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Guide spirituel

Pas de TICE en maternelle ? Empty Pas de TICE en maternelle ?

par coindeparadis Ven 6 Déc 2013 - 12:19
Voici deux articles de Serge Tisseron, psychanalyste qui s'est spécialisé dans l'image et les nouvelles technologies.

1) Faut-il mettre bébé devant un iPad ?

Posté par Serge Tisseron le 1er mai 2012.

Beaucoup de parents s’extasient aujourd’hui devant la capacité de leur très jeune enfant d’utiliser une tablette iPad ou un smatphone. Certains en prennent pour témoin leur pédiatre : « Docteur, regardez comme mon bébé sait bien assembler des cubes sur mon téléphone mobile », dit la maman pleine d’admiration. En général, le médecin va alors chercher quelques cubes en bois et les met devant l’enfant… qui se révèle incapable de les utiliser ! Et ce n’est guère étonnant.
Apprentissages traditionnels et apprentissages des écrans

Pour comprendre l’enjeu de cette situation, il faut partir de la différence entre les processus psychiques mis en jeu dans les apprentissages traditionnels et ceux qui sont mobilisés par les écrans. Le bébé a besoin avant toute chose de mettre en place des repères spatiaux, puis temporels. Les repères spatiaux sont construits à travers toutes les interactions avec l’environnement qui impliquent ses différents sens. C’est pourquoi, quand un bébé joue, il aime tant flairer, porter à la bouche, tenir dans la main, regarder, et jeter son jouet préféré pour courir derrière. Quand aux repères temporels, rien ne les installe mieux que le fait d’écouter une histoire ou de tourner les pages d’un livre d’images qui en raconte une. La culture du livre est en effet construite autour d’une logique de succession, et donc de narrativité : il existe dans toute lecture un avant, un pendant et un après, que chaque lecteur visualise d’ailleurs immédiatement par le volume des pages qu’il a déjà tournées. Cette narrativité incite le lecteur à développer sa mémoire événementielle : pour comprendre chaque nouvelle situation, il doit se souvenir de ce qu’il a entendu ou lu précédemment.
Narrativité d’un côté, plasticité psychique de l’autre

La culture des écrans est radicalement différente. Chaque écran s’y ouvre sur un éternel présent : c’est le système Windows De plus, alors que chacun est invité à ne lire qu’un seul livre à la fois, la logique des écrans est celle de la juxtaposition. Les événements y sont mis en parallèle et la mémoire événementielle est peu mise à contribution. D’autant plus que tout peut constamment être retrouvé sur Internet sans qu’on ait besoin de s’en souvenir. En revanche, la mémoire de travail, qui consiste à traiter en parallèle plusieurs sources d’informations pour les croiser et les synthétiser, est beaucoup plus sollicitée par les écrans que par le livre. Mais cet aspect des apprentissages ne concerne pas le jeune enfant aux prises avec la construction de ses repères spatiaux et temporels. Et c’est ici que la réponse à la question posée plus haut commence à se préciser : le jeune enfant a besoin en priorité d’autres choses que d’écrans. La culture du livre et la culture des écrans correspondent en effet chacune à des capacités mentales très différentes. L’être humain a inventé le livre comme un moyen d’externaliser, d’objectiver et d’augmenter certaines capacités de son esprit. Puis il a inventé les technologies numériques comme un moyen d’externaliser et d’amplifier d’autres capacités que le livre laissait de côté. C’est pourquoi il est essentiel d’apprendre à passer de l’une à l‘autre de ces deux cultures afin de profiter à chaque fois de ce qu’elle offre de meilleur. Mais de la même manière que la culture du livre a précédé celle des écrans, le jeune enfant a d’abord besoin de repères spatiaux et temporels que rien ne permet mieux de construire que les jouets traditionnels et les livres d’images. Une fois qu’il aura installés ces repères, il saura tirer bénéfice de la rapidité des écrans pour augmenter sa plasticité psychique. Mais si ce n’est pas le cas, autrement dit si les écrans prennent trop tôt la place des activités traditionnelles, l’enfant risque d’être fragilisé par eux et d’échouer à construire une pensée organisée et logique. Autrement dit, ceux qui savent utiliser des cubes réels gagneront peut-être à utiliser des cubes virtuels, mais ceux qui ne l’ont jamais fait auront probablement tout à y perdre.




2) Pas de console de jeu avant six ans ?

Posté par Serge Tisseron le 1er novembre 2008.

Certains pédagogues, et quelques commerciaux avides de s’ouvrir de nouveaux marchés, proposent de mettre l’enfant de plus en plus tôt sur les outils informatiques. On a vu même vu des pédiatres vanter les mérites de la console de jeu pour les bébés ! Mus par la même idéologie, des enseignants des maternelles rêvent de mettre les bambins devant des ordinateurs ! Tous ces adultes pressés d’initier les jeunes enfants à l’outil informatique devrait réfléchir à la leçon d’Adobe [1]. Installer sur un ordinateur un enfant qui n’a pas encore exploré toutes les capacités merveilleuses de sa main risque bien de l’en priver définitivement. Il deviendra l’un de ces « handicapés » dont nous parle l’expérience d’Adobe, voire un handicapé plus gravement mutilé encore puisqu’il ne s’agira pas d’un adulte qui aura fini par oublier les richesses de sa main, mais d’un enfant qui ne les aura jamais découvertes.

La leçon de tout cela ? C’est qu’il est non seulement inutile d’introduire un enfant trop tôt aux technologies informatiques, mais même dangereux. D’autant plus inutile qu’un enfant qui les découvre à six ou sept ans a vite fait de les assimiler, et d’autant plus dangereux que celui qui y est initié trop tôt risque de se détourner du dessin, du découpage et du modelage qui sont autant d’école des pouvoirs de la main. On sait la lutte que j’ai menée contre la télévision avant trois ans. Les technologies informatiques me semblent justifier la même prudence. C’est pourquoi après « Pas de télé avant 3 ans ! », je suis tenté de dire : « Pas de console de jeu avant six ans ! Pas d’Internet avant 9 ans ! ». Cela signifie t il que la télévision et son flux publicitaire soit sans conséquences au-delà de trois ans ? Non, bien sûr. La vigilance doit rester forte pour cadrer le temps passé devant la télévision, puis devant les jeux vidéo, et enfin devant Internet. Mais c’est bien parce que je juge de la plus haute importance les acquisitions rendues possibles par ces divers média qu’il me semble important de ne pas les introduire trop tôt : afin que leur adoption et leur usage aient pu être préparées par les apprentissages précédents.


Faut-il privilégier le mouvement, la manipulation, la langage ou les TICE à la maternelle ?
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cliohist
Habitué du forum

Pas de TICE en maternelle ? Empty Re: Pas de TICE en maternelle ?

par cliohist Ven 6 Déc 2013 - 16:39
après « Pas de télé avant 3 ans ! », je suis tenté de dire : « Pas de console de jeu avant six ans ! Pas d’Internet avant 9 ans ! »
et pas de Facebook avant 13 ans ?? ... Wink 
Combien de parents accepteront d'écouter ce psychanalyste et d'appliquer ses conseils à leurs petits nenfants ?

il est essentiel d’apprendre à passer de l’une à l‘autre de ces deux cultures [le livre, les écrans] afin de profiter à chaque fois de ce qu’elle offre de meilleur
Passer de l'une à l'autre, n'est-ce pas la pratique au quotidien de la majorité des internautes ... Avec une nuance parmi les écrans : lire ou écrire sur un forum a peu à voir avec la consommation de la télé-réalité Wink
yogi
yogi
Sage

Pas de TICE en maternelle ? Empty Re: Pas de TICE en maternelle ?

par yogi Ven 6 Déc 2013 - 17:58
Pas de Ipad dans l'utérus de la mère?Quel scandale!

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