- JohnMédiateur
Samedi 7 février, 15h, lycée Henri IV, 23 rue Clovis, 75005 Paris
Rencontre avec Hervé Boillot, professeur de philosophie au lycée Descartes à Sceaux, auteur avec Michel Le Du de La pédagogie du vide, critique du discours pédagogique contemporain (Presses universitaires de France)
« A quel âge philosopher? »
Phénomène de mode ou tendance plus lourde? Il est de fait qu'aujourd'hui, la philosophie sort de ses gonds: on philosophe dans les cafés, mais aussi dans certaines classes du primaire, subvertissant la hiérarchie des compétences, des âges et des ordres d'enseignement. En France et ailleurs se développe un vif intérêt pour les pratiques de discussion à visée philosophique avec des enfants.
La question de l'âge auquel initier les élèves à la philosophie est déjà ancienne, et tout sauf anecdotique. Elle a été posée dans les années 1970, à une époque où l'institution de l'enseignement de philosophie se trouvait vivement contestée, comme d'ailleurs l'ensemble des institutions d'enseignement, par la critique politique. Le greph -groupe de recherche sur l'enseignement de la philosophie- a été fondé par Jacques Derrida en 1975 avec précisément comme projet phare l'extension de l'enseignement de la philosophie en amont et en aval de la classe de terminale, contestant qu'il y ait un âge naturel pour commencer l'étude de la philosophie. A travers la question de l'âge, c'est la conception même de la philosophie et de son enseignement qui s'est trouvé interrogée, la manière dont elle s'est trouvée instituée comme discipline d'enseignement et le statut singulier que les autorités politiques républicaines lui ont conférée historiquement en faisant de son enseignement, en classe terminale, le couronnement des études secondaires. La question de l'âge du philosopher était en fait un levier par lequel certains enseignants de philosophie - Jacques Derrida le premier-pensaient à l'époque pouvoir réformer son enseignement -les autres s'y opposant parce qu'ils défendaient au contraire le statu quo pédagogique et l'ancrage institutionnel de la discipline. Ce point a été une source d'achoppement dans la profession, et on peut montrer que le front qu'a ouvert Derrida au milieu des années 1970 l'a partagée en deux camps -numériquement inégaux, il est vrai-, partage que l'on retrouve tout au long des trente ans qui suivent, et tout particulièrement entre 1989 et 2003 lorsqu'il fut question de réformer le programme de philosophie des séries générales. Cette histoire est peut-être sur le point de trouver son épilogue, puisque la réforme du lycée qui se dessine, pour autant qu'on puisse en avoir de vagues rumeurs, avancerait -le conditionnel est de mise- en première l'enseignement de la philosophie (deux heures hebdomadaires), et réduirait l'enseignement de celle-ci à trois heures en classe de terminale dans le cadre du tronc commun, avec la possibilité pour les élèves qui voudraient en approfondir l'étude de la choisir comme option. Par une curieuse ironie de l'histoire, la réforme Sarkozy-Darcos est peut-être à deux doigts de réaliser ce que les professeurs de philosophie avaient, en se mobilisant, empêché Giscard-Haby de faire en 1975 -et cela, sur fond d'une diminution drastique des postes proposés aux concours de philosophie depuis quelques années et des effectifs de la terminale littéraire. On voudrait revenir sur cette histoire et sur cette question -très bonne question, en fait, pour savoir où en est la philosophie avec l'institution, le pouvoir, l'autorité, la discipline, le politique, avec l'ordre des âges et le désordre démocratique.
Rencontre avec Hervé Boillot, professeur de philosophie au lycée Descartes à Sceaux, auteur avec Michel Le Du de La pédagogie du vide, critique du discours pédagogique contemporain (Presses universitaires de France)
« A quel âge philosopher? »
Phénomène de mode ou tendance plus lourde? Il est de fait qu'aujourd'hui, la philosophie sort de ses gonds: on philosophe dans les cafés, mais aussi dans certaines classes du primaire, subvertissant la hiérarchie des compétences, des âges et des ordres d'enseignement. En France et ailleurs se développe un vif intérêt pour les pratiques de discussion à visée philosophique avec des enfants.
La question de l'âge auquel initier les élèves à la philosophie est déjà ancienne, et tout sauf anecdotique. Elle a été posée dans les années 1970, à une époque où l'institution de l'enseignement de philosophie se trouvait vivement contestée, comme d'ailleurs l'ensemble des institutions d'enseignement, par la critique politique. Le greph -groupe de recherche sur l'enseignement de la philosophie- a été fondé par Jacques Derrida en 1975 avec précisément comme projet phare l'extension de l'enseignement de la philosophie en amont et en aval de la classe de terminale, contestant qu'il y ait un âge naturel pour commencer l'étude de la philosophie. A travers la question de l'âge, c'est la conception même de la philosophie et de son enseignement qui s'est trouvé interrogée, la manière dont elle s'est trouvée instituée comme discipline d'enseignement et le statut singulier que les autorités politiques républicaines lui ont conférée historiquement en faisant de son enseignement, en classe terminale, le couronnement des études secondaires. La question de l'âge du philosopher était en fait un levier par lequel certains enseignants de philosophie - Jacques Derrida le premier-pensaient à l'époque pouvoir réformer son enseignement -les autres s'y opposant parce qu'ils défendaient au contraire le statu quo pédagogique et l'ancrage institutionnel de la discipline. Ce point a été une source d'achoppement dans la profession, et on peut montrer que le front qu'a ouvert Derrida au milieu des années 1970 l'a partagée en deux camps -numériquement inégaux, il est vrai-, partage que l'on retrouve tout au long des trente ans qui suivent, et tout particulièrement entre 1989 et 2003 lorsqu'il fut question de réformer le programme de philosophie des séries générales. Cette histoire est peut-être sur le point de trouver son épilogue, puisque la réforme du lycée qui se dessine, pour autant qu'on puisse en avoir de vagues rumeurs, avancerait -le conditionnel est de mise- en première l'enseignement de la philosophie (deux heures hebdomadaires), et réduirait l'enseignement de celle-ci à trois heures en classe de terminale dans le cadre du tronc commun, avec la possibilité pour les élèves qui voudraient en approfondir l'étude de la choisir comme option. Par une curieuse ironie de l'histoire, la réforme Sarkozy-Darcos est peut-être à deux doigts de réaliser ce que les professeurs de philosophie avaient, en se mobilisant, empêché Giscard-Haby de faire en 1975 -et cela, sur fond d'une diminution drastique des postes proposés aux concours de philosophie depuis quelques années et des effectifs de la terminale littéraire. On voudrait revenir sur cette histoire et sur cette question -très bonne question, en fait, pour savoir où en est la philosophie avec l'institution, le pouvoir, l'autorité, la discipline, le politique, avec l'ordre des âges et le désordre démocratique.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- InvitéInvité
Loin de toute polémique, la doc de ma cité scolaire qui est plutôt spécialisée collége.. a évoqué la collection
gouter philo .. comme celui http://www.amazon.fr/courage-peur-Brigitte-Labb%C3%A9/dp/274591927X/ref=pd_sim_b_3
Elle voit des collégiens aller vers ses livres colorés.
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- LeclochardEmpereur
" Quand on est jeune il ne faut pas hésiter à s'adonner à la philosophie, et quand on est vieux il ne faut pas se lasser d'en poursuivre l'étude. Car personne ne peut soutenir qu'il est trop jeune ou trop vieux pour acquérir la santé de l'âme. Celui qui prétendrait que l'heure de philosopher n'est pas encore venue ou qu'elle est déjà passée, ressemblerait à celui qui dirait que l'heure n'est pas encore arrivée d'être heureux ou qu'elle est déjà passée."
Epicure, Lettre à Ménécée
Epicure, Lettre à Ménécée
- InvitéInvité
Farnace a écrit:Loin de toute polémique, la doc de ma cité scolaire qui est plutôt spécialisée collége.. a évoqué la collection
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Elle voit des collégiens aller vers ses livres colorés.
J'ai acheté, quant à moi, les philo-fables, je les exploiterais bien en 5e-4e, mais il faut que je trouve le moyen de les amener...
- RuthvenGuide spirituel
La philo. pour enfants est le seul biais que le pédagogisme a pu trouver pour s'attaquer à la philosophie, notamment dans l'enseignement primaire où l'on appelle philosophie tout et n'importe quoi (si bien que ses défenseurs parlent désormais plus souvent de discussion à visée philosophique). Sans l'élément de base qu'est le concept, je vois mal comment les enfants pourraient faire de la philosophie (sinon en appelant philosophie toute conception du monde).
L'édition surfe sur la vague, mais la collection Goûter Philo est, il faut le reconnaître, plutôt bien faite (et dans son fonds assez classique); on peut même l'utiliser pour des classes techno très faibles.
!
L'édition surfe sur la vague, mais la collection Goûter Philo est, il faut le reconnaître, plutôt bien faite (et dans son fonds assez classique); on peut même l'utiliser pour des classes techno très faibles.
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- Quel lien entre le nom "Roumanie" et les "Romains"?
- [5ème] Quel sujet d'écriture après l'étude des "Fourberies" ? après celle de "L'Avare" ?
- Eviter de répéter "être", "avoir", "il y a", "faire", "dire"
- Quel GT idéal pour une séquence "poésie romantique" en seconde?
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