Tutoyer ou vouvoyer les élèves ?

Disons que c'est un de mes doutes parmi tant d'autres, et je me poserais sûrement moins de questions si j'avais choisi le tutoiement qui me serait sans doute venu naturellement si je n'avais pas réfléchi au problème.

En fait je crois que cela n'a aucune importance. C'est sur bien d'autres choses que se joue le rapport entre le prof et les élèves.

Si, c'est important, car il faut surtout être à l'aise face aux élèves.

Je vais me laisser quelques jours de réflexion...

Et puis, si vous tutoyez, n'oubliez pas de prendre un air compatissant dès qu'ils ont un problème, et de commencer vos phrases par "Oh mon pauvre chéri / Oh ma pauvre petite caille", ça aide beaucoup à rester digne et propre. A appliquer de préférence en VDC, sur le mode : "Oh, ma caillette, qu'est-ce que tu me dis là ? Ton vilain prof de maths te donne des zexercices ? Mais bien sûr que tu ne sais pas les faire, comment le saurais-tu, ô ma mignonne ? Viens, nous allons le gourmander de conserve et tu verras qu'il n'osera plus se risquer à semblables turpitudes".

Marcel Khrouchtchev a écrit:Si, c'est important, car il faut surtout être à l'aise face aux élèves.

C'est bien ce que je veux dire. C'est là que ça se joue. A titre perso je pratique alternativement les deux comme ça me vient en fonction de la situation, du message que je veux faire passer et de mon envie. Et ils n'ont même pas l'air surpris...

Tamerlan a écrit:

Marcel Khrouchtchev a écrit:Si, c'est important, car il faut surtout être à l'aise face aux élèves.

C'est bien ce que je veux dire. C'est là que ça se joue. A titre perso je pratique alternativement les deux comme ça me vient en fonction de la situation, du message que je veux faire passer et de mon envie. Et ils n'ont même pas l'air surpris...

On est bien d'accord alors!

Oui!

Au fait pour la dissymétrie évoquée plus haut je ne vois pas où est le problème. Ça ne leur fait pas de mal aux élèves de lycée un petit rappel de cette incontournable réalité non ?

En passant au lycée j'ai continué à tutoyer. Vouvoyer ces petits gosses aurait été un rôle pour moi. Je n'aurais pas tenu. En plus j'ai pas l'air commode de manière génrale. Si je vouvoie par dessus le marché ils ne vont pas vouloir entrer dans la salle

Cripure a écrit:Et puis, si vous tutoyez, n'oubliez pas de prendre un air compatissant dès qu'ils ont un problème, et de commencer vos phrases par "Oh mon pauvre chéri / Oh ma pauvre petite caille", ça aide beaucoup à rester digne et propre. A appliquer de préférence en VDC, sur le mode : "Oh, ma caillette, qu'est-ce que tu me dis là ? Ton vilain prof de maths te donne des zexercices ? Mais bien sûr que tu ne sais pas les faire, comment le saurais-tu, ô ma mignonne ? Viens, nous allons le gourmander de conserve et tu verras qu'il n'osera plus se risquer à semblables turpitudes".

:lol:

Je suis surpris que la question se pose : chez moi, aussi bien dans les collège et lycée "de bourges" de mes enfants que dans le collège REP+ où vont mes élèves, c'est voussoiement radical. Du coup, dans mon CM2 aussi. C'est un vrai enjeu et un patient apprentissage. Et c'est utile aussi parce que ça contraint les élèves à une mise à distance de leurs réactions les plus spontanées (qui commencent souvent par vazi).

Il me semble que selon sa personnalité, on est plus ou moins à l'aise avec le vouvoiement. Mais il me semble aussi que le contraire est vrai. Une collègue l'an passée vouvoyait les collégiens avec aisance et pensait qu'elle perdrait une grande part d'autorité si elle les tutoyait, chose qui de toute façon, ne lui était pas naturelle. Bof.

Je suis plus à l'aise avec le tutoiement et je l'utilise uniquement. Je suis au collège.
Après ça n'empêche pas les élèves de me respecter et ça ne m'empêche pas de les respecter aussi.
Puis les remarques insolentes ne sont pas liées au tutoiement. J'en ai eu, des collègues vouvoyeurs en ont eu aussi. Cela tient surtout des classes, des élèves et de la pratique du professeur.

Oui, ça, c'est vrai. J'aime bien le voussoiement pour des raisons déjà dites par d'autres (j'étais voussoyé dès la 6e), mais aussi parce que ça me rappelle, avec le costume-cravate, que je suis au boulot. Sinon, rien, ni les fautes d'orthographe dans les notes de service, ni les propos bêtes à pleurer de certains collègues, ni le peu d'appétence actuel des élèves pour le travail auquel ils sont venus s'inscrire, bref, rien ne me permettrait de me rappeler que je suis au taf et non chez Mimile (sauf que chez Mimile, c'est pas marée basse en permanence )...

Tamerlan a écrit:

Marcel Khrouchtchev a écrit:Si, c'est important, car il faut surtout être à l'aise face aux élèves.

C'est bien ce que je veux dire. C'est là que ça se joue. A titre perso je pratique alternativement les deux comme ça me vient en fonction de la situation, du message que je veux faire passer et de mon envie. Et ils n'ont même pas l'air surpris...

Ça doit au moins les amuser.
Mon prof de physique en seconde tutoyait les garçons et voussoyait les filles. Je précise que c'était le genre terreur froide qui avait une autorité naturelle impressionnante comme j'en ai rarement vue. Je ne sais même pas s'il s'en rendait compte mais ça nous amusait beaucoup (sous cape). C'était par ailleurs un excellent prof. Je l'entends encore me dire, après qu'il avait épuisé une dizaine d'élèves sur un exo à préparer sur lequel tous avait séché : « Leskhal, tu passes au tableau ! », pour finir par m'engueuler parce que je n'avais pas donné la solution aux autres (j'étais bon élève, c'est pour ça que je suis toujours au lycée...)

Pour moi, c'est vouvoiement pour tous. Depuis le début d'ailleurs. C'est professionnel, ça marque une distance nécessaire (mais ce n'est que mon avis).

Cripure a écrit:Et puis, si vous tutoyez, n'oubliez pas de prendre un air compatissant dès qu'ils ont un problème, et de commencer vos phrases par "Oh mon pauvre chéri / Oh ma pauvre petite caille", ça aide beaucoup à rester digne et propre. A appliquer de préférence en VDC, sur le mode : "Oh, ma caillette, qu'est-ce que tu me dis là ? Ton vilain prof de maths te donne des zexercices ? Mais bien sûr que tu ne sais pas les faire, comment le saurais-tu, ô ma mignonne ? Viens, nous allons le gourmander de conserve et tu verras qu'il n'osera plus se risquer à semblables turpitudes".

Je tutoie mes élèves tout en les respectant et sans les materner. Le tutoiement face à des élèves âgés de 10 à 16 ans m'est simplement plus naturel.

Tamerlan a écrit:Oui!

Au fait pour la dissymétrie évoquée plus haut je ne vois pas où est le problème. Ça ne leur fait pas de mal aux élèves de lycée un petit rappel de cette incontournable réalité non ?

La dissymétrie ne me pose pas non plus de souci. Je ne crois pas que les élèves et les enseignants (et plus généralement les adultes de l'établissement) soient sur un pied d'égalité. D'ailleurs, à titre personnel, cela me gênait au début d'entendre mes élèves tutoyer les surveillants. Maintenant, je m'y suis fait mais je trouverais plus normal que tous les adultes soient vouvoyés.

C'est pas faux a écrit:Je suis surpris que la question se pose : chez moi, aussi bien dans les collège et lycée "de bourges" de mes enfants que dans le collège REP+ où vont mes élèves, c'est voussoiement radical. Du coup, dans mon CM2 aussi. C'est un vrai enjeu et un patient apprentissage. Et c'est utile aussi parce que ça contraint les élèves à une mise à distance de leurs réactions les plus spontanées (qui commencent souvent par vazi).

La question se pose parce que je pensais moi aussi que le vouvoiement était plus répandu, alors que seulement une petite minorité de mes collègues l'utilise. Je n'aime pas la familiarité excessive, je pense être bien élevé, mais j'ai en revanche le tutoiement facile dans la vie de tous les jours.

Et je précise aussi que je les appelle Monsieur / Madame et à l'entrée en cours, je les salue un par un en leur serrant la main. Ca doit vous sembler excessif, mais ça les conditionne pour être en situation de "formation professionnelle" et leur comportement diffère malgré tout. (bon, certains sont irrécupérables je l'avoue...)

Le mieux est de les tuvoyer.

ou de les siffler quand on les appelle...

Botchan a écrit:Bon allez, si Olympias s'y met, je crois que je vais tenir jusqu'à la fin de l'année...

Je suis perclus de doute en permanence, vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est usant!

Si tu tiens jusqu'à la fin de l'année, tu ne pourras pas revenir au tutoiement... (et tu referas remonter le topic !)

Petite question liée.
En quoi vouvoyer est plus professionnel que tutoyer?

Il me semble être professionnel tout en tutoyant mes élèves et mes collègues.
Après que le vouvoiement permette à certains de séparer le milieu professionnel de la sphère privée, c'est autre chose. Mais j'ai d'autres moyens pour m'en rendre compte. Par exemple, je garde mon pantalon quand je suis sur le canapé de la salle des profs. Ca aide à rester professionnel.

@totoro: Il me semblait qu'après les vacances d'été et avec de nouveaux élèves (il est peu probable que je retrouve beaucoup d'élèves) je pourrais peut-être repasser au tutoiement...On verra... comme je l'ai dit plus haut c'est surtout en seconde que c'est un peu difficile, en première et en terminale ça coule plus facilement.

L'argument "professionnel" ne me convainc pas non plus, je ne vois pas trop le rapport. Nos élèves sont encore des mineurs, des enfants, les conventions veulent qu'il est acceptable qu'un adulte tutoie des enfants et soit vouvoyé par eux...

cela dépend aussi des matières : en langues, EPS, le tutoiement est beaucoup plus approprié

Pourquoi donc?