- Luigi_BGrand Maître
De Voltaire :
Ou bien, entre catholiques :
On entend aujourd’hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C’est une maladie de l’esprit qui se gagne comme la petite vérole. Les livres la communiquent beaucoup moins que les assemblées et les discours. On s’échauffe rarement en lisant : car alors on peut avoir le sens rassis. Mais quand un homme ardent et d’une imagination forte parle à des imaginations faibles, ses yeux sont en feu, et ce feu se communique; ses tons, ses gestes, ébranlent tous les nerfs des auditeurs. Il crie : « Dieu vous regarde, sacrifiez ce qui n’est qu’humain ; combattez les combats du Seigneur ! » et on va combattre.
Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère.
Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances ; il pourra bientôt tuer pour l’amour de Dieu. [...]
Il n’est d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l’air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. [...]
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage : c’est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre.
Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?
Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. [...]Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif (1764),
article "Fanatisme", section II
Ou bien, entre catholiques :
En 1589 Henri III, roi catholique et dernier descendant de la lignée des Valois, doit faire face au fanatisme de la Ligue catholique. Au début du chant I, il assiège Paris soulevé contre lui. Les chants II et III exposent les malheurs des guerres de religion. Le chant IV montre les troubles à Paris : les moines armés, les royalistes exécutés. La Discorde excite Jacques Clément, un moine dominicain ligueur, à sortir de Paris pour assassiner le roi en appelant du fond des enfers le démon du Fanatisme, qui prend l'apparence du duc de Guise assassiné.
Il vient, le Fanatisme est son horrible nom :
Enfant dénaturé de la Religion,
Armé pour la défendre, il cherche à la détruire,
Et, reçu dans son sein, l’embrasse, et le déchire. [...]
« Cours, vole, et que ta main, dans le sang consacrée,
Délivrant les Français de leur indigne roi,
Venge Paris, et Rome, et l’univers, et moi.
Par un assassinat Valois trancha ma vie ;
Il faut d’un même coup punir sa perfidie.
Mais du nom d’assassin ne prends aucun effroi ;
Ce qui fut crime en lui sera vertu dans toi.
Tout devient légitime à qui venge l’Église :
Le meurtre est juste alors, et le ciel l’autorise...
Que dis-je ? il le commande ; il t’instruit par ma voix
Qu’il a choisi ton bras pour la mort de Valois : […]
Toi, de ce Dieu jaloux remplis les grands desseins,
Et reçois ce présent qu’il te fait par mes mains. »
Le fantôme, à ces mots, fait briller une épée
Qu’aux infernales eaux la haine avait trempée ;
Dans la main de Clément il met ce don fatal ;
Il fuit, et se replonge au séjour infernal.
Trop aisément trompé, le jeune solitaire
Des intérêts des cieux se crut dépositaire.
Il baise avec respect ce funeste présent ;
Il implore à genoux le bras du Tout-Puissant ;
Et, plein du monstre affreux dont la fureur le guide,
D’un air sanctifié s’apprête au parricide.
Combien le cœur de l’homme est soumis à l’erreur !
Clément goûtait alors un paisible bonheur :
Il était animé de cette confiance
Qui dans le cœur des saints affermit l’innocence :
Sa tranquille fureur marche les yeux baissés ;
Ses sacrilèges vœux au ciel sont adressés ;
Son front de la vertu porte l’empreinte austère ;
Et son fer parricide est caché sous sa haire.
Il marche : ses amis, instruits de son dessein,
Et de fleurs sous ses pas parfumant son chemin,
Remplis d’un saint respect, aux portes le conduisent,
Bénissent son destin, l’encouragent, l’instruisent,
Placent déjà son nom parmi les noms sacrés
Dans les fastes de Rome à jamais révérés,
Le nomment à grands cris le vengeur de la France,
Et, l’encens à la main, l’invoquent par avance.
C’est avec moins d’ardeur, avec moins de transport,
Que les premiers chrétiens, avides de la mort,
Intrépides soutiens de la foi de leurs pères,
Au martyre autrefois accompagnaient leurs frères,
Enviaient les douceurs de leur heureux trépas,
Et baisaient, en pleurant, les traces de leurs pas.
Le fanatique aveugle et le chrétien sincère
Ont porté trop souvent le même caractère :
Ils ont même courage, ils ont mêmes désirs.
Le crime a ses héros ; l’erreur a ses martyrs :
Du vrai zèle et du faux vains juges que nous sommes !
