- JohnMédiateur
http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000029241114&fastReqId=2041477611&fastPos=1Références
Cour de cassation
chambre criminelle
Audience publique du mercredi 18 juin 2014
N° de pourvoi: 13-87951
Publié au bulletin Cassation
M. Louvel (président), président
Texte intégral
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, a rendu l'arrêt suivant :
Statuant sur le pourvoi formé par :
- M. Hadrien X...,
contre l'arrêt de la cour d'appel de TOULOUSE, chambre spéciale des mineurs, en date du 18 octobre 2013, qui, pour vol aggravé, l'a condamné à six mois d'emprisonnement avec sursis, et a prononcé sur les intérêts civils ;
Vu le mémoire personnel produit ;
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation de l'article 509, alinéa 1er, du code de procédure pénale ;
Vu l'article 509 du code de procédure pénale ;
Attendu qu'aux termes de ce texte, l'affaire est dévolue à la cour d'appel dans la limite fixée par l'acte d'appel et la qualité de l'appelant ;
Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué que M. X..., renvoyé devant le tribunal pour enfants des chefs de vols aggravés et destruction du bien d'autrui, a été relaxé et que la société BMW France, partie civile, a été déboutée de ses demandes ; que seul le procureur de la République a interjeté appel de cette décision ;
Attendu qu'à l'audience de la cour d'appel, la société BMW France s'est fait représenter par un avocat qui a été invité à prendre la parole et a formulé des demandes d'indemnisation ;
Mais attendu qu'en procédant ainsi alors que, lorsque les dispositions civiles du jugement sont devenues définitives, la partie civile n'est plus partie à l'instance d'appel et ne peut comparaître à l'audience ni s'y faire représenter en cette qualité, la cour d'appel a méconnu le texte susvisé et le principe ci-dessus rappelé ;
D'où il suit que la cassation est encourue ;
Par ces motifs :
CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt susvisé de la cour d'appel de Toulouse, chambre spéciale des mineurs, en date du 18 octobre 2013, et pour qu'il soit jugé à nouveau conformément à la loi,
RENVOIE la cause et les parties devant la chambre spéciale des mineurs de la cour d'appel de Montpellier, à ce désignée par délibération spéciale prise en chambre du conseil ;
ORDONNE l'impression du présent arrêt, sa transcription sur les registres du greffe de la cour d'appel de Toulouse et sa mention en marge ou à la suite de l'arrêt annulé ;
Ainsi jugé et prononcé par la Cour de cassation, chambre criminelle, en son audience publique, les jour, mois et an que dessus ;
Etaient présents aux débats et au délibéré, dans la formation prévue à l'article 567-1-1 du code de procédure pénale : M. Louvel, président, M. Castel, conseiller rapporteur, M. Foulquié, conseiller de la chambre ;
Greffier de chambre : Mme Randouin ;
En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le président, le rapporteur et le greffier de chambre ;
ECLI:FR:CCASS:2014:CR04131
Analyse
Publication :
Décision attaquée : Cour d'appel de Toulouse , du 18 octobre 2013
_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- egometDoyen
Il faudrait mettre aussi en gras "seul le procureur de la République a interjeté appel".
Ce serait plus clair.
Moralité, pensez bien à faire toutes les démarches en temps et en heure, si vous avez un procès, et ne vous imaginez pas que le ministère public le fera pour vous.
Ce serait plus clair.
Moralité, pensez bien à faire toutes les démarches en temps et en heure, si vous avez un procès, et ne vous imaginez pas que le ministère public le fera pour vous.
_________________
Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- JohnMédiateur
Pourquoi ? C'est secondaire : le prévenu a d'abord été relaxé, puis il est allé en appel parce que le procureur a interjeté appel. C'est lors de ce jugement en appel qu'il a été reconnu coupable.Il faudrait mettre aussi en gras "seul le procureur de la République a interjeté appel".
Ce serait plus clair.
Ensuite, c'est M. Hadrien X, le prévenu, qui a saisi la cour de cassation : le procureur du TGI n'a plus rien à voir là-dedans.
_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- egometDoyen
C'est pourtant ça qui explique que le jugement ait été cassé, si j'ai bien compris.John a écrit:Pourquoi ? C'est secondaire : le prévenu a d'abord été relaxé, puis il est allé en appel parce que le procureur a interjeté appel. C'est lors de ce jugement en appel qu'il a été reconnu coupable.Il faudrait mettre aussi en gras "seul le procureur de la République a interjeté appel".
Ce serait plus clair.
Ensuite, c'est M. Hadrien X, le prévenu, qui a saisi la cour de cassation : le procureur du TGI n'a plus rien à voir là-dedans.
Selon la cour de cassation, l'affaire n'aurait dû être rejugée qu'au pénal et pas au civil.
Seul le procureur a interjeté. La partie civile avait donc implicitement accepté le premier jugement dans ce qui la concernait. Les dispositions civiles du jugement sont devenues définitives. C'est un bête problème de procédure. C'est seulement après coup que BMW a voulu se greffer sur la demande d'appel du procureur. Or il était trop tard.
_________________
Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- JohnMédiateur
Ah oui, dans ce sens je suis d'accord : comme le procureur seul a interjeté appel, la partie civile n'aurait pas dû être représentée à nouveau.
_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- GrypheMédiateur
En français courant, ça donne quoi cette histoire ? :lol!:
- egometDoyen
En ce qui concerne l'action pénale, c'est à dire pour déterminer la punition à infliger au jeune homme, c'est le procureur qui a fait appel.
Pour la partie civile, c'est à dire pour les réparations que BMW pouvait espérer, c'était à l'entreprise de faire appel, ce qu'elle n'a pas fait. Après coup, elle a cru qu'elle pouvait profiter de l'appel demandé par le procureur, ce qui n'était pas le cas, puisqu'en omettant de faire appel elle-même, elle acceptait implicitement le premier jugement.
En France c'est le même juge qui prend les deux décisions (punition et réparation pour la victime) afin qu'elles soient cohérentes entre elles, contrairement à ce qui se passe aux USA. Il n'en demeure pas moins que ces deux dimensions sont distinctes, comme le rappelle cet arrêt de la cour de cassation. Il faut bien se rappeler que le ministère public (le procureur en l'occurrence) peut lancer des poursuites, au nom de l'intérêt général, même si la victime n'y tient pas, même si elle n'a pas le sentiment d'être lésée, ou même si elle a pardonné, puisqu'on parle ici d'un délit.
Il y a de bonnes raisons à ce distinguo. D'abord, un acte délictueux ou criminel a fondamentalement deux victimes, la victime évidente, mais aussi l'ordre public. Même quand on pardonne à son voleur, il est important que la société réaffirme l'interdiction du vol, dans l'intérêt de tous ceux qui pourraient être volés par la suite. Ensuite, j'y vois une raison pratique. Dans les procès complexes avec beaucoup de parties civiles, s'il fallait rejuger pour tout le monde à chaque fois qu'un des plaigants s'estime insatisfait de la réparation accordée, ça rallongerait terriblement les procédures.
Maintenant, s'il y a des gens plus calés que moi en droit, pour compléter ou pour corriger mon propos, je suis preneur. Nul n'est censé ignorer la loi, mais il faut avouer que c'est parfois sacrément difficile de s'y retrouver. Je suis comme tout le monde, je m'en tiens en général à un vague sentiment de justice et au respect des convenances sociales, mais j'ai tort.
Pour la partie civile, c'est à dire pour les réparations que BMW pouvait espérer, c'était à l'entreprise de faire appel, ce qu'elle n'a pas fait. Après coup, elle a cru qu'elle pouvait profiter de l'appel demandé par le procureur, ce qui n'était pas le cas, puisqu'en omettant de faire appel elle-même, elle acceptait implicitement le premier jugement.
En France c'est le même juge qui prend les deux décisions (punition et réparation pour la victime) afin qu'elles soient cohérentes entre elles, contrairement à ce qui se passe aux USA. Il n'en demeure pas moins que ces deux dimensions sont distinctes, comme le rappelle cet arrêt de la cour de cassation. Il faut bien se rappeler que le ministère public (le procureur en l'occurrence) peut lancer des poursuites, au nom de l'intérêt général, même si la victime n'y tient pas, même si elle n'a pas le sentiment d'être lésée, ou même si elle a pardonné, puisqu'on parle ici d'un délit.
Il y a de bonnes raisons à ce distinguo. D'abord, un acte délictueux ou criminel a fondamentalement deux victimes, la victime évidente, mais aussi l'ordre public. Même quand on pardonne à son voleur, il est important que la société réaffirme l'interdiction du vol, dans l'intérêt de tous ceux qui pourraient être volés par la suite. Ensuite, j'y vois une raison pratique. Dans les procès complexes avec beaucoup de parties civiles, s'il fallait rejuger pour tout le monde à chaque fois qu'un des plaigants s'estime insatisfait de la réparation accordée, ça rallongerait terriblement les procédures.
Maintenant, s'il y a des gens plus calés que moi en droit, pour compléter ou pour corriger mon propos, je suis preneur. Nul n'est censé ignorer la loi, mais il faut avouer que c'est parfois sacrément difficile de s'y retrouver. Je suis comme tout le monde, je m'en tiens en général à un vague sentiment de justice et au respect des convenances sociales, mais j'ai tort.
_________________
Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- trompettemarineMonarque
Je suis solidaire de Gryphe, je n'ai rien compris non plus.Gryphe a écrit:En français courant, ça donne quoi cette histoire ? :lol!:
- egometDoyen
Autrement dit: la cour d'appel ne rejuge pas toute l'affaire (pas que ça à f.).Article 509Modifié par Loi 83-608 1983-07-08 art. 9 JORF 9 juillet 1983 en vigueur le 1er septembre 1983
L'affaire est dévolue à la cour d'appel dans la limite fixée par l'acte d'appel et par la qualité de l'appelant ainsi qu'il est dit à l'article 515.L'appel de l'assureur produit effet à l'égard de l'assuré en ce qui concerne l'action civile. Il est, dans un délai de trois jours, notifié à l'assuré par lettre recommandée avec demande d'avis de réception adressée par l'assureur.
Elle rejuge seulement sur les points pour lesquels l'appel a été demandé et uniquement en ce qui concerne le demandeur de l'appel.
Au passage, il y a pas mal de gens qui peuvent faire appel, alors il faut se concentrer sur l'essentiel:
Article 497 Modifié par Loi 83-608 1983-07-08 art. 8 JORF 9 juillet 1983 en vigueur le 1er septembre 1983
La faculté d'appeler appartient :
1° Au prévenu ;
2° A la personne civilement responsable quant aux intérêts civils seulement ;
3° A la partie civile, quant à ses intérêts civils seulement ;
4° Au procureur de la République ;
5° Aux administrations publiques, dans les cas où celles-ci exercent l'action publique ;
6° Au procureur général près la cour d'appel.
Et l'article 515, dont il est question dans le 509 (c'est chiant, ces renvois, mais c'est comme ça).
Article 515 Modifié par Loi 83-608 1983-06-08 art. 10 JORF 9 juillet 1983 en vigueur le 1er septembre 1983
La cour peut, sur l'appel du ministère public, soit confirmer le jugement, soit l'infirmer en tout ou en partie dans un sens favorable ou défavorable au prévenu.
La cour ne peut, sur le seul appel du prévenu, du civilement responsable, de la partie civile ou de l'assureur de l'une de ces personnes, aggraver le sort de l'appelant.
La partie civile ne peut, en cause d'appel, former aucune demande nouvelle ; toutefois elle peut demander une augmentation des dommages-intérêts pour le préjudice souffert depuis la décision de première instance.
_________________
Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- Le maire condamné pour avoir giflé un adolescent est relaxé en appel.
- Décès de la jeune Madeline Borek en canoë : le lycée Pasteur de Somain (59) condamné pour négligences à 50 000€ d'amende avec sursis.
- Mayotte : un enseignant condamné pour violence contre son inspectrice.
- Constituer notre propre réseau pour aider à relayer les actions contre la réforme
- Albi : un jeune de 23 ans condamné à 9 mois ferme suite pour avoir enfoncé le portail du lycée Rascol et dérobé un véhicule du lycée.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum