Faire travailler l'orthographe tout au long du primaire

Aujourd'hui, grand choc pour notre directeur  ( en décharge complète). Il remplace parfois des collègues, absents ou en réunion RASED. Il s'est rendu compte que l'orthographe des CM était déplorable et propose d'axer notre projet d’école sur ce point à travailler.

Je viens donc vers vous, collègues d'infortune PE pour avoir quelques idées. J'ai déjà consulté les sujets orthographe de ce forum, mais si vous avez des idées, des trucs, des bouquins, de la poudre de perlimpimpin, je prends.....

Il est en fin de carrière ton collègue ? Parce que c'est un suicide professionnel de monter un projet d'école sur l'orthographe . C'est très réac ! . Plus sérieusement, je vois mal un projet d'école sur une discipline aussi précise. Je verrais plutôt un projet "langue écrite". Ce qui imbriquerait orthographe/grammaire/ expression écrite.

Suite à un sujet un peu similaire posté sur ce forum il y a quelques semaines, je me suis lancée avec mon CM dans la démarche de ce monsieur :

http://apprendreenecrivant.eu/?lang=fr

Pour l'instant je suis très satisfaite des résultats, sachant néanmoins que c'est juste une expérimentation (la production d'écrit sans erreurs) et que je ne base pas tout là dessus comme lui le fait.

En cycle 3, il y a la démarche des manuels Archilecture., ce n'est pas non plus de l'orthographe pure.
http://www.samirediteur.com/new/francais-archilecture.asp

Pour commencer, ne plus accepter des copies ou des réponses à des questions avec des fautes...

Oui mais là on part sur un débat interminable sur la délicate frontière entre cette exigence et les enfants qui vont du coup rendre un travail moins intéressant (je pense notamment à la production d'écrit) parce qu'il en auront marre de se taper des corrections ou des copies refusées.
Il y a des élèves doués pour des tas de choses, mais pas en orthographe, et parfois on réduit énormément leur champ d'action en demandant, en plus du reste, une orthographe irréprochable.
Donc en ce qui me concerne, je n'ai toujours pas trouvé la solution pour ces élèves là, mais je suis preneuse de toutes les bonnes idées (sauf de ceux qui ne sont pas ouverts au dialogue et qui ne voient qu'une seule façon de faire, la leur... désolée de le préciser mais il y en a quelques uns sur ce forum, et ça me fatigue, les gens qui ne veulent pas voir plus loin que le bout de leur nez)

Je ne refuse pas les copies à l'orthographe défaillante mais je fais un travail systématique et quotidien en orthographe : une séance d'orthographe d'usage, une autre d'orthographe grammaticale, une dictée de mots (appris à la maison), une dictée de recherche collective (je ne sais pas quel est le vrai nom), une dictée traditionnelle avec questions de grammaire ensuite. Donc une activité par jour. Et puis de l'analyse grammaticale dès le CP, très très fréquemment.

coindeparadis a écrit:Je ne refuse pas les copies à l'orthographe défaillante mais je fais un travail systématique et quotidien en orthographe  : une séance d'orthographe d'usage, une autre d'orthographe grammaticale, une dictée de mots (appris à la maison), une dictée de recherche collective (je ne sais pas quel est le vrai nom), une dictée traditionnelle avec questions de grammaire ensuite. Donc une activité par jour. Et puis de l'analyse grammaticale dès le CP, très très fréquemment.

+ 1
Un élève de CM1 peut rédiger sans faute des réponses à un problème ou des questions de lecture. Si ce n'est pas le cas, il ne mérite pas une bonne appréciation même si les réponses sont correctes.

Non, tous les élèves de CM1 ne le peuvent pas. Les élèves en difficulté, ceux qui ont mis un temps infini à apprendre à lire, ceux qui ne sont pas du tout aidés à la maison, ceux qui bossent mais qui hélas ne comprennent pas tout, etc... Et parmi ces élèves, il y en a pourtant qui aiment écrire, qui aiment les maths... Alors j'ai une grande exigence par rapport à l'orthographe moi aussi, je fais également tout plein de dictées diverses et variées, mais il y a un moment où j'arrête de charger la mule, parce que la frontière entre la motivation et le découragement devient très mince. Et parce que à un moment, si la compétence c'est de savoir comprendre un texte, ou trouver le résultat d'un problème, ou écrire un texte cohérent et qu'ils y arrivent, et bien, oui, ils méritent une bonne appréciation même si l'orthographe laisse à désirer...

