- Docteur OXGrand sage
http://www.lemonde.fr/education/article/2013/10/09/diplomes-des-grandes-ecoles-la-grande-evasion_3492235_1473685.html
A peine diplômés, et déjà un visa sur le passeport ! Quelque 79 % des étudiants en dernière année dans neuf des plus grandes écoles du pays "n'excluent pas" de chercher un emploi à l'étranger. C'est la leçon que l'institut Harris Interactive tire d'une étude à paraître jeudi 10 octobre, sur l'état d'esprit de 975 étudiants de l'ENS Cachan, Polytechnique, Centrale, l'ESCP ou Sciences Po.
"Ces résultats sont emblématiques du pessimisme ambiant. Quand les titulaires des meilleurs diplômes pressentent que toutes les portes ne sont pas ouvertes en France pour eux, que pensent les autres ?", s'inquiète Jean-Daniel Lévy, le directeur du département politique d'Harris Interactive. Le sondage commandé par l'Institut Montaigne montre en effet que 34 % de ceux qui auront bientôt en poche un des meilleurs diplômes pensent "qu'il leur sera difficile de trouver un emploi en France".
Le pays a pourtant investi sur ces jeunes qui ont réussi les concours les plus prisés. Les voilà qui lorgnent par-delà les frontières : 32 % se verraient bien aux Etats-Unis, 23 % au Royaume-Uni et 12 % en Allemagne. C'est vers ces pays qu'ils ont en général réalisé un stage pendant leurs études. 79 % sont partis à l'étranger durant leur grande école, dont 42 % pour un stage.
Cette ouverture est aujourd'hui une des forces des grandes écoles qui restent néanmoins prudentes puisque la liste des pays investis reste très classique. La Chine n'arrive qu'en 6e position, l'Inde en 14e. Et les autres pays émergents ne semblent pas trouver grâce dans la géographie intérieure de ces forts en mathématiques.
Lire les tribunes Les jeunes doivent-ils quitter la France pour réussir ?
"ACCÉLÉRATEUR DE CARRIÈRE"
Après l'angoisse de l'insertion, la motivation première des étudiants de ces grandes écoles reste "les opportunités de carrière" et l'envie de "faire un métier intéressant".
Rien d'étonnant donc à ce qu'ils optent prioritairement pour des pays où ils estiment l'ambiance moins morose qu'en France. "Je vois autour de moi beaucoup de jeunes ingénieurs qui obtiennent seulement, en sortie d'école, des entretiens pour des postes à l'étranger, s'étonne Jean Steenhouver, diplômé de l'Institut national des sciences appliquées en 2011. Il y a davantage d'offres hors les frontières qu'en France. En plus, si l'on pense sur le long terme, c'est un accélérateur de carrière évident. On y progresse plus rapidement qu'en restant en France."
Depuis sa sortie de l'école, l'ingénieur a passé un an sur le chantier du métro indien de Calcutta et entame sa deuxième année à Amsterdam, toujours dans les transports urbains. "Sans Calcutta, je n'aurais pas eu Amsterdam", analyse-t-il. Pour lui, aujourd'hui, seul le CV international compte. Si le jeune homme a réellement choisi cette voie, le sondage Harris Interactive montre qu'un tiers des étudiants se "résignent" à cette option par crainte de ne pas trouver un emploi en France.
Une inquiétude surfaite, selon Armel de la Bourdonnaye, directeur de l'Ecole nationale des ponts et chaussées. "Dans un délai de six mois, 96 % des ingénieurs que nous formons obtiennent un emploi, 64 % d'entre eux ont même signé avant d'être diplômés..."
Lire le décryptage Les pays où les études coûtent le plus cher
PRIVILÉGIER LE "MÉTIER ÉPANOUISSANT"
Selon M. de la Bourdonnaye, ces résultats reflètent le pessimisme ambiant à la française, même si les statistiques d'intégration sur le marché du travail montrent que la crise est passée par là. Selon l'enquête de la Conférence des grandes écoles, l'insertion de la promotion 2012 marque un léger fléchissement avec un taux net d'emploi de 81,5 % sur l'ensemble des diplômés de 167 grandes écoles, contre 84,9 % en 2011. Quelque 83,5 % des ingénieurs étaient en emploi, contre 78,4 % des manageurs.
L'idée de se rendre utile à la société n'est jugée "très importante" que pour 51 % d'entre eux. A la sortie des écoles en sciences sociales, la préoccupation se fait légèrement plus pressante, puisque 61 % l'évoquent comme essentielle.
Reste, maintenant, à savoir ce qu'ils mettent sous cette notion d'utilité. La création d'entreprise ? Résolument non, puisque seuls 42 % se disent prêts à une telle aventure (un peu plus en école de commerce, 49 %).
D'ailleurs, ils ne sont que 35 % à avoir suivi un module de formation sur ce thème durant leurs années en grande école. "C'est pourtant une envie que je sens monter chez nos dernières promotions, rassure M. de la Bourdonnaye. Récemment, un de mes étudiants-ingénieurs a eu une jolie formule montrant que le créateur d'entreprise fait aujourd'hui figure de héros quand hier le rêve des étudiants était d'intégrer une grande entreprise."
L'esprit d'aventure soufflerait-il un peu dans ces temples du classicisme ? Jean-Daniel Lévy observe que la valeur argent n'est plus structurante pour cette génération qui privilégie le "métier épanouissant". C'est dans cette optique qu'ils intègrent un passage par l'étranger. En ce sens, c'est souvent moins une fuite des cerveaux que l'ajout d'une brique dans la construction d'un parcours.
- Luigi_BGrand Maître
Bizarre : si "la valeur argent n'est plus structurante" et qu'ils recherchent le "métier épanouissant", que ne deviennent-ils enseignants ?
_________________
LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- Docteur OXGrand sage
Luigi_B a écrit:Bizarre : si "la valeur argent n'est plus structurante" et qu'ils recherchent le "métier épanouissant", que ne deviennent-ils enseignants ?
- User17706Bon génie
1. Avec quelque chose d'aussi flou que «n'excluent pas», on peut commenter à l'infini.
2. Quelqu'un qui veut faire de la recherche en France a tout intérêt à chercher un post-doc à l'étranger. S'il «exclut» d'aller voir ailleurs s'il y est, il s'exclut aussi de pas mal de choses ici même.
3. Quand je regarde mes anciens condisciples de l'Ens, un bon nombre d'entre eux sont allés gagner leur vie tout autrement qu'en enseignant, «cherchant», etc. Le sondage à faire serait plutôt le suivant: quel pourcentage d'entre eux est prêt à tout ou presque pour éviter d'enseigner? Le chiffre sera peut-être jugé inquiétant, mais en tout cas il ne sera pas, et de loin, de 79%.
2. Quelqu'un qui veut faire de la recherche en France a tout intérêt à chercher un post-doc à l'étranger. S'il «exclut» d'aller voir ailleurs s'il y est, il s'exclut aussi de pas mal de choses ici même.
3. Quand je regarde mes anciens condisciples de l'Ens, un bon nombre d'entre eux sont allés gagner leur vie tout autrement qu'en enseignant, «cherchant», etc. Le sondage à faire serait plutôt le suivant: quel pourcentage d'entre eux est prêt à tout ou presque pour éviter d'enseigner? Le chiffre sera peut-être jugé inquiétant, mais en tout cas il ne sera pas, et de loin, de 79%.
- User4312Niveau 10
Ils veulent peut-être simplement un emploi rémunéré à la hauteur de leur bac+5 ? Pourquoi les blâmer ? En France, j'ai l'impression que les bac + 5 sont très peu rémunérés contrairement à d'autres pays comme le Canada, les EUnis ou même l'Allemagne, je me trompe ? On dirait qu'en France, il vaut mieux faire un BTS/IUT ou bien être bon artisan avec un bac pro pour bien gagner sa vie. Il me semble que les couvreurs, les soudeurs etc sont très bien payés. Ca fait déjà qqs temps, mais j'avais vu à la télé française un débutant (moins d'un an de boulot) couvreur qui gagnait plus de 2000 (je crois bien que c'était 2200 mais je n'en mettrais pas ma main à couper) euros par mois. Et le patron disait que c'était le seul moyen pour que ses employés compétents restent car il était débordé par la grande demande de boulot.
- User17706Bon génie
Je peux me tromper, il faudrait des chiffres, mais je crois que le phénomène de la surqualification n'est pas purement français, très loin de là. C'est, aussi, tout un boulot de comparer les salaires d'un pays à l'autre (ça suppose aussi de comparer p. ex. les frais de santé d'un pays à l'autre: aux States, ça ne se passe pas du tout pareil qu'en France; idem pour les retraites...). Certes si on se limite au cas des professeurs (mais l'article d'origine, en interrogeant ScPo, l'X, ne s'y limite pas) il est vrai qu'en France on est comparativement sous-payé.
Il y a quand même quelque chose qui, pour certaines de ces écoles du moins, pose ou devrait poser problème: la quasi-gratuité des études en France fait que celui qui se barre le plus vite possible pour aller faire plein de pognon à l'étranger, de fait, manque un peu de reconnaissance pour la République qui l'a formé... il y a quelques années, il y avait eu toute une polémique à ce sujet, concernant les médecins qui partaient faire fortune dans des cliniques étrangères.
EDIT: je dis sans réfléchir «surqualification», mais c'est un euphémisme un peu hypocrite. Quelque chose comme «sous-emploi» serait sûrement plus juste.
Il y a quand même quelque chose qui, pour certaines de ces écoles du moins, pose ou devrait poser problème: la quasi-gratuité des études en France fait que celui qui se barre le plus vite possible pour aller faire plein de pognon à l'étranger, de fait, manque un peu de reconnaissance pour la République qui l'a formé... il y a quelques années, il y avait eu toute une polémique à ce sujet, concernant les médecins qui partaient faire fortune dans des cliniques étrangères.
EDIT: je dis sans réfléchir «surqualification», mais c'est un euphémisme un peu hypocrite. Quelque chose comme «sous-emploi» serait sûrement plus juste.
- BoubousNiveau 6
L’Ens Cachan recrute une dizaine d’élèves via les concours des prépas économiques. Aussi bien en 2012 qu’en 2013, seuls trois élèves ont accepté d’intégrer Cachan, les autres ayant préféré les écoles de commerce. Quand on est prêt à payer des frais de scolarité avoisinant les 40,000 euros plutôt que d’être payé pour étudier, je pense qu’on est prêt à tout ou presque.j'essaie a écrit:3. Quand je regarde mes anciens condisciples de l'Ens, un bon nombre d'entre eux sont allés gagner leur vie tout autrement qu'en enseignant, «cherchant», etc. Le sondage à faire serait plutôt le suivant: quel pourcentage d'entre eux est prêt à tout ou presque pour éviter d'enseigner? Le chiffre sera peut-être jugé inquiétant, mais en tout cas il ne sera pas, et de loin, de 79%.
- User17706Bon génie
OK mais justement ceux-ci ne font, et pour cause, pas partie de la population interrogée dans le sondage (sauf s'ils ont eu le choix entre Cachan et l'ESCP et ont choisi l'ESCP).
- BoubousNiveau 6
Il me semble que ces élèves ont bien eu le choix entre Cachan et les écoles de commerce puisque, par définition, les deux listes se recoupent (pour pouvoir passer les oraux de Cachan, il faut être admissible à une Parisienne).
L’ENSAE, également, a connu le même problème l’année dernière.
Et comme dirait l’autre, il faut donc "regagner des parts de marché" sur le privé.
L’ENSAE, également, a connu le même problème l’année dernière.
Et comme dirait l’autre, il faut donc "regagner des parts de marché" sur le privé.
- User17706Bon génie
C'est sans doute vrai en droit-éco-gestion, mais Cachan ne fait pas que ça (filières MP, MPI, PC, BCPST, PSI, PT, TSI...). Et si ça l'était, il faudrait en conclure que tous les sondés issus de Cachan ont, justement, choisi non l'école de commerce mais bien Cachan.
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