Européennes : Peillon et Morano sont-ils la preuve que la France privilégie les "chèvres apparatchiks" au Parlement européen ?

Connait-on l'énorme travail de Liem Hoang-Ngoc et Jean-Paul Gauzès sur les questions économiques ? Celui de Françoise Castex sur la liberté de l'internet ? L'importance des positions d'Alain Lamassoure sur le budget ? Le travail de Pervenche Bérès en tant que présidente de la commission emploi ? Celui de Michel Dantin sur un des textes les plus importants de la Politique agricole commune (PAC) ?

Non. Et je serais tenté de dire : ce n'est pas grave – le plus grave étant que l'on me demande des nouvelles de Rachida Dati quand je rentre en France.

Droite ou gauche confondues, on peut ne pas toujours être en accord avec leurs positions, il n'en reste pas moins que lorsque ces députés prennent la parole sur leur sujet, celle-ci fait sens, les autres l'écoutent et elle est d’influence.

Que les partis ne re-présentent pas ces députés ou qu'ils les mettent dans des positions délicates sur les listes, pour y mettre à la place un apparatchik qui se fiche du Parlement comme de sa première carte de parti déchirée, c'est encore plus débile que d'envoyer un pacifiste dans un congrès de bijoutiers.

Effectivement, Morano et Peillon sur liste, ça fait beau. Il y un côté "Jonathan et Jennifer l'amour du risque" au Parlement européen.

Mais voit-on sérieusement Morano prendre la parole en commission parlementaire pour dire qu'économiquement-quand-même-l'Allemagne-c'est-bien-je-le-sais-j'ai-mon-beau-frère-qui-fait-ses-courses-à-Sarrebruck-et-leurs-Turcs-sont-plus-travailleurs-que-nos-arabes-qui-sont-moins-noirs-que-mon-amie-tchadienne.

Que restera-t-il alors d'influence à la France lorsque ces mots ou le nouvel iPhone de Rachida seront tombés ?

Les sortants peuvent représenter peu de choses dans des logiques de parti, il n'en reste pas moins que les remplacer par des favoris, des représentants de courants, des battus des législatives, c'est ruiner un travail et surtout réduire l'influence de la France au Parlement.

Il y a un pays, et ça m'écorche la rate de le dire, qui a compris l'influence qu'il pouvait avoir au Parlement. Manque de bol pour les équilibres européens, c'est aussi celui qui est archi-dominant dans l'autre institution législative qu'est le Conseil : l'Allemagne.

Lors de la prochaine législature, les Allemands vont non seulement garder leurs bons députés, ils vont non seulement profiter du fait qu'ils ont eu un président et un secrétaire général du Parlement pour verrouiller tous les postes de direction de l'institution, mais, en plus, ils vont bénéficier à fond de la montée des extrêmes.

Avec leur montée, le cœur du compromis européen va se réduire comme les abonnements à "Esprit" dans les mairies FN.

Dans ce cœur resserré autour d'un peu plus de 500 députés sur les 751 que compte le Parlement, il y en aura 96, allemands, pour la plupart expérimentés, influents, et surtout élus de l'un ou l'autre parti qui est dans la grande coalition au pouvoir en Allemagne.

Que les députés français ou allemands défendent les intérêts de leur pays est logique. Mais là, Merkel disposera au Parlement d'un groupe homogène qui soutiendra son gouvernement.

Avoir des chèvres apparatchiks pour défendre nos positions sur la libéralisation du rail, l'ouverture des marchés de l'énergie, la future union bancaire, et la prochaine révision des traités, c'est le challenge auquel l'ensemble de ma profession s'engage pour la prochaine législature.

Olympias a écrit:Et comme on a des chèvres à caser/recaser (Désir aussi...et d'autres), ne nous étonnons pas qu'ensuite le taux d'abstention soit élevé.