Artix (64) : le collège Jean-Moulin fermé suite à une série de malaises dans deux salles.

Un collège fermé après une série de malaises

L'origine de ces malaises reste mystérieuse. Mercredi matin, 450 élèves du collège Jean-Moulin d'Artix, dans les Pyrénées-Atlantiques, ont été évacués. Suite à des malaises survenus chez quatre collégiens, l'évacuation a été décidée en accord avec l'ARS (Agence régionale de santé), le conseil général et l'établissement. «Par principe de précaution, nous avons décidé de fermer le collège tant que nous n'avons pas de résultats sur la qualité de l'air», a expliqué Jean-Marie Bergeret Tercq, le maire d'Artix, sur France Bleu Béarn.

En premier lieu, les pompiers ont effectué un relevé du taux de monoxyde de carbone qui s'est révélé négatif. Depuis le début de l'année, onze collégiens ont été victimes de malaises et de pâleurs. Tous se sont produits dans les deux mêmes salles, situées au premier étage du bâtiment neuf. Le collège est en cours de rénovation depuis trois ans. Les interrogations portent donc sur d'éventuelles émanations de composants neufs. Elles pourraient provenir d'une réaction chimique entre une colle et un revêtement, même en présence de matériaux homologués. Selon les pompiers, l'origine de ces incidents «pourrait provenir d'une colle utilisée pour le faux plafond», précise La République des Pyrénées.

Les messages des médecins de l'Agence régionale de santé, comme ceux du chef d'établissement n'ont pas vraiment rassuré les parents d'élèves du collège d'Artix, vendredi, après sa réouverture partielle jeudi, et le constat de trois nouveaux malaises des élèves. La FCPE, en pointe dans le dossier, demandant hier la mise en place d'une cellule psychologique, « qui explique aux enfants que les symptômes qu'ils ont ressentis depuis des mois ne sont pas imaginaires en leur expliquant les différents facteurs auxquels ils sont dus ».

En effet, les parents d'élèves ne veulent pas croire à un « phénomène de groupe », évoqué par certains spécialistes, mais pointent toujours les travaux qui occupent le collège depuis plus de deux ans maintenant. [...] Certains ont vu des neurologues et même se sont vus prescrire des somnifères parce qu'ils ne dormaient pas », explique Jean-François Baby, de la FCPE.[...]

Le Conseil général a pourtant indiqué que les travaux de ventilation des dernières salles livrées devraient débuter ce samedi et durer quinze jours. « Nous voyons difficilement comment les enfants pourraient réintégrer un collège sécurisé à la rentrée, sachant que la pose des tests et la réalisation des analyses prennent déjà environ une semaine à eux seuls. De plus, l'installation de ventilation forcée diminuera certes le niveau de pollution des salles, mais n'éliminera pas la cause de cette pollution », écrit la FCPE, qui réclament des solutions alternatives, « dans des locaux sains ».

Une revendication appuyée hier par le syndicat FO des lycées et collèges, lequel écrit « qu'en cas de non-résolution des problèmes sanitaires, en toute clarté et sincérité, pendant les vacances de février, le SNFOLC 64 demande la mise à disposition, dès la rentrée, de locaux sains pour assurer la continuité de l'enseignement pour tous les élèves dans des conditions optimales d'accueil, de travail et de sécurité ».

Alors qu'une centaine de parents d'élèves ont participé à la manifestation à laquelle ils avaient été appelés ce lundi matin, le climat s'est subitement tendu quand peu après 8h30, des élèves en retard sont rentrés en cours sous le contrôle du principal du collège, Vincent Dufau. Ce dernier a fait enlever aux collégiens les masques hygiéniques dont ils s'étaient munis.

Une mère de famille expliquait les raisons de sa présence à la manifestation : "On est inquiets car il y a eu de nouveaux malaises jeudi. Ça s'est passé dans la classe de mon fils. Il a eu très mal au ventre. Et c'est dans une des salles les moins polluées !"

Franck Cazabielle, un entraîneur de l'AS Artix football, père de deux élèves, témoignait une "grande baisse physique avérée depuis deux mois dans l'équipe des U13 (joueurs de 13 ans). Et même chez certains U15". Il poursuit : "Il y a une baisse de régime de gosses qui pourtant devraient connaitre un regain de forme en cette période de l'année".

Des parents devaient être reçus par le principal à l'intérieur du collège. A 9h20, un attroupement de parents et d'élèves était toujours constitué devant l'entrée de l'établissement.

La série continue. "Au 3 avril, 93 signalements ont été reçus concernant 69 élèves et un enseignant avec pour principale manifestation des maux de tête", indique l'Agence régionale de santé (ARS) dans un premier communiqué depuis le début de cette affaire, en janvier.

Hier jeudi, selon France Bleu Béarn, ce sont 28 élèves qui auraient été pris de malaises au collège Jean-Moulin d'Artix. Quelque 200 parents d'élèves ont pu faire part de leurs craintes au représentant de la cellule de l'Instit national de veille sanitaire en région Aquitaine, Patrick Rolland, lors d'une réunion jeudi soir.

Malgré les tests sur la qualité de l'air validés par l'ARS, les plaintes des élèves persistent. Et les parents restent dans l'incompréhension.

Dans un contexte de recrudescence des symptômes (maux de tête, vertiges, difficultés à respirer), indique-t-elle dans un communiqué publié ce mardi soir, l'Agence régionale de santé(ARS) Aquitaine recommande la fermeture du collège Jean-Moulin d'Artix. Une préconisation conforme à celle de l'Institut de veille sanitaire (InVS) en Aquitaine.

Depuis le 3 mars, 188 malaises lui ont été signalés au collège, dont 174 depuis le 27 mars. "Dans ce contexte, l'ARS et l'InVS ont décidé de conduire une démarche interdisciplinaire visant à apporter des éclairages supplémentaires sur cette situation sanitaire", est-til dit dans le communiqué.

Les malaises demeurent inexpliqués. Les premiers remontent à la rentrée des vacances de Noël, dans des salles de classes d'une aile du bâtiment remise à neuf. Après une évacuation du collège, le 5 février, sur décision du maire d'Artix, quatre élèves s'étant trouvés mal dans une même classe après une séance de basket, l'établissement avait rouvert intégralement le 10 mars dernier, après l'installation de la ventilation (VMC ) dans toutes les salles de classe.

"Il n'y a plus de crise", a glissé laconiquement Bernard Leremboure, le représentant départemental de l'ARS. Les représentants du conseil général se sont alignés sur le mutisme de l'ARS. Celui de l'inspecteur d'académie s'est vite éclipsé. "Le dispositif mis en place est très approprié et très intéressant", a simplement commenté le principal du collège, Vincent Dufau, notant au passage que depuis la rentrée de printemps, il y avait eu "zéro malaise".

Ce n'est pas l'avis des représentants des parents d'élèves (FCPE), ni du syndicat enseignant FO, qui pointent eux, la persistance de "mal-être" de certains élèves, encore sujets de maux de tête et de ventre. "Beaucoup de questions posées restent sans réponse", observent-ils, persistant à demander que soient testés les matériaux utilisés pour la restructuration des locaux. S'ils se disent satisfaits des travaux de l'anthropologue, interdite aussi de communication, ils attendent des réponses claires et définitives aux questions que son enquête a relayées, sans trop y croire.

"On est interloqués et agacés", a réagi la représentante FO des enseignants. Parents et enseignants demandent la présence temporaire d'un psychologue et d'une assistante sociale auprès de l'infirmière. Une nouvelle réunion de la cellule est programmée le 16 juin prochain. Les parents se demandent s'il est opportun de continuer à y siéger.