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- NLM76Grand Maître
Je trouve que ce qu'on enjoint de travailler sous le nom d'«écriture d'invention» peut être fort intéressant, dès lors qu'on le comprend comme écriture d'imitation, et qu'on y attend la reprise des idées et techniques découvertes chez les auteurs grâce à l'analyse littéraire.
En outre, comme il est devenu quasi impossible de donner des commentaires et des dissertations à faire à la maison, je le pratique régulièrement. Ainsi ai-je donné à mes 1re L, à qui je fais étudier des extraits du Roland, le sujet suivant:
Vous composerez, à l'imitation de l'auteur de la Chanson de Roland, une laisse assonancée en décasyllabes épiques (et en français moderne!) qui racontera l'épisode du Cheval de Troie rapporté par Démodocos au chant VIII (vv. 492-522) de l'Odyssée .
Consignes et barème (/40)
Pour chaque vers juste (4+(e)+6+(e)), 2 points donnés. (vous avez le droit de composer plus de vingt vers, pour assurer le coup; en outre, j'attribue des notes au-delà de 20)
Pour l'assonance, 1/4 par vers.
Des points en plus pour les trouvailles et imitations (de ce qui a été repéré dans les laisses déjà analysées en classe) bienvenues.
Points en moins :
Orthographe : comme pour une dictée : 2pts pour l'orth. gr.
Ponctuation : 1/2 pt par faute
Syntaxe et vocabulaire: même barème que pour un thème (ns, barb, -3pts; sol. -2pt; fs -1 pt)
Hors-sujet : on n'en parle même pas, copie refusée.
Bon, alors évidemment, j'ai plein de vers faux: nos élèves ne savent pas compter jusqu'à six et ne savent pas distinguer une voyelle d'une consonne. La ponctuation est très défaillante; la syntaxe est souvent très fautive, voire délirante, puisque l'écriture poétique, c'est le n'importe quoi généralisé, dans lequel on cherche désespérément le sens. L'orthographe est en vacances. De sorte que si j'attribue vraiment une note à toutes les copies qui m'ont été rendues, ce sera zéro pour la majorité. Bon, comme je suis un pédagogue patenté et que ma mansuétude ne connaît pas de bornes, je leur donne une deuxième chance: après une première correction rapide (uniquement sur la justesse des vers), je leur rends leur copie à reprendre pour lundi afin d'avoir une chance d'obtenir une note convenable (je leur aurai fait aussi un corrigé collectif sur les fautes qui tuent).
Cependant, sur ma trentaine d'élèves, deux ou trois m'ont rendu une copie valable, c'est-à-dire excellente, que j'ai notée directement, ce qui est pour moi la preuve définitive de l'intérêt de l'exercice. L'un d'entre eux en particulier m'a composé 60 vers presque tous justes, tous assonancés de façon très exacte, dans un français parfait, à l'exception de deux ou trois maladresses, qui témoignent d'une compréhension assez profonde de la littérature épique médiévale, et d'un vrai travail littéraire. A ce joli et touchant pastiche, j'ai attribué 73/20.
Pour tous les autres, quoi qu'il en soit:
-ils ont dû aller lire l'extrait de l'Odyssée en question.
-ils ont fait l'expérience du travail et de la difficulté de l'écriture littéraire
-ils peuvent dire de l'auteur "whaouw: il en a fait 4000 de haut niveau, alors que j'ai sué sang et eau pour en faire médiocrement une vingtaine".
-ils commencent à comprendre l'intérêt de tous les détails que nous analysons en classe pour composer un texte qui produise l'effet attendu.
-ils bossent l'orthographe et la grammaire.
En outre, comme il est devenu quasi impossible de donner des commentaires et des dissertations à faire à la maison, je le pratique régulièrement. Ainsi ai-je donné à mes 1re L, à qui je fais étudier des extraits du Roland, le sujet suivant:
Vous composerez, à l'imitation de l'auteur de la Chanson de Roland, une laisse assonancée en décasyllabes épiques (et en français moderne!) qui racontera l'épisode du Cheval de Troie rapporté par Démodocos au chant VIII (vv. 492-522) de l'Odyssée .
Consignes et barème (/40)
Pour chaque vers juste (4+(e)+6+(e)), 2 points donnés. (vous avez le droit de composer plus de vingt vers, pour assurer le coup; en outre, j'attribue des notes au-delà de 20)
Pour l'assonance, 1/4 par vers.
Des points en plus pour les trouvailles et imitations (de ce qui a été repéré dans les laisses déjà analysées en classe) bienvenues.
Points en moins :
Orthographe : comme pour une dictée : 2pts pour l'orth. gr.
Ponctuation : 1/2 pt par faute
Syntaxe et vocabulaire: même barème que pour un thème (ns, barb, -3pts; sol. -2pt; fs -1 pt)
Hors-sujet : on n'en parle même pas, copie refusée.
Bon, alors évidemment, j'ai plein de vers faux: nos élèves ne savent pas compter jusqu'à six et ne savent pas distinguer une voyelle d'une consonne. La ponctuation est très défaillante; la syntaxe est souvent très fautive, voire délirante, puisque l'écriture poétique, c'est le n'importe quoi généralisé, dans lequel on cherche désespérément le sens. L'orthographe est en vacances. De sorte que si j'attribue vraiment une note à toutes les copies qui m'ont été rendues, ce sera zéro pour la majorité. Bon, comme je suis un pédagogue patenté et que ma mansuétude ne connaît pas de bornes, je leur donne une deuxième chance: après une première correction rapide (uniquement sur la justesse des vers), je leur rends leur copie à reprendre pour lundi afin d'avoir une chance d'obtenir une note convenable (je leur aurai fait aussi un corrigé collectif sur les fautes qui tuent).
Cependant, sur ma trentaine d'élèves, deux ou trois m'ont rendu une copie valable, c'est-à-dire excellente, que j'ai notée directement, ce qui est pour moi la preuve définitive de l'intérêt de l'exercice. L'un d'entre eux en particulier m'a composé 60 vers presque tous justes, tous assonancés de façon très exacte, dans un français parfait, à l'exception de deux ou trois maladresses, qui témoignent d'une compréhension assez profonde de la littérature épique médiévale, et d'un vrai travail littéraire. A ce joli et touchant pastiche, j'ai attribué 73/20.
Pour tous les autres, quoi qu'il en soit:
-ils ont dû aller lire l'extrait de l'Odyssée en question.
-ils ont fait l'expérience du travail et de la difficulté de l'écriture littéraire
-ils peuvent dire de l'auteur "whaouw: il en a fait 4000 de haut niveau, alors que j'ai sué sang et eau pour en faire médiocrement une vingtaine".
-ils commencent à comprendre l'intérêt de tous les détails que nous analysons en classe pour composer un texte qui produise l'effet attendu.
-ils bossent l'orthographe et la grammaire.
- doctor whoDoyen
Super.
Cela me confirme dans l'idée que "l'écriture d'invention", c'est en vers ou ça n'est pas.
Cela me confirme dans l'idée que "l'écriture d'invention", c'est en vers ou ça n'est pas.
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- NLM76Grand Maître
Je ne suis cependant pas tout à fait d'accord. C'est vrai que c'est plus facile à mettre en œuvre. Mais pour ce qui est de la prose, je ne crois pas que ce soit impossible.
- ElyasEsprit sacré
Je ne suis pas enseignant en lettres mais, je trouve ta démarche lumineuse. Dans une école qui dénigre le faire écrire, ton travail est salutaire.
En te lisant, je me disais que tu avais à peu près la même démarche que certains cours d'écriture des universités américaines, celles menant au travail d'écrivain. As-tu étudié un peu ce qu'ils faisaient ?
Pour la prose, je pense que c'est possible mais pas au collège ou au lycée. Ou alors avec des lectures intensives de nombreux romans du même auteur.
En te lisant, je me disais que tu avais à peu près la même démarche que certains cours d'écriture des universités américaines, celles menant au travail d'écrivain. As-tu étudié un peu ce qu'ils faisaient ?
Pour la prose, je pense que c'est possible mais pas au collège ou au lycée. Ou alors avec des lectures intensives de nombreux romans du même auteur.
- SphinxProphète
J'essaie de faire le même type de choses (à mon petit niveau, en collège...) par exemple, en cinquième, après avoir étudié Yvain et des extraits de Lancelot (le combat au plus mal entre autres), je leur demande d'inventer à leur tour un épisode de tournoi mettant en scène un autre chevalier, en utilisant le vocabulaire spécifique que je leur fais apprendre qu préalable. Problème : j'ai l'impression que ce qu'ils lisent leur glisse dessus comme sur les plumes d'un canard et la plupart me produit toujours les mêmes textes vides de tout. Comment évalues-tu concrètement la réutilisation des connaissances et des procédés, dans ton barème ?
_________________
An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- IphigénieProphète
Le problème c'est que le type de travail proposé par Nml ne s'applique qu'à 2 ou 3 élèves au mieux par classe.
Ces pastiches à la manière de... sont d'ailleurs ce qui était prévu au départ, avant qu'on ne parle plutôt de texte argumentatif.
Si le sujet est séduisant pour le professeur, il faut aussi imaginer la masse de travail que cela demande à l'élève: et comme la plupart aujourd'hui ont parfaitement compris la puissance de la force d'inertie, ça donnera inévitablement beaucoup de copies où l'élève ne joue pas ce jeu d'implication maximale sans lequel le travail n'est pas faisable.
Ces pastiches à la manière de... sont d'ailleurs ce qui était prévu au départ, avant qu'on ne parle plutôt de texte argumentatif.
- Spoiler:
Lorsqu'une IPR est venue nous présenter ces nouveaux sujets dans les années 2000 où ils ont été mis en place, elle avait donné comme exemple :
Vous étudiez avec les élèves le poème d'Apollinaire: " Si je mourais là bas...": imaginez la lettre en prose qu'Apollinaire pourrait envoyer à Lou pour lui parler de son quotidien dans les tranchées."
On avait suggéré une légère correction: "imaginez la lettre que le copain de chambrée d'Apollinaire pourrait envoyer à sa bien aimée..."
L'Ipr a boudé devant notre manque de sérieux...
Si le sujet est séduisant pour le professeur, il faut aussi imaginer la masse de travail que cela demande à l'élève: et comme la plupart aujourd'hui ont parfaitement compris la puissance de la force d'inertie, ça donnera inévitablement beaucoup de copies où l'élève ne joue pas ce jeu d'implication maximale sans lequel le travail n'est pas faisable.
- NLM76Grand Maître
Eh bien dans la réalité que je connais, c'est le commentaire et la dissert qui ne donnent quelque chose que pour deux ou trois élèves par classe. En outre, si j'ai eu effectivement deux copies brillantissimes, j'en ai eu 4 autres très intéressantes, et l'immense majorité des autres n'était pas si mal; en outre, elles deviendront pour l'essentiel potables au deuxième essai.Iphigénie a écrit:Le problème c'est que le type de travail proposé par Nml ne s'applique qu'à 2 ou 3 élèves au mieux par classe.
Je ne suis déjà pas sûre non plus qu'en tant qu'élève j'aurais aimé ce type de travail....
Si le sujet est séduisant pour le professeur, il faut aussi imaginer la masse de travail que cela demande à l'élève: et comme la plupart aujourd'hui ont parfaitement compris la puissance de la force d'inertie, ça donnera inévitablement beaucoup de copies où l'élève ne joue pas ce jeu d'implication maximale sans lequel le travail n'est pas faisable.
Non, non, le pastiche n'est pas plus inaccessible que le commentaire.
- NLM76Grand Maître
Pour éviter les textes vides de tout, j'ai amélioré beaucoup la situation depuis que je leur donne le fond. Le sujet, c'est : FOND(texte X) x FORME (texte Y). En l'occurrence, le sujet était donné par Homère et la forme par "Turold".Sphinx a écrit:J'essaie de faire le même type de choses (à mon petit niveau, en collège...) par exemple, en cinquième, après avoir étudié Yvain et des extraits de Lancelot (le combat au plus mal entre autres), je leur demande d'inventer à leur tour un épisode de tournoi mettant en scène un autre chevalier, en utilisant le vocabulaire spécifique que je leur fais apprendre qu préalable. Problème : j'ai l'impression que ce qu'ils lisent leur glisse dessus comme sur les plumes d'un canard et la plupart me produit toujours les mêmes textes vides de tout. Comment évalues-tu concrètement la réutilisation des connaissances et des procédés, dans ton barème ?
Pour les bonnes idées, je mets des ab et des b dans la marge, comptant bonus.
- doctor whoDoyen
Des mash-up, donc.
Pas bête.
Mais selon moi, bien plus abordable au lycée (où on en fait peu), qu'au collège (où l'on ne fait que ça : suite de texte, pastiche, changement de point de vue, etc.)
Dans l'absolu, il faudrait que les élèves aient beaucoup plus lu (et des choses plus variées) depuis la 6e qu'ils ne l'ont fait.
Pas bête.
Mais selon moi, bien plus abordable au lycée (où on en fait peu), qu'au collège (où l'on ne fait que ça : suite de texte, pastiche, changement de point de vue, etc.)
Dans l'absolu, il faudrait que les élèves aient beaucoup plus lu (et des choses plus variées) depuis la 6e qu'ils ne l'ont fait.
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- totoroMonarque
J'ai déjà eu des choses intéressantes. Je constate que plus les élèves s'imposent de contraintes, meilleurs sont les devoirs. Par exemple, suite à l'etude de Ruy Blas, j'ai demandé un monologue sans imposer l'alexandrin. Les élèves qui l'ont fait en prose se sont plantés. Ceux qui ont fait l'effort de travailler en vers ont fait des choses bien. Celle qui a tenté l'alexandrin a eu 17...
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- NLM76Grand Maître
Des mash-up ?doctor who a écrit:Des mash-up, donc.
Pas bête.
Mais selon moi, bien plus abordable au lycée (où on en fait peu), qu'au collège (où l'on ne fait que ça : suite de texte, pastiche, changement de point de vue, etc.)
Dans l'absolu, il faudrait que les élèves aient beaucoup plus lu (et des choses plus variées) depuis la 6e qu'ils ne l'ont fait.
- User5899Demi-dieu
Quelque chose me dit que pour proposer cela, le lire, le redonner, le relire, il faut encore s'intéresser un peu à ce qu'on fait.
Ca me reprendra peut-être un jour.
Actuellement, quitte à lire des conneries, j'aime autant qu'ils ne fassent pas de style.
Ca me reprendra peut-être un jour.
Actuellement, quitte à lire des conneries, j'aime autant qu'ils ne fassent pas de style.
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
C'est faisable avec de la prose, à condition de les aider à repérer précisément les procédés de style voire les "tics " de l'auteur. Démarche qui consiste à proposer un fond précis très porteuse aussi. Je l'ai proposé parfois en exercice d'évaluation d'une lecture (sur un extrait). Cela permet aussi aux élèves de comprendre qu'il s'agit non pas "d'invention " selon l'intitulé bête du sujet mais bien de "création littéraire ", -c'est ainsi que je rebaptise ce sujet. Du coup ceux qui vraiment n'en sont pas capables ont tendance à s'abstenir; c'est déjà ça de pris.
- NLM76Grand Maître
Et ce jour-là, vous ferez de l'écripure d'invention.Cripure a écrit:Quelque chose me dit que pour proposer cela, le lire, le redonner, le relire, il faut encore s'intéresser un peu à ce qu'on fait.
Ca me reprendra peut-être un jour.
- doctor whoDoyen
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mashup_(musique)
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- SphinxProphète
Merci pour ta réponse Nlm. A voir comment je peux mettre ce genre de truc en place avec les collégiens... (pas sur chaque rédac, s'entend, parce que ça me paraît effectivement lourd à gérer).
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"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- User5899Demi-dieu
Faut pas nabucer.nlm76 a écrit:Et ce jour-là, vous ferez de l'écripure d'invention.Cripure a écrit:Quelque chose me dit que pour proposer cela, le lire, le redonner, le relire, il faut encore s'intéresser un peu à ce qu'on fait.
Ca me reprendra peut-être un jour.
- IphigénieProphète
Pardonnez-moi de ne pas être d'accord avec ces sujets (encore que là, les élèves ont le choix, ce qui en effet me paraît plus raisonnable): s'il s'agit de reproduire des tics d'écriture, c'est mortel pour la création. S'il s'agit de création littéraire ce n'est pas évaluable objectivement.Écusette de Noireuil a écrit:C'est faisable avec de la prose, à condition de les aider à repérer précisément les procédés de style voire les "tics " de l'auteur. Démarche qui consiste à proposer un fond précis très porteuse aussi. Je l'ai proposé parfois en exercice d'évaluation d'une lecture (sur un extrait). Cela permet aussi aux élèves de comprendre qu'il s'agit non pas "d'invention " selon l'intitulé bête du sujet mais bien de "création littéraire ", -c'est ainsi que je rebaptise ce sujet. Du coup ceux qui vraiment n'en sont pas capables ont tendance à s'abstenir; c'est déjà ça de pris.
Ce qui me gêne beaucoup dans ces sujets d'invention-création, c'est qu'ils mélangent ce qui relève de l'école: apprendre, comprendre, analyser et ce qui relève de la création artistique: écrire, mettre en scène.
Je peux former et évaluer un raisonnement, pas un talent d'écriture ou un sens artistique.
Je comprends qu'un élève de S à qui on demande d'écrire une épopée à la façon de Gilgamesh se sente aussi démuni que moi si le prof d'EPS me demandait de danser le final du Lac des cygnes en m'imposant quinze techniques de pointes et entrechats dûment théorisées.
- doctor whoDoyen
Iphigénie a écrit:Pardonnez-moi de ne pas être d'accord avec ces sujets (encore que là, les élèves ont le choix, ce qui en effet me paraît plus raisonnable): s'il s'agit de reproduire des tics d'écriture, c'est mortel pour la création. S'il s'agit de création littéraire ce n'est pas évaluable objectivement.Écusette de Noireuil a écrit:C'est faisable avec de la prose, à condition de les aider à repérer précisément les procédés de style voire les "tics " de l'auteur. Démarche qui consiste à proposer un fond précis très porteuse aussi. Je l'ai proposé parfois en exercice d'évaluation d'une lecture (sur un extrait). Cela permet aussi aux élèves de comprendre qu'il s'agit non pas "d'invention " selon l'intitulé bête du sujet mais bien de "création littéraire ", -c'est ainsi que je rebaptise ce sujet. Du coup ceux qui vraiment n'en sont pas capables ont tendance à s'abstenir; c'est déjà ça de pris.
Ce qui me gêne beaucoup dans ces sujets d'invention-création, c'est qu'ils mélangent ce qui relève de l'école: apprendre, comprendre, analyser et ce qui relève de la création artistique: écrire, mettre en scène.
Je peux former et évaluer un raisonnement, pas un talent d'écriture ou un sens artistique.
Je comprends qu'un élève de S à qui on demande d'écrire une épopée à la façon de Gilgamesh se sente aussi démuni que moi si le prof d'EPS me demandait de danser le final du Lac des cygnes en m'imposant quinze techniques de pointes et entrechats dûment théorisées.
Je crois que je suis d'accord, pour le collège. Mais pour des lycéens qui seraient alphabétisés et à peu près cultivés, l'exercice doit avoir des vertus pédagogiques.
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- Thalia de GMédiateur
Néanmoins, n'y a-t-il pas un préalable, que nous pratiquons peu ou prou dans l'imitation ? J'ai eu des réécritures de Sévigné, La Bruyère, la Bible magnifiques.Iphigénie a écrit:Pardonnez-moi de ne pas être d'accord avec ces sujets (encore que là, les élèves ont le choix, ce qui en effet me paraît plus raisonnable): s'il s'agit de reproduire des tics d'écriture, c'est mortel pour la création. S'il s'agit de création littéraire ce n'est pas évaluable objectivement.Écusette de Noireuil a écrit:C'est faisable avec de la prose, à condition de les aider à repérer précisément les procédés de style voire les "tics " de l'auteur. Démarche qui consiste à proposer un fond précis très porteuse aussi. Je l'ai proposé parfois en exercice d'évaluation d'une lecture (sur un extrait). Cela permet aussi aux élèves de comprendre qu'il s'agit non pas "d'invention " selon l'intitulé bête du sujet mais bien de "création littéraire ", -c'est ainsi que je rebaptise ce sujet. Du coup ceux qui vraiment n'en sont pas capables ont tendance à s'abstenir; c'est déjà ça de pris.
Ce qui me gêne beaucoup dans ces sujets d'invention-création, c'est qu'ils mélangent ce qui relève de l'école: apprendre, comprendre, analyser et ce qui relève de la création artistique: écrire, mettre en scène.
Je peux former et évaluer un raisonnement, pas un talent d'écriture ou un sens artistique.
Je comprends qu'un élève de S à qui on demande d'écrire une épopée à la façon de Gilgamesh se sente aussi démuni que moi si le prof d'EPS me demandait de danser le final du Lac des cygnes en m'imposant quinze techniques de pointes et entrechats dûment théorisées.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- IphigénieProphète
Je ne suis pas intégriste, on peut exceptionnellement, se faire plaisir en classe en proposant ce type d'exercices: mais ce ne devrait déjà pas être un sujet d'examen, plutôt une récréation recréative...
D'ailleurs il n'y a qu'à constater ce qu'on est obligé de corriger au bac pour voir que la pédagogie de la création artistique n'est pas au point si ce n'est surtout pour détourner l'effort d'apprentissage du raisonnement et de l'analyse dans le commentaire et la dissertation et remplacer le jugement objectif de savoirs par un enthousiasme subjectif devant des attentes aléatoires selon le correcteur.
D'ailleurs il n'y a qu'à constater ce qu'on est obligé de corriger au bac pour voir que la pédagogie de la création artistique n'est pas au point si ce n'est surtout pour détourner l'effort d'apprentissage du raisonnement et de l'analyse dans le commentaire et la dissertation et remplacer le jugement objectif de savoirs par un enthousiasme subjectif devant des attentes aléatoires selon le correcteur.
- SphinxProphète
J'avoue que je saisis mal l'intérêt de l'écriture d'invention au bac ou au brevet. Mais en classe, ça peut être formateur.
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- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Plutôt d'accord avec ce point de vue. Mais comme nou
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Plutôt d'accord avec ce point de vue. Mais comme nous devons former les élèves à l'examen, leur faire comprendre la difficulté de ce type de travail est bien nécessaire.
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Désolée pour les "bugs" mais actuellement sur la version mobile du site je ne peux ni previsualiser ni éditer mes messages. ..
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
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