Bon ben si c'est pas grave tout va bien...mais ce sera difficile de leur faire comprendre que l'orthographe c'est important. Et si tous les élèves de CM1 (lecteurs évidemment) peuvent rédiger une phrase sans erreur d'orthographe.

Pour avoir travaillé souvent en spécialisé ou avec des enfants non francophones, je persiste à dire que l'orthographe peurt s'améliorer à tout âge, à condition de proposer des séances fréquentes et structurées, pas d'ORL quoi ! J'ai retrouvé un jour un ancien élève de bac pro industriel (je faisais aussi de l'orthographe à ce niveau même si ce n'était pas officiellement au programme) devenu vendeur en téléphonie mobile.  Il me dit " Madame j'ai gardé deux chose de vous : le goût de suivre l'actualité et le fait de faire attention à mon orthograph"e. Ces mots ont été un vrai cadeau pour moi.
L'orthographe est très importante, c'est d'ailleurs un fort marqueur de classes sociales, malheureusement. D'ailleurs quand je travaillais en CFA les chefs d'entreprises me disaient qu'avec la politesse, l'orthographe était un fort critère de recrutement. Lorsque mon frère préparait des concours scientifiques , ils avaient des cours d'expression écrite (y compris d'orthographe). Leur prof (on parle ici d'enseignement supérieur) leur disait : vous êtes tous bons en maths et physique, ce qui fera la différence c'est votre capacité à rédiger correctement. Et je ne crois pas qu'un texte plein de fautes même bien inspiré soit "vendeur". Aussi, je crois que les élèves en difficultés, ceux scolarisés en REP, ceux issus des milieux paupérisés ... doivent avoir droit plus encore à 3 apports scolaires : l'orthographe, le vocabulaire, la culture.

Mais je suis entièrement d'accord avec toi, Coindeparadis! Je trouve juste un peu raide le principe de ne pas mettre une bonne appréciation à un élève qui aurait fait trop d'erreurs dans sa copie, ou pire, de la refuser . Toi qui a apparemment travaillé dans l'AIS (comme moi), j'imagine que tu peux comprendre ce que je veux dire? Je cherche constamment dans ma classe le bon équilibre entre une forte exigence (autant les tirer vers le haut) mais sans pour autant décourager ceux qui font ce qu'ils peuvent et qui reviennent parfois de loin...

Je suis assez étonnée de constater au fil des posts sur ce forum le nombre d'enseignants qui ont des attentes très pointues, mais qui semblent parfois un peu détachées du facteur humain... Le système éducatif français est vraiment très pénalisant et n'encourage pas toujours la confiance en soi et le droit à l'erreur.

zoupinette a écrit:Bon ben si c'est pas grave tout va bien...mais ce sera difficile de leur faire comprendre que l'orthographe c'est important. Et si tous les élèves de CM1 (lecteurs évidemment) peuvent rédiger une phrase sans erreur d'orthographe.

Mais oui, refuser une réponse car il y a des fautes, c'est le meilleur moyen d'améliorer l'orthographe des élèves, c'est connu...
C'est surtout le meilleur moyen pour que l'élève déjà en difficulté en français le soit aussi dans toutes les autres matières car "Ah quoi bon essayer, ma réponse ira à la poubelle!"
Et c'est du vécu personnel, jeune j'ai complètement arrêté de travailler certaines matières car, que ma réponse soit juste ou fausse, j'avais une sale note du fait que je faisais des fautes malgré toute ma bonne volonté à ne pas en faire.
L'orthographe, ça ne se décrète pas, ça s'apprend.

coindeparadis a écrit:Il est en fin de carrière ton collègue ? Parce que c'est un suicide professionnel de monter un projet d'école sur l'orthographe . C'est très réac ! .

En même temps, qu'est-ce qu'une carrière dans l'Education nationale?

zoupinette a écrit:

coindeparadis a écrit:Je ne refuse pas les copies à l'orthographe défaillante mais je fais un travail systématique et quotidien en orthographe  : une séance d'orthographe d'usage, une autre d'orthographe grammaticale, une dictée de mots (appris à la maison), une dictée de recherche collective (je ne sais pas quel est le vrai nom), une dictée traditionnelle avec questions de grammaire ensuite. Donc une activité par jour. Et puis de l'analyse grammaticale dès le CP, très très fréquemment.

