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Luciano Poniatowski
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Dégoûté par le métier Empty Dégoûté par le métier

par Luciano Poniatowski Mar 24 Mai 2016 - 18:51
Je ne sais pas si c'est bien de se plaindre comme ça, mais je ne sais pas trop vers qui me tourner.

Alors voilà, je commence à être de plus en plus dégoûté de mon métier. Je ne l'ai clairement pas choisi par passion, mais après des études d'histoire, il me fallait un travail. Déjà on part mal.
Ça ne fait pas longtemps que j'enseigne et je suis relativement jeune encore (24 ans). J'ai quelques difficultés de gestion de classe, mais cette année ça se passe bien, je suis en poste fixe, j'estime ne pas trop pouvoir me plaindre...pourtant ce métier me déprime profondément. J'aime ma matière, j'aime certains élèves et aussi bizarre que ce soit, je pense qu'un autre travail m'ennuierait.

Alors pourquoi parler de dégoût ? Disons tout d'abord que je n'ai jamais aimé le collège, je ne me suis jamais senti à ma place même en étant collégien. Devenu prof, c'est pareil, voire pire.
En fait, mes élèves me dégoûtent parfois. Je méprise cette génération, leurs goûts, leur culture, leurs manières de parler. Et ils me le rendent bien. J'ai parfois l'impression d'un gouffre culturel qui les sépare de moi que ça m'effraie terriblement.
Et ça me déprime surtout ! Dans mes souvenirs, le collège des années 2000 était déjà médiocre...mais en fait je n'arrive pas à m'imaginer la situation s'inverser et s'améliorer, surtout pas avec les réformes qui arrivent. Et l'école n'est pas la seule fautive, j'ai souvent le sentiment d'affronter une société en déliquescence et de ne rien pouvoir y faire.

En fait la France me déprime elle-même. Après être allé au Japon plusieurs fois je ne trouve plus rien qui tienne la comparaison et ce y compris au niveau éducatif. Bref, je supporte de plus en plus mal tout ça, je ne peux pas me voir dans ce métier dans 10 ans, mais je n'ai aucune compétence réelle non plus.
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User14996
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par User14996 Mar 24 Mai 2016 - 19:00
As-tu songé à préparer l'agrégation (si tu n'est déjà agrégé) ? Ce pourrait être un enjeu stimulant d'un point de vue intellectuel, avec la possibilité d'enseigner au lycée.
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pailleauquebec
Fidèle du forum

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par pailleauquebec Mar 24 Mai 2016 - 19:03
Essaie d'enseigner au Japon (lycée français,...) quelques années.
Voyager quand on est jeune change sa vision du monde.
J'ai eu cette chance, aller vivre un moment à l'étranger et j'en suis revenu transformé.

Autre option changer de métier : pour la même raison, cela permet de faire le pas de côté qui permet de tout voir différemment. J'en suis à mon troisième métier (plus des petits boulots) et ça m'aide beaucoup dans mon quotidien de prof.

Je pense que tu es pris dans une situation trop stable pour ton âge, tu as besoin de vivre des aventures. Un poste fixe de prof. ça va bien quand on est marié avec des enfants à 30-35 ans.


Dernière édition par pailleauquebec le Mar 24 Mai 2016 - 19:04, édité 1 fois
palomita
palomita
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par palomita Mar 24 Mai 2016 - 19:03
Edité

( Pendant que j'écrivais mon message, pailleauquébec a répondu de façon bien plus complète)

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"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit"
Oscar wilde.
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Graisse-Boulons
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par Graisse-Boulons Mar 24 Mai 2016 - 19:07
Bonjour,
Détrompes-toi : j'ai dans mon cercle d'amis beaucoup d'historiens/géographes. Trois d'entre eux ne sont pas profs :
- L'un est rentré dans une mairie (sans concours), et à été en suite titularisé "sur le tas" si on peut dire et effectue aujourd'hui une belle carrière administrative...l'enfermement et le sentiment d'être dans une impasse que tu ressens et qui est théorique pour toutes les fonctions publiques n'est pas effectif de partout aussi strictement que dans l'éducation : ailleurs des carrières et des évolutions sont possibles "hors champ" et sans concours. Si tu es oppressé par la machine EN, pars tout de suite, tant qu'il est encore temps car plus tard, avec famille et crédit, le fait que la rupture conventionnelle et donc le droit aux chômage n'existe pas pour nous va te maintenir captif;
- Un autre travaille au rectorat suite à un concours administratif en bonne et due forme;
- Un autre est douanier...
Non, tu n'as pas "aucune compétence réelle", tu devrais commencer par te sortir ça de l'idée AVANT d'entreprendre des démarches pour changer de voie. Bonne chance à toi.
Caspar
Caspar
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par Caspar Mar 24 Mai 2016 - 19:09
Tu es encore jeune, tu peux changer de métier.

