Je voudrais passer de lettres classiques à lettres modernes.

J'adore le latin mais je ne suis plus du tout motivée pour l'enseigner: marre de faire la gentille, d'avoir à gérer les élèves (bons par ailleurs) qui veulent arrêter l'option...Enseigner le français est bien moins déprimant et plus reposant. J'ai déjà contacté le Rectorat, qui m'a dit d'écrire une lettre sous couvert du CDE pour demander mon changement de discipline. Suivrait une inspection et un changement effectif de discipline.
Quelqu'un a-t-il déjà tenté cette expérience? Vous a-t-on laissé(e) partir?? Avez-vous pu rester dans votre établissement?
Je risque peut être de tenter certains autres collègues de LC? C'est bien malgré moi en tout cas que je me pose ces questions.

Bonsoir Vendredi, je vais suivre ton fil avec attention...
LC, enseigner le latin me pèse aussi. Enfin, pas enseigner le latin, bien sûr, mais faire la retape pour maintenir la section, être shiny-glossy attractive, puis gérer les gamins qui tirent la tronche si tu ne passes pas ton temps en toge à les trimballer à Rome tous les trimestres...

 

leyade a écrit: être shiny-glossy attractive, puis gérer les gamins qui tirent la tronche si tu ne passes pas ton temps en toge à les trimballer à Rome tous les trimestres...

J'adoooore  :lol!: 

As-tu songé à faire ton boulot en latin comme en français: ne pas faire spécialement la gentille, par exemple?

Provence a écrit:As-tu songé à faire ton boulot en latin comme en français: ne pas faire spécialement la gentille, par exemple?

Je comprends ce "faire la gentille" comme avoir sans cesse l'impression qu'il faudrait remercier les élèves de l'immense faveur qu'ils nous font d'avoir tenté l'option latin. C'est à nous d'attirer, de plaire, de remercier, de supporter... Les élèves, même les bons, parlent d'abandonner dès qu'on croise un mot de latin, ou rien qu'en entendant le mot "apprendre".
Moi aussi ça me déprime. Moi aussi j'en viens parfois à vouloir abandonner le latin.

Le français est (pour l'instant) une discipline obligatoire, alors aucun élève ne se pose la question d'arrêter ou pas, de mépriser le cours ou pas. Ils bossent ou ils se prennent des tôles, mais ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.

En latin, dès qu'on parle d'effort, c'est le début de la culpabilisation du prof : "les élèves n'ont pas que ça à faire, ils voudraient du ludique, mais c'est vous qui ne savez pas les intéresser, et pourquoi ils ne pourraient pas abandonner quand ils le souhaitent, etc, etc ?"
  

Après, Vendredi, est-ce qu'il n'y a pas des élèves qui valent la peine de continuer à enseigner les langues anciennes ? Des élèves avec lesquels tu as plaisir à travailler ? Qui voient même l'intérêt d'étudier le latin comme une langue ?
Pense à ça, ça peut te redonner l'envie (d'avoir envie, comme dit Johnny). En tout cas, ça marche souvent dans mes moments de déprime latine, comme le message d'au-dessus.
Courage !!! On protège les Humanités !   

Lizzy.B a écrit:

Provence a écrit:As-tu songé à faire ton boulot en latin comme en français: ne pas faire spécialement la gentille, par exemple?

Je comprends ce "faire la gentille" comme avoir sans cesse l'impression qu'il faudrait remercier les élèves de l'immense faveur qu'ils nous font d'avoir tenté l'option latin. C'est à nous d'attirer, de plaire, de remercier, de supporter... Les élèves, même les bons, parlent d'abandonner dès qu'on croise un mot de latin, ou rien qu'en entendant le mot "apprendre".

C'est bien comme cela que je le comprenais aussi et c'est ce que je suggérais d'arrêter de faire.

Qu'est-ce que vous appelez exactement "faire la gentille" ?

Provence a écrit:

Lizzy.B a écrit:

Provence a écrit:As-tu songé à faire ton boulot en latin comme en français: ne pas faire spécialement la gentille, par exemple?

Je comprends ce "faire la gentille" comme avoir sans cesse l'impression qu'il faudrait remercier les élèves de l'immense faveur qu'ils nous font d'avoir tenté l'option latin. C'est à nous d'attirer, de plaire, de remercier, de supporter... Les élèves, même les bons, parlent d'abandonner dès qu'on croise un mot de latin, ou rien qu'en entendant le mot "apprendre".

C'est bien comme cela que je le comprenais aussi et c'est ce que je suggérais d'arrêter de faire.

Je ne sais pas si ça vient avec l'expérience, mais la pression liée au maintien de l'option me pousse à être plus indulgente avec mes latinistes. Je me doute bien que je ne gagne rien à les ménager, les élèves ne sont pas plus reconnaissants. C'est plus un sentiment de culpabilité, je me dis que je ne les intéresse pas suffisamment pour qu'ils viennent en latin avec enthousiasme, sans songer une seconde à arrêter l'option en cours de route. Bon, je suis naïve et je culpabilise trop, c'est pas gagné ^^

Comment fais-tu, Provence ?

Je n'ai pas renoncé à faire de la promo en 6e, par exemple, et je n'enseigne pas exactement comme en français. Mais c'est un choix. Une collègue d'allemand m'avait dit un jour qu'elle avait cessé de s'agiter en tous sens pour sa matière le jour où elle s'était rendu compte que c'était parfaitement inefficace: qu'elle passe ou non dans les classes, elle avait le même nombre d'élèves pour finir.

J'essaie, bien sûr, d'intéresser et de motiver mes élèves, mais je cherche aussi à leur montrer que c'est par l'exigence qu'on s'élève. Comme les latinistes sont souvent de bons élèves, je leur en demande plus. Je punis aussi le travail non fait, je m'oppose parfois aux félicitations quand le manque de respect pour ma matière est manifeste. Je veux bien être enthousiaste, mais pas adopter une façon d'enseigner qui me paraîtrait dégradante ni faire la lupa pour le latin.

C'est pour cela que je suggérais à vendredi de tenter de faire cours comme bon lui semble, sans s'imposer à elle-même une pression pour vendre sa matière.

Tu le rassures ! J'applique les mêmes principes que toi, en ayant la même exigence, mais avec la culpabilité en plus : le problème est là...

De toute façon, si on essaie de vendre l'option comme une matière ludique, on risque de nous accuser d'avoir menti dès le premier cours de l'année, et avec raison.
Autant prévenir tout de suite qu'on travaillera une langue, ou qu'on travaillera tout court.

Bon, apparemment le titre a changé, je vais arrêter de dévier le sujet...

vendredi a écrit:J'adore le latin mais je ne suis plus du tout motivée pour l'enseigner: marre de faire la gentille, d'avoir à gérer les élèves (bons par ailleurs) qui veulent arrêter l'option...Enseigner le français est bien moins déprimant et plus reposant. J'ai déjà contacté le Rectorat, qui m'a dit d'écrire une lettre sous couvert du CDE pour demander mon changement de discipline. Suivrait une inspection et un changement effectif de discipline.
Quelqu'un a-t-il déjà tenté cette expérience? Vous a-t-on laissé(e) partir?? Avez-vous pu rester dans votre établissement?
Je risque peut être de tenter certains autres collègues de LC? C'est bien malgré moi en tout cas que je me pose ces questions.

Il ne faut pas faire le technico -commercial. Je passe dans les classes avec un diaporama, je dis que c'est une vraie matière, je dis même de ne pas s’inscrire si le mot travail est un gros mot, et je laisse venir. La pire classe que j'aie eue était formée de morveux qui avaient été recrutés par je ne sais qui et qui s'estimaient ensuite floués parce qu'on leur avait parlé de jeux , de voyages etc.  Je n'ai jamais organisé un voyage, je ne sors jamais, je fais de la grammaire, de l'histoire romaine .Les seules concessions que je fais sont sur les notes. J'octroie des "bonus" sur les contrôles (je mets deux ou trois questions de plus) et une note de travail . J'ai chaque année au moins trente à quarante candidats (en collège difficile) qui après le tri se retrouvent à 25-26 ( je suis tout seul) . Et je préfère voir le latin disparaître de toute manière que de faire le tapin. Si la société n'est plus capable de véhiculer l'idée que le latin porte sa noblesse en lui-même,  tant pis. C'est même selon  moi la matière reine du collège, une "plus-value" ,le reste étant le savoir minimal , ce que je n'ai pas à détailler puisque chacun sait ce qu'est un collège.

Lefteris, ton message me remonte le moral: il faut que j'arrête de culpabiliser de faire mon travail et que j'annonce plus la couleur en 6ème pour être sûre de la motivation de mes futurs latinistes.
J'ai bien sur des élèves sérieux et contents de faire du latin, mais c'est dur de ne pas se démotiver, j'en fais l'expérience chaque jour.

vendredi a écrit:Lefteris, ton message me remonte le moral: il faut que j'arrête de culpabiliser de faire mon travail et que j'annonce plus la couleur en 6ème pour être sûre de la motivation de mes futurs latinistes.
J'ai bien sur des élèves sérieux et contents de faire du latin, mais c'est dur de ne pas se démotiver, j'en fais l'expérience chaque jour.

Au pire, la section fermera et tu feras des LM , alors pas la peine de faire du marketing. Je hais la société de la com', je ne m'abaisserai jamais à ça. Je fais du latin ou rien.

Bon, j'ai quand même quelques pénibles qui rappellent à chaque cours que les parents les ont obligés , et que le latin c'est trop nul, des élèves qui ne savent pas en 3ème décliner un seul nom,mais j'arrive à les tenir peinards. Je fais aussi beaucoup de français , par exemple avec mes 5ème très gentils, mais à qui pednant deux mois j'ai du rappeler ce qu'était un complément , préalable indispensable quand même   .

