Idées de textes complémentaires pour L'Etranger de Camus (1ère)?

Bonjour/bonsoir...
Dans le cadre d'une séquence sur L'Etranger et je cherche des textes complémentaires. Avez-vous des idées ? Quel serait l'intérêt de chacun ?

Merci beaucoup d'avance.

moi j'ai pris dans un manuel des textes d'oeuvres diverses montrant l'évolution du personnage de roman
+ 1 extrait en LA de la Princesse de Clèves
et j'avais pensé à un extrait de Bel Ami , mais j'en aurais pas le tps...

Oui, par manque de temps, il est fort probable que je pioche aussi ds les manuels...

Bonjour, alors moi je vais axer ma problématique autour de Meursault représentatif de l'absurde,
Et je vais piocher dans ces textes complémentaires suivant mon inspiration pour monter la séquence.
Franz Kafka, Le Procès et passage du film d’Orson Welles.
Charles Baudelaire, « L’Étranger » in Spleen de Paris
(Georges Brassens, « La non-demande en mariage ») si je vais une LA de la demande en mariage.
Victor Hugo, Le Dernier jour d’un condamné, excipit
Jean-Paul Sartre, La Nausée.
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe

Voilà, je ne sais pas si cela t'aidera! en sachant que je ne suis que stagiaire.

L'idéal serait de trouver aussi un texte qui fasse bien comprendre aux élèves que, pour un Français de souche, tuer un arabe en Algérie Française en 1930 ou 1940 n'est pas en soi un délit passible de la peine capitale, ce qui n'est pas a priori évident pour eux, et montre bien à quel point la personnalité de Meursault est absurde.
On ne lui demande même pas d'avoir du remords d'avoir tué cet arabe.

Peut-être le film Coup de Torchon, ou un extrait de Voyage au bout de la Nuit, pris dans la partie qui se passe en Afrique ?

Le texte de Camus est appuyé sur une réalité politique. Même si son propos n'est pas principalement de dénoncer un état de fait, c'est quand même une des dimensions du bouquin et ce d'autant plus que cette réalité est, elle aussi, absurde. C'est bien pour un acte a priori anodin qu'il est condamné, et le fait que cet acte soit tenu pour anodin est absurde.

Pourquoi ne pas proposer des extraits d'autres oeuvres de Camus ? Quelque chose du Mythe de Sisyphe ? La lecture des Justes, une nouvelle extraite de L'exil et le royaume ? Des Chroniques sur l'Algérie, ou des extraits des Carnets. Ou évoquer la fameuse interview qui lui demande de choisir entre sa mère et l'Algérie...

Ou bien leur donner à traduire "Killing an arab" de The Cure. Cela ferait un projet interdisciplinaire modernissime... de la version!
Sinon, pourquoi s'échiner à donner plein de trucs autour du texte étudié ? Rien ne nous interdit d'étudier le texte en lui-même; plutôt que de perdre du temps à la périphérie du texte[/b]. De sorte qu'ils le connaissent bien, on peut préférer de faire deux explications de texte en plus dans l'oeuvre, plutôt que de passer du temps à tourner autour.

Au fait , l'oeuvre de Camus "L'Etranger" peut-elle s'inscrire dans deux objets d'étude sans problème : la question de l'Homme et le personnage de roman?

Sur le descriptif pour l'oral du bac , peut-on préciser deux objets d'étude croisés?

Je crois que cela ne pose pas de problème. J'ai déjà vu des descriptifs d'EAF précisant les objets d'étude croisés.

Pénélope59 a écrit:Au fait , l'oeuvre de Camus "L'Etranger" peut-elle s'inscrire dans deux objets d'étude sans problème : la question de l'Homme et le personnage de roman?

Sur le descriptif pour l'oral du bac , peut-on préciser deux objets d'étude croisés?

Oui/Bien sûr
C'est d'ailleurs ce qui se pratique souvent concernant L'Etranger.

et avec Baudelaire, on peut même croiser avec la poésie  

Noces à tipasa, Mythe de Sisyphe. Dernier jour d un condamné et le film Le Procès comme évoqué plus haut...

Li-Li a écrit:Bonjour, alors moi je vais axer ma problématique autour de Meursault représentatif de l'absurde,
Et je vais piocher dans ces textes complémentaires suivant mon inspiration pour monter la séquence.
Franz Kafka, Le Procès et passage du film d’Orson Welles.
Charles Baudelaire, « L’Étranger » in Spleen de Paris
(Georges Brassens, « La non-demande en mariage ») si je vais une LA de la demande en mariage.
Victor Hugo, Le Dernier jour d’un condamné, excipit
Jean-Paul Sartre, La Nausée.
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe

Voilà, je ne sais pas si cela t'aidera! en sachant que je ne suis que stagiaire.

Quitte à mettre un Brassens, la mauvaise réputation, ou la mauvaise herbe, me paraissent plus proches du thème.

Bonjour,
je fais aussi une séquence sur l'étranger en "O.E." croisés, argumentation et roman, avec comme problématique : "Comment le personnage de Meursault nous amène-t-il à modifier notre regard sur l'homme et la société ?"

Voici où j'en suis de la planification de mes L.A./ L.C., ça vous donnera peut-être des idées, et si vous voulez me donner votre avis sur l'ensemble, ça me sera sûrement utile.

Dans ce cadre, j'étudie en L.A. (mais je pense "relire" avec les élèves d'autres extraits) :  
1) Le discours du procureur et les questions qu'il pose sur la justice (qui juge l'accusé sur un autre chef d'accusation que celui retenu pour le procès, et qui fait de l'accusé un second rôle dans un procès où chacun vient montrer son talent oratoire etc.)
avec un lien vers la construction des discours antiques ("rappel" de seconde…)
2) L'indifférence de Meursault à la mort de sa mère, le vrai "chef d'accusation", qui pose aussi la question de la narration (si Meursault commence par là, c'est sans doute qu'il écrit après le procès, où on lui a reproché cette indifférence) : ne pas pleurer à l'enterrement de sa mère est-il un crime ?
L.C. Le meurtre / Extrait d'Eichmann à Jerusalem d'H. Arendt : question de la conscience morale.
3) L'entretien avec le juge d'instruction et l'idée que lui, comme son secrétaire, se fait de Meursault : Quel Meursault découvrent-ils ? Comment est-il construit pour eux, qui n'ont pas lu la même "première partie" que nous ?
4) L'entrée en prison, l'amor fati de Meursault : un personnage tragique ?
L.C. la condamnation à mort (excipit) et le discours de Tarrou dans La Peste (où il raconte qu'il a assisté à une exécution, et où il explique quelle éthique il en a tirée).

En fin de compte, on devrait voir que Meursault est un personnage "existentialiste" (L.C. finale de Sartre, Situations) de la catégorie romanesque des "antihéros", qui est vu par la justice comme un monstre d'indifférence et qui, pour le lecteur, peut aller jusqu'à acquérir le statut de "héros tragique".
On montrera donc que le personnage nous amène à remettre en cause non seulement des institutions (la justice, la presse, la prison…) mais aussi la conception univoque de l'individu, qui a été portée entre autres par les romans traditionnels (L.C. incipit de Louis Lambert).

Je trouve l'idée de Telmouk, Le dernier jour d'un condamné, super intéressante. Je retiens pour une prochaine année.
Par contre je placerai la LC avant l’œuvre intégrale (ça se fait, ça?) pour que les élèves mesurent bien l'écart entre un condamné idéalisé et Meursault.

Sinon, pas de remarque particulière sur les choix de LA

Concernant Le dernier jour d'un condamné , j'ai sélectionné des passages comme l'incipit, la scène de la visite de sa fille, celle du prêtre, l'excipit car le parallèle avec l'Etranger est intéressant. L'ensemble des extraits tient dans un A3 recto verso et cela a bien marché. Je l'ai compté comme une lecture cursive.

Evina a écrit:Bonjour,
je fais aussi une séquence sur l'étranger en "O.E." croisés, argumentation et roman, avec comme problématique : "Comment le personnage de Meursault nous amène-t-il à modifier notre regard sur l'homme et la société ?"

Pardon, mais ce n'est pas une problématique, puisque ce qui pourrait être en question a en fait une réponse dans l'intitulé. "Se raconter, est-ce se comprendre ?", par exemple, serait une vraie problématique.
Sur les extraits, je trouve dommage de ne pas étudier la scène du meurtre, parce que les figures de style employées comme biais pour évacuer la responsabilité, ça fait une étude assez riche.

Merci Cripure pour cette remarque !

Pour la scène du meurtre, je peux remplacer l'incipit (de toute façon, une lecture attentive même sans L.A. ne peut être évitée) par celle du meurtre… C'est vrai qu'elle est pas mal…

Mais pour revenir à cette histoire de problématique, je ne vois pas exactement pourquoi ma question ne convient pas…
Je veux bien des éclaircissements…

Le problème, pour moi, avec "se raconter, est-ce se comprendre ?" c'est que ça ne correspond vraiment pas à ce que je voudrais travailler :
ce qui m'intéresse, c'est de faire voir aux élèves que le personnage se construit différemment pour le lecteur et pour les institutions (justice et presse) et que cette différence entre les toutes les visions de Meursault (par lui-même, par ses amis, par le juge, par le lecteur) révèlent une manière "phénoménologique" de voir l'homme… ("existentialiste", dit Sartre) qui n'a pas une essence précédant son existence, quoi qu'en veuillent penser avocat, aumônier et procureur.
Et bien sûr, par là on pourrait arriver une remise en question de la "justice" qui se préoccupe plus de stabilité de la société que de justice…
Et là, j'aurais le sentiment d'avoir traité d'un même coup "personnage de roman" et "question de l'homme".

Mais alors quelle problématique faudrait-il prendre ?

A la louche, ton projet m'amènerait à ce genre de problématique :

- Dans quelle mesure le personnage de Meursault est-il la cristallisation de différentes visions du monde ?
(là, je suis pas très satisfaite par ma propre formulation)

- Le personnage de Meursault est-il aussi simple qu'il paraît ?
(pour cette formulation, je n'hésiterai pas, avec une classe faible, parce que c'est structurant par rapport au projet et que ça aidera les élèves à bien répondre aux questions sur l'OI, le jour du bac ; tu places la phénoménologie en bilan et les meilleurs élèves sauront utiliser)

mrl a écrit:
- Le personnage de Meursault est-il aussi simple qu'il paraît ?
(pour cette formulation, je n'hésiterai pas, avec une classe faible, parce que c'est structurant par rapport au projet et que ça aidera les élèves à bien répondre aux questions sur l'OI, le jour du bac ; tu places la phénoménologie en bilan et les meilleurs élèves sauront utiliser)

Mmm… en effet, ça ne paraît pas mal…
Merci.

Spoiler:

Cripure te répondra sans doute pour expliquer ce qui le gênait.

Moi, je n'étais pas gênée a priori. En y réfléchissant, suite à la remarque de Cripure, je me suis dit qu'elle était peut-être un poil trop générale.