Mobilisations dans l'Oise pour protester contre la nouvelle carte de l'Education Prioritaire

À la campagne comme en ville, la gronde est la même, et les difficultés scolaires aussi. Les enseignants des collèges de Méru et Crèvecoeur-le-Grand étaient en grève, hier, lundi 1er décembre. Ces établissements pourraient sortir de l’éducation prioritaire à la rentrée. Telles sont en tout cas les propositions émises par le Rectorat, lors de la présentation de la future carte de l’éducation prioritaire.
Au collège Pierre-Mendès-France de Méru, classé en réseau d’éducation prioritaire (REP) et qui accueille 425 élèves, les enseignants n’osent imaginer les conséquences d’un tel déclassement : «  Les effectifs vont augmenter de façon drastique, avec des classes de 30 élèves contre 25 actuellement  », explique Bénédicte Viguier, représentante du syndicat SNES-FSU.

Voilà, nous avons diffusé une info aux parents d’élèves les invitant à une AG mardi soir (à partir de 18h30) au sein du lycée Jules Uhry. Nous y invitons également les maires des communes du bassin creillois touchées par la nouvelle carte de l’EP. Et d’ores et déjà, quelques collègues du lycée Malraux se joindront à nous pour cette soirée. L’idée est de pouvoir sensibiliser nos parents d’élèves afin qu’ils nous aident à lancer un mouvement, comme c’est le cas en ce moment à Mouy (très bon exemple de solidarité pour nous !).

Si certains collègues des 3 collèges déjà en grève souhaitent venir à cette AG, ils sont les bienvenus, notamment pour motiver les parents et leur donner des idées ;-)

Mais j’adresse tout particulièrement ce message aux deux collègues de Rousseau et Herriot : n’hésitez pas à diffuser l’info de cette AG, et n’hésitez pas à venir nombreux mardi soir pour vous joindre au mouvement ! C’est maintenant qu’il faut réagir, et tous ensemble, car notre bassin est fortement touché par cette réforme, et nous devons serrer les coudes pour résister et passer à l’offensive.

Bonjour,

Après la mobilisation de cette semaine, lundi 1/12 grève du personnel (10 élèves présents sur 518), mercredi 3/12 collège mort mené par les parents d'élèves (4 élèves présents), manifestation à l'inspection académique de l'Oise, avec personnels, parents et élus et rencontre avec l'inspectrice d'académie. Jeudi 4/12 réunion entre les personnels et les parents du REP ( le collège et les 15 écoles primaires qui en dépendent), entretien avec le Recteur le soir même, le mouvement pour sauver les particularités et les réussites de notre REP continue et s’amplifie la semaine prochaine.

- Lundi 8/12, collège mort ainsi que les 15 écoles du primaires du REP à l'initiative des parents d'élèves, ils seront devant le collège dès 8h30.

- Mardi 9/12, grève des personnels.

- Mercredi 10/12, de nouveau collège mort à l'initiative des parents d'élèves. Présence à 8h30.

- Vendredi 12/12, préavis de grève lancé par les agents territoriaux.

La mobilisation générale et la défense de notre REP mérite votre présence, au moins lundi matin à 8h30.

Merci de venir recueillir et témoigner notre amertume de voir que les résultats obtenus grâce aux efforts fournis par tous risquent de nous porter gravement et inéluctablement préjudice.

Collège Jéhan Le Fréron
1 rue des écoles
60360 Crèvecoeur le Grand

Spoiler:

La mobilisation d'aujourd'hui 11 décembre a été une réussite (75 % de grévistes au lycée Malraux, quasiment aucun cours au lycée Jules Uhry). Nous avons manifesté à 200 à travers Creil (moitié enseignants des lycées et collèges, personnels et parents, moitié lycéens). Une assemblée générale a réuni 150 personnes au Centre des Rencontres. Pendant 2h, les échanges ont assuré une dimension collective au mouvement.

Nous avons décidé de continuer l'action. Nous appelons, dans un premier temps, à manifester à Paris le 17 décembre à l'occasion du Comité Technique Ministériel qui doit annoncer solennellement la nouvelle carte des REP. Plusieurs organisations syndicales appellent déjà à une journée d'action nationale ce jour-là. Un préavis de grève a été déposé.
Les modalités d'organisation de cette journée sont encore à l'étude et seront communiquées ultérieurement.

La situation est grave, tant du point de vue des élèves que de celui des enseignants. Toutes les audiences accordées par le rectorat ont confirmé le pire : la casse de l'éducation prioritaire.


Parents, lycéens, personnels de collèges et lycées, nous avons adopté des revendications communes :
- tout le bassin creillois doit être classé en éducation prioritaire, du primaire au lycée ;
- pour nous, l'éducation prioritaire doit être pensée à partir des besoins de nos élèves : des effectifs par classe de 20 élèves maximum en élémentaire et au collège et de 25 au lycée, un nombre d'AED, de CPE et d'infirmières suffisant pour faire face aux difficultés, des locaux adaptés, le maintien de la diversité des options et des projets culturels, sportifs, scientifiques, le maintien des liaisons entre tous les cycles ;
- la stabilité des équipes pédagogiques passe par la reconnaissance des spécificités de notre travail (indemnités, bonifications) ;
- nous refusons la politique actuelle du rectorat qui vise à « diviser pour mieux régner » et à « déshabiller Pierre pour habiller Paul » et nous revendiquons une enveloppe globale supplémentaire pour toute la région Picardie.

Non à l'éducation au rabais pour nos élèves ! Nos élèves ont droit à la réussite ! Notre lutte doit s'amplifier.

Les lycéens, parents et personnels réunis en Assemblée Générale, à Creil, le 11 décembre 2014

REVENDICATIONS ELABOREES ENTRE LES ELEVES, LES PARENTS ET LES ENSEIGNANTS LORS DE L’AG DU 11 décembre

1. Nécessité d’une cohérence entre la reconnaissance des nouvelles politiques de la ville et l’extension de la carte des « Nouveaux quartiers prioritaires » et la nouvelle carte de l’éducation prioritaire : les « nouveaux quartiers prioritaires » s’étendent alors que la carte des établissements scolaires relevant de l’éducation prioritaire est restreinte.  

2. Nécessité d’une cohérence entre la nouvelle carte de l’éducation prioritaire et la priorité qui a été accordée à la lutte contre le décrochage scolaire : comment des élèves qui auront fait une scolarité dans des établissements REP et REP+ avec une vingtaine d’élèves par classe ne seront-ils pas noyés  et perdus dans-une classe à 35 au lycée ? C’est la question de la continuité du parcours de l’élève au sein des réseaux éducation prioritaire qui est menacée si certains collèges et lycées ne sont pas inclus dans le dispositif.

3. Nécessité de fixer des seuils d’un nombre maximum d’élèves par classe, seuils en cohérence avec la réalité des pratiques pédagogiques, l’accompagnement vers la réussite des élèves et les possibilités matérielles d’accueil des élèves par les établissements  (taille des salles de classe, équipements…) :

20 en primaire
20 en collège
25 en lycée

Les DHG doivent être calculées et données en fonction de ces seuils et non en fonction du ratio H/E

4. Donner des moyens proportionnels aux difficultés rencontrées dans les établissements. Les infirmières, les CPE  et les AE font partie intégrante de la communauté scolaire: leur nombre et leur présence sont essentiels pour faire face aux difficultés et accompagner au mieux les élèves dans leur parcours.

5. Maintenir et encourager les liaisons inter-cycles (primaire/ collège et collège-lycée) : les disparités créées entre les établissements classés et les établissements non classés fragiliseraient voire supprimeraient les liaisons déjà établies, dans un bassin creillois où, plus qu’ailleurs, les élèves ont besoin de suivi et de cohérence dans leur parcours.

6. Nécessité de préserver pour les enseignants l’ancien système de bonifications lors des mutations ainsi que les compensations financières : elles représentent une reconnaissance de la difficulté du métier dans les zones difficiles. Leur suppression entraînera une hémorragie dans les établissements et  mettra en péril la stabilité des équipes.

7. Nécessité d’abandonner les logiques comptables de mutualisation  et de suppression des enseignements d’exploration et des options. La mutualisation apparaît comme une suppression « déguisée » : ni les élèves, ni leurs parents ne pourront organiser la scolarité sur deux établissements ; et du point de vue des établissements, l’élaboration d’emplois  du temps, qui est d’ores et déjà un véritable « casse-tête », n’en sera que plus difficile s’ils doivent s’aligner entre eux.
Les élèves des zones d’éducation prioritaires méritent, autant que les autres, l’accès à une offre culturelle riche et diversifiée.

8.  Nécessité de préserver les différents partenariats existants (Culturels, Scientifiques, Professionnels) : une sortie de l’éducation prioritaire entraînera la fin de certains dispositifs. C’est interdire, de fait, aux élèves, toute égalité des chances et c’est creuser les inégalités au sein de l’Ecole de la République.

Par conséquent, c’est tout le bassin creillois qui doit rester dans l’Education prioritaire : les parents, les élèves et les enseignants refusent une politique qui consisterait à habiller Paul en déshabillant Pierre.  

Alors que se tenait une réunion sur l’avenir de l’école Henri-Villette dans le réseau d’éducation prioritaire, des parents d’élèves en ont profité pour enfermer les enseignants dans la salle des professeurs, ce soir vers 18 heures à Crèvecoeur-le-Grand.