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- AudreyOracle
Hier, comme beaucoup de collègues de Lettres de l'académie de Lyon, j'ai participé à une formation dans la cadre de la lutte contre l'illettrisme, dont le thème était essentiellement le travail sur la compréhension de texte, avec des moments d'échanges animés par nos IPR de lettres accompagnés d'IEN du Rhône et de l'Ain. Cette journée de formation s'adressait aux enseignants de collège et avait lieu au centre Michel Delay.
Le matin, nous avons assisté à une conférence très intéressante et vivante animée par un IEN, chargé de la maîtrise de la langue, à propos de ce qu'était précisément la compréhension d'un texte, les difficultés rencontrées par les élèves dans cet exercice, et les façons d'y remédier. Parfait et très réaliste, inspirant, même, à l'exception des fautes d'orthographe monumentales qui émaillaient le powerpoint présenté, qui ont fait bondir l'assemblée (du moins ceux de l'assemblée qui étaient assez réveillés à 9h...). Florilège des boulettes, rien que pour vous:
"responsable du groupe départementale"
"l'enjeux de la maîtrise de la lecture"
"les questions et les réponses, qu'une élève, Virginie, a proposé."
"accroitre l'activité"
"réfléxive"
Ca fait beaucoup de boulettes, et des graves, quand même, pour de simples fautes de frappe, surtout quand on envisage de présenter un document à des IPR de lettres devant des enseignants de Lettres...
Mais ce n'est pas le plus grave, croyez moi...
Après cette conférence (que j'ai appréciée malgré les fautes, notamment parce que l'IEN a clairement dit que nous devions accorder la priorité aux élèves, à leurs difficultés, malgré les injonctions souvent irréalistes des programmes), nous avons été partagés en deux groupes, chacun pris en charge par un IPR de Lettres, accompagné de deux IEN.
Nous nous sommes présentés par un tour de table, qui a duré, puisqu'on nous a demandé dans le même temps de dire ce que nous attendions de cette journée de formation et d'expliquer les difficultés rencontrées dans nos établissements, et nos pratiques.
Ensuite, nous avons entamé le débat (huhum) sur les problèmes que nous avions évoqués lors du tour de table.
Evidemment, lors du tour de table, les collègues ont été honnêtes, ont dit clairement qu'ils avaient des classes composées à la fois d'enfants ne maîtrisant ni l'écriture ni la lecture, et ce de la 6è à la 3è, et d'élèves qui au fond n'ont même pas vraiment besoin de suivre les cours tant ils maîtrisent les notions enseignées au collège, le tout assaisonné d'élèves dys- en tous genres, psychotiques, EIP, autistes, handicapés de toutes sortes...
Nous avons pointé le problème des moyens, des injonctions pesantes qui nous demandent de faire toujours plus et mieux avec de moins en moins de moyens, qui nous obligent à abandonner les dispositifs que nous essayons de mettre en place à cause de DHG misérables constamment revues à la baisse, la difficulté de travailler avec seulement 4h à 5h de cours de français par semaine, de devoir à la fois apprendre à lire aux élèves et leur faire commenter du Molière, bref, nous avons été sincères et revendicatifs.
A tout ça, une merveilleuse IEN nous a dit "Je pense sincèrement que vous devez faire le deuil de vos représentations de ce qu'est l'enseignement en collège. Il faut vous adapter et ne laisser aucun élève de côté."
Là, vous vous en doutez, les mains se sont levées avec force et rage dans les rangs enseignants. Oublier un peu les programmes quand on a face à soi des élèves qui ne peuvent les suivre, ça, ok, mais acter officiellement, à grands coups de "liaison cm2-6è", que le collège aujourd'hui n'est plus un lieu d'approfondissement des savoirs, de réflexion, mais d'apprentissage de la lecture et de l'écriture parce que, comme l'a dit une IEN hier, "en primaire, on n'est pas bon, alors on a besoin de vous", NON!
La solution répétée en boucle par les IEN était de différencier notre travail, de faire bosser à part le petit groupe d'élèves en difficulté dans nos cours, en donnant un travail en autonomie aux élèves qui s'en sortent mieux.
J'ai évidemment levé la main et exprimé mon agacement (le mot est faible..). J'ai dit, en contournant le mot "choquée", que je ne voulais pas lâcher comme une bombe, que j'étais "bouleversée" d'entendre cette expression, "faire notre deuil", que pour ma part, je n'avais jamais été formée à apprendre à lire et à écrire à un élève, que ce n'était pas mon métier. L'IEN a répondu qu'elle était "choquée" de m'entendre dire ça, que si, c'était mon métier, que je ne devais laisser aucun élève de côté. L'autre IEN a commencé à s'énerver, en me lançant des regards noirs, en m'interpellant: "Mais qu'est-ce que vous racontez??? Vous dites que vous avez des élèves qui ne savent pas écrire?? Mais c'est n'importe quoi, ce n'est pas possible!", répétant cela en boucle pendant que j'échangeais avec sa collègue. J'ai donc expliqué que si, j'avais des élèves incapables d'écrire sur des lignes ou de former des lettres de même taille dans un même mot, parfois même incapables de tenir un stylo correctement. Pendant mon explication, l'IEN qui ne me croyait pas a soufflé fort bruyamment, faisant des gestes d'agacement de la main et disant à l'oreille de sa collègue, sans aucune discrétion, "Non, mais c'est bon, laisse tomber...". Sa collègue a conclu sa réponse, et j'ai repris la parole: "Pour conclure cet échange, j'ajouterai simplement que, pour ma part, je ne méprise personne, surtout pas mes collègues professeurs des écoles. Je vous redis simplement qu'au contraire, je les respecte infiniment, et que contrairement à eux, formés à enseigner l'écriture et la lecture, je n'ai aucune compétence dans ce domaine très spécifique et complexe. Je ne peux, quand nous avons des spécialistes de ces apprentissages, me résoudre à faire du bricolage et à abandonner la mission d'enseignant de collège que j'ai choisie et pour laquelle j'ai été formée."
Nombre de collègues ont été outrés de la réaction de cette IEN à mon égard, et profondément démoralisés par ce qu'ils ont entendu hier sur l'avenir de notre école...
J'aurais encore plein de choses à dire, mais là, j'avoue, faut déjà que je digère ce que je vous ai raconté là...
Peut-être que d'autres néos étaient dans ma salle, je ne sais pas...
Le matin, nous avons assisté à une conférence très intéressante et vivante animée par un IEN, chargé de la maîtrise de la langue, à propos de ce qu'était précisément la compréhension d'un texte, les difficultés rencontrées par les élèves dans cet exercice, et les façons d'y remédier. Parfait et très réaliste, inspirant, même, à l'exception des fautes d'orthographe monumentales qui émaillaient le powerpoint présenté, qui ont fait bondir l'assemblée (du moins ceux de l'assemblée qui étaient assez réveillés à 9h...). Florilège des boulettes, rien que pour vous:
"responsable du groupe départementale"
"l'enjeux de la maîtrise de la lecture"
"les questions et les réponses, qu'une élève, Virginie, a proposé."
"accroitre l'activité"
"réfléxive"
Ca fait beaucoup de boulettes, et des graves, quand même, pour de simples fautes de frappe, surtout quand on envisage de présenter un document à des IPR de lettres devant des enseignants de Lettres...
Mais ce n'est pas le plus grave, croyez moi...
Après cette conférence (que j'ai appréciée malgré les fautes, notamment parce que l'IEN a clairement dit que nous devions accorder la priorité aux élèves, à leurs difficultés, malgré les injonctions souvent irréalistes des programmes), nous avons été partagés en deux groupes, chacun pris en charge par un IPR de Lettres, accompagné de deux IEN.
Nous nous sommes présentés par un tour de table, qui a duré, puisqu'on nous a demandé dans le même temps de dire ce que nous attendions de cette journée de formation et d'expliquer les difficultés rencontrées dans nos établissements, et nos pratiques.
Ensuite, nous avons entamé le débat (huhum) sur les problèmes que nous avions évoqués lors du tour de table.
Evidemment, lors du tour de table, les collègues ont été honnêtes, ont dit clairement qu'ils avaient des classes composées à la fois d'enfants ne maîtrisant ni l'écriture ni la lecture, et ce de la 6è à la 3è, et d'élèves qui au fond n'ont même pas vraiment besoin de suivre les cours tant ils maîtrisent les notions enseignées au collège, le tout assaisonné d'élèves dys- en tous genres, psychotiques, EIP, autistes, handicapés de toutes sortes...
Nous avons pointé le problème des moyens, des injonctions pesantes qui nous demandent de faire toujours plus et mieux avec de moins en moins de moyens, qui nous obligent à abandonner les dispositifs que nous essayons de mettre en place à cause de DHG misérables constamment revues à la baisse, la difficulté de travailler avec seulement 4h à 5h de cours de français par semaine, de devoir à la fois apprendre à lire aux élèves et leur faire commenter du Molière, bref, nous avons été sincères et revendicatifs.
A tout ça, une merveilleuse IEN nous a dit "Je pense sincèrement que vous devez faire le deuil de vos représentations de ce qu'est l'enseignement en collège. Il faut vous adapter et ne laisser aucun élève de côté."
Là, vous vous en doutez, les mains se sont levées avec force et rage dans les rangs enseignants. Oublier un peu les programmes quand on a face à soi des élèves qui ne peuvent les suivre, ça, ok, mais acter officiellement, à grands coups de "liaison cm2-6è", que le collège aujourd'hui n'est plus un lieu d'approfondissement des savoirs, de réflexion, mais d'apprentissage de la lecture et de l'écriture parce que, comme l'a dit une IEN hier, "en primaire, on n'est pas bon, alors on a besoin de vous", NON!
La solution répétée en boucle par les IEN était de différencier notre travail, de faire bosser à part le petit groupe d'élèves en difficulté dans nos cours, en donnant un travail en autonomie aux élèves qui s'en sortent mieux.
J'ai évidemment levé la main et exprimé mon agacement (le mot est faible..). J'ai dit, en contournant le mot "choquée", que je ne voulais pas lâcher comme une bombe, que j'étais "bouleversée" d'entendre cette expression, "faire notre deuil", que pour ma part, je n'avais jamais été formée à apprendre à lire et à écrire à un élève, que ce n'était pas mon métier. L'IEN a répondu qu'elle était "choquée" de m'entendre dire ça, que si, c'était mon métier, que je ne devais laisser aucun élève de côté. L'autre IEN a commencé à s'énerver, en me lançant des regards noirs, en m'interpellant: "Mais qu'est-ce que vous racontez??? Vous dites que vous avez des élèves qui ne savent pas écrire?? Mais c'est n'importe quoi, ce n'est pas possible!", répétant cela en boucle pendant que j'échangeais avec sa collègue. J'ai donc expliqué que si, j'avais des élèves incapables d'écrire sur des lignes ou de former des lettres de même taille dans un même mot, parfois même incapables de tenir un stylo correctement. Pendant mon explication, l'IEN qui ne me croyait pas a soufflé fort bruyamment, faisant des gestes d'agacement de la main et disant à l'oreille de sa collègue, sans aucune discrétion, "Non, mais c'est bon, laisse tomber...". Sa collègue a conclu sa réponse, et j'ai repris la parole: "Pour conclure cet échange, j'ajouterai simplement que, pour ma part, je ne méprise personne, surtout pas mes collègues professeurs des écoles. Je vous redis simplement qu'au contraire, je les respecte infiniment, et que contrairement à eux, formés à enseigner l'écriture et la lecture, je n'ai aucune compétence dans ce domaine très spécifique et complexe. Je ne peux, quand nous avons des spécialistes de ces apprentissages, me résoudre à faire du bricolage et à abandonner la mission d'enseignant de collège que j'ai choisie et pour laquelle j'ai été formée."
Nombre de collègues ont été outrés de la réaction de cette IEN à mon égard, et profondément démoralisés par ce qu'ils ont entendu hier sur l'avenir de notre école...
J'aurais encore plein de choses à dire, mais là, j'avoue, faut déjà que je digère ce que je vous ai raconté là...
