- CeladonDemi-dieu
L'assassinat de notre collègue n'est pas un fait divers :
"Et il n'est pas anodin que le Ministre de l'Education Nationale ait choisi d'ajouter aux éléments de langage déployés à l'envi le trop classique «l'école n'est pas un sanctuaire.» Une phrase qui se veut un constat. «L'école n'est pas un sanctuaire», de sorte que peuvent y pénétrer les violences et les drames du monde extérieur, et l'on n'empêchera jamais un acte de folie perpétré par un individu en crise.
A ceci près qu'il ne s'agit nullement d'un constat mais bien d'un programme. Maquillé en constat objectif pour renvoyer les «tenants de l'école sanctuaire» à leurs chimères. L'idéologue, c'est toujours l'autre. Et derrière cette phrase, il y a le refus d'admettre que les politiques qui ont peu à peu, réforme après réforme, cherché à tout prix à faire de l'école un «lieu de vie ouvert sur le monde» ont non seulement conduit à un désastre pédagogique avec une école plus inégalitaire et plus inefficace que jamais, mais aussi à une destruction violente du métier de professeur et de ses conditions d'exercice."
La suite ici
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/07/12/31003-20140712ARTFIG00001-natacha-polony-notre-ecole-n-a-plus-rien-d-un-sanctuaire.php#xtor=AL-201
Dommage qu'elle n'ait pas corrigé quelques erreurs d'accord...
"Et il n'est pas anodin que le Ministre de l'Education Nationale ait choisi d'ajouter aux éléments de langage déployés à l'envi le trop classique «l'école n'est pas un sanctuaire.» Une phrase qui se veut un constat. «L'école n'est pas un sanctuaire», de sorte que peuvent y pénétrer les violences et les drames du monde extérieur, et l'on n'empêchera jamais un acte de folie perpétré par un individu en crise.
A ceci près qu'il ne s'agit nullement d'un constat mais bien d'un programme. Maquillé en constat objectif pour renvoyer les «tenants de l'école sanctuaire» à leurs chimères. L'idéologue, c'est toujours l'autre. Et derrière cette phrase, il y a le refus d'admettre que les politiques qui ont peu à peu, réforme après réforme, cherché à tout prix à faire de l'école un «lieu de vie ouvert sur le monde» ont non seulement conduit à un désastre pédagogique avec une école plus inégalitaire et plus inefficace que jamais, mais aussi à une destruction violente du métier de professeur et de ses conditions d'exercice."
La suite ici
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/07/12/31003-20140712ARTFIG00001-natacha-polony-notre-ecole-n-a-plus-rien-d-un-sanctuaire.php#xtor=AL-201
Dommage qu'elle n'ait pas corrigé quelques erreurs d'accord...
- OlympiasProphète
Lu ce matin.
- SakeiNiveau 10
J'aime :aau:
- Thalia de GMédiateur
Ce n'est pas le cas de tous, si j'en crois certains commentaires.Sakei a écrit:J'aime :aau:
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- philannDoyen
Personnellement je trouve cet article très mauvais ( et je pèse mes mot vu le sujet).
Elle met en parallèle des faits qui n'ont rien à voir.
Elle se sert d'un drame épouvantable pour défendre sa conception de l'école, dont je ne suis pas très éloignée, mais je trouve le procédé assez abjecte.
Non, vraiment, il est tout sauf excellent! :|
Elle met en parallèle des faits qui n'ont rien à voir.
Elle se sert d'un drame épouvantable pour défendre sa conception de l'école, dont je ne suis pas très éloignée, mais je trouve le procédé assez abjecte.
Non, vraiment, il est tout sauf excellent! :|
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- 288Niveau 10
Elle ne "se sert" pas d'un fait divers, elle en propose une lecture, elle l'analyse comme un symptôme.
Je ne sais pas si je suis d'accord avec elle ou pas mais je trouve l'article très bien écrit.
