- JohnMédiateur
http://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_806084/numerique-aimer-ecrire-et-savoir-ecrireQuand le numérique entre dans une classe sans note, les élèves écrivent pour partager leurs lectures et leurs productions et réclament des dictées. Ostiane Mathon, professeur des écoles en CM1, rue Montcalm, Paris 18e, donne le goût de l’écrit à ses élèves.
Un article de Philippe Tassel.
Dans la classe d’Ostiane Mathon, s’il y a des leçons à apprendre et des exercices à faire, pour autant il n’y pas de notes ni de devoirs à la maison. Les erreurs sont considérées comme des obstacles à lever et les élèves comptent leurs progrès comme autant de victoires.
Quant à la motivation, rien de tel que le numérique pour donner l’envie d’écrire, de réfléchir, d’expliquer et de communiquer.
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Madame Mathon a ouvert un blog personnel, en 2008, pour comprendre les enjeux de cette écriture publique. Rapidement, ce type de publication lui est apparu propre à provoquer et encourager le goût du texte. Ainsi, depuis 2009, sur le blog de la classe, les élèves présentent leurs lectures, leurs découvertes, leurs productions écrites et artistiques. Pour chacune d’elles, ils rédigent d’abord un brouillon. Ils le lisent à leurs camarades et le modifient selon les échanges engagés. Ils peuvent alors mettre leur production en ligne. Le dialogue continue souvent dans les commentaires du blog, écrits en classe ou à la maison, corrigés et validés par l’enseignante.
Les parents, au sens large, sont des lecteurs habituels. Le lien entre la famille et l’école s’en trouve renforcé.
« Vous bloguiez ? Et bien twittez maintenant ! »
Dans la continuité de ces pratiques, Twitter contribue maintenant à éduquer les élèves aux réseaux sociaux. Les premiers tweets furent émis pour arrêter la charte d’usage. Depuis, les activités évoluent au gré de la créativité collective et des propositions des élèves : #défimath, #accrostiches, #motvalise #twittexposé #forumlecture #autobilan pour faire le point sur les apprentissages du jour, #autolouange pour développer l’estime de soi et la richesse lexicale. Madame Mathon adapte les contraintes aux progrès réalisés et aux difficultés rencontrées.
Les tweets deviennent une sorte de portfolio dans lequel l’enseignante peut apprécier les compétences acquises sans passer forcément par une évaluation formelle.
Twitter apporte aussi un avantage non négligeable, il donne envie de progresser ! Il ne s’agit pas d’une tendance éphémère, mais bien d’un effet durable, vérifié dans le temps. Twitter développe l’esprit d’initiative et la collaboration mais donne même envie d’exercices que l’on croyait parmi les moins attrayants...
Dictée zéro faute
La #Dictée0faute commence de façon classique. Les élèves écrivent, sur feuille et sous la dictée d’Ostiane Mathon, un texte court d’une ou deux phrases, en rapport avec les lectures ou apprentissages du moment.
La suite est plus inattendue. L’enseignante ramasse les copies et d’un coup d’œil repère celles exemptes d’erreur, elle en informe les rédacteurs. Ceux-ci vont alors chercher un ordinateur portable, se connectent au compte Twitter de la classe et tweetent la dictée qu’ils ont réussie.
Plus tard, la dictée est corrigée. Aucune note ni appréciation d’aucune sorte ne sera donnée par l’enseignante, ni par écrit ni par oral. Seules les erreurs sont soulignées. Le but n’est pas de situer son travail d’après une échelle de réussite, implicite ou explicite, mais bien de comprendre ses erreurs et de s’approprier les règles de la langue.
Le travail de fond peut commencer.
Chacun choisit une faute d’orthographe qu’il a faite. Puis, avec l’aide de ses camarades ou de l’enseignante, il cherche à comprendre la règle qu’il n’a pas appliquée et l’explique brièvement par écrit.
Quand son explication est aboutie, il a l’autorisation de la tweeter.
Une même erreur lexicale peut ainsi provoquer des éclaircissements différents.
Twitter permet aussi de prendre du recul sur ce que l’on fait, et, de là, mieux le comprendre encore.
Les élèves ont émis les tweets suivants pour expliquer le fonctionnement du Carnet0Faute (petit répertoire personnel où chacun consigne ses erreurs lexicales corrigées) :
Les étapes
étape 1 : On recopie dans le carnet les mots corrigés en classe. (Kadi)
étape 2 : Avec notre voisin, ou un autre camarade on peut réviser nos mots sur notre ardoise. (Mathis)
étape 3 : Quand on a bien écrit un mot sur l'ardoise, sans erreur, le copain nous met 1 croix à côté du mot. (Anaïs)
étape 4 : Une fois qu'on a 5 croix sur un mot, on va au tableau et la maîtresse nous interroge. (Lucas)
étape 5 : Si on réussit au tableau la maîtresse découpe le mot et on le jette à la poubelle. (Imanol)
étape 6 : On inscrit les records de mots jetés à la poubelle. Par exemple Thomas en a jeté 115 cette année. (Ana)
Les règles
règle 1 : On ne peut se rajouter des croix à la maison, mais on peut s'entraîner à la maison si on veut. (Abi)
règle 2 : Ce sont les erreurs de lexique et pas de grammaire qu'on récolte dans le carnet. (Ways)
règle 3 : On n'a pas le droit de se mettre plusieurs croix au même mot le même jour. (Mariam)
règle 4 : On ne discute pas la décision du camarade arbitre. (Kadi)
L’objectif et les avantages
L'objectif à la fin de l'année: avoir le moins de mots possible dans son répertoire. (Paul)
Grâce à ce carnet j'ai appris de nouveaux mots et je sais mieux les écrire. (Benjamin)
Ca m'a aidé à bien retenir les mots car on s'entraîne à partir de nos erreurs et après on ne les fait plus. (Shani)
J'ai mieux appris avec ce carnet car il était instructif et on partageait nos erreurs. (Abi)
C'était plutôt amusant de travailler l'orthographe comme ça. (Yasmin)
Voici la preuve, s’il en fallait, que des pratiques numériques responsables peuvent stimuler l’envie d’apprendre et soutenir l’effort !
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