Souvent des scélérats ressemblent aux grands hommes.Voltaire, La Henriade (1717), chant V
- DimkaVénérable
Je ne sais pas (c’était une vraie question, en fait).Alwidis a écrit:N'est-ce pas notre rôle d'attirer nos élèves pour qu'ils entendent les tenants et les aboutissants des actes ? De les préparer à être des citoyens éclairés ? Est-ce que je ferais un cours dessus, non... Mais ne pas l'évoquer, ne serait-ce avec mes élèves demain matin où nous serons les premiers "représentants de l'Etat" qu'ils rencontrent ?Dimka a écrit:Pourquoi ? Est-ce sain que même l’école cède à la mode de la réaction à chaud, de l’émotion, de l’événementiel, du commentaire d’actualités quasi en direct et sans recul, alors qu’on n’en sait pas grand chose ?meldc a écrit:je voudrais aussi en parler avec mes élèves
J’ai peut-être tendance à idéaliser l’éducation, en la pensant au-dessus de tout, et en particulier au-dessus des émotions et de l’actualité. Une sorte de formation intellectuelle transcendant les aléas de l’actualité, pour donner du recul.
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- InvitéInvité
Pour permettre de dépasser les émotions, toute formation intellectuelle doit à mon avis commencer par permettre de les écouter.
- AlwidisNiveau 5
Dimka a écrit:Je ne sais pas (c’était une vraie question, en fait).Alwidis a écrit:N'est-ce pas notre rôle d'attirer nos élèves pour qu'ils entendent les tenants et les aboutissants des actes ? De les préparer à être des citoyens éclairés ? Est-ce que je ferais un cours dessus, non... Mais ne pas l'évoquer, ne serait-ce avec mes élèves demain matin où nous serons les premiers "représentants de l'Etat" qu'ils rencontrent ?Dimka a écrit:
Pourquoi ? Est-ce sain que même l’école cède à la mode de la réaction à chaud, de l’émotion, de l’événementiel, du commentaire d’actualités quasi en direct et sans recul, alors qu’on n’en sait pas grand chose ?
J’ai peut-être tendance à idéaliser l’éducation, en la pensant au-dessus de tout, et en particulier au-dessus des émotions et de l’actualité. Une sorte de formation intellectuelle transcendant les aléas de l’actualité, pour donner du recul.
Mais je ne pense pas que cela soit un aléa de l'actualité mais un événement majeur pour notre pays... C'est une attaque à nos valeurs républicaines et pour moi l'Ecole doit avant tout former des citoyens éclairés. Et on attaque cette lumière... Il ne s'agit pas d'un fait divers quelconque je pense. Les rassemblements (j'irai même seul Samedi...) montrent encore qu'en France il y a une solidarité/unité nationale pour soutenir la liberté d'expression via l'oppression... Alors prendre quelques minutes sur nos programmes... Quel sens a notre programme si nous n'avons plus la liberté de le penser.
- AlExpert spécialisé
+1000Alwidis a écrit:N'est-ce pas notre rôle d'attirer nos élèves pour qu'ils entendent les tenants et les aboutissants des actes ? De les préparer à être des citoyens éclairés ? Est-ce que je ferais un cours dessus, non... Mais ne pas l'évoquer, ne serait-ce avec mes élèves demain matin où nous serons les premiers "représentants de l'Etat" qu'ils rencontrent ?Dimka a écrit:Pourquoi ? Est-ce sain que même l’école cède à la mode de la réaction à chaud, de l’émotion, de l’événementiel, du commentaire d’actualités quasi en direct et sans recul, alors qu’on n’en sait pas grand chose ?meldc a écrit:je voudrais aussi en parler avec mes élèves
Là on a quand même des gens qui se sont fait tuer au coeur de la France par 3 personnes surentraînées car ils s'exprimaient librement. J'enseigne les lettres, on est en plein dans les questions de censure avec mes lycéens... hier je leur ai dit "je ne suis pas certaine que la liberté d'expression actuellement soit bien plus évidente qu'au 17e s. La censure prend d'autres formes aujourd'hui... ". Mon Dieu. Par contre je sais quoi faire avec eux, et ce sera adapté à la séquence actuelle. C'est avec les petits que j'hésite, dans les mots à employer (que peuvent-ils comprendre de tout cela à 11 ans ?).
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- InvitéInvité
Dimka a écrit:
Pourquoi ? Est-ce sain que même l’école cède à la mode de la réaction à chaud, de l’émotion, de l’événementiel, du commentaire d’actualités quasi en direct et sans recul, alors qu’on n’en sait pas grand chose ?
- je suis d'accord sur la difficulté de parler sous le coup de l'émotion
- par contre je ne comprend pas le "on ne sait pas grand chose". On sait tout ce qu'il y a à savoir non ? Ce qui a été attaqué et pourquoi. L'identité ou autre des types qui ont fait ça n'a aucune importance...
- abricotedapiExpert spécialisé
Anacyclique a écrit:La réaction de Joan Sfar...
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- 2024-2025 : en poste fixe !!
2023-2024 (TZR) AFA : 2 classes de 6e (PP 6e)
2022-2023 (TZR) AFA : 1 classe de 5e, 2 classes de 4e, 1 classe de 3e (PP 5e)
2021-2022 (TZR) 2 remplacements : 2 classes de 5e, 1 classe de 6e / 3 classes de 6e
2020-2021 (TZR) AFA 2 collèges dont le RAD : 2 classes de 5e, 1 classe de 4e (PP 5e) + 1 classe de 6e
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2014-2018 : quatre ans en poste fixe (8 classes de 6e, 4 classes de 4e, 3 classes de 5e, 2 classes de 3e et 4 x PP 6e)
2013-2014 (stagiaire) : 2 classes de 5e, 1 classe de 6e
- V.MarchaisEmpereur
Je me suis bricolé un tee-shirt avec la couv de Charlie qui a valu la mort à 12 personnes. Je le porterai demain en cours.
- abricotedapiExpert spécialisé
Comment as-tu fait V. Marchais ?
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- F.LemoineÉrudit
Je vais afficher certaines unes dans ma salle.
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"La vie est mêlée de traverses. Il est bon de s'y tenir sans cesse préparé." (Molière, Les Fourberies de Scapin).
- NicolatsarNiveau 9
Et quelle couverture as-tu choisi ? Je pensais aussi mettre des unes en fond d'écran, sur un tee shirt ça me semble un peu "revendicatif" par rapport à la fonction d'enseignant, même si je respecte ton choix.
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Quels enfants léguerons-nous à notre terre ?
- V.MarchaisEmpereur
abricotedapi a écrit:Comment as-tu fait V. Marchais ?
Une imprimante, des ciseaux et un peu de fil.
- V.MarchaisEmpereur
Nicolatsar a écrit:Et quelle couverture as-tu choisi ? Je pensais aussi mettre des unes en fond d'écran, sur un tee shirt ça me semble un peu "revendicatif" même si ça se respecte.
Ben purée oui que je revendique, et pas qu'un peu.
Je revendique le droit de critiquer, de caricaturer, de ne pas mourir pour un dessin !
J'enrage de ne pouvoir faire que cela !
- SergeMédiateur
Ils sont morts pour avoir fait de l'humour, joué avec l'irrévérence et la provocation pour faire réfléchir et réagir.
- abricotedapiExpert spécialisé
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- NicolatsarNiveau 9
V.Marchais a écrit:Nicolatsar a écrit:Et quelle couverture as-tu choisi ? Je pensais aussi mettre des unes en fond d'écran, sur un tee shirt ça me semble un peu "revendicatif" même si ça se respecte.
Ben purée oui que je revendique, et pas qu'un peu.
Je revendique le droit de critiquer, de caricaturer, de ne pas mourir pour un dessin !
J'enrage de ne pouvoir faire que cela !
Tu as raison, j'espère que dans le jours qui viennent on va vraiment voir l'union nationale souhaitée par l'assemblée nationale.
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- anthraciteNiveau 9
J'espère que l'EN proposera/décrétera une minute de silence comme cela a été fait dans d'autre cas (suite aux meurtres de Merah par exemple). Cela permettrait une position officielle, mais aussi aux profs des disciplines non littéraires, qui ne parlent jamais d'actualité d'aborder le sujet.
- meldcNiveau 6
Dimka, je pense que l'école, en effet, est aussi un lieu pour former la réflexion, et pas juste pour transmettre une matière. Il y a certainement des matières qui se prêtent plus à ça (histoire-géo, lettres...) mais ça me semble important. De leur dire que, non, ce qui s'est passé n'est pas tolérable.
