- coindeparadisGuide spirituel
Le problème c'est qu'à chaque fois qu'un discours de ce type est prononcé, on parle de retour en arrière, d'extrême droite, de fascisme pédagogique... Gageons donc que venant de SOS éducation, ce discours sera lettre morte...En écoutant le ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, parler de restaurer l'autorité des professeurs (quel langage inhabituel dans sa bouche !), je pensais à cette belle phrase de Charles Péguy :
« Quand une société ne peut pas enseigner c’est que cette société ne peut pas s’enseigner, c’est qu’elle a honte, c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même. »
Les incivilités qui ont émaillé, dans de nombreux établissements scolaires, la minute de silence destinée à rendre hommage aux victimes de l’attaque terroriste du mercredi 7 janvier ont suscité un émoi qui a très largement dépassé le cadre de la communauté éducative.
En la personne de représentants de l’ordre public, de journalistes, puis de citoyens de confession juive assassinés, c’est la France qui a été frappée au cœur. Or des centaines d’élèves français, dans l’enceinte même de leur école, ont manifesté leur soutien aux barbares qui se sont rendus coupables de ces ignobles attentats. Question brûlante posée à notre système éducatif, qui est, de toute l’Europe, celui où l’apprentissage de la citoyenneté est pourtant le plus formalisé : pourquoi l'éducation nationale produit-elle des barbares ?
Parce que depuis des décennies, on n’a cessé de rogner sur les heures d’enseignement du français : 15 heures par semaine en CP à la fin des années 60, contre moins de 10 aujourd’hui. Un élève actuel a reçu, à la fin du collège, 800 heures de cours de français en moins qu’un élève de la génération de ses parents !
Parce qu’on a décrété que pour apprendre à lire aux enfants des milieux populaires, il fallait utiliser des notices d’appareils ménagers plutôt que La Fontaine, car la culture était discriminante.
Parce qu’on a en conséquence soigneusement sabordé, du primaire à l’université, l’enseignement des « humanités », au profit d’une conception utilitariste de l’éducation consacrée par la fameuse « pédagogie des compétences ». Je citais Péguy… dans combien de classes de notre pays cet héritier d’Athènes, de Jérusalem et de Rome, mort pour la France en 1914, est-il encore étudié ?
Parce que l’égalitarisme idéologique étant mis en échec par le réel de la diversité des conditions et des talents, on a promu de nouvelles pédagogies, et notamment des méthodes de lecture totalement inefficaces, dites globales, mixtes ou idéo-visuelles, afin que l’alphabétisation reçue par certains enfants dans leur famille ne leur soit plus un avantage. Parce qu’on a remplacé l’enseignement de l’histoire de France, creuset de notre communauté de destin, par un boniment mondialiste émaillé de culpabilités mémorielles.
Parce qu’on a répété à l’envi aux jeunes professeurs venant se former dans les IUFM qu’ils étaient là pour animer des dynamiques de groupes, et qu’ils n’avaient rien à transmettre.
Parce que ce discours a été accompagné d’un déclassement complet du corps enseignant, qui rend aujourd’hui véritablement héroïque leur fréquente exemplarité.
Parce que, de renoncements en excuses, on a sapé l’autorité des maîtres, et laissé se développer dans les établissements une insécurité qui rend impossible toute transmission.
Parce que des fédérations de parents d’élèves prétendument représentatives, ont travaillé à transformer l’école du mérite en un système de garderie dévolu à l’apprentissage du fameux « vivre-ensemble », comme on dit lorsqu’on a perdu l’idée de ce qu’est une société.
Parce que l’éducation nationale a été confisquée par des politiques partisanes à courte vue, conduisant à un empilement de réformes illisibles tricotées au gré des lubies de ministres renouvelés tous les dix-huit mois…
Lire, écrire, compter, connaître l’histoire de son pays ne sont pas des « objectifs pédagogiques » parmi d’autres, noyés dans on-ne-sait plus quel « socle commun » : ce sont des prérequis sans lesquels les élèves risquent effectivement de verser dans la barbarie.
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