Elisabeth, enseignante de 60 ans, reconnue travailleur handicapée, n'obtient pas les aménagements nécessaires de la part du rectorat de Créteil.

Le rectorat refuse d'adapter son poste aux soucis de santé d'Elisabeth About. La mobilisation s'organise autour de l'enseignante de Jean-Moulin.[...]

A 60 ans, cette résidente de Saint-Maur, qu'une maladie infantile a peu à peu rendue malvoyante, se heurte au refus de l'académie de Créteil d'adapter son poste à ses soucis de santé.

Ce matin, devant le rectorat, alors qu'elle négociera avec le chef de la division de l'accompagnement médical et social, des collègues organisent une manifestation de soutien, lunettes de soleil sur le nez et canne blanche en main. Ces accessoires, signes distinctifs de son handicap, voilà quatre ans qu'Elisabeth a dû se résoudre à les porter. « Au début, je n'osais pas m'en servir dans le lycée. Alors je prenais des risques physiques... », glisse celle que l'administration a reconnue travailleur handicapé dès avril 2010. Hyperactive dans son lycée, où elle avait un temps développé un atelier théâtre et des voyages linguistiques, l'enseignante bute désormais sur des détails élémentaires. « Confondre les élèves quand je fais l'appel parce que je ne distingue que des masses, ne pas pouvoir se pencher sur leur épaule pour corriger une faute d'orthographe, avoir la nausée dès que ma vue force pour tenter de lire un texte... », égrène celle qui avait pourtant pu bénéficier d'un aménagement de 2011 à 2013.

« J'effectuais alors 6 heures d'allemand par semaine et 12 heures de soutien avec de petits groupes d'élèves, mon temps de travail normal. Mais, à la rentrée dernière, le rectorat m'a remis devant une classe entière, relate Elisabeth About. Une auxiliaire de vie devait m'assister dès septembre, je n'ai pu en bénéficier qu'en mai. Cela m'a rongée, j'ai perdu 8 kg, je ne voulais pas mettre en péril la réussite de ces jeunes l'année du BEP », glisse-t-elle. Secondée par sa soeur, l'enseignante met jusqu'à dix heures pour corriger les 24 copies qu'elle ramène chez elle toutes les trois semaines.

« Elle y passait ses soirées, ses week-ends. On s'est fait beaucoup de souci », confie Bruno, son mari. Le 24 juin, c'est un courrier du rectorat qui achève de lui « briser le moral » : « j'ai l'honneur de vous informer qu'il ne me sera pas possible de reconduire cet aménagement de fonctions [...]. En espérant que les mesures prises en votre faveur vous ont permis de surmonter vos difficultés... » « C'est humiliant », murmure l'enseignante, qui n'espère plus grand-chose de son ultime rendez-vous de négociations avec le rectorat[...]

Aurélie Selvi.