Mes 3ème cette année sont les pires, beaucoup ont été infects en 4ème , mais je menace de m'opposer aux récompenses éventuelles, voire de demander un avertissement comportement. Et cette année ça va : je fais autant de langue parce que j'ai quelques bons élèves, et je ne veux pas les pénaliser, mais en poids dans la notation je mets environ 1/3 . Par exemple, je leur fais lire l'Enéide in extenso avec un contrôle de lecture tous les deux livres ou trois livres , ou des vraies interros d'histoire, avec les dates , les lieux et tout, ou sur les institutions romaines . Ca permet au naufragés de la grammaire d'avoir de bonne notes, sans pouvoir rattraper les bons en langue .

Mes élèves les plus travailleurs sont en langues anciennes et de loin. Si je devais choisir d'arrêter une matière, ce serait plutôt le français. J'ai l'impression de devoir enseigner une langue étrangère... à des élèves qui n'ont plus envie de faire le moindre effort, qui ne comprennent plus des textes simples, qui doivent passer l'EAF dans quelques mois ou dans un an, mais ne parviennent pas à écrire 3 lignes !

Ceci dit, je vois mal comment un professeur de lettres classiques pourrait ne pas être validé en lettres modernes par l'IPR lors d'un changement de discipline.
Se pose aussi pour les collègues de LC qui souhaitent muter le nombre de postes offerts en LC très inférieur aux LM, il leur devient très difficile de muter à l'inter comme à l'intra.

Daphné a écrit:Ceci dit, je vois mal comment un professeur de lettres classiques pourrait ne pas être validé en lettres modernes par l'IPR lors d'un changement de discipline.
Se pose aussi pour les collègues de LC qui souhaitent muter le nombre de postes offerts en LC très inférieur aux LM, il leur devient très difficile de muter à l'inter comme à l'intra.

J'ai vu qu'il fallait 800 pts pour pouvoir entrer à Paris: cet académie est donc quasiment impossible à avoir si l'on célibataire, sans enfant et sans handicap. Vraiment ça me fout les boules

thrasybule a écrit: J'ai vu qu'il fallait 800 pts pour pouvoir entrer à Paris: cet académie est donc quasiment impossible à avoir si l'on célibataire, sans enfant et sans handicap. Vraiment ça me fout les boules

Un usage pertinent de la tronçonneuse permet cependant de remédier à l'une de ces tares (une seule d'entre elles: make no mistake).

Excellente idée: se reproduire, avoir les points pour enfants à charge puis utiliser cet outil! :wanted:  :wanted:

thrasybule a écrit:Excellente idée: se reproduire, avoir les points pour enfants à charge puis utiliser cet outil! :wanted:  :wanted:

Puis enseigner en prison à ses codétenus. Avec un peu de chances, la prison sera parisienne.

Bah, ma gamelle, ma couche, quelques esprits éclairés autour de moi... Laetus parvo!
Et si MLP est élu, un peu de grandeur tragique face à la peine capitale qui me frappera  : kalos gar ho kindunos

Daphné a écrit:Ceci dit, je vois mal comment un professeur de lettres classiques pourrait ne pas être validé en lettres modernes par l'IPR lors d'un changement de discipline.
Se pose aussi pour les collègues de LC qui souhaitent muter le nombre de postes offerts en LC très inférieur aux LM, il leur devient très difficile de muter à l'inter comme à l'intra.

C'est surtout cela que je trouve stressant pour les LC.

thrasybule a écrit:

Daphné a écrit:Ceci dit, je vois mal comment un professeur de lettres classiques pourrait ne pas être validé en lettres modernes par l'IPR lors d'un changement de discipline.
Se pose aussi pour les collègues de LC qui souhaitent muter le nombre de postes offerts en LC très inférieur aux LM, il leur devient très difficile de muter à l'inter comme à l'intra.

J'ai vu qu'il fallait 800 pts pour pouvoir entrer à Paris: cet académie est donc quasiment impossible à avoir si l'on célibataire, sans enfant et sans handicap. Vraiment ça me fout les boules

Console-toi : ceux qui entrent sont souvent TZR longtemps, et ensuite il faut prendre ce qu'il y a, car les "bons" postes sont occupés pour un moment.
Ensuite, tu risques la mesure de carte scolaire rapidement, les DGH fondent et le dernier arrivé, hop ...
Pas mieux en inter pour ceux qui sont installés. Presque pas de postes, surtout en lycée. Il ne faut pas se manquer, puisqu'on perd la totalité de ses points, et si un caprice de la DHG supprime trop d'heures de LA, risque de retour au cas ci-dessus ou au service partagé.

Je sais bien, Lefteris: ma stratégie est de demander des lycées proches de Paris, accessibles en métro, mais dans l'académie de Versailles. De toute façon, je ne supporterais pas de retourner au collège. J'ai fait ma demande, mais je n'ai demandé que des très bons lycées, je peux toujours me brosser.