A quoi sert l'école ? Un enseignant doit-il croire en l'école ?

Bonsoir,

Comme beaucoup de néotit je passe par de profonds moments de fatigue, de stress et de désespoir, face aux élèves, face aux préparations de cours, face aux copies... Ce qui amène à réfléchir à ce qu'on fait là.
Je n'ai pas ouvert ce fil pour vous dire que ça ne va pas ni que j'envisage la démission, j'aimerais juste lire vos avis de profs expérimentés.

Plus je réfléchis à mon rôle, à l'utilité de l'école face aux inégalités sociales, à la pertinence de ce qu'on me demande d'enseigner, plus j'ai l'impression que tout cela est vain.

Pour vous, à quoi sert l'école ? Quel bienfait l'école apporte-t-elle aux élèves ? Pour quel idéal faites-vous ce métier ? Considérez-vous que votre travail sert à quelque chose, réellement ?

Pensez-vous qu'on puisse faire ce métier sans croire en l'école ? Quelle peut être la motivation à faire cours si on pense qu'au fond ça ne sert à rien ? Dans quel but prépare-t-on ses cours et fait-on travailler les élèves ?

"Le signe le plus honteux de l'esclavage d'un peuple, c'est l'ignorance profonde" (Robespierre)

Voilà ce qui fait tenir.
Ne pas les laisser devenir juste des consommateurs.
Leur expliquer que la culture et l'éloquence sont plus efficaces pour se défendre dans la vie qu' un coup de poing dans la gueule et des insultes.

Bref, un peu d'école ne fait pas de mal... et je ne pense pas qu'au fond, ça sert à rien.

Pour moi, l'école est complètement opposée au travail, elle est le loisir honnête. C'est d'ailleurs pour ça que pour moi, le lycée professionnel est un non-sens. L'école est le lieu où l'on apprend le passé pour se l'approprier et où l'on apprend à réfléchir aux grandes questions qui se posent sans cesse. On y apprend à dire les choses, ce qui est le point de départ de tout. C'était mon état d'esprit en entrant dans la carrière où mes aînés étaient encore et depuis, je n'ai pas varié. Je ne tiens aucun compte des directives tâcheronnes, des programmations de séquences en séances disruptives modulaires, des incantations sur les zécrans ou le numérikalécol, des cons et des pétants compétences, des livrets, des croix sur les sacoches. Je me vois concepteur et maître d'oeuvre, et je me sais surtout dilettante, distrait, procrastinateur : l'école est un lieu pour moi. Je déteste l'entreprise, le secteur marchand, le profit, le matériel, même si, aujourd'hui, je gagne bien ma vie. Et je suis triste de voir que les enfants et les adolescents sont livrés aux marchands, qui ont changé leur esprit en une chose laide. Mais bon, je m'y fais.

A enchanter le monde.

Elyas a écrit:A enchanter le monde.

Alors toi, t'es aux drogues plus fortes que nous :lol: :lol:

oxa a écrit:

Elyas a écrit:A enchanter le monde.

Alors toi, t'es aux drogues plus fortes que nous :lol: :lol:

Bof, je suis très pessimiste et misanthrope aussi. Je trouve que l'école est le dernier refuge du savoir, de la beauté, de l'inutile prêts à renaître pour enchanter à nouveau un monde devenu laid. J'ai appris aujourd'hui à mes élèves un ou deux trucs qui les ont fascinés. Alors, oui, je confirme que l'école est pour moi le bastion de l'enchantement. On y devient savant, artiste et rêveur. L'essentiel, en fait. Hélas, à vouloir que l'école forme des travailleurs et non des humains salmidanach, l'enchantement est attaqué dans ses derniers retranchements.

"Quand on parle mal, on pense mal, quand on pense mal, on vit mal", c'est une phrase de Nanni Moretti dont la deuxième partie surtout me guide. ma mission c'est d'apprendre à réfléchir droit et par eux-mêmes aux générations futures, et aussi de fournir à la nation un nombre suffisant de scientifiques et de mathématiciens  dans l'avenir en donnant de bonnes bases à ceux qui sont capables de choisir cette voie.

Bonsoir,

abricotedapi a écrit:Pour vous, à quoi sert l'école ?

À maintenir la paix sociale, en gardant la jeunesse pendant que les parents travaillent, le tout de la façon la moins coûteuse possible. :diable:  La preuve : en cas de grève, on ne se demande pas ce que vont devenir ces pauvres enfants privés de savoir, mais « et qui va garder mes gosses, hein ? ».

Ça n’empêche pas d’y faire des choses utiles, ou encore mieux belles et inutiles, mais pour le peu de temps que j’y ai passé, j’ai surtout été sidéré par le niveau d’un grand nombre d’élèves − à se demander effectivement à quoi leur a servi l’école jusqu’à là − et par le discours des inspecteurs sur ma discipline − tout compte fait, je préférerais que l’école ne serve à rien plutôt qu’à cela…

Elyas a écrit:

oxa a écrit:

Elyas a écrit:A enchanter le monde.

Alors toi, t'es aux drogues plus fortes que nous :lol: :lol:

Bof, je suis très pessimiste et misanthrope aussi. Je trouve que l'école est le dernier refuge du savoir, de la beauté,  de l'inutile prêts à renaître pour enchanter à nouveau un monde devenu laid. J'ai appris aujourd'hui à mes élèves un ou deux trucs qui les ont fascinés. Alors, oui, je confirme que l'école est pour moi le bastion de l'enchantement. On y devient savant, artiste et rêveur.  L'essentiel,  en fait. Hélas,  à vouloir que l'école forme des travailleurs et non des humains salmidanach, l'enchantement est attaqué dans ses derniers retranchements.

Je suis assez d'accord avec cela. C'est aussi un endroit où l'on transmet ce que nos prédécesseurs nous ont légués pour que, ensuite, les élèves devenus grands améliorent tout cela.

Bonjour

Je suis très républicain, ce que l'école apporte individuellement à un élève m'importe peu ( je suis sur qu'il y a beaucoup de manières de s'épanouir, ne serait-ce qu'en observant la nature... sans passer par là) par contre, elle doit être utile à la société
Pour être plus clair si un élève "réussit" grâce à moi (soyons modeste...) a devenir un chirurgien, cela me laisse tout à fait indifférent qu'il me remercie pour la porsche ou l'appart de 200m² au coeur de Paris qu'il a pu s'acheter avec son gros salaire, par contre je pense avoir fait quelque chose pour la communauté dans la mesure où avoir de bons médecins évite d'aller chercher ailleurs où se faire soigner (exemple à prendre au 1000ème degré)
C'est pour cela que toute la mode actuelle sur "l'école au service des élèves" me laisse froid...

oxa a écrit:"Le signe le plus honteux de l'esclavage d'un peuple, c'est l'ignorance profonde" (Robespierre)

Soit mais

Le Castor a écrit:'Le principal fléau de l'humanité n'est pas l'ignorance mais le refus de savoir