- Roumégueur IerÉrudit
Pour sauver tous ces petits nenfants qui échouent tant, inutile de remettre des heures de cours dans les matières 'fondamentales', ni d'alléger le nombre d'élèves par classe, ni de rendre le métier d'enseignant attractif, ni de lutter contre les inégalités sociales, ni d'étendre et de professionnaliser les dispositifs d'aide : il suffit de clasher du prof... Une idée de 'gauche', quoi.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/03/07032014Article635297730469093145.aspx
"Les sept auteurs de l'étude publiée par Terra Nova le 6 mars sont bien connus des milieux éducatifs. Jean-Pierre Obin est inspecteur général honoraire, auteur de nombreux rapports comme celui sur " Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires" ou la carte scolaire. Claire Krepper et Gilles Langlois ont des responsabilités au Se-Unsa, Caroline Veltcheff au Sien-Unsa. Julien Maraval en avait au Se-Unsa avant de devenir personnel de direction. Roger-François Gauthier est inspecteur général et membre du Conseil supérieur des programmes. C'est un spécialiste du socle et des curricula. Jean-Michel Zakhartchouk est membre du bureau du CRAP.
La triple rupture de la fin du CM2
"Notre projet d’école commune vise un objectif profondément républicain : faire réussir les élèves qui aujourd’hui échouent dans leur scolarité obligatoire et qui sont presque exclusivement, en France, issus des classes sociales défavorisées", affirme l'étude qui veut aussi " la promotion d’une élite plus nombreuse". Or pour les auteurs, ce qui nourrit l'échec scolaire c'est "la triple rupture en termes de contenus enseignés et de relation au savoir, de pédagogie et de relation au(x) maître(s), enfin d’éducation et de relation aux normes sociales et morales " qui se produit au moment du passage de l'école au collège. Cette rupture est surtout pédagogique. " Passer d’un maître (dans la plupart des cas une maîtresse) polyvalent(e), conduisant toute l’année une seule classe, à des professeurs spécialisés chacun dans une discipline, imposant chacun ses préoccupations didactiques et ses exigences pédagogiques, constitue une expérience souvent difficile", affirment les auteurs. " Ce sont bien sûr les élèves les plus fragiles sur les plans émotionnel, culturel et social qui sont les plus affectés par cette triple rupture cognitive, pédagogique et éducative. Alors que l’école primaire offre aux élèves un cadre stable, un référent unique aux exigences connues, le collège attend brusquement d’eux des capacités à s’adapter à des exigences multiples, dans une permutation permanente des espaces, des temps, des personnes et des codes. Des exigences d’autant plus difficiles à satisfaire qu’elles ne sont pas toujours suffisamment explicitées ni accompagnées, encore moins mises en cohérence par un projet partagé. Il n’est pas surprenant que les élèves dont la culture familiale est la plus éloignée de la culture de l’école soient très majoritairement les laissés-pour-compte".
Le Snes mis en accusation
Comment en est-on arrivé là ? La mise en place du socle commun "a été réalisée par des gouvernants et des cadres peu convaincus". Surtout, " le seul véritable obstacle semble être l’hostilité du SNES à une réforme dont il est convaincu des effets « régressifs » par rapport à ses conceptions de la culture et à sa vision jacobine de l’organisation scolaire". Le rapport dénonce un "front du refus syndical" regroupant le Snes et " alliés de droite et d’extrême gauche réunis sur des positions conservatrices et des revendications démagogiques". Parmi les mesures proposées par l'étude figure en bonne place " ne plus survaloriser la puissance du SNES" et surtout "cesser notamment d’en faire le partenaire privilégié du ministère". La formule ressemble à un cri du coeur pour ces syndicalistes...
Fusionner profs des écoles et certifiés
"Il n'y aura pas de grand soir de l'école commune", promet Claire Krepper. Lors de la présentation de l'étude elle se veut rassurante. "Les réponses seront élaborées par les équipes pédagogiques. Ecole et collège scolarisent les mêmes élèves et font face aux mêmes défis". Pourtant les propositions de Terra Nova vont loin et visent une transformation profonde de l'Ecole. La principale c'est "fusionner le corps de professeur des écoles et celui de professeur certifié". Les obligations de service dépendraient alors du poste et non plus du corps. Interrogé par le Café pédagogique, Jean-Pierre Obin précise qu'il n'est pas question de fusionner les agrégés. La réunion des IEN et des IPR n'est pas non plus actée mais est à l'étude.
Et la bivalence ?
Est-ce à dire que Terra Nova recommande la bivalence ? Le mot n'apparait nulle part dans l'étude. "Une réforme ne peut pas se faire contre l'identité professionnelle des enseignants", explique Claire Krepper en réponse à une question du Café. "Or les études montrent qu'ils sont attachés à leur identité disciplinaire. On reste donc dans la monovalence, les disciplines permettant des ouvertures comme l'enseignement intégré des sciences au collège". Mais l'espoir de la polyvalence apparait bientôt chez JP Obin qui évoque une monovalence à partir de la 3ème... Les auteurs attendent des enseignants qu'ils fassent le choix volontaire de la bi ou de la polyvalence pour atténuer la fracture de la fin de l'école.
L'école commune en réseaux
L'étude ne recommande pas de fondre école et collège dans une même structure mais de mettre en place des "réseaux écoles-collège" constituant des unités d’enseignement et "un pilotage intégré et dynamique du développement des conseils des réseaux écoles-collège". Ecole et collège seraient confiés "à la même collectivité" territoriale. Mais laquelle ? Les auteurs restent d'autant plus prudents que les maires sont attachés à leur école et que l'avenir du département est incertain... Ce que recherchent les auteurs, plus que la fusion des structures, c'est la continuité des formations grâce aux conseils école collège institués par la loi d'orientation.
Comment financer cette réforme ? La plupart des mesures sont peu ou pas couteuses. Mais certaines coutent cher comme la formation continue que les auteurs veulent installer. Ils ont tenté de chiffrer le coût de l'échec scolaire pour l'Etat. Ils arrivent à une perte de 24 milliards du fait de recettes fiscales minorées par la carrière des jeunes sortant sans qualification. Une somme qu'ils invitent à investir partiellement dans la formation continue des enseignants. L'Ecole reste un investissement.
François Jarraud"
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/03/07032014Article635297730469093145.aspx
"Les sept auteurs de l'étude publiée par Terra Nova le 6 mars sont bien connus des milieux éducatifs. Jean-Pierre Obin est inspecteur général honoraire, auteur de nombreux rapports comme celui sur " Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires" ou la carte scolaire. Claire Krepper et Gilles Langlois ont des responsabilités au Se-Unsa, Caroline Veltcheff au Sien-Unsa. Julien Maraval en avait au Se-Unsa avant de devenir personnel de direction. Roger-François Gauthier est inspecteur général et membre du Conseil supérieur des programmes. C'est un spécialiste du socle et des curricula. Jean-Michel Zakhartchouk est membre du bureau du CRAP.
La triple rupture de la fin du CM2
"Notre projet d’école commune vise un objectif profondément républicain : faire réussir les élèves qui aujourd’hui échouent dans leur scolarité obligatoire et qui sont presque exclusivement, en France, issus des classes sociales défavorisées", affirme l'étude qui veut aussi " la promotion d’une élite plus nombreuse". Or pour les auteurs, ce qui nourrit l'échec scolaire c'est "la triple rupture en termes de contenus enseignés et de relation au savoir, de pédagogie et de relation au(x) maître(s), enfin d’éducation et de relation aux normes sociales et morales " qui se produit au moment du passage de l'école au collège. Cette rupture est surtout pédagogique. " Passer d’un maître (dans la plupart des cas une maîtresse) polyvalent(e), conduisant toute l’année une seule classe, à des professeurs spécialisés chacun dans une discipline, imposant chacun ses préoccupations didactiques et ses exigences pédagogiques, constitue une expérience souvent difficile", affirment les auteurs. " Ce sont bien sûr les élèves les plus fragiles sur les plans émotionnel, culturel et social qui sont les plus affectés par cette triple rupture cognitive, pédagogique et éducative. Alors que l’école primaire offre aux élèves un cadre stable, un référent unique aux exigences connues, le collège attend brusquement d’eux des capacités à s’adapter à des exigences multiples, dans une permutation permanente des espaces, des temps, des personnes et des codes. Des exigences d’autant plus difficiles à satisfaire qu’elles ne sont pas toujours suffisamment explicitées ni accompagnées, encore moins mises en cohérence par un projet partagé. Il n’est pas surprenant que les élèves dont la culture familiale est la plus éloignée de la culture de l’école soient très majoritairement les laissés-pour-compte".
Le Snes mis en accusation
Comment en est-on arrivé là ? La mise en place du socle commun "a été réalisée par des gouvernants et des cadres peu convaincus". Surtout, " le seul véritable obstacle semble être l’hostilité du SNES à une réforme dont il est convaincu des effets « régressifs » par rapport à ses conceptions de la culture et à sa vision jacobine de l’organisation scolaire". Le rapport dénonce un "front du refus syndical" regroupant le Snes et " alliés de droite et d’extrême gauche réunis sur des positions conservatrices et des revendications démagogiques". Parmi les mesures proposées par l'étude figure en bonne place " ne plus survaloriser la puissance du SNES" et surtout "cesser notamment d’en faire le partenaire privilégié du ministère". La formule ressemble à un cri du coeur pour ces syndicalistes...
Fusionner profs des écoles et certifiés
"Il n'y aura pas de grand soir de l'école commune", promet Claire Krepper. Lors de la présentation de l'étude elle se veut rassurante. "Les réponses seront élaborées par les équipes pédagogiques. Ecole et collège scolarisent les mêmes élèves et font face aux mêmes défis". Pourtant les propositions de Terra Nova vont loin et visent une transformation profonde de l'Ecole. La principale c'est "fusionner le corps de professeur des écoles et celui de professeur certifié". Les obligations de service dépendraient alors du poste et non plus du corps. Interrogé par le Café pédagogique, Jean-Pierre Obin précise qu'il n'est pas question de fusionner les agrégés. La réunion des IEN et des IPR n'est pas non plus actée mais est à l'étude.
Et la bivalence ?
Est-ce à dire que Terra Nova recommande la bivalence ? Le mot n'apparait nulle part dans l'étude. "Une réforme ne peut pas se faire contre l'identité professionnelle des enseignants", explique Claire Krepper en réponse à une question du Café. "Or les études montrent qu'ils sont attachés à leur identité disciplinaire. On reste donc dans la monovalence, les disciplines permettant des ouvertures comme l'enseignement intégré des sciences au collège". Mais l'espoir de la polyvalence apparait bientôt chez JP Obin qui évoque une monovalence à partir de la 3ème... Les auteurs attendent des enseignants qu'ils fassent le choix volontaire de la bi ou de la polyvalence pour atténuer la fracture de la fin de l'école.
L'école commune en réseaux
L'étude ne recommande pas de fondre école et collège dans une même structure mais de mettre en place des "réseaux écoles-collège" constituant des unités d’enseignement et "un pilotage intégré et dynamique du développement des conseils des réseaux écoles-collège". Ecole et collège seraient confiés "à la même collectivité" territoriale. Mais laquelle ? Les auteurs restent d'autant plus prudents que les maires sont attachés à leur école et que l'avenir du département est incertain... Ce que recherchent les auteurs, plus que la fusion des structures, c'est la continuité des formations grâce aux conseils école collège institués par la loi d'orientation.
Comment financer cette réforme ? La plupart des mesures sont peu ou pas couteuses. Mais certaines coutent cher comme la formation continue que les auteurs veulent installer. Ils ont tenté de chiffrer le coût de l'échec scolaire pour l'Etat. Ils arrivent à une perte de 24 milliards du fait de recettes fiscales minorées par la carrière des jeunes sortant sans qualification. Une somme qu'ils invitent à investir partiellement dans la formation continue des enseignants. L'Ecole reste un investissement.
François Jarraud"
- NitaEmpereur
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A clean house is a sign of a broken computer.
- DaphnéDemi-dieu
Ne pas s'énerver, ne pas s'énerver, rester zeeeeeeeen
- CathEnchanteur
Je ne fusionne mon corps avec personne.
Enfin si, mais je choisis.
Enfin si, mais je choisis.
- User5899Demi-dieu
Quelle diversité de profils, tous ces gens qui nont de bonnes zidéeees
Et après, certains se demandent pourquoi nous sommes quelques uns à dire que l'UNSA est à vomir.
Et sinon, ils ont pas un métier, ces gens ?
Et après, certains se demandent pourquoi nous sommes quelques uns à dire que l'UNSA est à vomir.
Et sinon, ils ont pas un métier, ces gens ?
- Thalia de GMédiateur
Dans mon inutile fiche de présentation des entrants en 6e, j'ai une rubrique : "Tes premières impressions à l'entrée au collège". La plupart sont un peu inquiets de ne pas retrouver la bonne salle, mais tellement heureux d'être des grands et d'avoir des profs différents. Je ne les sens pas traumatisés, même s'ils sont conscients qu'il leur faudra une période d'adaptation.
Petite analogie qui vaut ce qu'elle vaut : quand on veut habituer un enfant à aller sur le pot (ie acquérir une certaine autonomie), ne faut-il pas lui enlever sa couche ?
Petite analogie qui vaut ce qu'elle vaut : quand on veut habituer un enfant à aller sur le pot (ie acquérir une certaine autonomie), ne faut-il pas lui enlever sa couche ?
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- Ma'amÉrudit
N'empêche, on était vachement forts, nous !
On a vécu tout ça et on n'a même pas eu besoin d'années de psychothérapie pour nous en remettre !
On a vécu tout ça et on n'a même pas eu besoin d'années de psychothérapie pour nous en remettre !
- Terra Nova remet sur la table "l'école commune" enterrée par Peillon.
- Terra Nova défend la réforme du collège
- IFRAP : Les solutions d'Agnès Verdier-Molinié pour l'éducation.
- Sgen/Unsa/Terra Nova/Obin : "Associer l’école primaire et le collège dans la même gestion locale" (Libé)
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