Bétonnière, piano numérique... : "Planque tout !" - L'ancien proviseur du lycée de Bar-sur-Seine condamné pour tentative de détournement de biens d’un dépôt public.

Des comptes d’apothicaire. Des nuances, des approximations dignes « d’un escroc de mission de service public », comme l’a qualifié le ministère public. L’ancien proviseur du lycée, Marc Dewitte, comparaissait hier pour tentative de détournement de biens d’un dépôt public.

En mai 2012, la secrétaire comptable de l’établissement alerte la justice pour des achats et des tentatives d’achats personnels. Depuis un an, elle s’interroge. En juin 2011, une société contacte l’établissement scolaire après qu’un piano numérique, commandé pour le compte du lycée, n’a pas été réglé. La secrétaire s’étonne d’autant plus que le lycée ne dispense aucun enseignement musical. Les mois passent et les relances pour d’autres impayés, qui ne correspondent en rien à de quelconques achats pour le lycée, s’accumulent. Des commandes toutes passées en bonne et due forme avec le tampon de l’établissement et les signatures de l’ordonnateur et du gestionnaire.

D’autre part, du matériel appartenant bel et bien au lycée disparaissait sans effraction. Le proviseur en était avisé mais ne disait mot. Un chèque de l’association des étudiants du lycée avait également servi à régler une facture personnelle. « Sur ce point, je ne suis pas défendable », a lâché le prévenu. « Je leur avais avancé de l’argent, ils m’ont remboursé avec un chèque en blanc. » Entendu le 26 octobre 2012, l’ancien proviseur reconnaissait avoir créé lui-même les bons de commande, « sans jamais utiliser ceux du lycée ».

Loin de reconnaître ses torts, le prévenu a, hier, préféré parler de « simplification ». « Je n’ai apposé le tampon du lycée que pour simplifier mes achats. » Placé en garde à vue en février dernier, il affirmera avoir tout réglé depuis, avec ses propres deniers. Lorsqu’une perquisition est ordonnée au domicile de son filleul, où trône la bétonnière du lycée, le prévenu réalise ce qu’il encourt. Depuis ses geôles, il envoie alors un message à son filleul. « Planque tout ! ». Un aveu de culpabilité cinglant. Sauf pour le prévenu. « Je reconnais l’emprunt mais pas la soustraction. »

« Par souci de facilité ? L’argument ubuesque d’un prévenu confus », a estimé le parquet avant de requérir dix mois de prison avec sursis, une amende de 10 000€ et l’interdiction d’exercer toute fonction publique. Le conseil du prévenu, Me Pascaud, a plaidé la relaxe pour « tout ce qui a été payé ». Pour le reste, l’avocat n’admet pas « l’intention frauduleuse ». Marc Dewitte a finalement été condamné à douze mois d’emprisonnement dont neuf assortis du sursis, 6 000 € d’amende et l’interdiction d’exercer toute fonction publique.