+ 1
Un élève de CM1 peut rédiger sans faute des réponses à un problème ou des questions de lecture. Si ce n'est pas le cas, il ne mérite pas une bonne appréciation même si les réponses sont correctes.

Pas tout à fait d'accord. Il suffit d"apprécier" deux choses:
- répondre à des questions explicites, implicites blabla
- répondre à une question par une phrase complète

Ainsi, l'élève pourra avoir une bonne appréciation sur la 1ère compétence, pas sur la 2ème (dans laquelle il peut apprendre et progresser)

Provence a écrit:

coindeparadis a écrit:Il est en fin de carrière ton collègue ? Parce que c'est un suicide professionnel de monter un projet d'école sur l'orthographe . C'est très réac ! .  

En même temps, qu'est-ce qu'une carrière dans l'Education nationale?

C'était de l'ironie. Mais quand on ne respecte pas le politiquement correct en primaire on ouvre la porte à des harcèlements hiérachiques qui peuvent durer longtemps.

coindeparadis a écrit:

Provence a écrit:

coindeparadis a écrit:Il est en fin de carrière ton collègue ? Parce que c'est un suicide professionnel de monter un projet d'école sur l'orthographe . C'est très réac ! .  

En même temps, qu'est-ce qu'une carrière dans l'Education nationale?

C'était de l'ironie. Mais quand on ne respecte pas le politiquement correct en primaire on ouvre la porte à des harcèlements hiérrachiques qui peuvent durer longtemps.

D'accord. Je n'avais pas vu l'ironie.

Merci de vos contributions

Bon j'ai un peu de temps donc je me lance dans l'explication de mon usine à gaz :

1. Autodictée tous les lundis. En début de période ils ont la liste de toutes les autodictées de la période avec les dates.
2. Préparation de dictée distribuée tous les lundis, avec les mots de la dictée classés par nature. La dictée porte forcément sur un point d'orthographe ou de grammaire étudié la même semaine.
3. Pour le jeudi certains verbes de la préparation sont à conjuguer, toujours au temps étudié parallèlement en conjugaison.
4. Jeudi : dictée de mots ou groupes nominaux tels qu'ils apparaissent dans la dictée et correction des verbes à conjuguer.
Vendredi : la dictée. Relecture active (crayon à papier à la main): on souligne les verbes conjugués et on repère leur sujet, on entoure les déterminants au pluriel ainsi que toutes les marques du pluriel.
5. Week_end : la maîtresse corrige les dictées selon un code de couleurs préalablement présenté aux élèves. Il faut 4 stabylos : jaune pour les erreurs phonétiques, vert pour les erreurs lexicales, rose pour les erreurs d'accord des GN et bleu pour les erreurs d'accord des verbes. Les erreurs d'homophones grammaticaux sont entourées en rouge.
6. Lundi : les élèves doivent recopier leur dictée en corrigeant leurs fautes.
7. Lundi soir, la maîtresse corrige les dictées (sans code couleurs) et les note.

Ça finit par marcher, mais c'est un peu lourd.

maîtresse a écrit:Bon j'ai un peu de temps donc je me lance dans l'explication de mon usine à gaz :

1. Autodictée tous les lundis. En début de période ils ont la liste de toutes les autodictées de la période avec les dates.
2. Préparation de dictée distribuée tous les lundis, avec les mots de la dictée classés par nature. La dictée porte forcément sur un point d'orthographe ou de grammaire étudié la même semaine.
3. Pour le jeudi certains verbes de la préparation sont à conjuguer, toujours au temps étudié parallèlement en conjugaison.
4. Jeudi : dictée de mots ou groupes nominaux tels qu'ils apparaissent dans la dictée et correction des verbes à conjuguer.
Vendredi : la dictée. Relecture active (crayon à papier à la main): on souligne les verbes conjugués et on repère leur sujet, on entoure les déterminants au pluriel ainsi que toutes les marques du pluriel.
5. Week_end : la maîtresse corrige les dictées selon un code de couleurs préalablement présenté aux élèves. Il faut 4 stabylos : jaune pour les erreurs phonétiques, vert pour les erreurs lexicales, rose pour les erreurs d'accord des GN et bleu pour les erreurs d'accord des verbes. Les erreurs d'homophones grammaticaux sont entourées en rouge.
6. Lundi : les élèves doivent recopier leur dictée en corrigeant leurs fautes.
7. Lundi soir, la maîtresse corrige les dictées (sans code couleurs) et les note.

Ça finit par marcher, mais c'est un peu lourd.

Pour ma part, j'utilise les dictées de mallory et code couleur également depuis cette année: jaune pour les homophones, orange les accords dans le GN, rose les accords S/V et vert le lexique.
Je voudrais dès la semaine prochaine faire des dictées de mots invariables selon une grille studiométrique.

Dictées de mallory aussi depuis l'année dernière (et elles paient, ils se débrouillent pas trop mal mes CM2 qui ont eu droit à la méthode toute l'année dernière. Ils y ont acquis quelques bons réflexes pour les homophones notamment je trouve)

pour la correction moi c'est le codage champion de la classe des farfadets , le même que j'utilise en rédaction d'ailleurs.

Car oui ils me rendent des rédacs truffées de fautes que je code et qu'ils doivent corriger )

Pour l'orthographe lexicale :
Je ne suis pas PE, et je ne me prétends donc pas spécialiste en la matière. Mon propos est celle de l'ancienne élève. Je me souviens qu'en CE1, puis jusqu'à la fin du CM2 (je n'ai pas de souvenirs du CP), on devait copier tous les soirs dix fois (parfois seulement cinq fois : cette réduction était un soulagement quand elle arrivait), quatre à dix mots par jour. Cela faisait un peu bourrage de crâne, mais on utilisait ainsi la mémoire visuelle et la mémoire gestuelle. En cours nous avions des moments où l'on épelait à voix haute toute une série de mots.
Cette pratique a-t-elle encore cours ?

Peut-être est-il imaginable d'élaborer un petit concours par niveau pour inciter les élèves, avec au terme de leurs efforts, un dictionnaire offert par la mairie pour la suite de leurs études en collège pour les uns ; d'autres lots seraient à imaginer pour les autres niveaux.

J'avoue qu'en lycée, je meurs d'envie de leur faire copier dix fois certains mots car ce sont toujours les mêmes erreurs : notamment (et non nottament), etc.

PS : J'ai conscience que mon discours est passéiste et n'est peut-être qu'une reconstruction idéalisée du passé. Je sais aussi que s'il y avait plus de temps scolaire et moins de périscolaire... Bref je compatis.

Les dictées de mallory?

http://www.laclassedemallory.com/rituel-d-orthographe-dictees-flashs-a45515871

trompettemarine a écrit:Pour l'orthographe lexicale :
Je ne suis pas PE, et je ne me prétends donc pas spécialiste en la matière. Mon propos est celle de l'ancienne élève. Je me souviens qu'en CE1, puis jusqu'à la fin du CM2 (je n'ai pas de souvenirs du CP), on devait copier tous les soirs dix fois (parfois seulement cinq fois : cette réduction était un soulagement quand elle arrivait), quatre à dix mots par jour. Cela faisait un peu bourrage de crâne, mais on utilisait ainsi la mémoire visuelle et la mémoire gestuelle. En cours nous avions des moments où l'on épelait à voix haute toute une série de mots.
Cette pratique a-t-elle encore cours ?

Peut-être est-il imaginable d'élaborer un petit concours par niveau pour inciter les élèves, avec au terme de leurs efforts, un dictionnaire offert par la mairie pour la suite de leurs études en collège pour les uns ; d'autres lots seraient à imaginer pour les autres niveaux.

J'avoue qu'en lycée, je meurs d'envie de leur faire copier dix fois certains mots car ce sont toujours les mêmes erreurs : notamment (et non nottament), etc.

PS : J'ai conscience que mon discours est passéiste et n'est peut-être qu'une reconstruction idéalisée du passé. Je sais aussi que s'il y avait plus de temps scolaire et moins de périscolaire... Bref je compatis.

Cette méthode a failli me dégoûter de l'orthographe et de l'école.