge » fr.122. Par conséquent, les concupiscences ne peuvent conduire qu’à des choses vaines.
II- Les trois concupiscences
1- la libido sentiendi
C’est la recherche de la satisfaction des désirs suscités par le corps. On pense de suite au plaisir charnel qui est évoqué dans le fr.74 mais si l’on opère un rapprochement avec les péchés capitaux, on pourrait y inclure la paresse ou encore la gourmandise.
2- la libido dominandi
Il s’agit de l’orgueil qui nous enjoint de nous dominer nous-mêmes mais aussi les autres. Le fait que l’homme estime qu’il est capable de tout contrôler par sa seule volonté est un leurre qui entretient son égarement. Ce désir va donc éloigner l’homme de la connaissance de lui-même tant il est vrai par exemple que « les habiles » sont plus sujets que les autres à l’amour-propre. Par ailleurs, il va entretenir son désir de supériorité qu’elle soit sociale ou intellectuelle.
3- la libido sciendi
Littéralement, ceci désigne le désir de savoir. Il est donc à l’origine du péché originel puisque c’est l’envie de connaissance qui a poussé Adam et Eve à croquer la pomme. Là encore, ce désir est vain puisque notre raison elle-même ne peut pas tout démontrer et qu’elle est faible (une mouche peut la mettre en défaut). Pascal aborde dans le fragment 101 la question de la raison et du cœur. Quand bien même la raison est utile car elle permet de distinguer l’homme des animaux (96), elle est limitée. En effet, il y a des savoirs qui ne sont appréhendables qu’à travers l’intuition, seule capable de sentir Dieu.
III- De l’utilité des concupiscences
Bien que condamnables car l’homme en fait un mauvais usage en les tournant exclusivement vers lui, elles pourraient s’avérer être une bonne émulation. Du moins, c’est ce que semble indiquer l’auteur dans les fr. 97 « Les raisons des effets marquent la grandeur de l’homme, d’avoir tiré de la concupiscence un si bel ordre ». Ainsi, l’ordre social dont la concupiscence est à l’origine permet la paix en ce sens qu’il a défini des lois que l’on s’est efforcé de rendre justes. Quant au fragment 109, il nous explique que la concupiscence peut être la voie de la charité, ordre le plus élevé dans la classification qu’opère Pascal (corps, esprit, charité) : « Grandeur de l’homme dans sa concupiscence, d’en avoir su tirer un règlement admirable et en avoir fait un tableau de la charité ». C’est en effet la concupiscence qui nous rappelle notre misère et par là-même notre nature déchue.
(Emmanuelle Colas)
I- L’origine des concupiscences
Ce désir excessif vient de notre nature déchue. De fait, l’homme est naturellement désireux de vérité et de bien mais il est incapable de les atteindre du fait du péché originel qui le fait chercher non plus en Dieu mais en lui-même : « Mais malheureux que nous sommes [...], nous avons une idée du bonheur et ne pouvons y arriver, nous sentons une image de la vérité et ne possédons que le mensonge » fr.122. Par conséquent, les concupiscences ne peuvent conduire qu’à des choses vaines.
II- Les trois concupiscences
1- la libido sentiendi
C’est la recherche de la satisfaction des désirs suscités par le corps. On pense de suite au plaisir charnel qui est évoqué dans le fr.74 mais si l’on opère un rapprochement avec les péchés capitaux, on pourrait y inclure la paresse ou encore la gourmandise.
2- la libido dominandi
Il s’agit de l’orgueil qui nous enjoint de nous dominer nous-mêmes mais aussi les autres. Le fait que l’homme estime qu’il est capable de tout contrôler par sa seule volonté est un leurre qui entretient son égarement. Ce désir va donc éloigner l’homme de la connaissance de lui-même tant il est vrai par exemple que « les habiles » sont plus sujets que les autres à l’amour-propre. Par ailleurs, il va entretenir son désir de supériorité qu’elle soit sociale ou intellectuelle.
3- la libido sciendi
Littéralement, ceci désigne le désir de savoir. Il est donc à l’origine du péché originel puisque c’est l’envie de connaissance qui a poussé Adam et Eve à croquer la pomme. Là encore, ce désir est vain puisque notre raison elle-même ne peut pas tout démontrer et qu’elle est faible (une mouche peut la mettre en défaut). Pascal aborde dans le fragment 101 la question de la raison et du cœur. Quand bien même la raison est utile car elle permet de distinguer l’homme des animaux (96), elle est limitée. En effet, il y a des savoirs qui ne sont appréhendables qu’à travers l’intuition, seule capable de sentir Dieu.
III- De l’utilité des concupiscences
Bien que condamnables car l’homme en fait un mauvais usage en les tournant exclusivement vers lui, elles pourraient s’avérer être une bonne émulation. Du moins, c’est ce que semble indiquer l’auteur dans les fr. 97 « Les raisons des effets marquent la grandeur de l’homme, d’avoir tiré de la concupiscence un si bel ordre ». Ainsi, l’ordre social dont la concupiscence est à l’origine permet la paix en ce sens qu’il a défini des lois que l’on s’est efforcé de rendre justes. Quant au fragment 109, il nous explique que la concupiscence peut être la voie de la charité, ordre le plus élevé dans la classification qu’opère Pascal (corps, esprit, charité) : « Grandeur de l’homme dans sa concupiscence, d’en avoir su tirer un règlement admirable et en avoir fait un tableau de la charité ». C’est en effet la concupiscence qui nous rappelle notre misère et par là-même notre nature déchue.
(Emmanuelle Colas)
- henrietteMédiateur
Merci Robin !
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
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