Blog : "Je ne fais plus aucun cours de grammaire ou de conjugaison, et mes élèves progressent".

Extrait :

Christian den Hartigh

Depuis 2008-2009, je ne fais plus de cours de grammaire. Donc mes élèves progressent.

Je ne dis jamais aux élèves : "ouvrez votre manuel scolaire à la page 253 nous allons étudier le complément circonstanciel de concession". Je ne dis jamais non plus : "ouvrez votre manuel scolaire à la page 278, aujourd’hui nous allons étudier le conditionnel présent". D’abord, je n’indique jamais la page lorsque les élèves doivent étudier un texte littéraire ou étudier une notion grammaticale. Ainsi, ils apprennent aussi à travailler avec la notion d’incertitude, notion indispensable à l’apprentissage, à l’émergence, à l’apprendre à apprendre. Trouver une information dans le manuel scolaire, à l’aide des deux sommaires du manuel scolaire de français, fait partie des compétences des élèves. Très peu sont compétents. Ensuite, je ne fais jamais de cours de grammaire. Je ne pose d’ailleurs que très peu de questions. Ce sont les élèves qui recherchent, en proposant des hypothèses, selon leurs besoins, dans les manuels scolaires, les dictionnaires ou leur smartphone, en petits groupes, les différentes notions grammaticales.

La suite : http://pedagogieagile.com/2013/09/25/pour-quelles-raisons-je-ne-fais-plus-aucun-cours-de-grammaire-ou-de-conjugaison-et-mes-eleves-progressent/

J'avais regardé ça il y a quelques jours, et il y a des choses extrêmement intéressantes dans la construction des différents niveaux d'analyse grammaticale, ainsi que dans la représentation des natures sous forme schématique, particulièrement stimulante, je trouve. 

Ensuite, hormis l'habillage constructiviste de la chose, où l'élève est supposé lui-même chercher le cours dans le manuel Fleur d'encre dans lequel il trouvera des choses fausses, on a en fait une vision très rigoureuse de la grammaire et de son analyse qui est développée.

Je suis en train de parcourir le blog et j'ai un avis mitigé.  La  (le ?) Jugaad , telle qu'il la présente, me paraît être une resucée de la convivialité.
Il me dirait "apprentissage vicariant, convivialité, analyses de phrases" , ce serait plus clair pour moi.
N'empêche que ses élèves font des analyses de phrases et ça c'est très bien.

Je voudrais bien apporter des tas de manuels et de livres dans la classe. Je faisais ça avec mes premières l'an dernier pour leurs disserts, mais actuellement c'est impensable avec mes deux bahuts et mes hum...sept salles.

Celeborn a écrit:J'avais regardé ça il y a quelques jours, et il y a des choses extrêmement intéressantes dans la construction des différents niveaux d'analyse grammaticale, ainsi que dans la représentation des natures sous forme schématique, particulièrement stimulante, je trouve. 

Ensuite, hormis l'habillage constructiviste de la chose, où l'élève est supposé lui-même chercher le cours dans le manuel Fleur d'encre dans lequel il trouvera des choses fausses, on a en fait une vision très rigoureuse de la grammaire et de son analyse qui est développée.

A la lecture, c'est l'impression que j'ai aussi.
Je fouillerai cela encore une fois un peu plus tard.

PP

Encore une autre réflexion qui me vient en me renseignant sur ce qu'il nomme agilité :
Encore un "concept" ou pseudo concept qui sort du monde de l'entreprise (comme Jugaad), et de plus encore une redite faite par des gens qui croient avoir inventé l'eau chaude.
Bon sang, tout ce qui doit nous éclairer, désormais, c'est l'entreprise et les "découvertes "faites par les "managers" ?

Edit : Vous croyez qu'il va comprendre si je je lui écris en commentaire : "Et Cousinet, c'est du poulet ?"

Celeborn a écrit:J'avais regardé ça il y a quelques jours, et il y a des choses extrêmement intéressantes dans la construction des différents niveaux d'analyse grammaticale, ainsi que dans la représentation des natures sous forme schématique, particulièrement stimulante, je trouve. 

Ensuite, hormis l'habillage constructiviste de la chose, où l'élève est supposé lui-même chercher le cours dans le manuel Fleur d'encre dans lequel il trouvera des choses fausses, on a en fait une vision très rigoureuse de la grammaire et de son analyse qui est développée.

Tu auras lu un peu vite, Celeborn : considérer que le groupe verbal "est constitué de groupes nominaux ayant une fonction par rapport au verbe" est problématique dans bien des cas ("Fumer tue", "Soyons fous" ou "Sifflez en travaillant") et suppose par ailleurs que toute phrase est verbale. Ajoutons que la distinction de niveau hiérarchique entre "groupe nominal" < "groupe verbal" < "proposition" est contradictoire puisqu'une proposition peut exercer une fonction par rapport à un verbe au même titre qu'un groupe nominal.

Ce système "chromosomique" qui prétend faire tabula rasa de la grammaire traditionnelle ne fonctionne en réalité qu'avec des phrases simplifiées comme celle qui est donnée en exemple. Quant à la représentation schématique des natures, elle n'a rien de vraiment nouveau.

Ajoutons pour donner bonne mesure que la distinction phrase simple/phrase complexe, présentée comme un but dans cet article, n'est pas une compétence à acquérir au collège, mais à partir du CE2. Tout ça pour ça, a-t-on envie de dire.

Spoiler:

Le plus déplaisant dans cet article très jargonnant est le mépris pour les collègues qui "font des cours de grammaire" (et qui d'ailleurs ne sont pas considérés par l'auteur comme des pédagogues) avec cette simple conjonction de coordination : "Depuis 2008-2009, je ne fais plus de cours de grammaire. Donc mes élèves progressent."

La seule vraie chose positive, effectivement, c'est l'intérêt pour la grammaire.

En tout cas les autres collègues ne "managent" pas !

J'avais vu l'emploi fort léger de la notion de « groupe verbal », effectivement (il faudrait tout bêtement appeler ça "analyse fonctionnelle", ou un truc du genre).

Ensuite, je trouve qu'il y a pas mal de « grammaire traditionnelle », dans son « chromosome », justement. On a quand même une analyse des natures, une analyse verbale, une analyse des fonctions autour du verbe, et j'ose espérer une analyse logique dans la rangée proposition. Bref, en fait, tout ce que je cherche à faire faire aux élèves. Alors on peut discuter de la présentation et de l'organisation (je ne reviens pas sur celle du cours et de salle de classe), et bien évidemment trouver franchement désagréable la supériorité qui est exprimée dans son parti pris ; n'empêche, j'aimerais bien que tous mes collègues soient aussi fondus d'analyse grammaticale et cherchent à la présentée d'une façon rigoureuse et organisée.

D'accord pour dire que mon expression tabula rasa était sans doute excessive concernant la grammaire à proprement parler. J'ai été abusé par la démarche constructiviste qui se présente elle-même comme révolutionnaire au sens propre, sans guère d'humilité :

Ainsi, une approche par compétences demande un changement de paradigme. C’est un changement profond et radical. Certains appellent ce changement la «pédagogie inversée» : mettre les élèves en situation en classe, accompagnés par le formateur. Il me semble que faire un cours magistral, linéaire et behavioriste est en soi une pédagogie inversée. En effet, j’estime que mettre les élèves en situation en classe, accompagnés par le formateur, c’est de la pédagogie.

Le peu (ou l'absence totale) de respect pour ce qui a été fait avant est une des constantes des pédagogies dites nouvelles.

PS Ce topic devrait être déplacé dans la section Français/Lettres au collège.

Bon, OK, il est très pédant.

Mais comme le dit Celeborn, il fait faire de l'analyse grammaticale à ses élèves !

Le problème est que cette analyse est, selon moi, tout sauf "agile". Quelle débauche d'outils, de manuels, de réflexions collectives !

Le "chromosome" est une variante des arbres syntaxiques en vogue dans les années 70, intégrant des symboles comme le fait la méthode Montessori. L'ensemble est cohérent et plutôt bien pensé.
Mais effectivement, on a l'impression que la montagne accouche d'une souris. Il faudrait supprimer les niveaux supérieurs, qui doivent pouvoir être atteints bien avant (il n'est pas sorcier de déceler qu'il y a une proposition dans une phrase : pour le coup, une analyse fonctionnelle rapide en début d'analyse permet de repérer le verbe conjugué et son sujet).

Ce que cette méthode ne permet (apparemment) pas :
- une réflexion sur le sens de la phrase et des mots. Celle-ci n'est pas intégrée explicitement aux raisonnements mis en oeuvre pour l'analyse.
- une médiation vivante et sensible sur le choix des mots et des liens qu'ils entretiennent entre eux. Le formalisme est apparemment très poussé. L'auteur ne nous parle pas des critères de reconnaissance ou de définition (ce n'est pas la même chose) des natures et des fonctions : on peut imaginer le pire comme le meilleur.
- un rapport décomplexé et intuitif avec le langage. L'outillage et les démarches pesantes qui sont mobilisés me semblent rendre difficile l'autonomie souhaitée. Du moins, je pense qu'il y a des moyens plus légers et moins chronophages pour atteindre les mêmes objectifs.

En outre, voir la phrase comme un "système" me semble très réducteur. C'est oublier que lorsqu'on la prononce ou qu'on l'entend, elle n'est qu'une suite de mots qui s'effacent l'un après l'autre à l'attention immédiate. Je pense qu'une vue trop surplombante sur la phrase empêche de tirer tous les bénéfices de l'exercice d'analyse (même s'il est nécessaire d'alterner le mot à mot et la lecture globale de la phrase et des rapports entre les mots pour faire une analyse).

Bref, je trouve que cela manque de naturel et de légèreté.

J'ai parcouru d'autres articles du blog. Apparemment la biologie l'inspire pour ses méthodes.
L'article sur ''pourquoi j'autorise mes élèves utiliser leur smartphone en classe" me laisse :shock: 
Je n'aurais pas le même optimisme que lui sur l'utilisation de ce fabuleux outil numérique.
Pour ce qui est de manger en classe  .

Il faut quand même rappeler que, le chromosome étant vu en troisième et l'ADN en seconde, je doute que cet "outil cognitif" soit très parlant pour des élèves de sixième ou de quatrième...

doctor who a écrit:L'outillage et les démarches pesantes qui sont mobilisés me semblent rendre difficile l'autonomie souhaitée. Du moins, je pense qu'il y a des moyens plus légers et moins chronophages pour atteindre les mêmes objectifs.

L'auteur concède lui-même :

Si un adulte expert peut compléter le chromosome d’une phrase en moins d’une minute, il faut plus d’une heure à un groupe d’élèves en septembre et une quinzaine de minutes en fin d’année pour un élève seul.

Je trouve cette pédagogie très intéressante. Je n'ai pas tout compris, car la présentation repose, à mon sens, sur beaucoup d'implicite, mais quoi qu'il en soit, cela fait naître beaucoup de questions.
Merci John (et les autres) d'alimenter mon moulin !

Moi, pas tout comprendre. Il faudrait assister à un de ses cours pour voir comment il procède et tester les élèves pour savoir ce qu'ils en retiennent.
Quant à l'analyse de texte: je savais pas qu'on pouvait convertir les grands textes en jolies bulles. Finalement, c'est marrant. :chat: