- DwarfVénérable
J'ouvre ce poste pour ne pas polluer celui au sein duquel j'entendais faire le développement qui suit. Le roman Twilight était cité comme oeuvre(tte) à priori destinée à la jeunesse mais qui, à l'instar du Clan des Otori, faisait visiblement l'objet d'une édition tout public. Puisque l'on aborde le sujet, cela m'a inspiré certaines réflexions.
Quand on sait que l'auteur est mormone, on se rend compte que le livre
(particulièrement dans le contexte américain actuel) est l'étendart
d'une idéologie chrétienne radicale qui ferait sortir de leurs gongs
nos vénérables militantes du MLF première vague et révolterait
n'importe quelle femme moderne (pourquoi pensé-je spontanément à Sonia
Bergerac? ) digne de ce nom, c'est à dire certes libre mais surtout responsable et autonome (une liberté débridée n'est pas une vraie liberté, mais le stoïcisme n'est pas le sujet présent). Ce roman est donc porteur d'unmessage radical à destination des jeunes filles et dans une bien moindre mesure des jeunes hommes aussi : avant le mariage, pas de sexe (avec en outre pour seul but la procréation, comme la suite de l'histoire le montre clairement).
Aux origines, le vampire était symboliquement une figure féminine sensuelle au service du plaisir masculin, logique dans un cadre judéo-chrétien naturellement porté à donner à l'homme la meilleure place. Le paradoxe veut donc que Madame Meyer reprenne dans Twilight le mythe du vampire masculin mis en place pour la première fois par Stoker mais en en inversant la fonction fondamentale. Stoker faisait symboliquement de Dracula un initiateur sexuel libérateur de la femme dans le cadre pudibond de la société victorienne, Madame Meyer renverse cette fonction en faisant du vampire mâle un principe enfermant à nouveau la femme dans sa fonction de procréatrice qui n'a pas à être décisionnaire de sa vie sexuelle. Dracula venait troubler un ordre établi, Edward Cullen (le vampire de Twilight) fait rentrer l'héroïne dans le sien avec une finalité procréatrice vivipare. Un dernier détail qui veut tout dire : la saga Twilight a en fait pour nom "La saga du désir interdit". Tout un programme.
Après, mesdames, à vous de voir...
Quand on sait que l'auteur est mormone, on se rend compte que le livre
(particulièrement dans le contexte américain actuel) est l'étendart
d'une idéologie chrétienne radicale qui ferait sortir de leurs gongs
nos vénérables militantes du MLF première vague et révolterait
n'importe quelle femme moderne (pourquoi pensé-je spontanément à Sonia
Bergerac? ) digne de ce nom, c'est à dire certes libre mais surtout responsable et autonome (une liberté débridée n'est pas une vraie liberté, mais le stoïcisme n'est pas le sujet présent). Ce roman est donc porteur d'unmessage radical à destination des jeunes filles et dans une bien moindre mesure des jeunes hommes aussi : avant le mariage, pas de sexe (avec en outre pour seul but la procréation, comme la suite de l'histoire le montre clairement).
Aux origines, le vampire était symboliquement une figure féminine sensuelle au service du plaisir masculin, logique dans un cadre judéo-chrétien naturellement porté à donner à l'homme la meilleure place. Le paradoxe veut donc que Madame Meyer reprenne dans Twilight le mythe du vampire masculin mis en place pour la première fois par Stoker mais en en inversant la fonction fondamentale. Stoker faisait symboliquement de Dracula un initiateur sexuel libérateur de la femme dans le cadre pudibond de la société victorienne, Madame Meyer renverse cette fonction en faisant du vampire mâle un principe enfermant à nouveau la femme dans sa fonction de procréatrice qui n'a pas à être décisionnaire de sa vie sexuelle. Dracula venait troubler un ordre établi, Edward Cullen (le vampire de Twilight) fait rentrer l'héroïne dans le sien avec une finalité procréatrice vivipare. Un dernier détail qui veut tout dire : la saga Twilight a en fait pour nom "La saga du désir interdit". Tout un programme.
Après, mesdames, à vous de voir...
- Reine MargotDemi-dieu
je suis d'accord et j'ai bien vu en regardant ce film que le moment de la morsure toujours retardé était évidemment une allusion claire à la chose! effectivement c'est très américain et très moralisateur, j'ai été sensible au romanesque du bouquin et du film mais sans être dupe de ce qu'il y avait derrière.
Autre film qui m'a frappé récemment: un film de série B nommé "prédictions", avec Nicholas cage. En 1959, les enfants d'une école américaine enferment dans une capsule temporelle des dessins destinés aux générations futures censés représenter leur vision de l'avenir. La capsule doit être ouverte 50 ans plus tard, en 2009. Seule une petite fille, au lieu d'un dessin, écrit sauvagement une suite incompréhensible de nombres.
En 2009, un enfant recoit la feuille avec les nombres. ça tombe bien, papa est physicien (N Cage) et hésite entre la théorie du déterminisme (le monde crée selon un dessein intelligent) et celui du hasard. Il est brouillé avec son père, pasteur. Il découvre que la suite de nombres incohérent renseigne en fait sur les catastrophes des 50 ans à venir après 1959, dont, évidemment le 11 septembre (tiens tiens...). la petite fille était donc médium et le "dessein intelligent " existe bien! Après avoir essayé en vain de sauver des gens de 3 catastrophes qui restent, il se rapproche de la fille de la gamine medium, dont la mère est morte, et qui a aussi une fille. des gens en noir, bizarres, tentent d'approcher des enfants et leur murmurent des choses, et veulent les enlever.
A la fin, en réalité, le scientifique découvre que la terre va être balayée par uen éruption solaire et que seuls les deux enfants sont des élus, qui vont être emmenés par les hommes en noir pour repeupler une autre planète. d'ailleurs les prophéties d'Ezéchiel font aussi allusion à des extraterrestres venus peupler la Terre (j'ai beaucoup ri en pensant aux tartines d'Ezéchiel chez Voltaire) et confirment que ce sont des anges.
A la fin la terre est balayée, tout le monde meurt sauf les enfants qui sont emmenés sur uen autre plénète très verte et belle, avec un bel arbre à fruits au milieu (vous saisissez l'allusion).
bref ce film m'a paru une grosse porpoagande religieuse, j'y ai trouvé du raelien (les elohim) des témoins de jéhovah (armageddon ou le jugement dernier où seuls les élus sont sauvés)
sauriez-vous me dire de quelle secte millénariste vient ce truc?
Autre film qui m'a frappé récemment: un film de série B nommé "prédictions", avec Nicholas cage. En 1959, les enfants d'une école américaine enferment dans une capsule temporelle des dessins destinés aux générations futures censés représenter leur vision de l'avenir. La capsule doit être ouverte 50 ans plus tard, en 2009. Seule une petite fille, au lieu d'un dessin, écrit sauvagement une suite incompréhensible de nombres.
En 2009, un enfant recoit la feuille avec les nombres. ça tombe bien, papa est physicien (N Cage) et hésite entre la théorie du déterminisme (le monde crée selon un dessein intelligent) et celui du hasard. Il est brouillé avec son père, pasteur. Il découvre que la suite de nombres incohérent renseigne en fait sur les catastrophes des 50 ans à venir après 1959, dont, évidemment le 11 septembre (tiens tiens...). la petite fille était donc médium et le "dessein intelligent " existe bien! Après avoir essayé en vain de sauver des gens de 3 catastrophes qui restent, il se rapproche de la fille de la gamine medium, dont la mère est morte, et qui a aussi une fille. des gens en noir, bizarres, tentent d'approcher des enfants et leur murmurent des choses, et veulent les enlever.
A la fin, en réalité, le scientifique découvre que la terre va être balayée par uen éruption solaire et que seuls les deux enfants sont des élus, qui vont être emmenés par les hommes en noir pour repeupler une autre planète. d'ailleurs les prophéties d'Ezéchiel font aussi allusion à des extraterrestres venus peupler la Terre (j'ai beaucoup ri en pensant aux tartines d'Ezéchiel chez Voltaire) et confirment que ce sont des anges.
A la fin la terre est balayée, tout le monde meurt sauf les enfants qui sont emmenés sur uen autre plénète très verte et belle, avec un bel arbre à fruits au milieu (vous saisissez l'allusion).
bref ce film m'a paru une grosse porpoagande religieuse, j'y ai trouvé du raelien (les elohim) des témoins de jéhovah (armageddon ou le jugement dernier où seuls les élus sont sauvés)
sauriez-vous me dire de quelle secte millénariste vient ce truc?
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- InvitéInvité
Scientologie.
J'ai fait la recherche sur le net après l'avoir vu, me posant la même question.
J'ai fait la recherche sur le net après l'avoir vu, me posant la même question.
- KateNiveau 6
marquisedemerteuil a écrit:je suis d'accord et j'ai bien vu en regardant ce film que le moment de la morsure toujours retardé était évidemment une allusion claire à la chose! effectivement c'est très américain et très moralisateur, j'ai été sensible au romanesque du bouquin et du film mais sans être dupe de ce qu'il y avait derrière.
Autre film qui m'a frappé récemment: un film de série B nommé "prédictions", avec Nicholas cage. En 1959, les enfants d'une école américaine enferment dans une capsule temporelle des dessins destinés aux générations futures censés représenter leur vision de l'avenir. La capsule doit être ouverte 50 ans plus tard, en 2009. Seule une petite fille, au lieu d'un dessin, écrit sauvagement une suite incompréhensible de nombres.
En 2009, un enfant recoit la feuille avec les nombres. ça tombe bien, papa est physicien (N Cage) et hésite entre la théorie du déterminisme (le monde crée selon un dessein intelligent) et celui du hasard. Il est brouillé avec son père, pasteur. Il découvre que la suite de nombres incohérent renseigne en fait sur les catastrophes des 50 ans à venir après 1959, dont, évidemment le 11 septembre (tiens tiens...). la petite fille était donc médium et le "dessein intelligent " existe bien! Après avoir essayé en vain de sauver des gens de 3 catastrophes qui restent, il se rapproche de la fille de la gamine medium, dont la mère est morte, et qui a aussi une fille. des gens en noir, bizarres, tentent d'approcher des enfants et leur murmurent des choses, et veulent les enlever.
A la fin, en réalité, le scientifique découvre que la terre va être balayée par uen éruption solaire et que seuls les deux enfants sont des élus, qui vont être emmenés par les hommes en noir pour repeupler une autre planète. d'ailleurs les prophéties d'Ezéchiel font aussi allusion à des extraterrestres venus peupler la Terre (j'ai beaucoup ri en pensant aux tartines d'Ezéchiel chez Voltaire) et confirment que ce sont des anges.
A la fin la terre est balayée, tout le monde meurt sauf les enfants qui sont emmenés sur uen autre plénète très verte et belle, avec un bel arbre à fruits au milieu (vous saisissez l'allusion).
bref ce film m'a paru une grosse porpoagande religieuse, j'y ai trouvé du raelien (les elohim) des témoins de jéhovah (armageddon ou le jugement dernier où seuls les élus sont sauvés)
sauriez-vous me dire de quelle secte millénariste vient ce truc?
Moi qui pensais peut être aller voir le film... Merci pour ce résumé, Marquise!! :lol: :lol: :lol:
- Reine MargotDemi-dieu
ben tu n'as pas raté grand chose...et ça t'évitera de te retrouver à étudier la dianétique :lecteur: :lol!:
_________________
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La famille Bélier
- AnguaGrand sage
Il y avait déjà eu un topic sur le sujet, que je n'ai pas retrouvé... mais si le sujet t'intéresse, j'en profite pour copier ici un texte vers lequel j'avais envoyé un lien à l'époque, dont l'auteur est Catherine Dufour:
"Ah oui, le pavé dont est sorti Twilight, le film. Ne reculant devant aucun sacrifice, j'en ai parcouru la moitié d'un derrière distrait.
La narration est d'une linéarité limpide : une jeune fille arrive dans
une ville moche du nord des Etats-Unis, elle va au lycée où elle
rencontre des gens et rédige des devoirs de sciences nat. L'ellipse est
rare et le vocabulaire simpliste.
L'histoire : elle rencontre un beau gars, elle tombe amoureuse,
c'est réciproque et paf ! c'est un vampire. Va-t-il la bouffer ? Ben
non, puisqu'il y a deux tomes à suivre. Va-t-il l'embrasser ? A la page
250, c'est pas gagné. Bon, mais on s'en fout, de tout ça. Evidemment,
l'auteur achoppe sur la première pierre venue : son vampire est
tellement extraordinairement plus beau que beau qu'on n'arrive jamais à
le visualiser, comme le plus blanc que blanc. Sa peau est d'albâtre un
coup, de marbre un autre coup, de diamant la page suivante, ses yeux
sont de topaze ou d'onyx, bref il ressemble à un catalogue Mauboussin.
La beauté, c'est pas sexe.
Mais ce qui est intéressant dans ce bouquin, c'est l'image de la jeune fille américaine à laquelle les ados aiment s'identifier.
1) C'est une bonniche. Elle fait les courses parce que ça l'amuse,
elle fait la bouffe parce que ça la distrait, elle gère le linge parce
que ça lui change les idées, et elle se tape la vaisselle parce que ça
lui occupe les mains. Super.
2) Elle ne mange pas. Elle ne mange pas équilibré, elle ne mange
pas des légumes, elle ne mange pas bio : elle ne mange pas tout court.
Elle passe son temps à avoir l'estomac noué, ou des crampes, ou pas
faim, et elle suçote un coca cola d'un air distrait. Je viens de
comprendre deux trois trucs sur l'obésité aux Etats Unis, moi. Notez
qu'à cette étonnante absence d'estomac correspond une identique absence
de foufoune.
3) Elle passe son temps à tituber qu'on se croirait chez Conan.
Elle tombe dès qu'elle met un pied devant l'autre, elle rougit à tout
bout de champs, elle a des vapeurs en cours de dissection, et des
migraines et des insomnies qu'elle soigne en avalant un cachet
d'antibiotiques (?) qui la shoote grave (???).
Conclusion : Judith Butler, reviens ! Elles sont devenues folles."
Source: forum du Cafard Cosmique, que je conseille très, très vivement à tous les amateurs de SF.
J'aime beaucoup cette analyse. J'avoue que j'ai beaucoup aimé lire Twilight aussi, mais sans perdre de vue ce dont il s'agit: un roman "bien pensant", facile, qui appelle à tout sauf à une réflexion profonde. Un phantasme de soumission inavoué, peut-être?
"Ah oui, le pavé dont est sorti Twilight, le film. Ne reculant devant aucun sacrifice, j'en ai parcouru la moitié d'un derrière distrait.
La narration est d'une linéarité limpide : une jeune fille arrive dans
une ville moche du nord des Etats-Unis, elle va au lycée où elle
rencontre des gens et rédige des devoirs de sciences nat. L'ellipse est
rare et le vocabulaire simpliste.
L'histoire : elle rencontre un beau gars, elle tombe amoureuse,
c'est réciproque et paf ! c'est un vampire. Va-t-il la bouffer ? Ben
non, puisqu'il y a deux tomes à suivre. Va-t-il l'embrasser ? A la page
250, c'est pas gagné. Bon, mais on s'en fout, de tout ça. Evidemment,
l'auteur achoppe sur la première pierre venue : son vampire est
tellement extraordinairement plus beau que beau qu'on n'arrive jamais à
le visualiser, comme le plus blanc que blanc. Sa peau est d'albâtre un
coup, de marbre un autre coup, de diamant la page suivante, ses yeux
sont de topaze ou d'onyx, bref il ressemble à un catalogue Mauboussin.
La beauté, c'est pas sexe.
Mais ce qui est intéressant dans ce bouquin, c'est l'image de la jeune fille américaine à laquelle les ados aiment s'identifier.
1) C'est une bonniche. Elle fait les courses parce que ça l'amuse,
elle fait la bouffe parce que ça la distrait, elle gère le linge parce
que ça lui change les idées, et elle se tape la vaisselle parce que ça
lui occupe les mains. Super.
2) Elle ne mange pas. Elle ne mange pas équilibré, elle ne mange
pas des légumes, elle ne mange pas bio : elle ne mange pas tout court.
Elle passe son temps à avoir l'estomac noué, ou des crampes, ou pas
faim, et elle suçote un coca cola d'un air distrait. Je viens de
comprendre deux trois trucs sur l'obésité aux Etats Unis, moi. Notez
qu'à cette étonnante absence d'estomac correspond une identique absence
de foufoune.
3) Elle passe son temps à tituber qu'on se croirait chez Conan.
Elle tombe dès qu'elle met un pied devant l'autre, elle rougit à tout
bout de champs, elle a des vapeurs en cours de dissection, et des
migraines et des insomnies qu'elle soigne en avalant un cachet
d'antibiotiques (?) qui la shoote grave (???).
Conclusion : Judith Butler, reviens ! Elles sont devenues folles."
Source: forum du Cafard Cosmique, que je conseille très, très vivement à tous les amateurs de SF.
J'aime beaucoup cette analyse. J'avoue que j'ai beaucoup aimé lire Twilight aussi, mais sans perdre de vue ce dont il s'agit: un roman "bien pensant", facile, qui appelle à tout sauf à une réflexion profonde. Un phantasme de soumission inavoué, peut-être?
- OdalisqFidèle du forum
Dwarf a écrit:J'ouvre ce poste pour ne pas polluer celui au sein duquel j'entendais faire le développement qui suit. Le roman Twilight était cité comme oeuvre(tte) à priori destiné à la jeunesse mais qui, à l'instar du Clan des Otori, faisait visiblement l'objet d'une édition tout public. Puisque l'on aborde le sujet, cela m'a inspiré certaines réflexions.
Quand on sait que l'auteur est mormone, on se rend compte que le livre
(particulièrement dans le contexte américain actuel) est l'étendart
d'une idéologie chrétienne radicale qui ferait sortir de leurs gongs
nos vénérables militantes du MLF première vague et révolterait
n'importe quelle femme moderne (pourquoi pensé-je spontanément à Sonia
Bergerac?
) digne de ce nom, c'est à dire certes libre mais surtout responsable et autonome (une liberté débridée n'est pas une vraie liberté, mais le stoïcisme n'est pas le sujet présent). Ce roman est donc porteur d'un
message radical à destination des jeunes filles et dans une bien moindre
mesure des jeunes hommes aussi : avant le mariage, pas de sexe (avec en outre
pour but que la procréation, comme la suite de l'histoire le montre
clairement).
Aux origines, le vampire était symboliquement une figure féminine
sensuelle au service du plaisir masculin, logique dans un cadre
judéo-chrétien naturellement porté à donner à l'homme la meilleure place. Le paradoxe veut donc que Madame Meyer reprenne dans Twilight le mythe du vampire masculin mis en place pour la première fois par Stoker mais en en inversant la fonction fondamentale. Stoker faisait symboliquement de Dracula un initiateur sexuel libérateur de la femme dans le cadre pudibond de la société victorienne, Madame Meyer renverse cette fonction en faisant du vampire mâle un principe enfermant à nouveau la femme dans sa fonction de procréatrice qui n'a pas à être décisionnaire de sa vie sexuelle. Dracula venait troubler un ordre établi, Edward Cullen (le vampire de Twilight) fait rentrer l'héroïne dans le sien avec une finalité procréatrice vivipare. Un dernier détail qui veut tout dire : la saga Twilight a en fait pour nom "La saga du désir interdit". Tout un programme.
Après, mesdames, à vous de voir...
Absolument!
Dans un autre topic concernant la lecture de ce livre, j'avais évoqué l'idée du message de l'abstinence fait aux adolescents par certains intégristes américains et ce livre en véhicule parfaitement l'idée, il fait même de la propagande à certains endroits...
Merci pour ce niveau de lecture avisé!
_________________
"There is nothing like staying at home for real comfort." Jane Austen
- DwarfVénérable
Angua a écrit:J'aime beaucoup cette analyse. J'avoue que j'ai beaucoup aimé lire Twilight aussi, mais sans perdre de vue ce dont il s'agit: un roman "bien pensant", facile, qui appelle à tout sauf à une réflexion profonde. Un phantasme de soumission inavoué, peut-être?
Effectivement, d'une grande causticité! On a le droit d'apprécier une oeuvrette commerciale du moment que l'on a pleinement conscience de ce qu'elle représente. Libre à chacun d'aimer écouter du rap mais que l'on ne vienne pas prétendre que c'est de la musique (car il n'y a que le rythme d'éminent) et que cela vaut bien Mozart, Bach ou Wagner. Excusez cette pointe anti-relativiste mais cette doctrine a causé tellement de tort à notre métier que je ne puis m'en empêcher.
Et puis arrête tes commentaires SM (c'est le printemps!), ça éveille le maître dominateur qui sommeille en moi!
- DwarfVénérable
Odalisq a écrit:
Absolument!
Dans un autre topic concernant la lecture de ce livre, j'avais évoqué l'idée du message de l'abstinence fait aux adolescents par certains intégristes américains et ce livre en véhicule parfaitement l'idée, il fait même de la propagande à certains endroits...
Merci pour ce niveau de lecture avisé!
Je t'en prie! Et encore, j'ai fait court pour ne pas saouler le lectorat...
- ysabelDevin
Je n'ai pas lu ce roman mais j'adore vos commentaires. Et finalement l'interprétation donnée ne m'étonne guère quand on réfléchit qq peu à la société américaine.
_________________
« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- RuthvenGuide spirituel
Dwarf a écrit:Aux origines, le vampire était symboliquement une figure féminine sensuelle au service du plaisir masculin, logique dans un cadre judéo-chrétien naturellement porté à donner à l'homme la meilleure place. Le paradoxe veut donc que Madame Meyer reprenne dans Twilight le mythe du vampire masculin mis en place pour la première fois par Stoker ...
Et Ruthven et mon collègue Varney, tu les oublies !!!! Ils précèdent Dracula de plus de cinquante/soixante ans sans parler des vampires du folklore qui, eux, je te l'accorde, ne sont pas très séducteurs.
Quant à la soumission féminine, on rattache souvent (dans une filiation imaginaire) le thème vampirique à la figure de Lilith, la femme dominatrice qui veut seulement chevaucher Adam, celle qui ne se soumet pas (et qui est remplacée avantageusement (???) par la plus docile (enfin pour un court moment) Eve).
Sur la leçon du roman, je te suis totalement.
- CarabasVénérable
Tout à fait d'accord. Et sur Twilight et son interprétation, et sur le fait d'aimer une oeuvrette sans l'ériger au rang de chef-d'oeuvre.Dwarf a écrit:Angua a écrit:J'aime beaucoup cette analyse. J'avoue que j'ai beaucoup aimé lire Twilight aussi, mais sans perdre de vue ce dont il s'agit: un roman "bien pensant", facile, qui appelle à tout sauf à une réflexion profonde. Un phantasme de soumission inavoué, peut-être?
Effectivement, d'une grande causticité! On a le droit d'apprécier une oeuvrette commerciale du moment que l'on a pleinement conscience de ce qu'elle représente. Libre à chacun d'aimer écouter du rap mais que l'on ne vienne pas prétendre que c'est de la musique (car il n'y a que le rythme d'éminent) et que cela vaut bien Mozart, Bach ou Wagner. Excusez cette pointe anti-relativiste mais cette doctrine a causé tellement de tort à notre métier que je ne puis m'en empêcher.
Et que faites-vous de la figure du loup-garou?
- DwarfVénérable
Ruthven a écrit:Dwarf a écrit:Aux origines, le vampire était symboliquement une figure féminine sensuelle au service du plaisir masculin, logique dans un cadre judéo-chrétien naturellement porté à donner à l'homme la meilleure place. Le paradoxe veut donc que Madame Meyer reprenne dans Twilight le mythe du vampire masculin mis en place pour la première fois par Stoker ...
Et Ruthven et mon collègue Varney, tu les oublies !!!! Ils précèdent Dracula de plus de cinquante/soixante ans sans parler des vampires du folklore qui, eux, je te l'accorde, ne sont pas très séducteurs.
Quant à la soumission féminine, on rattache souvent (dans une filiation imaginaire) le thème vampirique à la figure de Lilith, la femme dominatrice qui veut seulement chevaucher Adam, celle qui ne se soumet pas (et qui est remplacée avantageusement (???) par la plus docile (enfin pour un court moment) Eve).
Sur la leçon du roman, je te suis totalement.
Exact et bien connu pour Lilith. Je la mentionne d'ailleurs toujours à mes petits sixièmes lors de notre étude de l'Ancien Testament, histoire qu'ils intègrent bien la place attendue de la femme chez les Judéo-Chrétiens : ce fut d'ailleurs l'occasion de m'entretenir avec eux de Twilight et de sa filiation intertextuelle (peu d'entre eux connaissaient d'ailleurs Roméo & Juliette ou même Shakespeare... ).
Pour le reste (le folklore roumain, Lord Ruthven - d'ailleurs issu du même cercle littéraire que le Frankenstein de Mary Shelley, au passage - & Varney avec son festin sanglant), comme je l'ai dit, j'ai fait court et la codification de Stoker a eu plus de retentissement et a atteint un statut de mythe moderne durable et fécond, contrairement aux autres, qui y ont cependant historiquement contribué.
Au passage, j'ai étudié Dracula avec mes quatrièmes cette année (version Ecoles des Loisirs car c'est une classe assez faible) : ils ont bien accroché, en définitive, et ont surtout été étonnés de constater que l'on pouvait, en creusant un minimum, faire apparaître un ensemble de structures et de messages dissimulés qui donnaient bien plus de profondeur à l'oeuvre qu'ils ne l'auraient soupçonné d'emblée.
- DwarfVénérable
Carabas a écrit:
Et que faites-vous de la figure du loup-garou?
Ah, mais, il nous va falloir ouvrir encore un autre poste, ma foi!
Le loup-garou, tout le monde en conviendra, c'est notre part animale, la part de notre être qui retourne à la nature. Là où le vampire est une figure policée et raffinée, le garou incarne l'instinct et la force primaire. Toutes deux créatures de la nuit, ils ne l'occupent cependant pas de la même manière, en définitive. Demander à une personne si elle s'identifierait spontanément à un vampire ou à un loup-garou révèle en général une réponse très significative quant à sa personnalité...
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