- JohnMédiateur
http://www.tnova.fr/note/la-s-lection-luniversit-un-engagement-de-r-ussiteLa sélection à l'université est un débat ancien, souvent crispé. Pourtant, elle semble déjà être en place : l’université non sélective attire à peine plus de la moitié des bacheliers généraux (51 % en 2012). A la différence de certaines idées reçues, cette note démontre que la sélection à l'entrée en licence et en première année de Master peut avoir pour objectif d'augmenter le nombre de jeunes obtenant un diplôme d’enseignement supérieur, de lutter contre les déterminismes sociaux de l’orientation et de diminuer le taux d’échec à l’université.
Synthèse
S’il est bien un débat ancien concernant l’organisation de nos universités, c’est celui de la sélection à l’entrée à l’université, qui est en discussion depuis la deuxième démocratisation de l’enseignement supérieur des années 1960, et de la sélection à l’entrée du cycle de master qui est en discussion depuis la mise en application de la réforme LMD au début des années 2000. Mais si le débat a été tranché jusqu’ici par la décision politique du maintien du baccalauréat comme seule condition d’accès à l’université, force est de constater que le système a très profondément évolué, accordant une place croissante aux filières sélectives (classes préparatoires, grands établissements… mais aussi sections de techniciens supérieurs et instituts universitaires de technologie) qui attirent maintenant la moitié des bacheliers généraux ; l’inachèvement de la réforme des masters, en maintenant leur découpage en deux années bien distinctes, avec sélection possible à l’entrée en deuxième année, empêche la création de cursus cohérents. En bref, la « victoire » des opposants à la sélection est une victoire à la Pyrrhus, qui nuit au développement d’une offre universitaire démocratique et de qualité, fonctionne au profit des filières sélectives des Grandes écoles.
Les propositions que nous formulons visent à :
- Augmenter le nombre de jeunes obtenant un diplôme d’enseignement supérieur,
- Lutter contre les déterminismes sociaux de l’orientation,
- Diminuer le taux d’échec à l’université.
C’est sur la base de ces objectifs que nos proposons de généraliser la sélection à l’entrée dans l’enseignement supérieur, ceci n’ayant pas pour but d'éliminer, mais dans une perspective d'une orientation plus efficace et plus juste, sans remettre en cause le droit de chaque bachelier à poursuivre des études supérieures. Nous pensons que la sélection à l'entrée en Master serait seule à même d'apporter une véritable cohérence à ces cursus, leur permettant de sortir par le haut de la concurrence stérile et déséquilibrée entre universités et écoles.
Avec 43 % d’une classe d’âge obtenant un diplôme d’enseignement supérieur, la France se situe au dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (39 %), mais légèrement en dessous en ce qui concerne les diplômes de type licence universitaire ou plus : 27 % en France contre 30 % en moyenne OCDE. Il y a donc du chemin à parcourir pour atteindre, puis dépasser l’étape de 50 % d’une classe d’âge avec un diplôme d’enseignement supérieur !
Aujourd’hui, les filières sélectives à l’entrée sont plus attirantes, accueillant à peu près la moitié des bacheliers généraux, et ceci entraîne de fortes distorsions d’orientation, et une équation impossible à résoudre pour assurer la réussite dans les filières universitaires.
La sélection que nous proposons d’instaurer à l’entrée à l’université devra respecter un certain nombre de conditions : diversité de l’offre universitaire, tant pas ses objectifs que par les rythmes de progression, développement des possibilité de reprise d’études, diversité des critères de sélection au lieu de l’actuel critère unique de l’excellence scolaire, régulation par l’Etat et au niveau régional. Cette sélection doit être comprise comme un contrat passé entre un étudiant et l’institution qui l’accueille : l’étudiant, en faisant acte de candidature, marque son engagement dans le cursus qu’il va suivre ; l’institution, en acceptant l’étudiant, s’engage donner à l’étudiant les conditions de sa réussite.
Nous souhaitons également voir s’instaurer une sélection à l’entrée en master, plutôt que l’absurde sélection actuelle, autorisée au milieu des études de master. Ceci aura pour effet d’achever la transition vers des cursus de master cohérents en deux ans, donnant une formation bien plus solide que dans la situation actuelle où le renouvellement des étudiants à mi-parcours oblige à une mise à niveau au début de chaque année. Elle permettrait aussi d’inclure entre les deux années de master un stage long et la possibilité d’une année de césure analogue à ce que pratiquent les écoles. Enfin, elle mettrait les masters universitaires à parité avec les écoles dans le choix des étudiants sortant de licence : dans un cas comme dans l’autre l’étudiant saurait que son admission dans le cursus choisi lui donnerait des chances très fortes de réussite au diplôme.
La situation actuelle, véritable échec démocratique, porteuse de conséquences sociales et économiques néfastes, voire inquiétantes, montre qu’il est plus que temps d’avancer sur le dossier de la sélection universitaire. Affirmer un principe de sélection à l’entrée de tout cycle universitaire, c’est avant tout se forcer à réfléchir au sens de ces cursus : d’où partent les étudiants et où veut-on les amener ? Quels sont leurs objectifs, les notions et compétences qu'ils doivent acquérir ? Quels outils mettre en place pour assurer une bonne insertion professionnelle à l’issue de chacun de ces diplômes ? Une décennie après la mise en place du LMD dans les universités françaises, il est temps d’assumer une différenciation des objectifs du Baccalauréat, de la Licence, et du Master, et d’en tirer les conséquences en termes d’entrée dans les différentes filières. Sans remettre en cause le droit aux études supérieures, la sélection est un outil qui responsabilise les étudiants et les établissements autour d'un objectif de réussite du plus grand nombre.
