Littérature ou non, avouez vous vos goûts à tout le monde?

Rhooo la la ! Je sens que j'ai très mauvais goût ! J'adore David Lodge et je sens que je vais aimer Barbara Pym et Alison Lurie. J'aime beaucoup le roman anglais en général.

(Et j'avoue même que je pousse la faute de goût jusqu'à ne pas comprendre ce qu'on trouve à Jane Austen, qui n'est à mes yeux que du Cartland en crinoline. Je ne lui pardonne qu'à cause de l'extrême suavité des dialogues, cet art de dire des vacheries dans la langue la plus exquise.)

Sur Jane Austen: no comment!   C'est quand même une grande styliste, et elle critique très souvent le romantisme et ses clichés, ainsi que la littérature populaire. Il faudrait que tu lises ses ouvres de jeunesse, satire de toutes les Barbara Cartland de l'époque.

Attends, attends... C'est elle qui a écrit Lady Suzan ? Ça, c'était bien. J'aime beaucoup les construction épistolaires machiavéliques. Mais ce n'est malheureusement pas ce qu'on retient d'elle.

Oui, c'est elle mais il y en a d'autres, qui n'ont pas été publiées de son vivant. Austen est une anti-romantique, contrairement à ce que l'on croit souvent.

Le reste, j'avoue que je n'y suis pas très sensible. La partie satirique si souvent évoquée m'échappe complètement. Je trouve ça même assez cul-cul (Darcy va-t-il aimer Lizzy ? mais oui, bien sûr, c'est évident dès les premières lignes et les atermoiements de l'un et de l'autre m'agacent). Affaire de goûts, sans doute.

Je suis un peu étonné, ils ne correspondent ni l'un ni l'autre aux clichés romantiques et Austen est bien claire: un mariage sans argent n'est pas souhaitable, ça limite quand même les grandes envolées lyriques, et je suis aussi sensible à son style concis. Essaie un autre de ses romans: Northanger Abbey et sa parodie du roman gothique, Le coeur et la raison, satire du romantisme etc

J'ai lu Le Coeur et la raison (enfin, je crois, dans mon édition, ça s'appelle Raison et Sentiments, mais c'est la même chose, ou je me trompe ?), Orgueil et Préjugés, et Lady Suzan, donc, mon préféré. La thèse n'est peut-être pas très romantique, mais l'hybris des personnages, leur caractère marginal, les affinités électives, la manière de se tourner autour, bref, les éléments de l'intrigue restent des topoï du genre.
Pourtant, je ne déteste pas le Romantisme. J'adore Stendhal.

Oui mais il y a une certaine sécheresse qu'on ne trouve pas dans le romantisme, mais encore une fois tu es beaucoup plus calée que moi dans ce domaine.

Le coeur et la raison et le titre choisi pour l'édition de la Pléiade et je le préfère à Raison et sentiments que je trouve bancal, et qui traduit mal Sense and Sensibility. Tu pourrais essayer Mansfield Park, qui est assez différent des autres romans.

V.Marchais a écrit:Le reste, j'avoue que je n'y suis pas très sensible. La partie satirique si souvent évoquée m'échappe complètement. Je trouve ça même assez cul-cul (Darcy va-t-il aimer Lizzy ? mais oui, bien sûr, c'est évident dès les premières lignes et les atermoiements de l'un et de l'autre m'agacent). Affaire de goûts, sans doute.

  :etoilecoeur:     

Ah ben te voilà toi! Ne te mêle pas de cette conversation et retourne lire tes histoires de baleines!  :lol: 

Caspar Goodwood a écrit:Ah ben te voilà toi! Ne te mêle pas de cette conversation et retourne lire tes histoires de baleines!  :lol: 

  

(M'en vais écrire un mail à JPB tiens, plus que les LGBT, c'est un lobby Austenite et Scarlet Johanssonite qui s'est emparé de neoprof. [voix de John Cage : UNACCEPTABLE!] )

V.Marchais a écrit:Rhooo la la ! Je sens que j'ai très mauvais goût ! J'adore David Lodge et je sens que je vais aimer Barbara Pym et Alison Lurie. J'aime beaucoup le roman anglais en général.

(Et j'avoue même que je pousse la faute de goût jusqu'à ne pas comprendre ce qu'on trouve à Jane Austen, qui n'est à mes yeux que du Cartland en crinoline. Je ne lui pardonne qu'à cause de l'extrême suavité des dialogues, cet art de dire des vacheries dans la langue la plus exquise.)

Je n'ai jamais essayé Cartland, donc je ne peux pas commenter la comparaison,  mais j'aime bien Austen, parce que le style et la simplicité du récit me sont agréables, j'aime le dessin des personnages, les nuances des caractères, le tout dans une langue accessible.  Je ne suis pas transportée et je ne l'emporterais pas sur une île déserte mais quand je n'avais pas d'enfant, j'appréciais dans un bon bain ou en attendant mon train ou sur la plage, sans avoir besoin d'être concentrée. Bref : c'est mon Elle ou mon Closer à moi :lol:

En ben de mieux en mieux, Closer maintenant!    

Moi, elle me fait rire et sourire, je la trouve délicieusement cynique, comme moi   , et son côté romantique m'échappe complètement.

Le dernier roman que j'ai lu en entier, c'était Vipère au poing, voici plus de trois ans. Je n'aime pas lire d’œuvres de fiction, je n'arrive qu'exceptionnellement à les terminer, car mon intérêt s'émousse rapidement. C'est quelque chose dont je ne parle pas à tout le monde - encore que je le fais plus volontiers maintenant que je ne suis plus prof de lettres-histoire. Je ne me serais pas vue le dire à mes collègues ou à mon inspectrice !