Je ne sais pas si je suis d'accord avec elle ou pas mais je trouve l'article très bien écrit.
- FinrodExpert
philann a écrit:Personnellement je trouve cet article très mauvais ( et je pèse mes mot vu le sujet).
Elle met en parallèle des faits qui n'ont rien à voir.
Elle se sert d'un drame épouvantable pour défendre sa conception de l'école, dont je ne suis pas très éloignée, mais je trouve le procédé assez abjecte.
Non, vraiment, il est tout sauf excellent! :|
Il est abject d'utiliser un drame pour en exploiter le pathos, faire pleurer les foules et lancer des affirmations sans arguments en espérant influencer les foules, le procédé utilisé par les extrêmes.
Il est utile et pertinent de reprendre ces faits si cela est pour fournir une analyse précise et argumenté et les arguments de Polony sont tout à fait rationnels.
A vrai dire, il est criminel de se refuser à analyser les faits, sous le prétexte que toute évocation serait de la récupération. Nous avons un devoir de réflexion à leur encontre.
- Isis39Enchanteur
philann a écrit:Personnellement je trouve cet article très mauvais ( et je pèse mes mot vu le sujet).
Elle met en parallèle des faits qui n'ont rien à voir.
Elle se sert d'un drame épouvantable pour défendre sa conception de l'école, dont je ne suis pas très éloignée, mais je trouve le procédé assez abjecte.
Non, vraiment, il est tout sauf excellent! :|
Je partage ton avis.
- arcencielGrand Maître
+1Finrod a écrit:philann a écrit:Personnellement je trouve cet article très mauvais ( et je pèse mes mot vu le sujet).
Elle met en parallèle des faits qui n'ont rien à voir.
Elle se sert d'un drame épouvantable pour défendre sa conception de l'école, dont je ne suis pas très éloignée, mais je trouve le procédé assez abjecte.
Non, vraiment, il est tout sauf excellent! :|
Il est abject d'utiliser un drame pour en exploiter le pathos, faire pleurer les foules et lancer des affirmations sans arguments en espérant influencer les foules, le procédé utilisé par les extrêmes.
Il est utile et pertinent de reprendre ces faits si cela est pour fournir une analyse précise et argumenté et les arguments de Polony sont tout à fait rationnels.
A vrai dire, il est criminel de se refuser à analyser les faits, sous le prétexte que toute évocation serait de la récupération. Nous avons un devoir de réflexion à leur encontre.
- V.MarchaisEmpereur
Pour une fois, Philann, je ne suis pas d'accord avec toi.
Natacha Polony ne profite pas du drame pour donner dans le pathos en convoquant des faits qui n'auraient rien à voir. Elle met en perspective les faits, les inscrit dans un contexte idéologique qui fait perpétuellement des professeurs des responsables de tous les maux dont on peut exiger des comptes. En ce sens, le passage à l'acte de cette malade n'est que l'expression paroxystique des mises en accusation quasi-quotidiennes dont nous sommes victimes, que ce soit de la part des élèves, des parents, des quidams, voire de nos ministres. Jusque là, j'étais très réservée sur les réactions à ce fait divers, et j'avais trouvé aussi mal pensée que mal écrite la lettre ouverte ou pétition (j'ai déjà oublié) écrite par une collègue, et ressentais un profond malaise à l'idée qu'on puisse réagir ainsi face à un drame difficilement explicable, quand personne n'a bougé il y a deux ans quand une de nos collègues s'est immolée par le feu dans son établissement, geste ô combien plus explicite. Cette absence de réaction alors m'avait profondément choquée et rend par contraste peu compréhensible à mes yeux une mobilisation autour d'un fait bien plus difficile à rattacher exclusivement aux problèmes liés à notre métier.
Et pourtant, Natacha Polony a réussi, avec l'acuité qui est la sienne, à donner à cette réaction une profondeur et une légitimité nouvelles, qui me semblent faire droit non seulement à la jeune institutrice récemment assassinée, mais à Lise Bonafous.