Je partage ton admiration pour le Japon, mais n'idéalise pas non plus le pays, et je trouve que tu exagères un peu quand tu parles de "société en déliquescence", c'est tout à fait normal qu'il y ait un décalage entre tes élèves et toi.

Consulte donc les posts et le blog de Yoaken, qui intervient régulièrement sur ce forum: c'est une Française qui enseigne dans un établissement japonais.
Luciano Poniatowski
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par Luciano Poniatowski Mar 24 Mai 2016 - 19:34
Merci pour les réponses.

Oui effectivement, je me sens un peu bloqué dans cette profession. L'ennui c'est que je ne me vois rien faire d'autre. Déjà, je pourrais difficilement me passer de mon salaire quand même. Ensuite c'est surtout le sentiment d'être face à des conditions de travail qui se dégradent et qui continueront de se dégrader qui devient dur à vivre.
Olympias
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Prophète

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par Olympias Mar 24 Mai 2016 - 19:59
Caspar Goodwood a écrit:Tu es encore jeune, tu peux changer de métier.

Je partage ton admiration pour le Japon, mais n'idéalise pas non plus le pays, et je trouve que tu exagères un peu quand tu parles de "société en déliquescence", c'est tout à fait normal qu'il y ait un décalage entre tes élèves et toi.

Consulte donc les posts et le blog de Yoaken, qui intervient régulièrement sur ce forum: c'est une Française qui enseigne dans un établissement japonais.
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Malaga
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par Malaga Mer 25 Mai 2016 - 6:14
pailleauquebec a écrit:Essaie d'enseigner au Japon (lycée français,...) quelques années.
Voyager quand on est jeune change sa vision du monde.
J'ai eu cette chance, aller vivre un moment à l'étranger et j'en suis revenu transformé.

Autre option changer de métier : pour la même raison, cela permet de faire le pas de côté qui permet de tout voir différemment. J'en suis à mon troisième métier (plus des petits boulots) et ça m'aide beaucoup dans mon quotidien de prof.

Je pense que tu es pris dans une situation trop stable pour ton âge, tu as besoin de vivre des aventures. Un poste fixe de prof. ça va bien quand on est marié avec des enfants à 30-35 ans.

Je trouve ta dernière phrase assez réductrice. Etre prof est mon premier vrai métier (donc je ne compte pas les petits boulots d'étudiante que je faisais en sachant que ce serait temporaire), je le suis devenue à 23 ans et sans enfant. Je m'y suis épanouie assez rapidement ; pas les deux premières années mais ce n'est pas parce que c'était trop "plan-plan", plutôt parce que j'avais un boulot de dingue et une gestion des classes difficiles.

En revanche, pour notre collègue Luciano, essayer de voyager, d'aller enseigner à l'étranger me semble être une bonne idée.

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J'utilise des satellites coûtant plusieurs millions de dollars pour chercher des boîtes Tupperware dans la forêt ; et toi, c'est quoi ton hobby ?
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par Invité Mer 25 Mai 2016 - 9:35
Bonjour Luciano,

Je comprends parfaitement ton dégoût pour le système éducatif actuel, les élèves et la société en général. Je me considère un peu comme une "antimoderne", c'est-à-dire attachée à des valeurs d'autrefois qui n'ont plus vraiment cours aujourd'hui (pourtant je n'ai que 34 ans). Chaque jour, je suis atterrée de voir que les élèves sont si médiocres, si peu curieux, qu'ils connaissent à peine les règles de politesse et de savoir-vivre. Je déchante quand je me rends compte que mon boulot au collège est plus de l'ordre de leur apprendre à vivre ensemble et pas vraiment à leur transmettre des connaissances.
Mais pour avoir travaillé en entreprise, je sais aussi combien c'est génial de ne pas avoir de chef sur le dos, de gérer ses cours tout seul en toute indépendance, d'avoir du temps libre, de passer sa journée à échanger avec des élèves (bien qu'incultes et pas toujours polis) au lieu d'être devant un ordinateur 7h par jour.
En entreprise, je m'ennuyais profondément (pourtant j'étais dans un domaine plutôt "fun" : l'audiovisuel), mais passer mes journées devant un écran me plongeait dans des abîmes de lassitude... d'autant qu'on ne choisit pas ses collègues et qu'ils peuvent être très pénibles et qu'on doit les supporter tout le temps (contrairement à un prof).
Voilà voilà...
Je pense que tu es encore jeune et que le fait de t'enfermer dans un métier pour toute ta vie te fait peur. Et c'est bien légitime ! J'ai passé le concours l'année dernière à 33 ans, mais je sais que lorsque j'avais la vingtaine je ne me sentais pas capable de faire ce métier.
Il faut que tu réfléchisses si tu penses pouvoir faire ce travail longtemps en t'épanouissant à l'extérieur ou si tu veux changer de voie. Perso, j'ai choisi de faire ce métier pour avoir le temps de monter des projets perso et de m'épanouir à l'extérieur (je suis bénévole dans un cinéma d'art et d'essai en même temps). A toi de voir !
Mais être prof peut aussi être un gage de valeur pour d'autres activités parallèles comme le journalisme, l'écriture de livres, donner des conférences (ce que je compte essayer de faire) et t'ouvrir ainsi d'autres portes...
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Graisse-Boulons
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par Graisse-Boulons Mer 25 Mai 2016 - 10:49
novabulma a écrit:Bonjour Luciano,

Je comprends parfaitement ton dégoût pour le système éducatif actuel, les élèves et la société en général. Je me considère un peu comme une "antimoderne", c'est-à-dire attachée à des valeurs d'autrefois qui n'ont plus vraiment cours aujourd'hui (pourtant je n'ai que 34 ans). Chaque jour, je suis atterrée de voir que les élèves sont si médiocres, si peu curieux, qu'ils connaissent à peine les règles de politesse et de savoir-vivre. Je déchante quand je me rends compte que mon boulot au collège est plus de l'ordre de leur apprendre à vivre ensemble et pas vraiment à leur transmettre des connaissances.
Mais pour avoir travaillé en entreprise, je sais aussi combien c'est génial de ne pas avoir de chef sur le dos, de gérer ses cours tout seul en toute indépendance, d'avoir du temps libre, de passer sa journée à échanger avec des élèves (bien qu'incultes et pas toujours polis) au lieu d'être devant un ordinateur 7h par jour.
En entreprise, je m'ennuyais profondément (pourtant j'étais dans un domaine plutôt "fun" : l'audiovisuel), mais passer mes journées devant un écran me plongeait dans des abîmes de lassitude... d'autant qu'on ne choisit pas ses collègues et qu'ils peuvent être très pénibles et qu'on doit les supporter tout le temps (contrairement à un prof).
Voilà voilà...
Je pense que tu es encore jeune et que le fait de t'enfermer dans un métier pour toute ta vie te fait peur. Et c'est bien légitime ! J'ai passé le concours l'année dernière à 33 ans, mais je sais que lorsque j'avais la vingtaine je ne me sentais pas capable de faire ce métier.
Il faut que tu réfléchisses si tu penses pouvoir faire ce travail longtemps en t'épanouissant à l'extérieur ou si tu veux changer de voie. Perso, j'ai choisi de faire ce métier pour avoir le temps de monter des projets perso et de m'épanouir à l'extérieur (je suis bénévole dans un cinéma d'art et d'essai en même temps). A toi de voir !
Mais être prof peut aussi être un gage de valeur pour d'autres activités parallèles comme le journalisme, l'écriture de livres, donner des conférences (ce que je compte essayer de faire) et t'ouvrir ainsi d'autres portes...

Il faut faire attention à ce que l'on dit : quelle matière enseignes-tu ? Luciano, lui, c'est l'histoire/géo, peut-on réellement faire un copié/collé pour ce qui est des "projets perso", du "bénévolat", d' "activités parallèles" ? Il ne faut pas entretenir cette image car elle correspond peut être à des cas particuliers mais elle crée énormément de déception chez les jeunes qui y ont cru et qui en prennent plein la figure lorsqu'ils comprennent que tout de suite en débutant ça va être du 55/60 heures par semaine et pas de week-end blanc et qu'en suite, ce serra plutôt 37/45 h par semaine et du travail pendant les fameuses "vacances"...Pour éviter toutes déconvenues, il faut arriver avec une certaine réalité en tête. Moi j'ai un exemple de collègue qui, après un passage par l'industrie, est venu un peu pour "ça" et qui tient un autre discours aujourd'hui, il qui accuse le coup en voyant l'écart de rémunération qui se creuse petit à petit avec ces anciens collègues industriels alors qu'il sait aujourd'hui qu'il fourni des efforts et des sacrifices sensiblement identiques...
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Invité
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par Invité Mer 25 Mai 2016 - 10:54
Graisse-Boulons a écrit:
novabulma a écrit:Bonjour Luciano,

Je comprends parfaitement ton dégoût pour le système éducatif actuel, les élèves et la société en général. Je me considère un peu comme une "antimoderne", c'est-à-dire attachée à des valeurs d'autrefois qui n'ont plus vraiment cours aujourd'hui (pourtant je n'ai que 34 ans). Chaque jour, je suis atterrée de voir que les élèves sont si médiocres, si peu curieux, qu'ils connaissent à peine les règles de politesse et de savoir-vivre. Je déchante quand je me rends compte que mon boulot au collège est plus de l'ordre de leur apprendre à vivre ensemble et pas vraiment à leur transmettre des connaissances.
Mais pour avoir travaillé en entreprise, je sais aussi combien c'est génial de ne pas avoir de chef sur le dos, de gérer ses cours tout seul en toute indépendance, d'avoir du temps libre, de passer sa journée à échanger avec des élèves (bien qu'incultes et pas toujours polis) au lieu d'être devant un ordinateur 7h par jour.
En entreprise, je m'ennuyais profondément (pourtant j'étais dans un domaine plutôt "fun" : l'audiovisuel), mais passer mes journées devant un écran me plongeait dans des abîmes de lassitude... d'autant qu'on ne choisit pas ses collègues et qu'ils peuvent être très pénibles et qu'on doit les supporter tout le temps (contrairement à un prof).
Voilà voilà...
Je pense que tu es encore jeune et que le fait de t'enfermer dans un métier pour toute ta vie te fait peur. Et c'est bien légitime ! J'ai passé le concours l'année dernière à 33 ans, mais je sais que lorsque j'avais la vingtaine je ne me sentais pas capable de faire ce métier.
Il faut que tu réfléchisses si tu penses pouvoir faire ce travail longtemps en t'épanouissant à l'extérieur ou si tu veux changer de voie. Perso, j'ai choisi de faire ce métier pour avoir le temps de monter des projets perso et de m'épanouir à l'extérieur (je suis bénévole dans un cinéma d'art et d'essai en même temps). A toi de voir !
Mais être prof peut aussi être un gage de valeur pour d'autres activités parallèles comme le journalisme, l'écriture de livres, donner des conférences (ce que je compte essayer de faire) et t'ouvrir ainsi d'autres portes...

Il faut faire attention à ce que l'on dit : quelle matière enseignes-tu ? Luciano, lui, c'est l'histoire/géo, peut-on réellement faire un copié/collé pour ce qui est des "projets perso", du  "bénévolat", d' "activités parallèles" ? Il ne faut pas entretenir cette image car elle correspond peut être à des cas particuliers mais elle crée énormément de déception chez les jeunes qui y ont cru et qui en prennent plein la figure lorsqu'ils comprennent que tout de suite en débutant ça va être du 55/60 heures par semaine et pas de week-end blanc et qu'en suite, ce serra plutôt 37/45 h par semaine et du travail pendant les fameuses "vacances"...Pour éviter toutes déconvenues, il faut arriver avec une certaine réalité en tête. Moi j'ai un exemple de collègue qui, après un passage par l'industrie, est venu un peu pour "ça" et qui tient un autre discours aujourd'hui, il qui accuse le coup en voyant l'écart de rémunération qui se creuse petit à petit avec ces anciens collègues industriels alors qu'il sait aujourd'hui qu'il fourni des efforts et des sacrifices sensiblement identiques...

Effectivement, j'ai choisi les arts plastiques un peu pour ça aussi...
J'imagine qu'en Histoire/géo/EMC la charge de travail est tout autre. Mais après quelques années de rodage, les choses vont mieux, non ?
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Graisse-Boulons
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par Graisse-Boulons Mer 25 Mai 2016 - 11:30
Oui, après quelques années de rodage, les choses vont mieux, mais là encore, chaque cas est différent. Il existe des disciplines technologiques qui volent, volent et ne se posent jamais...si tu te pose, tu es mort...puis la réforme arrive et soudain...c'est le drame : divorces, suicides mais chutttt ! Il ne faut pas en parler, au maximum une enquête hygiène et sécurité (par internet...nous aussi, ça se passe devant un écran !) auprès des collègues histoire de pouvoir dire "on a fait un truc", publication des résultats catastrophiques, et puis plus rien...
En tout cas, merci d'écrire "j'ai choisi les arts plastiques un peu pour ça aussi", ça fait du bien les gens francs. On voit que le langage syndicaliste qui confond égalité et égalitarisme et qui nous à menés à tant d' injustices n'est pas encore passé par là...
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jésus
Fidèle du forum

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par jésus Mer 25 Mai 2016 - 11:50
Soyons francs, il y a quand même des profs qui parlent de vraies vacances à chaque petites vacances et font un gros voyages hors europe aux grandes vacances ( deux bons salaires vers la fin de carrière le permettent) et se sont les plus jeunes qui trinquent . Et à chaque fois, l'impression que deux mondes qui n'avaient rien à voir cohabitaient en salle des profs et on avait à ce titre pas grand chose à se dire... ( mais l'enseignement est une grande famille, hein) Et sur le fond, c'est franchement désagréable. Car autant je comprends que le boss, le propriétaire, que sais-je ait des revenus supérieurs et se permettent des trucs, autant un collègue qui fait le même travail et est parfois désagréable et peu pro dans ses attitudes mène "grand train" en comparaison à moi...

Donc cela existe, et il faut de l'organisation, un établissement pas trop pourri, des conditions de travail digne, de la lisibilité sur son avenir pour se faire...
Jenny
Jenny
Médiateur

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par Jenny Mer 25 Mai 2016 - 12:54
Merci de rester sur le sujet initial.
Emeraldia
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par Emeraldia Mer 25 Mai 2016 - 14:05
[/quote] Il faut faire attention à ce que l'on dit : quelle matière enseignes-tu ? Luciano, lui, c'est l'histoire/géo, peut-on réellement faire un copié/collé pour ce qui est des "projets perso", du  "bénévolat", d' "activités parallèles" ? Il ne faut pas entretenir cette image car elle correspond peut être à des cas particuliers mais elle crée énormément de déception chez les jeunes qui y ont cru et qui en prennent plein la figure lorsqu'ils comprennent que tout de suite en débutant ça va être du 55/60 heures par semaine et pas de week-end blanc et qu'en suite, ce serra plutôt 37/45 h par semaine et du travail pendant les fameuses "vacances"...Pour éviter toutes déconvenues, il faut arriver avec une certaine réalité en tête. Moi j'ai un exemple de collègue qui, après un passage par l'industrie, est venu un peu pour "ça" et qui tient un autre discours aujourd'hui, il qui accuse le coup en voyant l'écart de rémunération qui se creuse petit à petit avec ces anciens collègues industriels alors qu'il sait aujourd'hui qu'il fourni des efforts et des sacrifices sensiblement identiques...[/quote]

Je suis professeur de lettres, j'ai donc beaucoup de temps de préparation et de correction mais j'ai eu et j'aurai toujours des activités parallèles, qui me prennent beaucoup de temps certes, mais c'est aussi une question d'organisation. Ca n'est pas impossible et c'est même salutaire.


Dernière édition par Emeraldia le Mer 25 Mai 2016 - 14:06, édité 1 fois
Petit pois
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par Petit pois Mer 25 Mai 2016 - 14:06
Bonjour !
Je vais aussi partager mon petit bilan sur les presque trente ans d'expérience que j'accumule. Sad
J'ai entamé des études universitaires avec la conviction que je ne serai jamais prof d'Histoire Géo. Je désirais m'orienter vers la paléographie. L'opportunité d'un poste d'Histoire Géo s'est offerte et je l'ai saisie. Le besoin de gagner ma vie, la chance de travailler à domicile (Je suis dans le privé sous contrat) et diverses obligations personnelles m'ont convaincue que ça valait peut être le coup d'essayer.
J'ai eu un gros coup de blues vers 25 ans, après 4 ans d'expérience,comme toi Luciano ... Je partageais assez bien tes sentiments sur le système EN, la jeunesse et même la société entière. J'aurais aimé partir mais je m'étais engagée dans des crédits, j'aimais bien les vacances et même mon statut de prof. Je ne saurai jamais si j'aurais du partir à cette époque.
J'enseignais en lycée dans un établissement sympa, avec des collègues sympas, avec des élèves assez dociles. Nous menions chaque année des projets ambitieux qui nous apportaient beaucoup de satisfactions. Mais, je n'y trouvais pas ce qui me manquait : le plaisir d'étudier et de me sentir réellement utile. Après un mois d'arrêt, je me suis lancée dans la préparation du CAER (Capes interne pour le privé). Cela m'a fait un bien fou !
Tout d'abord, j'ai redécouvert la lecture de vrais livres ! Jeune prof, je croulais sur les préparations (4 niveaux) et compilais les manuels ... J'ai découvert la pédagogie et la didactique : parachutée du jour au lendemain devant des classes de 35 élèves, je gérais comme je pouvais. J'ai aussi appris à gérer mon temps : j'en étais arrivée à vivre cloîtrée à cause de copies à corriger, de cours à préparer, etc ... Je suis devenue une vraie prof ! Et la tête dans le guidon, j'ai continué en y trouvant beaucoup de satisfaction.
Et puis, à 40 ans, j'ai été stoppée nette par un cancer du sein. J'ai tardé à consulter. Ma fatigue était normale car c'était en fin de trimestre ; les douleurs étaient probablement le résultat du stress de la préparation au Bac et je n'avais pas de temps à consacrer à des examens qu'il fallait aller passer à 30 km ... 18 mois d'arrêt et une reprise chaotique (Mi temps thérapeutique refusé). J'ai remis le couvert à 45 ans : crabuteuse une seconde fois.
Mon retour au lycée a été difficile. D'abord parce que l'équipe avait changé, les élèves avaient changé (Mon âge aussi!). Je pense que c'est surtout moi qui avait bien changé. J'accorde aujourd'hui beaucoup d'importance à mon bien être tant physique que moral. Cela ne veut pas dire que je travaille moins. J'ai simplement remis de l'ordre dans mes priorités et mes ambitions.
- Je n'abuse pas des arrêts maladie mais ne vais pas au travail à quatre pattes : les élèves d'aujourd'hui exigent des professeurs en forme olympique.
- Je n'abdique plus devant les pressions que la direction tente de m'imposer. J'exige le respect de ma personne et de mes droits. Ceci vaut pour la Direction, les parents, les élèves et même les collègues.
- Le travail en collège est bien différent de celui du lycée. J'y apprécie particulièrement les stratégies  à mettre en œuvre pour faire comprendre et apprendre à apprendre. J'y trouve l'essence du métier et me réjouis du progrès des élèves et de leur fierté de réussir.
- Le rythme du collège me permet aussi de me libérer du temps pour moi, bien plus qu'en lycée. Un paquet de 6ème se corrige bien plus vite qu'un DS de Terminale !
- J'accepte enfin que je n'ai pas l'obligation de réussite absolue pour tous les élèves.
- De vrais week end, des jours de vacances, cela est maintenant possible.

Pour tout cela, je ne regrette pas d'être restée dans l'enseignement.

Maintenant, il me reste encore quinze années à faire … Je commence à désespérer des évolutions que prend le système éducatif. Réformes, contre réformes ; la dernière bat tous les records … Les parents abandonnent leur rôle d'éducation aux enseignants et les élèves prennent l'école pour un centre de loisirs … Quant à mon statut de prof, je me sens vraiment déconsidérée :  nos ministres  nous prennent pour des billes et la société pense que nous sommes trop payés … Au sein de mon établissement, les profs sont interchangeables et la considération humaine paraît saugrenue lorsqu'il faut privilégier l'équilibre budgétaire donc les élèves …
Si je pouvais revenir en arrière ? Je ne sais pas ce que je ferai. Je pense toutefois que mes dernières années vont être difficiles ...Je ferai le bilan dans quinze ans !
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par Invité Mer 25 Mai 2016 - 14:13
Petit pois a écrit:J'accorde aujourd'hui beaucoup d'importance à mon bien être tant physique que moral. Cela ne veut pas dire que je travaille moins. J'ai simplement remis de l'ordre dans mes priorités et mes ambitions.

+1000
Je suis en fin d'année de stage et j'ai toujours pensé et agi ainsi.
Blan6ine
Blan6ine
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par Blan6ine Mer 25 Mai 2016 - 14:14
Merci pour ce retour, Petit pois ; c'est un témoignage très touchant, instructif aussi. Wink
JPhMM
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Demi-dieu

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par JPhMM Mer 25 Mai 2016 - 14:35
Blan6ine a écrit:Merci pour ce retour, Petit pois ; c'est un témoignage très touchant, instructif aussi. Wink
+1

Merci.

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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke

Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
Osmie
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Sage

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par Osmie Mer 25 Mai 2016 - 18:09
J'aime bien mon métier de professeur, j'apprécie le temps passé avec les élèves, mais j'ai une vraie dent contre les réformes qui visent à détruire notre profession et à anéantir nos disciplines, l'instruction publique, etc. Mon choix, comme celui de beaucoup d'autres sur le forum, est d'être syndicaliste et de lutter au quotidien pour que l'EN ne devienne pas un grand bazar dénué de sens. Lutter à plusieurs permet aussi d'éviter de sombrer dans la sinistrose.
Anne-Blanchett
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par Anne-Blanchett Mer 25 Mai 2016 - 18:23
Je devrais me renseigner mais je ne compte pas passer l'interne (comme le statut est galère, je ne range pas forcément mes cours telle une maniaque donc pour proposer quelque chose en interne, ça me paraît compliqué). A voir, car le concours, c'est du formatage et pas donné à tout le monde au niveau "intellectuel".
bonnet péruvien
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par bonnet péruvien Mer 25 Mai 2016 - 18:33
Anne-Blanchett a écrit:Je devrais me renseigner mais je ne compte pas passer l'interne (comme le statut est galère, je ne range pas forcément mes cours telle une maniaque donc pour proposer quelque chose en interne, ça me paraît compliqué). A voir, car le concours, c'est du formatage et pas donné à tout le monde au niveau "intellectuel".

Je crois que les temps sont propices, en tout cas, car ils peinent à recruter et cela fait plusieurs années qu'ils ouvrent grand les vannes. En français et en maths, c'est sûr ; en anglais, je ne sais pas trop. Bon courage, en tout cas.

_________________
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Luciano Poniatowski
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par Luciano Poniatowski Mer 25 Mai 2016 - 19:28
Merci à tous pour les témoignages, c'est intéressant. Smile

J'étais très certainement déprimé hier, et ça va mieux aujourd'hui. j'estime vraiment ne pas trop mal m'en sortir, j'ai des classes sympas cette année, mon collège n'est pas trop mal. Quand je lis certains témoignages sur ce forum, je ne suis clairement ne pas être à plaindre !

Ce qui m'inquiète, c'est clairement l'avenir de mon métier. Quand j'en parle avec des collègues plus âgés, tous me disent qu'aujourd'hui, ils ne choisiraient clairement pas ce métier. Et je ne parviens pas à imaginer la situation s'améliorer.
Mon état d'esprit est autant lié à mon travail qu'à la situation de la France (c'est logique me direz-vous) qui, il me semble, s'empire sans cesse.

J'ai bien sûr déjà réfléchi à changer profession. Mais je me vois vraiment très mal dans un bureau. Mine de rien, quand je pèse le pour et le contre, il y a trop d'aspects positifs. Le premier étant que j'aime vraiment la matière que j'enseigne.

Je profite de mes vacances pour aller au Japon souvent où réside ma compagne qui voudrait venir s'installer en France dans quelques années. Ça me force à réfléchir beaucoup à l'avenir forcément et j'espère surtout, pour elle, être capable d'exercer ce métier pendant encore longtemps.
Jon Snow
Jon Snow
Niveau 5

Dégoûté par le métier Empty Re: Dégoûté par le métier

par Jon Snow Mer 25 Mai 2016 - 19:32
@Luciano Poniatowski, bonne nouvelle ça fait plaisir d'entendre ça! on a tous des coups de mou, et puis on prend du recul et puis on se dit que finalement on n'est pas si mal loti. Je devrais peut-être appliqué mes conseils à moi-même cela dit Wink

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"Enseigner l'histoire, ce n'est pas fournir une connaissance tout prête. C'est apprendre à questionner le passé." Annette Wieviorka
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