Campagne Phoning du Pôle Emploi 93 : "Bonjour, voudriez-vous être professeur des écoles dès maintenant ?"

Pôle emploi a lancé une campagne de démarchage téléphonique auprès des chômeurs de Seine-Saint-Denis pour tenter de pallier le manque criant de professeurs des écoles remplaçants dans les écoles de ce département défavorisé, selon un document interne consulté vendredi par l’AFP. Cette opération d’ampleur, lancée mi-septembre pour le compte de l’Education nationale, est «une première pour le recrutement de professeurs du premier degré», a assuré une source proche du dossier, qui évoque une situation de pénurie criante.

Selon le document consulté par l’AFP, 300 postes contractuels ont été proposés dans le cadre de cette opération. Pour proposer le poste à «de nombreux demandeurs d’emplois», une «plateforme de phoning» a été mise en place, est-il précisé. Sollicité par l’AFP, le rectorat de Créteil n’a pas donné suite.

Les chômeurs appelés par Pôle emploi doivent être titulaires d’une première année de Master. Les candidats, qui se retrouveront face à des enfants de deux à onze ans, doivent enseigner aussi bien le français que les maths, l’histoire et la géographie, ou encore les sciences, une langue vivante, les arts plastiques...

http://www.liberation.fr/societe/2014/09/26/face-a-la-penurie-de-profs-dans-le-93-pole-emploi-decroche-son-telephone_1109223

C'est complètement dingue!

:shock:

En gros ils seront contractuels comme cela se fait dans le second degré.

Oui, mais c'est le mode de recrutement qui est très surprenant.

Un commentaire percutant :

T o chaumage ? Fé prof, cé bien.

mathmax a écrit:Un commentaire percutant :

T o chaumage ? Fé prof, cé bien.

Je l'ai lu, je ne sais pas s'll faut en rire ou en pleurer….

mobo a écrit:Oui, mais c'est le mode de recrutement qui est très surprenant.

Vu sous cet angle. ^^ Ça sent le désespoir. Je me préparais déjà psychologiquement à être mutée là-bas, on vient de me vendre du rêve.

lumeeka a écrit:

mobo a écrit:Oui, mais c'est le mode de recrutement qui est très surprenant.

Vu sous cet angle. ^^ Ça sent le désespoir. Je me préparais déjà psychologiquement à être mutée là-bas, on vient de me vendre du rêve.

Quel rêve… Donc là, ça veut dire que n'importe quelle personne en recherche d'emploi, munie de n'importe quel M1, peut se retrouver toute l'année devant une classe. Il n'y a donc plus de sélection. Ils auraient mieux fait de ne pas éliminer des candidats avec les fameux 0.

mobo a écrit:

mathmax a écrit:Un commentaire percutant :

T o chaumage ? Fé prof, cé bien.

Je l'ai lu, je ne sais pas s'll faut en rire ou en pleurer….

Il faut pleurer sur l'école et les écoliers.
Pleurer sur ce que la République offre comme enseignants à ses enfants les plus défavorisés.
Pleurer sur un pays où on ne trouve plus personne qui accepte d'aller enseigner dans le 9-3, même contre un emploi à vie.

Qu'attend notre nouvelle ministre pour créer une prime spéciale (et conséquente) à tous ceux qui, titulaires du concours, accepteront d'aller là où les besoins sont criants ?

En fait je suis en colère. Ces gosses ont droit à mieux que des chômeurs pas formés, pas compétents, pas prêts.

Je suis absolument d'accord avec ce que tu écris, Dinaa.

Moi aussi. C'est totalement scandaleux et inacceptable.
Je ne comprends même pas comment les fédérations de parents, souvent prêtes à faire du foin pour n'importe quoi, peuvent ne pas monter au créneau pour dénoncer un truc aussi grave et inadmissible.
J'espère que les syndicats dénonceront haut et fort cette aberration inique.

Cela devient une vraie punition d'être prof !
T'as pas de boulot alors tu feras prof !

ysabel a écrit:Cela devient une vraie punition d'être prof !
T'as pas de boulot alors tu feras prof !

"T'as intérêt à bien travailler à l'école, sinon tu finiras à ramasser les poubelles à faire prof !"

non mais à part ça comme disait Nicolas 1er, les 60 000 postes on n'en avait pas besoin...

Pôle emploi a lancé une campagne de démarchage téléphonique auprès des chômeurs de Seine-Saint-Denis pour tenter de pallier le manque criant d'instituteurs remplaçants dans les écoles de ce département défavorisé, selon un document interne consulté vendredi 26 septembre par l'AFP.

http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20140926.OBS0470/300-chomeurs-recrutes-pour-remplacer-des-instituteurs.html



   Et pendant ce temps là, nous sommes en pleine révolution numérique !