Caspar Goodwood a écrit:Oui mais il y a une certaine sécheresse qu'on ne trouve pas dans le romantisme, mais encore une fois tu es beaucoup plus calée que moi dans ce domaine.

T'inquiète, Caspar, on n'est pas dans la surenchère pro, là. D'ailleurs, je ne parierais pas connaître JA mieux que toi. On cause de nos goûts, c'est tout.
Merci pour les références.

Je trouve ça toujours un peu bizarre de ne pas aimer la fiction. Le besoin qu'on me raconte une histoire est profondément ancré en moi et la fiction peut nous amener dans des endroits que la "non-fiction" ne peut pas atteindre. Désolé, Raoul, je ne veux pas du tout être agressif, d'ailleurs je connais des tas de gens très bien qui ne lisent pas de fiction mais j'ai du mal à les comprendre sur ce point.

@Veronique: aucune agressivité ou ironie dans mon propos, je constatais simplement qu'en tant que professeur de lettres tu connais mieux l'histoire littéraire et les genres que moi, je suis plus linguiste que littéraire.

Ah mais je précise immédiatement : je ne supporte pas Elle et Closer et je ne dis pas qu'Austen est de ce niveau ! Mais quand on demande aux lecteurs de ces magazines ce que la lecture leur procure, ce qu'ils recherchent, c'est ce que je recherche et ressens moi en lisant Austen : me vider la tête, rêvasser, me délecter des intrigues amoureuses d'un petit cercle, pouvoir interrompre et reprendre la lecture mille fois sans perdre le fil... chose que je ne parviens pas à faire avec d'autres auteurs anglais comme Joyce ou Wilde.
Je lis les nouvelles de Bukowski comme je lis Austen.

Je plaisantais. Moi je relis Austen quand je n'ai pas trop envie de lire ou que je ne sais pas quoi lire, je sais que je vais y retrouver un univers et des personnages familiers ainsi qu'un style clair et reposant.

V.Marchais a écrit:Le reste, j'avoue que je n'y suis pas très sensible. La partie satirique si souvent évoquée m'échappe complètement. Je trouve ça même assez cul-cul (Darcy va-t-il aimer Lizzy ? mais oui, bien sûr, c'est évident dès les premières lignes et les atermoiements de l'un et de l'autre m'agacent). Affaire de goûts, sans doute.

C'est surtout dans les intrigues matrimoniales (ah, que ne ferait pas Mrs Bennet pour caser ses filles) qu'on perçoit tous les enjeux de classes sociales: faire un beau mariage, garder le patrimoine familial, et snober ceux qui ne peuvent plus tenir leur rang est la préoccupation essentielle de cette société, bien loin justement du cul-cul romantique de la passion amoureuse qu'on retrouve dans les romans de l'époque. Les personnages secondaires justement qui forment cette société cynique et colorée sont essentiels, les femmes surtout (je pense aux personnages de commères, souvent affublées d'un mari atterré de leur bêtise ou bien aussi superficiel qu'elles).
La question finalement n'est pas tellement de savoir si Liz et Darçy vont s'aimer mais comment leurs caractères vont s'accorder et surtout comment un mariage va être possible dans une société qui n'accepte pas les mésalliances.

Caspar Goodwood a écrit:
@Oudemia: Trollope en poche, je crois que ce n'est pas près d'arriver malheureusement. C'est dommage que tu ne lises pas l'anglais car il a écrit des romans magnifiques qui ne sont pas traduits en français: He knew he was right, par exemple, une étude de la jalousie qui ferait presque penser à du Dostoïevski.

Il y a pourtant déjà Miss Mackensie, et Quelle époque ; le Dr Thorne est annoncé pour le 22 mai, et en cherchant je viens de m'apercevoir que l'Héritage Belton est paru en mars, moins de 10 €,  

Caspar : je rêve beaucoup plus en me plongeant dans un livre d'histoire. Il y a la part de connaissance que j'y trouve, mais aussi des situations, des personnages que je trouve passionnants. En ce moment, je me régale avec la biographie du Régent écrite par Jean-Christian Petitfils : j'aime cette impression de pénétrer à la cour du vieux roi Louis XIV, de saisir les enjeux de cette période... Finalement, ce n'est pas différent de ce que tu appelles se faire "raconter une histoire", sauf que le style me convient mieux.

Alors il faut que je me tienne un peu plus au courant de l'actualité éditoriale.   

Reine: bien dit! Il faut ajouter que le mariage Liz/Darcy est aussi une mésalliance, il est plus haut placé qu'elle dans la hiérarchie sociale.

EDIT: Oui, ce qui compte c'est le récit plus que la fiction proprement dite c'est vrai mais pour pénétrer dans les coeurs et les âmes rien ne vaut la fiction (à mon avis).

On voit bien d'ailleurs dans Raison et Sentiments que l'idéal romantique de l'amour passion est battu en bèche, Marianne la romantique par excellence tombe sur un godelureau qui l'abandonne pour une riche héritière, et finira par épouser le très raisonnable colonel Barton.

 

Allez, je me rends ! Il faut croire que tout ça me passe au-dessus de la tête. Comme la poésie de Victor Hugo, que je n'irai pas prendre pour un gueux pour autant.

On ne me fera pas lire du Joseph Conrad ou du Faulkner, quels que soient les arguments avancés, donc je vous absous ma fille!