Rendez-vous en terre inconnue : stage d'observation M1 : jour 1

Amis de l'heure de colle , bonjour ,
Comme convenu , j'écris ce petit billet - digne d'une grand reporter  :ack:  - pour narrer mon stage , obligatoire en M1 , en lycée professionnel (génie civil).
Arrivé à 7H15 devant l'établissement , je n'ai pu m'empêcher de relire ma convention de stage , celle-ci se décompose sous forme de commandement :

1/ Arriver à l'heure , tu devras
Vu à l'heure à laquelle je me lève (4H) pour être présent avant 8H , on peut considérer que je suis un lève très tôt...

2/ Discret , tu te feras
Avec mon gabarit cubique , mère Nature a été rancunière. La discrétion n'est pas garantie! Comme dirait l'équipe qui me suit : psychothérapeutes , psychiatres , psychologues et même Gérard Miller! Entrer à l'Education Nationale ne va pas arranger ma schizophrénie , mon dédoublement de personnalité et mon narcissisme...

3/ La salle des profs , tu arpenteras
Le Saint des Saints , le "temple du savoir" , la réunion de tous les esprits savants d'un établissement scolaire! Que de mystères pour les élèves! Ils doivent penser qu'il s'y déroule , en ce haut lieu , de longs débats métaphysiques... Mes chers petits , je vais vous faire une révélation en exclusivité mais attention c'est un secret , surtout , ne le répétez pas à vos parents , ils pourraient penser que les professeurs sont des gens normaux. Donc lorsque les profs se rassemblent - pendant les pauses - ils parlent très souvent de , eh oui , de cul! Comme Papa , quand il rentre avec des copains - très légèrement alcoolisé - d'un match de rugby. Autre confidence , contrairement à une légende digne des contes de fée , la gente féminine n'est pas avare de connaissances sur ce sujet , mais disons que , contrairement aux hommes , grâce à un vocabulaire plus fourni en métaphore , ça passe plus discrètement... Désolé pour le mythe.
:Oups:
4/ La machine à café , tu séduiras
Encore un sujet coquin!
Coquin? Me direz-vous? On ne peut imaginer le désire qui jaillit dans le regard de l'enseignant(e) à la vue de la machine à café. C'est pour cela que cet "instrument de bonheur" est toujours en bonne place dans la salle des professeurs. En effet , comparable à la nymphomanie , il existe la caféinomanie. La relation entre cette "machine" et le corps enseignant n'est pas compréhensible pour un novice : elle peut être petite ou volumineuse , ses effets peuvent être doux ou intenses , elle est toujours disponible pour apporter du réconfort à tout moment de la journée , malheureusement ces rapports sont tarifés car il ne peut exister de l'amour dans ce monde de brutes!
Bref , surtout ne dérangez jamais un(e) prof qui fantasme sur la machine à café , il en va de votre vie!
"What else?"  

5/ Les WC , tu repéreras
Ca y est , je vois déjà les réactions puritaines !!! Les messages outrés que l'on puisse considérer que l'enseignant(e) possède un système urinaire et digestif! Levez la main celui ou celle qui n'a pas repérer ce lieu à son arrivée dans l'établissement! Qui n'a pas eu le "pissou d'urgence" avant de rentrer dans sa classe?
Toutefois , il est important pour les futurs stagiaires de notifier quelques informations complémentaires. Donc , pour informations , on distingue les toilettes des profs à ceux pour les élèves , à la qualité décorative des murs (lithographies, ...) mais aussi à la qualité olfactive des lieux , enfin , tout dépend après qui on passe!

NB : le rédacteur de ce billet décline toutes responsabilités sur les conséquences liées aux différents propos rapportés. En effet , les nombreuses années "rugbystiques" ont laissé , outre de nombreux polytraumatismes , de nombreuses séquelles cérébrales. Merci pour votre compréhension

6/ Les clichés , tu oublieras
Non , le prof de sport n'est pas le beau gosse de service qui porte des joggings tellement moulants que , pour la plupart des êtres normaux , cela provoquerait des cas de stérilité. Non , le prof de maths ne porte pas la barbe - version Robert Hue (Pour les plus jeunes : ancien ministre du siècle dernier qui avait tendance à se prendre pour un nain de jardin) - accompagnée de ces lunettes raccord avec la veste à carreaux. Non , la prof de français ne porte pas des jupes à faire pâlir un curé!!!
Oh sainte Najat , aidez-moi , je suis faible!  
Aie pitié de moi , aidez-moi à lutter contre ces stéréotypes qui ont fait le bonheur de dessinateurs de bandes dessinées et collées aux consciences de nos chers élèves!
Malheureusement , malgré tout , ces clichés existent!!! Pauvre de moi

7/ La direction , tu salueras
Du bon sens petit stagiaire! Tu entres dans la Fonction Publique! Donc il existe des notions basiques...
Si tu veux "évoluer" (c'est à dire gagner beaucoup de pognon et te barrer dans un établissement "gériatrique") , toujours regarder vers le bas pour trouver les chaussures du chef d'établissement.
Attention mon petit , je me dois de te mettre en garde , car certains de tes futurs collègues pratiquent la règle des "3L"
Lèche
Lâche
Lynche

NB : ça fait "mauvais genre" de laisser des "ardoises" à la cantine...