Quelle tristesse, quelle marque d'une banqueroute morale qui va en se généralisant.

Aucune surprise, pour ma part:
Avec un Master 2, pourquoi aller bosser pour à peine plus que le smic tout en se faisant malmener par les Ministres successifs et les médias?

Même le "privilège" des vacances n'est plus vendeur, c'est dire...

Dinaaa a écrit:

mobo a écrit:

mathmax a écrit:Un commentaire percutant :

Je l'ai lu, je ne sais pas s'll faut en rire ou en pleurer….

Il faut pleurer sur l'école et les écoliers.
Pleurer sur ce que la République offre comme enseignants à ses enfants les plus défavorisés.
Pleurer sur un pays où on ne trouve plus personne qui accepte d'aller enseigner dans le 9-3, même contre un emploi à vie.

Qu'attend notre nouvelle ministre pour créer une prime spéciale (et conséquente) à tous ceux qui, titulaires du concours, accepteront d'aller là où les besoins sont criants ?

En fait je suis en colère. Ces gosses ont droit à mieux que des chômeurs pas formés, pas compétents, pas prêts.

+ 100000000

Ca envoie du rêve. Ca renvoie du mépris, pour les enfants, pour les familles qui par l'impôt sont en droit de réclamer un enseignement de qualité pour leurs enfants, pour la fonction de prof.

C'est comme les animateurs qu'on envoie dans les écoles pour ces fameuses activités périscolaires.
N'importe qui est capable de gérer un groupe d'enfants.
N'importe qui peut s'improviser (c'est le mot qui convient) enseignant.

Qu'on ne me parle pas de l'école au Danemark ou en Finlande...

Des animateurs pour les activités périscolaires ? Où ça ? Ici, à Marseille, pas vu un seul animateur. Rythmes scolaires de mes deux, pourrais-je dire si j'en avais, qui font venir les enfants le mercredi et dégagent le vendredi, obligeant les gens (en général les mères) à prendre toutes les semaines une demi-journée (ou une journée, en fait, parce que tous les vendredi, y a grève de cantoche).

C'est exactement ce qui se produira aussi dans le secondaire si, comme le veulent Sarkozy et bien d'autres, on permet aux proviseurs de recruter directement les professeurs. Les collègues correctement formés et titulaires des concours iront dans les établissements à peu près tranquilles, et les zones déshéritées recruteront au petit bonheur la chance. Le phénomène apparaît d'abord dans l'école primaire car le mouvement n'y est pas national (donc on ne peut pas envoyer dans le 93 des enseignants bordelais ou niçois) et la pénurie y est moins également répartie.

Un élu digne de ce nom (de gauche ou de droite) devrait être révolté par une telle situation, qui remet gravement en cause le principe de l'égalité des chances – lequel devrait être le ciment de nos valeurs républicaines. Si des jeunes qui grandissent déjà dans des milieux culturellement défavorisés sont en plus privés d'instituteurs dignes de ce nom, on peut tout de suite les inscrire à Pôle Emploi. À vie. Les milieux de la criminalité, qui prospèrent sur la misère, doivent se frotter les mains : leur main d'œuvre n'est pas près de se tarir… Bizarrement, je ne pense pas qu'on recrute les instituteurs par téléphone dans le VIIe arrondissement.

On touche le fond là, vraiment. Comme si gérer une classe de primaire et la faire travailler était quelque chose de facile. Ça n'est déjà pas évident dans le secondaire mais je n'ose pas imaginer ce que ça doit être dans le primaire

e-Wanderer a écrit:Le phénomène apparaît d'abord dans l'école primaire car le mouvement n'y est pas national (donc on ne peut pas envoyer dans le 93 des enseignants bordelais ou niçois) et la pénurie y est moins également répartie.

C'est une situation insoluble. Si on envoyait les enseignants bordelais ou niçois dans le 93, ils ne passeraient plus les concours du tout et seraient perdus pour toutes les académies ... y compris Bordeaux et Nice. Ce noeud gordien du recrutement arrive aussi dans le secondaire. En d'autres termes, la question est moins "recrutement national contre recrutement local" que "recrutement local contre pas de recrutement du tout".

La solution évidente serait de revaloriser massivement la profession en termes de salaires et de conditions de travail afin de compenser la mobilité géographique, mais cela n'arrivera pas. Le gouvernement préfèrera prendre des étudiants de licence emplois d'avenir et des chômeurs recrutés de force sous menace de radiation.

Oui, nous sommes malheureusement d'accord, sur le constat comme sur le pronostic.