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- e-WandererGrand sage
Quelle hypocrisie ! Et où vont s'inscrire les gens qu'on refuserait à l'université, puisque les BTS et les IUT sélectionnent ?
C’est sur la base de ces objectifs que nos proposons de généraliser la sélection à l’entrée dans l’enseignement supérieur, ceci n’ayant pas pour but d'éliminer, mais dans une perspective d'une orientation plus efficace et plus juste, sans remettre en cause le droit de chaque bachelier à poursuivre des études supérieures.
Ce qu'il faut, c'est multiplier les BTS et les IUT, quitte à obliger les étudiants qui n'ont pas le niveau à suivre une année de transition (comme cela se fait en BTS d'hôtellerie pour les titulaires d'un bac général), et à demander à ces filières courtes professionnalisantes d'être moins sélectives que les filières longues proposant des parcours académiques (sinon, comme actuellement, on marche sur la tête, et on envoie les étudiants les plus faibles vers les études les plus longues et les plus abstraites : dans mon université de Lettres, 25% des étudiants de L1 viennent d'un bac technique ou technologique, et leur taux d'échec est proche de 100%). Mais forcément, les BTS et IUT coûtent BEAUCOUP plus cher que l'université en termes d'encadrement, de matériel spécialisé, de locaux etc.
C'est du baratin et du gloubi-boulga (à part les possibilités de reprise d'études, effectivement à développer). Je préférerais qu'il y ait moins d'universités (même si c'est un choix qui n'est pas forcément à mon avantage), mais qu'on ne nous demande pas de faire n'importe quoi pour masquer la misère.La sélection que nous proposons d’instaurer à l’entrée à l’université devra respecter un certain nombre de conditions : diversité de l’offre universitaire, tant pas ses objectifs que par les rythmes de progression, développement des possibilité de reprise d’études, diversité des critères de sélection au lieu de l’actuel critère unique de l’excellence scolaire, régulation par l’Etat et au niveau régional. Cette sélection doit être comprise comme un contrat passé entre un étudiant et l’institution qui l’accueille : l’étudiant, en faisant acte de candidature, marque son engagement dans le cursus qu’il va suivre ; l’institution, en acceptant l’étudiant, s’engage donner à l’étudiant les conditions de sa réussite.
L'université doit continuer de former des professeurs et des chercheurs, ce qui est sa vocation première, et devrait pouvoir sélectionner à l'entrée du cursus. Pour les autres formations, il faut créer d'autres établissements, sinon on n'y comprend plus rien. Je veux bien donner des cours de journalisme, de métiers des bibliothèques, d'administration culturelle, de culture générale : j'ai bien donné des cours de sciences de l'ingénieur et de géopolitique quand j'étais à l'armée, alors je ne suis plus à une imposture près… Mais ce n'est pas mon métier. Et je conseillerais à n'importe quel étudiant de faire un vrai DUT "métiers du livre" ou une école de journalisme, il trouvera plus facilement du boulot que s'il a fait des études de Lettres avec un saupoudrage d'options et un ou deux stages… En revanche, je suis tout à fait favorable au développement de partenariats avec des écoles spécialisées : il n'est pas inutile qu'un bibliothécaire ou un journaliste ait une bonne culture littéraire et suive, parallèlement à sa formation technique, un cursus dans une université de Lettres. Nous avons par exemple un partenariat de ce type avec une école de commerce et je trouve ça très bien. Mais ces étudiants suivent chez nous un cursus tout à fait académique.
La vraie question est financière : veut-on mettre sur la table l'argent qu'il faut pour développer des filières courtes professionnalisantes, bien dotées, efficaces, et qui ne sélectionneraient pas à l'entrée, et donc capables d'absorber les nombreux bacheliers qui n'ont pas le niveau pour suivre des études académiques à l'université ? Sans offre alternative crédible, de toute façon, on aura tous les étudiants dans la rue.
Si on ne veut pas mettre les moyens nécessaires, on continuera comme aujourd'hui à faire de l'université un pis-aller inefficace (du moins jusqu'en L3), en lui confiant hypocritement le rôle d'éjecter les étudiants qui n'ont pas le niveau et à qui on n'a pas eu le courage de dire la vérité avant le bac.
Il faut arrêter de raconter des histoires et de noyer le poisson avec de la novlangue, des litotes ou des périphrases. Si on dit que l'excellence scolaire ne doit plus être l'unique critère de sélection, que préconise-t-on concrètement ? S'il s'agit de brader les diplômes et de mentir aux étudiants sur leur vrai niveau, il ne faut pas compter sur moi. Dans mes cours, les règles sont claires : je demande des choses simples, mais je ne tolère ni le manque de travail ni la médiocrité. Si c'est bon, c'est bon ; si c'est mauvais, c'est mauvais. En L1, les notes que j'ai données ce semestre vont de 2 à 17. Le barème de correction est indiqué sur le sujet. Les copies sont anonymes et je les décachète devant la secrétaire de L1 après correction : pas de discussion.
- RoninMonarque
Franchement, tu attendais quoi de Terra Nova, c'est Chérèque le boss, hein..de renoncement en renonciations...
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