Merci madame Polony.
Natacha Polony ne profite pas du drame pour donner dans le pathos en convoquant des faits qui n'auraient rien à voir. Elle met en perspective les faits, les inscrit dans un contexte idéologique qui fait perpétuellement des professeurs des responsables de tous les maux dont on peut exiger des comptes. En ce sens, le passage à l'acte de cette malade n'est que l'expression paroxystique des mises en accusation quasi-quotidiennes dont nous sommes victimes, que ce soit de la part des élèves, des parents, des quidams, voire de nos ministres. Jusque là, j'étais très réservée sur les réactions à ce fait divers, et j'avais trouvé aussi mal pensée que mal écrite la lettre ouverte ou pétition (j'ai déjà oublié) écrite par une collègue, et ressentais un profond malaise à l'idée qu'on puisse réagir ainsi face à un drame difficilement explicable, quand personne n'a bougé il y a deux ans quand une de nos collègues s'est immolée par le feu dans son établissement, geste ô combien plus explicite. Cette absence de réaction alors m'avait profondément choquée et rend par contraste peu compréhensible à mes yeux une mobilisation autour d'un fait bien plus difficile à rattacher exclusivement aux problèmes liés à notre métier.
Et pourtant, Natacha Polony a réussi, avec l'acuité qui est la sienne, à donner à cette réaction une profondeur et une légitimité nouvelles, qui me semblent faire droit non seulement à la jeune institutrice récemment assassinée, mais à Lise Bonafous.
Merci madame Polony.
- SpartacusNiveau 8
Le problème c'est qu'à coup d'"éléments de langage", c'est à dire d'injonctions politiquement correctes (ce qui inclut également ce qu'on nous oblige à taire ou à travestir, ce dont on nous oblige à nous réjouir et à faire la louange, ce sur quoi on attend que nous fermions les yeux et autres tartufferies) on nous habitue, nous qui sommes des personnes sociables, policées, de bonne volonté, attentives au bien commun, etc., à tout excuser de tout le monde, parents et enfants, y compris ce que nous nous interdisons à titre personnel, et qui est précisément ce qui permet la vie en société. Moralité : nous sommes, le sachant ou ne le sachant pas, les artisans plus ou moins actifs de la désanctuarisation de l'école.
On ne nous passe rien. Nous mêmes ne nous passons rien. Mais nous devons excuser toujours plus de comportements limites. Franchement, qui d'entre nous accepterait de ses propres enfants certains comportements inadmissibles que pourtant nous sommes habitués à subir et à excuser de la part de nos élèves, tant nous savons à quel point "on" attend de nous que nous trouvions "spontanément" les arguments (éléments de langage?) qui exonèrent et justifie cette violence.
Je pense qu'il y a un parallèle entre les 87% de néobacheliers, et la violence qui parfois, à la faveur d'un fait qui n'a pu être ni empêché, ni tu, parvient à la connaissance du public : le mépris du savoir et de ceux qui le transmettent. Mépris qui a sa source dans la façon dont on nous oblige à brader notre métier et à accepter et excuser tous les comportements de rejet de la connaissance et de ceux qui l'incarnent.
Je pense également que la mort de cette collègue n'est pas plus choquante que celle de tous les collègues qui se suicident. Plutôt moins même : sa mort au moins ne peut être ignorée ou évacuée d'un revers de main dédaigneux, au prétexte "qu'elle avait des problèmes dans sa vie privée". Vous en connaissez beaucoup vous des collègues soumis à la violence ordinaire dans certains établissements "dits sensibles" par exemple, et qui n'ont pas également des problèmes de couple? Difficile de débrancher et de ne pas "ramener de travail à la maison". Combien de conjoints lassés des éternels récits trop réalistes, mais qui vu de l’extérieur semblent outrés et délirants, n'ont pas résisté et sont partis?
Fabienne au moins ne pourra être salie et sa mort passée par pertes et profits.
Je dédie ce coup de gueule à ma collègue Catherine qui après avoir tenté de se jeter par la fenêtre de sa classe, pour avoir été poussée à bout consciemment par une petite bande de gamins pervers (qui ensuite se vantaient d'avoir eu sa peau...), appuyés par leurs mères , ne s'est pas ratée, une fois renvoyée dans ses foyers, pendant son arrêt maladie.
Et à Lise Bonnefous...
Sur ce, et en attendant la retraite, je pars en vacances et vous en souhaite d'excellentes à tous.
On ne nous passe rien. Nous mêmes ne nous passons rien. Mais nous devons excuser toujours plus de comportements limites. Franchement, qui d'entre nous accepterait de ses propres enfants certains comportements inadmissibles que pourtant nous sommes habitués à subir et à excuser de la part de nos élèves, tant nous savons à quel point "on" attend de nous que nous trouvions "spontanément" les arguments (éléments de langage?) qui exonèrent et justifie cette violence.
Je pense qu'il y a un parallèle entre les 87% de néobacheliers, et la violence qui parfois, à la faveur d'un fait qui n'a pu être ni empêché, ni tu, parvient à la connaissance du public : le mépris du savoir et de ceux qui le transmettent. Mépris qui a sa source dans la façon dont on nous oblige à brader notre métier et à accepter et excuser tous les comportements de rejet de la connaissance et de ceux qui l'incarnent.
Je pense également que la mort de cette collègue n'est pas plus choquante que celle de tous les collègues qui se suicident. Plutôt moins même : sa mort au moins ne peut être ignorée ou évacuée d'un revers de main dédaigneux, au prétexte "qu'elle avait des problèmes dans sa vie privée". Vous en connaissez beaucoup vous des collègues soumis à la violence ordinaire dans certains établissements "dits sensibles" par exemple, et qui n'ont pas également des problèmes de couple? Difficile de débrancher et de ne pas "ramener de travail à la maison". Combien de conjoints lassés des éternels récits trop réalistes, mais qui vu de l’extérieur semblent outrés et délirants, n'ont pas résisté et sont partis?
Fabienne au moins ne pourra être salie et sa mort passée par pertes et profits.
Je dédie ce coup de gueule à ma collègue Catherine qui après avoir tenté de se jeter par la fenêtre de sa classe, pour avoir été poussée à bout consciemment par une petite bande de gamins pervers (qui ensuite se vantaient d'avoir eu sa peau...), appuyés par leurs mères , ne s'est pas ratée, une fois renvoyée dans ses foyers, pendant son arrêt maladie.
Et à Lise Bonnefous...
Sur ce, et en attendant la retraite, je pars en vacances et vous en souhaite d'excellentes à tous.
- Reine MargotDemi-dieu
Foucault avait bien montré dans "Moi Pierre Rivière..." que même les actes des déséquilibrés en apparence deconnectés des problèmes sociaux étaient en fait très liés au contexte historique.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- TristanaVénérable
Je suis assez d'accord avec cet article que je trouve bien écrit. Je rejoins Reine : les faits divers ne sont pas toujours déconnectés de la réalité sociale, et si personne ne nie les problèmes mentaux de la personne responsable de ce crime, ce n'est pas pour autant que son geste n'a aucun rapport avec le monde dans lequel on évolue (et ça me rappelle ce jeune homme, Elliot Rodger, qui a récemment tué 6 personnes sans qu'aucun média français ne relève le caractère sexiste de son crime et qu'on a voulu absolument dépeindre en forcené déséquilibré et donc irresponsable — sauf que ses actes, et les déclarations qu'il avait faites un peu avant, l'ancrent totalement dans une société où la femme, quoi qu'on en dise, n'est pas l'égal de l'homme : http://cafaitgenre.org/2014/05/25/cest-lhistoire-dun-tueur-misogyne-qui-ninteressait-personne/ )
- Un article de Natacha Polony sur le Slecc et le Grip
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