- Blan6ineÉrudit
Un reportage de 54mn a été diffusé sur Arte (et peut être revu en replay):
http://www.arte.tv/guide/fr/046974-000/vivre-avec-camus?autoplay=1
C'est assez fascinant.
Voici la présentation que l'on trouve sur le site d'Arte:
http://www.arte.tv/guide/fr/046974-000/vivre-avec-camus?autoplay=1
C'est assez fascinant.
Voici la présentation que l'on trouve sur le site d'Arte:
À l’occasion de la célébration du centenaire de sa naissance, le 7 novembre 1913, Joël Calmettes, déjà auteur de deux films sur le Prix Nobel de littérature – La tragédie du bonheur (avec Jean Daniel) et Le journalisme engagé – parcourt la planète pour rencontrer des lecteurs de tous âges et de toutes conditions qui ont été marqués par son œuvre. Le résultat est formidable : dans Vivre avec Camus se côtoient un poseur de parquet canadien, un apprenti pâtissier algérien, une gendarme française, un humanitaire allemand, un ancien condamné à mort américain... Certains ont vu le cours de leur vie changer après avoir lu L'étranger ou Le mythe de Sisyphe ("J'ai découvert que même si la vie est absurde, il faut la vivre.") ; d'autres y puisent l'énergie de chaque jour ("Camus est comme un compagnon de route." ; "J'ai trouvé mon double en lui.") ; d'autres encore lui vouent un véritable culte ("Il est comme un saint que je peux invoquer à chaque moment : au bureau, à la maison, en boîte de nuit..."). Invitée surprise de ce documentaire, la chanteuse Patti Smith confie qu'elle revient souvent à Camus, quand elle arrête les tournées et s'isole pour écrire de nouvelles chansons. "Il me donne envie de travailler", dit-elle. Ces témoignages sensibles permettent de dessiner les contours d'une œuvre qui n'a cessé de placer l'homme au centre, un homme confronté au désordre du monde moderne, qui cherche sans relâche – et avec lucidité – à donner un sens à sa vie. Sans le savoir, ces passionnés rendent à Camus le plus bel hommage qu’un écrivain puisse espérer : voir ses mots prendre vie.
- EzildaNiveau 9
Merci pour ce merveilleux reportage. Je l'ai trouvé très intéressant.
_________________
"Dans les temps anciens, il y avait des ânes que la rencontre d'un ange faisait parler. De nos jours, il y a des hommes que la rencontre d'un génie fait braire." Victor Hugo, Fragments.
- VertNiveau 6
Camus est un très grand écrivain. Sa plume est superbe. Mais il ne faut pas oublier sa célèbre phrase : "je préfère ma mère à la justice". Sous-entendu, je préfère la colonisation française à l'indépendance algérienne... Cependant, ceci n'enlève pas son talent. En outre, la vision qu'il donne de l'arabe (en l’occurrence de l'Algérien) dans "l'Etranger" est assez significative. Une vision assez pessimiste, vivant dans un monde clos (les colons français) face à un autre univers (les autochtones algériens).
_________________
"Ceux qui pleurent la mort de Mandela, commémorent son action tout en restant muets et insensibles au sort des Palestiniens sont des faux-culs ou des lâches"
Pascal Boniface
- Blan6ineÉrudit
Je n'oublie pas ce que tu évoques , Vert; en tant que professeur, je ne pense pas qu'on puisse l'oublier.
C'est pour cela que j'ai été surtout fascinée par la fascination des personnes interrogées: on sent bien que la charpentier canadien ou que l'apprenti pâtissier ont découvert Camus à un moment où ils avaient besoin d'être aidés et que la lecture de Camus leur a paru lumineuse mais peut-être que s'ils avaient eu un livre sacré dans les mains, ou un autre essai philosophique, ils auraient adhéré à cette oeuvre-là.
Ce qui m'interroge, c'est la fascination totale de la prof de français dans le reportage: "je suis devenue gendarme dans la réserve grâce à Camus". ??? Il faut vraiment que je le relise!
C'est pour cela que j'ai été surtout fascinée par la fascination des personnes interrogées: on sent bien que la charpentier canadien ou que l'apprenti pâtissier ont découvert Camus à un moment où ils avaient besoin d'être aidés et que la lecture de Camus leur a paru lumineuse mais peut-être que s'ils avaient eu un livre sacré dans les mains, ou un autre essai philosophique, ils auraient adhéré à cette oeuvre-là.
Ce qui m'interroge, c'est la fascination totale de la prof de français dans le reportage: "je suis devenue gendarme dans la réserve grâce à Camus". ??? Il faut vraiment que je le relise!
- InvitéFNiveau 4
Il faut aussi remettre la fameuse phrase dans son contexte. A l'époque, la mère de Camus vivait, me semble-t-il, dans un quartier populaire d'Alger et était donc susceptible d'être victime d'un attentat.
- IphigénieProphète
Ce n'est pas du tout le sens: le sens c'est dans Antigone (de Sophocle) qu'il faut le chercher.(Camus répond à Créon qui dit: "et je n'estime en aucune façon celui qui préfère un ami à sa patrie. ")Vert a écrit:Camus est un très grand écrivain. Sa plume est superbe. Mais il ne faut pas oublier sa célèbre phrase : "je préfère ma mère à la justice". Sous-entendu, je préfère la colonisation française à l'indépendance algérienne... Cependant, ceci n'enlève pas son talent. En outre, la vision qu'il donne de l'arabe (en l’occurrence de l'Algérien) dans "l'Etranger" est assez significative. Une vision assez pessimiste, vivant dans un monde clos (les colons français) face à un autre univers (les autochtones algériens).
- VertNiveau 6
Je ne suis pas tout a fait d'accord iphigénie, quand il a prononcé cette phrase, c'était en plein Guerre d'Algérie et il faisait référence à cela. Cela n'exclu pas en plus le sens initial de votre réponse.Ce n'est pas du tout le sens: le sens c'est dans Antigone (de Sophocle) qu'il faut le chercher.(Camus répond à Créon qui dit: "et je n'estime en aucune façon celui qui préfère un ami à sa patrie. ")
_________________
"Ceux qui pleurent la mort de Mandela, commémorent son action tout en restant muets et insensibles au sort des Palestiniens sont des faux-culs ou des lâches"
Pascal Boniface
- VertNiveau 6
Effectivement, mais je ne pense pas que cela vienne de là. C'est finalement le reflet et l'idée que Camus se faisait de l'Algérie, il n'a jamais soutenu l'indépendance et la lutte anti-coloniale, bien au contraire.Il faut aussi remettre la fameuse phrase dans son contexte. A l'époque, la mère de Camus vivait, me semble-t-il, dans un quartier populaire d'Alger et était donc susceptible d'être victime d'un attentat.
_________________
"Ceux qui pleurent la mort de Mandela, commémorent son action tout en restant muets et insensibles au sort des Palestiniens sont des faux-culs ou des lâches"
Pascal Boniface
- CasparProphète
J'ai très peu lu Camus mais j'ai trouvé ce documentaire très émouvant: tous ces lecteurs passionnés aux quatre coins du monde, je leur envie leur passion pour un auteur (moi je suis un lecteur infidèle, qui part dans tous les sens).
- ParatgeNeoprof expérimenté
Et c'est reparti pour la litanie de Camus colonialiste, pourquoi le fouet à la main !Vert a écrit:Effectivement, mais je ne pense pas que cela vienne de là. C'est finalement le reflet et l'idée que Camus se faisait de l'Algérie, il n'a jamais soutenu l'indépendance et la lutte anti-coloniale, bien au contraire.Il faut aussi remettre la fameuse phrase dans son contexte. A l'époque, la mère de Camus vivait, me semble-t-il, dans un quartier populaire d'Alger et était donc susceptible d'être victime d'un attentat.
Sa position était plus subtile, trop sans doute pour les adeptes du noir et blanc.
Lui n'a jamais transigé sur ses principes moraux, il était pessimiste sur une Algérie indépendante et là encore il ne s'est pas trompé.
- IphigénieProphète
Camus philosophe et passionné de théâtre, pour qui les oeuvres littéraires ne sont pas des accessoires. Dans le contexte, justement, c'est à Sophocle qu'il pense.Ce n'est pas du tout le sens: le sens c'est dans Antigone (de Sophocle) qu'il faut le chercher.(Camus répond à Créon qui dit: "et je n'estime en aucune façon celui qui préfère un ami à sa patrie. ")
Je ne suis pas tout a fait d'accord iphigénie, quand il a prononcé cette phrase, c'était en plein Guerre d'Algérie et il faisait référence à cela. Cela n'exclu pas en plus le sens initial de votre réponse.
- VertNiveau 6
Bonjour paratage, ce n'est pas ce que j'ai dis : Camus n'est pas colonialiste à proprement parlé. C'est prendre un raccourci que de dire cela !Sa position était plus subtile, trop sans doute pour les adeptes du noir et blanc.
Mais il n'a jamais eu le courage de prendre position par rapport à la colonisation française qui était fondamentalement inacceptable en terme d'éthique. C'est cela que je reproche à Camus. Et de ce point de vue, c'est quelque chose que je n'aime pas chez Camus, au-delà de son immense talent d'écrivain et de philosophe. La vision qu'il donne de l'arabe dans L'Etranger est assez révélatrice.
- VertNiveau 6
Albert Camus répond à un journaliste algérien qui le questionne sur les attentats commis par les indépendantistes algériens :iphigénie a écrit:
Camus philosophe et passionné de théâtre, pour qui les oeuvres littéraires ne sont pas des accessoires. Dans le contexte, justement, c'est à Sophocle qu'il pense.Ce n'est pas du tout le sens: le sens c'est dans Antigone (de Sophocle) qu'il faut le chercher.(Camus répond à Créon qui dit: "et je n'estime en aucune façon celui qui préfère un ami à sa patrie. ")
Je ne suis pas tout a fait d'accord iphigénie, quand il a prononcé cette phrase, c'était en plein Guerre d'Algérie et il faisait référence à cela. Cela n'exclu pas en plus le sens initial de votre réponse.
« J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. »
Il faut donc, bel et bien, recontextualiser cette phrase.
Dans ses Chroniques Algériennes, il s'exprime ouvertement contre l'indépendance algérienne.
- philannDoyen
La colonisation fr elle même ne peut pas se voir en noir et blanc!Vert a écrit:Bonjour paratage, ce n'est pas ce que j'ai dis : Camus n'est pas colonialiste à proprement parlé. C'est prendre un raccourci que de dire cela !Sa position était plus subtile, trop sans doute pour les adeptes du noir et blanc.
Mais il n'a jamais eu le courage de prendre position par rapport à la colonisation française qui était fondamentalement inacceptable en terme d'éthique. C'est cela que je reproche à Camus. Et de ce point de vue, c'est quelque chose que je n'aime pas chez Camus, au-delà de son immense talent d'écrivain et de philosophe. La vision qu'il donne de l'arabe dans L'Etranger est assez révélatrice.
C est en cela que Camus est intéressant !
_________________
2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- VertNiveau 6
Oui, c'est vrai ! Mais la colonisation française est mauvaise en soi ! La discrimination, le racisme....le régime de l'Indigénat en somme. Tout cela est intolérable.La colonisation fr elle même ne peut pas se voir en noir et blanc!
_________________
"Ceux qui pleurent la mort de Mandela, commémorent son action tout en restant muets et insensibles au sort des Palestiniens sont des faux-culs ou des lâches"
Pascal Boniface
- philannDoyen
Bien sûr mais en disant cela tu t'empêches de penser la situation des harkis... ni de voir les monstruosités parfois aussi horribles commises post-indépendance.
Ne pas être pour l'indépendance de l'Algérie ne signifie pas que Camus soutenait la politique française en Algérie (Algérie qui était du reste un département et non un pays colonisé!).
Bref, Camus oblige à penser la complexité, la nuance. il a été un poil à gratter intellectuel dérangeant nos certitudes et nos principes...
Ne pas être pour l'indépendance de l'Algérie ne signifie pas que Camus soutenait la politique française en Algérie (Algérie qui était du reste un département et non un pays colonisé!).
Bref, Camus oblige à penser la complexité, la nuance. il a été un poil à gratter intellectuel dérangeant nos certitudes et nos principes...
_________________
2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- IphigénieProphète
Dans ce cas, conceptualisons: qu'est-ce que tu voulais qu'il réponde? "Je préfère que ma mère saute dans un bus au nom de l'idée de la liberté de l'Algérie"?ou " Aux idées générales, je préfère la vie humaine?"Vert a écrit:Albert Camus répond à un journaliste algérien qui le questionne sur les attentats commis par les indépendantistes algériens :iphigénie a écrit:
Camus philosophe et passionné de théâtre, pour qui les oeuvres littéraires ne sont pas des accessoires. Dans le contexte, justement, c'est à Sophocle qu'il pense.Ce n'est pas du tout le sens: le sens c'est dans Antigone (de Sophocle) qu'il faut le chercher.(Camus répond à Créon qui dit: "et je n'estime en aucune façon celui qui préfère un ami à sa patrie. ")
Je ne suis pas tout a fait d'accord iphigénie, quand il a prononcé cette phrase, c'était en plein Guerre d'Algérie et il faisait référence à cela. Cela n'exclu pas en plus le sens initial de votre réponse.
« J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. »
Il faut donc, bel et bien, recontextualiser cette phrase.
.
- VertNiveau 6
Bien sûr 3 départements : avec le code de l'Indigénat ! ^^ Notre pays dans toute sa splendeur, la France des Droits de l'Homme. Pour la catastrophe des Harkis, l'attitude du FLN et de la France coloniale est exactement identique. Comme vous pouvez le constater je suis farouchement anti-colonialiste ! Attentats et massacres du FLN dans un cas pour libérer son pays de la colonisation française, et tortures et viols du côté français.Ne pas être pour l'indépendance de l'Algérie ne signifie pas que Camus soutenait la politique française en Algérie (Algérie qui était du reste un département et non un pays colonisé!).
- CondorcetOracle
L'Algérie fut une colonie de peuplement et ce, de 1830 à 1962. Les massacres de Sétif et de Guelma en 1945, les trucages électoraux de 1948 et 1951, la dévolution des pouvoirs spéciaux à l'armée en 1956 et l'inégalité de droit entre les indigènes et les pieds-noirs dépeignent une société coloniale.Vert a écrit:Bien sûr 3 départements : avec le code de l'Indigénat ! ^^ Notre pays dans toute sa splendeur, la France des Droits de l'Homme. Pour la catastrophe des Harkis, l'attitude du FLN et de la France coloniale est exactement identique. Comme vous pouvez le constater je suis farouchement anti-colonialiste ! Attentats et massacres du FLN dans un cas pour libérer son pays de la colonisation française, et tortures et viols du côté français.Ne pas être pour l'indépendance de l'Algérie ne signifie pas que Camus soutenait la politique française en Algérie (Algérie qui était du reste un département et non un pays colonisé!).
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum