Que faire quand on se lève le matin en ayant l'impression d'avoir raté son parcours professionnel ?

Je ne vais pas faire trop long car il y aurait tant à dire.
Mon parcours est atypique : professeur des écoles pendant 6 ans puis maintenant certifiée de lettres modernes depuis 2, je me lève chaque jour en me disant que j'ai raté tout ce que je pensais possible. Pourtant j'aime enseigner mais j'aime aussi la littérature, le français...
Et le problème est que dans mon travail, je ne fais pas vraiment cela. Je passe du temps à préparer (cela me plait), à corriger mais en cours, les élèves sont fainéants, râlent, ne révisent pas, posent souvent la question "A quoi ça sert ?". Pourtant mes établissement ne sont pas dans les plus difficiles et je pense gérer : pas de gros problèmes d'indiscipline mais l'ensemble ne semble tourner qu'autour de la discipline, rien d'autre.
Tous les ans, je pense que l'année prochaine (j'ai un parcours qui montre que je n'ai pas vraiment trouvé mon point de chute) sera meilleure.
Je ne laisse pas particulièrement transparaître cela au collège même si, je le sens, on est beaucoup à être parfois déçus.

 Je me lève chaque jour, triste, découragée. La motivation est nulle. Je ne me reconnais pas dans ce triste portrait.
Je vais passer l'agrégation interne sans avoir pu bien la préparer, espérant autre chose...
Je vais tenter le détachement en lycée militaire bien que j'aie peu de chances d'être recrutée.

  Je suis coincée et n'envisage plus mon travail que comme un job alimentaire alors qu'enseigner, je l'avais justement choisi pour vivre passionnément mon travail. Quelle tristesse.

 Que me conseillez-vous ?
Je suppose, pas grand chose, car peu d'issues sont possibles sachant qu'en plus, cela ne fait que deux ans que je suis dans le secondaire et que 8 huit ans que je suis dans l'EN.

Un peu pareil chez moi, pour toutes les raisons que tu as citées, mais aussi pour d'autres, plus personnelles.
Mon conseil? te tourner vers d'autres pratiques pédagogiques.
Moi, c'est la réflexion sur les méthodes Freinet et sur les projets, qui m'a aidé à tenir l'an dernier et qui fait que j'ai enfin trouvé du plaisir à enseigner, alors qu'avant presque jamais.
Et pourtant il y a deux ans, je ne songeais qu'à fuir, à toute vitesse.

Vous dites que vous êtes coincée... que ce métier n'est plus pour vous qu'un job alimentaire. Est-ce qu'il faut entendre par là que vous avez déjà envisagé une reconversion ? C'est peut-être une solution si vous êtes si démotivée...

Merci à vous.
J'ai pensé aux pédagogies différentes et en tant qu'ancienne PE, j'en ai expérimentées quelques unes de façon assez superficielle. POur autant ma personnalité assez directive a parfois du mal à s'y retrouver et je change tous les ans d'établissement et de collègues.

 J'ai aussi pensé à la reconversion mais à part l'écriture (j'essaie tant bien que mal d'avancer mon roman), rien ne semble pouvoir correspondre à mes capacités; de plus, je suis consciente de la difficulté de l'emploi aujourd'hui.
Et puis que faire pour envisager des formations quand on a tant de choses à payer ?

 Pour autant, je sais qu'un jour je vais finir par lâcher prise.
Et comme je vous le dis, cela ne me correspond guère. Chaque jour me fait voir ma médiocrité.

Tessa103 a écrit:
Je vais tenter le détachement en lycée militaire bien que j'aie peu de chances d'être recrutée.

Les élèves y sont exactement les mêmes que dans le public, attention. Ils ne sont pas pires, mais pas meilleurs non plus, et pas plus motivés que n'importe quel élève lambda.
En fait, en tant qu'enseignant, tu ne verras même pas la différence, sinon qu'ils sont tous vêtus de la même façon (et encore :') ).

Vous savez qu'un jour vous lâcherez prise : voilà un signal à ne pas négliger, surtout si cela ne vous correspond pas.

Je pense qu'il faut quitter ce métier à temps avant d'en être complètement dégoûtée et démolie ; or il me semble (mais je peux me tromper) que chez vous, cette démolition a commencé car vous dites que "chaque jour vous fait voir [votre] médiocrité".

Non, vous n'êtes pas médiocre !!! Sortez cette idée de votre esprit ! Ce sont les conditions dans lesquelles on exerce ce métier et ceux qui contribuent à les dégrader qui sont médiocres !

Vous n'imaginez pas toutes les capacités que vous possédez en tant que professeur, à commencer par celle d'adaptation car vous changez d'établissements tous les ans.

La reconversion peut être effrayante car on ne connaît pas forcément tous les métiers et le marché de l'emploi (quelle horrible expression !) n'est pas au beau fixe... Certains métiers peuvent cependant être accessibles par le biais de concours. Peut-être est-ce une piste à envisager ?

Merci Marianne de me montrer une voie possible. Je vais pour l'heure passer mon agrégation (qui me fait certes rester dans l'EN mais pour d'autres conditions si l'on peut dire) et puis me renseigner pour d'autres concours éventuels.
Rien n'est simple en effet et oui, la peur de ne pas trouver autre chose est compliquée à surmonter.

Bonne chance pour votre agrégation.  

Une reconversion peut être effrayante car c'est un saut dans l'inconnu mais c'est aussi une formidable occasion de se redécouvrir, un défi, une nouvelle aventure !    Envisager le changement sous cet angle  pourrait peut-être vous aider à surmonter un peu cette peur...

Tessa103 a écrit: Je me lève chaque jour, triste, découragée. La motivation est nulle.

Bien que je n'aie pas de solution concrète à te proposer (je l'aurais choisie moi aussi) je te conseille d'envisager assez vite et activement une reconversion car il me semble difficile de résister sur une durée de 35 ans ou plus (puisque tu n'enseignes que depuis 8 ans) avec ce découragement que je comprends parfaitement en raison de la dégradation des conditions de travail.  Cette lassitude est supportable (et encore...) quand il ne reste que peu d'années à travailler mais se résigner  pour un tiers de siècle me semble difficilement envisageable . L'agrégation diminuera ton temps de travail (et augmentera ton salaire!) mais ne garantit pas nécessairement de meilleures classes car les élèves de lycée peuvent aussi désormais être assez décevants .

Je suis d'accord. Il va falloir que j'envisage ces solutions.

Et l'agrégation sera un premier pas pour un autre, ailleurs, certainement.

Courage !

Courage, ce n'est effectivement pas évident de se lever sans plus avoir cette foi qui nous aide à passer parfois outre certaines (fréquentes) déconvenues.
En revanche renseigne toi bien si tu envisages une reconversion, essaye de te projeter. Je pense que si tu es dans cet état d'esprit l'agrégation te soit d'un grand secours. Je ne comprends d'ailleurs pas vraiment pourquoi t'investir dans cette tache si ardue pour au final ne pas trouver la délivrance attendue.

Si tu cherches à réfléchir à une possible reconversion, tu peux contacter http://www.apresprof.org/.

Celeborn a écrit:Si tu cherches à réfléchir à une possible reconversion, tu peux contacter http://www.apresprof.org/.

voila je ne retrouvais plus le site

je te conseille ceci, je l'avais passé (et réussi), je pense qu'un littéraire à toute sa chance, je peux te donner des renseignements (qui datent un peu)
Là tu peux voir autre chose sans grand risque

http://www.ena.fr/index.php?/fr/formation/initiale/preparer-reussir-concours/preparation-concours-interne

En lisant le titre, je me suis dis : "Tiens, Philippe Meirieu a enfin un accès de lucidité et il a atterri sur ce forum."

Mais en fait non.


Bon courage Tessa.

Un petit séjour à l'étranger? : http://www.aefe.fr/personnels/recrutement-des-expatries/postes-dexpatries-pourvoir

Que faire quand on se lève le matin en ayant l'impression d'avoir raté son parcours professionnel ?-Peut-être se recoucher et attendre de pouvoir se relever en meilleure forme?

Merci à tous. J'avais écrit à aideauxprofs. J'attends une réponse.
Quant  à l'agrégation, c'est aussi un moteur intellectuel et puis, non négligeable, la qualité de vie sera différente, un peu du moins... L'argent ne fait pas le bonheur, j'en suis consciente.
Cette semaine m'a paru plus simple, avec le recul et puis, une vie familiale un peu bouleversée.