8/ Les tuteurs , tu flatteras
Sur ce sujet , aucuns soucis , j'ai le meilleur des tuteurs.
Mise en application de l'article 7

9/ Les élèves , tu maîtriseras
Pour cette première journée , je m'attendais presque à devoir sortir mon insigne de la B.A.C* , mais très honnêtement et sans ironie , ça s'est bien passée...
(*) pour ceux qui ont suivi le précédent billet

10/ Le Lexomil , tu ne prendras pas
Mais quel est donc ce médicament merveilleux , dont les collègues me parlent tant?


A suivre...

Excellent !

J'adore.
Les salles des profs ont évolué, jamais entendu de conversation du cul dans celles que j'ai fréquentées, ils devaient me trouver trop jeune :lol:

J'attends la suite avec impatience!

Merci pour cette bonne humeur, le vendredi soir, c'est agréable, vivement la suite !

J'adore aussi ! (et, comme Zenxya, j'attends la suite)

Ce qui est génial, c'est qu'apparemment, tu n'as croisé aucun élève.... Bien joué !

J'adore itou!

la suite, la suite !

gg

Bonjour à toutes et tous,
Merci pour ces gentils messages...
Cher Adren , je t'invite à relire l'article 9.
Même si je me suis concentré sur "l'Institution" , je pense que le sujet des élèves sera évoqué de manière plus approfondie dans mon prochain billet.
Quelque chose m'intrigue , en faisant le tour du forum , je ne trouve pas de témoignages ou expériences sur le stage d'observation... Chers professeurs "séniors"(*) , réalisiez-vous ces stages d'observation ou vous plongiez directement dans le grand bain?

(*) N'oubliez jamais , la ride la plus importante est celle sur laquelle on est assis... à méditer

Cher petit ours,

dans mon cas précis, j'ai commencé en faisant des suppléances (je suis rentré dans l'Education Nationale par la porte de service...) donc j'ai tout de suite été confronté à la réalité...

En revanche, quand j'étais en année de stage de validation, l'une de nos formatrices nous a gentiment invités à venir assister à l'un de ses cours... et curieusement, c'était aux antipodes des méthodes qu'elle prônait sans cesse...! C'était d'ailleurs assez surréaliste, elle passait son temps à parler français aux élèves, leur mâchait le travail, les élèves passaient leur temps à bidouiller leur portable... alors qu'elle prétendait l'inverse absolu!!!!

Cela dit, vu que tu as visiblement déjà travaillé dans le milieu scolaire, tu connais déjà l'envers du décor.

Bon courage à toi en tous cas!

quand j'ai préparé le concours via le défunt IUFM j'ai assisté 2 fois à des cours réalisés par un professeur dit chevronné : le problème c'était que le lycée où il officiait était dans le centre de Paris, avec des élèves tranquilles et d'un bon niveau... autant te dire que lorsque j'ai atterri dans ma première affectation en tant que stagiaire, ça n'a pas vraiment été la même chose :lol:

heureusement entre temps j'étais devenue vacataire et j'avais pu voir l'envers du décors

Et la photocopieuse?
Chez nous, finie la salle des profs, il faut dire salle des personnels désormais.

Normandyx a écrit:J'adore.  
Les salles des profs ont évolué, jamais entendu de conversation du cul dans celles que j'ai fréquentées, ils devaient me trouver trop jeune :lol:

Toujours entendu des histoires de cul là où j'ai bossé, collège ou lycée ! Et ce, de 1969 (oui) à 2007 ! Je me souviens des yeux effarés de l'assistante d'anglais, une Américaine bien coincée ! Elle s'effarait de voir les collègues hommes nous faire la bise et nous raconter des blagues salaces. Que nous ne prenions pas cela pour du harcèlement devait lui laisser supposer que nous avions des moeurs légères !
Des moments de pure rigolade aux récréations, et parfois même aux conseils de classe, avec des collègues pince-sans-rire !

chtiours a écrit:Bonjour à toutes et tous,
Merci pour ces gentils messages...
Cher Adren , je t'invite à relire l'article 9.
Même si je me suis concentré sur "l'Institution" , je pense que le sujet des élèves sera évoqué de manière plus approfondie dans mon prochain billet.
Quelque chose m'intrigue , en faisant le tour du forum , je ne trouve pas de témoignages ou expériences sur le stage d'observation... Chers professeurs "séniors"(*) , réalisiez-vous ces stages d'observation ou vous plongiez directement dans le grand bain?

(*) N'oubliez jamais , la ride la plus importante est celle sur laquelle on est assis... à méditer

Ben, moi qui suis vieille, après avoir été reçue au CAPES théorique, j'ai été affectée au CPR, et durant cette année de stage, j'ai, en compagnie de 3 autres stagiaires, suivi les cours de professeurs baptisés Conseillers pédagogiques,  deux ou trois dans l'année, en lycée et en collège. Nous écoutions les cours, passions éventuellement dans les rangs quand les élèves faisaient des exercices ou corrigeaient des devoirs, et, parfois, l'un de nous faisait cours.
Il y avait aussi quelques jolies conférences pédagogiques, que nous séchions (ou pas), mais où nous nous débrouillions pour barboter la liste d'émargement qui circulait, aux cris d'orfraie des quelques fayots. Je ne me souviens pas d'une seule conférence intéressante, c'est tout dire.
A la fin de l'année, vers mai, épreuves de titularisation : l'IPR, flanqué d'assesseurs et d'un conseiller pédagogique, assistait à deux cours : en Lettres, une explication de texte et une correction de devoir, dans les deux cycles (nous choisissions). Et ensuite, entretien. Rien sur la connaissance du système éducatif (on apprend sur le tas!), aucun dossier à rendre, d'ailleurs, les stages avaient lieu très souvent dans la ville où se trouvait la fac, pour nous encourager à préparer l'agrégation.

Et ensuite, en fonction de nos notes, de nos mentions, nous avions un poste , bien sûr, nous avions fait nos voeux (pour certaines disciplines, pas de poste définitif parfois pour les moins bien notés ). Ainsi, j'ai eu le poste n° 1 sur ma liste, à 10 minutes à pied de chez moi !
Ça fait rêver, non?

CPR = Centre pédagogique régional : le directeur de mon temps était Robert Aulotte, prof de littérature médiévale et du XVIe à la fac. Je l'avais eu en licence.

Je crois que nous ne suivions que 6 à 8 heures de cours par semaine ! Cela laissait du temps pour réfléchir aux cours que nous ferions une fois titulaires.

Bonjour,
Merci chère "retraitée" pour ce témoignage très précieux...
Car Est-ce l'effet des récentes réformes? Ou l'objectif de "professionnalisation" du corps enseignant? Mais je ne peux te cacher que , malheureusement , ce stage d'observation - obligatoire pour les 1ère année Master MEEF - ne possède pas de cadre "réel". Plusieurs exemples :
- Mon tuteur a appris, qu'il avait deux stagiaires , une semaine avant le début du stage et sans même être consulté sur ces motivations ou disponibilités.
Heureusement et je laisse mon ironie aux vestiaires , j'ai un bon tuteur : ouvert et très pédagogue
- Il n'existe pas de réels objectifs : chacun fait sa petite sauce selon la motivation du stagiaire et les disponibilités du tuteur. Pour faire simple , le summum est que l'enseignant demande au stagiaire de faire un cours. Pour ma part, craignant les escarres , je participe à la vie de la classe tout en faisant très attention à ne pas interférer sur l'autorité du titulaire. Il ne faut pas oublier qu'une fois le stagiaire parti , le titulaire continue à travailler avec sa classe...
- Le point ridicule est le suivant : ce n'est pas le tuteur qui attribue une notation au stagiaire à la fin de cette période mais le responsable du master qui - sans se présenter in situ - par la lecture du "rapport de stage" de l'étudiant prononce une note.

Ayant déjà travailler pour l'éducation nationale (ancien assistant d'éducation) , j'ai bien conscience que ce stage apporte une nouvelle vision pour un(e) novice. Toutefois, il est à noter et comme de nombreux témoignages le souligne , qu'il existe un fossé entre la théorie enseignée en IUFM/ESPE et la pratique en salle de classe...

Si tu veux "évoluer" (c'est à dire gagner beaucoup de pognon et te barrer dans un établissement "gériatrique") , toujours regarder vers le bas pour trouver les chaussures du chef d'établissement.

Laissons-le rêver...Après tout, ce n'est que son stage d'abservation
:lol:

Chère Linotte,
Travaillant dans le secteur privé depuis l'âge de 16 ans , je peux te confirmer que certains collègues ont une hyperlaxité de la langue qui dans les cas les plus extrêmes peuvent atteindre l'espace supérieur des chaussures patronales. Toutefois , malgré la propagation des M.S.T , certains s'efforcent à concentrer leurs efforts sur le "Séant du patron". Enfin , on se doit de souligner la prise de risque de la part de ces éléments dans un objectif carriériste. Serai-je d'une naïveté extrême à l'idée que ce phénomène n'existe pas dans la fonction publique?
Linotte , tu sembles douter de l'existence et des effets de cette pratique? Donc selon toi , de nos jours , une carrière professionnelle dans l'éducation nationale ne se détermine que par les qualités pédagogiques et professionnelles de l'individu?
Je vais vite relire "l'Interprétation des rêves" de mon pote Sigmund...

Pour les PE, à l'époque instit, les stages "observation" ont été mis en place fin des années 70 début 80, mise en place un peu difficile car peu d'instits acceptaient.
C'était instructif mais comme cela avait lieu au tout début de la formation, ceux qui n'avait pas été suppléant éventuel redécouvraient l'école qu'ils avaient quitté 10 ans avant, sans trop savoir quoi observer.
Une fois devenu instit, je me suis dit que je devais accueillir moi aussi (au fait, c'était bien sûr complètement bénévole), et j'ai accueilli, expériences parfois très intéressantes et parfois sans aucun intérêt. Puis comme le manque de terrain de stage se faisait sentir, on a fait pression pour nous en coller plusieurs, ça ne me plaisait pas trop, pour finir j'en ai eu jusqu'à 4 dans la classe (au dernier moment un collègue malade donc pas de stagiaire avec le remplaçant). C'était inclus dans je ne sais quelle formation, mais c'était au tout début, avant qu'ils n'entrent vraiment dans la formation et je me suis retrouvé avec des gens qui sortaient fumer dans la rue à la récréation (loi Evin oblige) et qui rentraient 10 à 20 minutes après la sonnerie, et qui entamaient parfois des discussions au fond de la classe qui me parvenaient en bourdonnement continu, et dont il m'arrivait de saisir des bribes et qui n'avaient rien à voir avec la classe mais tournaient autour du ciné de la veille ou de la soirée de la corpo médecine. J'ai dit stop, après avoir averti, je les ai mis dehors un vendredi après midi, j'ai pris mon téléphone et signalé à l'inspection et à l'IUFM que je ne souhaitais plus les avoir en classe.

chtiours a écrit:certains collègues ont une hyperlaxité de la langue qui dans les cas les plus extrêmes peuvent atteindre l'espace supérieur des chaussures patronales. Toutefois , malgré la propagation des M.S.T , certains s'efforcent à concentrer leurs efforts sur le "Séant du patron". Enfin , on se doit de souligner la prise de risque de la part de ces éléments dans un objectif carriériste.

Ca, je confirme, ça existe dans tous les secteurs.

Dans mon lycée, c'est très très répandu...

(j'aime beaucoup ta tournure de phrase!)

Il est vrai , qu'à mes yeux , avoir plusieurs stagiaires dans un seule classe pose un problème. En effet , selon mon avis , l'intérêt de ce stage est , pour le novice , de comprendre mais aussi de trouver sa posture de futur professeur... Donc si il y a plusieurs éléments , qui fait quoi?

Donc selon toi , de nos jours , une carrière professionnelle dans l'éducation nationale ne se détermine que par les qualités pédagogiques et professionnelles de l'individu?

Je ne doute pas des qualités de certains de mes collègues :lol: , mais je doute fort de l'existence d'une carrière professionnelle, qqsoit les qualités péda (ou pas) du lécheur.
Etre bien bien vu de ta hiérachie directe te permettra-t-il de gagner plus (je ne parle pas de 'prendre' des HS) ?
Lécher les bottes te permettra-t-il d'obtenir une bonne mutation ?

dans mon lycée (et dans plusieurs établissements où j'ai bossé), j'ai toujours vu des collègues très doués pour se faire bien voir (souvent beaucoup de poudre aux yeux), et selon le caractère du CDE, ils pouvaient ou non avoir un super emploi du temps, plein d'heures sup, la meilleure salle... vous allez me dire, ce sont des détails... mais croyez moi, ça joue pas mal sur le moral

Je partage le scepticisme de linotte quant à la "carrière professionnelle", et je ne pense pas que les éléments de confort que sont l'EDT, les heures supp, les salles, relèvent de ce domaine...