- pitchounetteExpert
sincèrement je ne sais pas si c'est à faire, comment faire tellement le sujet est lourd..je ne sais pas si je dois en parler la première, je ne sais pas si je dois les laisser parler pour deux raisons :Alwidis a écrit:N'est-ce pas notre rôle d'attirer nos élèves pour qu'ils entendent les tenants et les aboutissants des actes ? De les préparer à être des citoyens éclairés ? Est-ce que je ferais un cours dessus, non... Mais ne pas l'évoquer, ne serait-ce avec mes élèves demain matin où nous serons les premiers "représentants de l'Etat" qu'ils rencontrent ?Dimka a écrit:Pourquoi ? Est-ce sain que même l’école cède à la mode de la réaction à chaud, de l’émotion, de l’événementiel, du commentaire d’actualités quasi en direct et sans recul, alors qu’on n’en sait pas grand chose ?meldc a écrit:je voudrais aussi en parler avec mes élèves
- certains de mes ados de LP vont encore le voir comme l'occasion de raler et de dévier sur le sujet à la mode la france ne nous aime pas
- j'ai eu une élève très très religieuse qui ne supporte pas la moindre allusion à sa religion. Si elle est là demain et que cela part en "cacahuète" je ne voudrai pas rajouter des problèmes en plus
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Le bonheur est dans le pré après 7 ans de région parisienne
- pitchounetteExpert
oui je pense que la minute de silence sera faite.anthracite a écrit:J'espère que l'EN proposera/décrétera une minute de silence comme cela a été fait dans d'autre cas (suite aux meurtres de Merah par exemple). Cela permettrait une position officielle, mais aussi aux profs des disciplines non littéraires, qui ne parlent jamais d'actualité d'aborder le sujet.
- pitchounetteExpert
là j'en suis moins sûre à cause des médias. la confusion islam/islamiste va devenir de plus en plus forte. on va se regarder différementNicolatsar a écrit:
Tu as raison, j'espère que dans le jours qui viennent on va vraiment voir l'union nationale souhaité par l'assemblée nationale.
- AlExpert spécialisé
Je comprends les réticences, doutes et appréhensions de certains (dont je fais partie) devant ce qu'ils doivent dire / comment ils doivent réagir demain.
Cependant, ça fait déjà deux témoignages qui disent la peur de s'exprimer, de professeurs, devant des élèves intolérants. Ma question est la suivante : est-ce à nous à nous censurer car nous avons des élèves qui "ne supportent pas la moindre allusion à leur religion" ??
Cependant, ça fait déjà deux témoignages qui disent la peur de s'exprimer, de professeurs, devant des élèves intolérants. Ma question est la suivante : est-ce à nous à nous censurer car nous avons des élèves qui "ne supportent pas la moindre allusion à leur religion" ??
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- pitchounetteExpert
non je ne veux pas me censurer car je veux aussi dire qu'on a le droit de s'exprimer librement...Et en cherchant sur Twitter j'ai vu que certains mes élèves avaient retwitté des messages donc ça les "travaille".Al a écrit:est-ce à nous à nous censurer car nous avons des élèves qui "ne supportent pas la moindre allusion à leur religion" ??
Oui mais c'est vrai par contre, que j'appréhende la réaction de cette élève. la manière la plus appropriée me manque
- archebocEsprit éclairé
Charb a dit : « C'est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux. »
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/01/07/charb-je-prefere-mourir-debout-que-vivre-a-genoux_4550759_3236.html#0Sms25kOqpj81tXX.99
Parmi les sources de la citation : Albert Camus.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/01/07/charb-je-prefere-mourir-debout-que-vivre-a-genoux_4550759_3236.html#0Sms25kOqpj81tXX.99
Parmi les sources de la citation : Albert Camus.
Qu'est-ce qu'un homme révolté ? Un homme qui dit non. Mais s'il refuse, il ne renonce pas : c'est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement. Un esclave, qui a reçu des ordres toute sa vie, juge soudain inacceptable un nouveau commandement. Quel est le contenu de ce « non » ?
Il signifie, par exemple, « les choses ont trop duré », « jusque-là oui, au-delà non », « vous allez trop loin », et encore, « il y a une limite que vous ne dépasserez pas ». En somme, ce non affirme l'existence d'une frontière. On retrouve la même idée de limite dans ce sentiment du révolté que l'autre « exagère », qu'il étend son droit au-delà d'une frontière à partir de laquelle un autre droit lui fait face et le limite. Ainsi, le mouvement de révolte s'appuie, en même temps, sur le refus catégorique d'une intrusion jugée intolérable et sur la certitude confuse d'un bon droit, plus exactement l'impression, chez le révolté, qu'il est « en droit de... ». La révolte ne va pas sans le sentiment d'avoir soi-même, en quelque façon, et quelque part, raison. C'est en cela que l'esclave révolté dit à la fois oui et non. Il affirme, en même temps que la frontière, tout ce qu'il soupçonne et veut préserver en deçà de la frontière. Il démontre, avec entêtement, qu'il y a en lui quelque chose qui « vaut la peine de... », qui demande qu'on y prenne garde. D'une certaine [26] manière, il oppose à l'ordre qui l'opprime une sorte de droit à ne pas être opprimé au-delà de ce qu'il peut admettre.
En même temps que la répulsion à l'égard de l'intrus, il y a dans toute révolte une adhésion entière et instantanée de l'homme à une certaine part de lui-même. Il fait donc intervenir implicitement un jugement de valeur, et si peu gratuit, qu'il le maintient au milieu des périls. Jusque-là, il se taisait au moins, abandonné à ce désespoir où une condition, même si on la juge injuste, est acceptée. Se taire, c'est laisser croire qu'on ne juge et ne désire rien et, dans certains cas, c'est ne désirer rien en effet. Le désespoir, comme l'absurde, juge et désire tout, en général, et rien, en particulier. Le silence le traduit bien. Mais à partir du moment où il parle, même en disant non, il désire et juge. Le révolté, au sens étymologique, fait volte-face. Il marchait sous le fouet du maître. Le voilà qui fait face. Il oppose ce qui est préférable à ce qui ne l'est pas. Toute valeur n'entraîne pas la révolte, mais tout mouvement de révolte invoque tacitement une valeur. S'agit-il au moins d'une valeur ?
Si confusément que ce soit, une prise de conscience naît du mouvement de révolte : la perception, soudain éclatante, qu'il y a dans l'homme quelque chose à quoi l'homme peut s'identifier, fût-ce pour un temps. Cette identification jusqu'ici n'était pas sentie réellement. Toutes les exactions antérieures au mouvement d'insurrection, l'esclave les souffrait. Souvent même, il avait reçu sans réagir des ordres plus révoltants que celui qui déclenche son refus. Il y apportait de la patience, les rejetant peut-être en lui-même, mais, puisqu'il se taisait, plus soucieux de son intérêt immédiat que conscient encore de son droit. Avec la perte de la patience, avec l'impatience, commence au contraire un mouvement [27] qui peut s'étendre à tout ce qui, auparavant, était accepté. Cet élan est presque toujours rétroactif. L'esclave, à l'instant où il rejette l'ordre humiliant de son supérieur, rejette en même temps l'état d'esclave lui-même. Le mouvement de révolte le porte plus loin qu'il n'était dans le simple refus. Il dépasse même la limite qu'il fixait à son adversaire, demandant maintenant à être traité en égal. Ce qui était d'abord une résistance irréductible de l'homme devient l'homme tout entier qui s'identifie à elle et s'y résume. Cette part de lui-même qu'il voulait faire respecter, il la met alors au-dessus du reste, et la proclame préférable à tout, même à la vie. Elle devient pour lui le bien suprême. Installé auparavant dans un compromis, l'esclave se jette d'un coup (« puisque c'est ainsi... ») dans le Tout ou Rien. La conscience vient au jour avec la révolte.
Mais on voit qu'elle est conscience, en même temps, d'un tout, encore assez obscur, et d'un « rien » qui annonce la possibilité de sacrifice de l'homme à ce tout. Le révolté veut être tout, s'identifier totalement à ce bien dont il a soudain pris conscience et dont il veut qu'il soit, dans sa personne, reconnu et salué - ou rien, c'est-à-dire se trouver définitivement déchu par la force qui le domine. À la limite, il accepte la déchéance dernière qui est la mort, s'il doit être privé de cette consécration exclusive qu'il appellera, par exemple, sa liberté. Plutôt mourir debout que de vivre à genoux.
- AevinHabitué du forum
West Wing 9/11 Isaac & Ishmael
Soit l'épisode entier, soit des extraits
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Automate - et fier de l'être
"Well, the travelling teachers do come through every few months," said the Baron.
"Yes, sir, I know sir, and they're useless. They teach facts, not understanding. It's like teaching people about forests by showing them a saw. I want a proper school, sir, to teach reading an writing, and most of all thinking, sir [...]"
Terry Pratchett - I Shall Wear Midnight
... und wer Fehler findet, kann sie behalten!
- Isis39Enchanteur
Aevin a écrit:West Wing 9/11 Isaac & Ishmael
Soit l'épisode entier, soit des extraits
Oh oui. Très bon.
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