Peut-être que d'autres néos étaient dans ma salle, je ne sais pas...
- Thalia de GMédiateur
Merci de ce compte rendu qui confirme que certains sont sur une autre planète ou.. de mauvaise foi.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- ElyasEsprit sacré
Ce que tu dis là ne concerne pas que l'enseignement des lettres. Le conseil école-collège va être une tentative des IEN de mettre au pas les enseignants de collège à leurs visions. Le mot favori de ces personnes est que ce que nous faisons ou ce que nous disons est impossible. Par exemple, chez moi, l'IEN et son conseiller pédagogique de circonscription m'ont expliqué longuement que des élèves de 6e ne pouvaient pas composer des textes cohérents de 20-30 lignes. Problème, ils avaient sous les yeux environ 200 textes cohérents de 6e de 20-30 lignes.
Bref, nivellement par le bas. Les élèves en difficulté donnent le rythme que tous doivent suivre. Une merveilleuse idée digne des Teletubbies ! Brrrrrrrrrrrrr...
Bref, nivellement par le bas. Les élèves en difficulté donnent le rythme que tous doivent suivre. Une merveilleuse idée digne des Teletubbies ! Brrrrrrrrrrrrr...
- AudreyOracle
Je sais bien , Elyas...
J'ai pour ma part pointé le fait que cette formation aurait pu être proposée aussi à des enseignants de sciences, maths, HG, car tous nous sommes confrontés à l'illettrisme...
Je vais avoir besoin de temps pour me remettre de ce mépris affiché à notre égard par les IEN, qui nous considèrent comme de gros prétentieux indifférents aux difficultés des élèves...
J'ai pour ma part pointé le fait que cette formation aurait pu être proposée aussi à des enseignants de sciences, maths, HG, car tous nous sommes confrontés à l'illettrisme...
Je vais avoir besoin de temps pour me remettre de ce mépris affiché à notre égard par les IEN, qui nous considèrent comme de gros prétentieux indifférents aux difficultés des élèves...
- OlympiasProphète
Et tout cela va arriver au lycée grâce à l'orientation choisie de la FCPE
- ChocolatGuide spirituel
Merci Audrey !
... je prends le temps de digérer ce que je viens de lire puis je reviens... ou pas... :shock:
... je prends le temps de digérer ce que je viens de lire puis je reviens... ou pas... :shock:
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- Luigi_BGrand Maître
Audrey a écrit:Pour conclure cet échange, j'ajouterai simplement que, pour ma part, je ne méprise personne, surtout pas mes collègues professeurs des écoles. Je vous redis simplement qu'au contraire, je les respecte infiniment, et que contrairement à eux, formés à enseigner l'écriture et la lecture, je n'ai aucune compétence dans ce domaine très spécifique et complexe. Je ne peux, quand nous avons des spécialistes de ces apprentissages, me résoudre à faire du bricolage et à abandonner la mission d'enseignant de collège que j'ai choisie et pour laquelle j'ai été formée.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- sansaraModérateur
C'est impressionnant de mépris, effectivement. Et terriblement inquiétant pour la suite...
- nightowlNiveau 7
Audrey a écrit:Je sais bien , Elyas...
J'ai pour ma part pointé le fait que cette formation aurait pu être proposée aussi à des enseignants de sciences, maths, HG, car tous nous sommes confrontés à l'illettrisme...
Je vais avoir besoin de temps pour me remettre de ce mépris affiché à notre égard par les IEN, qui nous considèrent comme de gros prétentieux indifférents aux difficultés des élèves...
Oh non, ils se méfient de nous. Parce que leurs sophismes à base d'arguments fallacieux, nous les démontons généralement plus facilement.
- AudreyOracle
La source de joie (bien maigre) de ce sombre échange, c'est que l'unanimité régnait autour des tables des enseignants. Tous nous avons été sincères, honnêtes, exprimant notre souci des élèves en difficulté, et voilà ce que nous avons reçu en retour...
Comment faire pour sauver cette institution qui ne nous entend pas, qui ne veut pas nous entendre? Comment faire pour aider ces élèves malgré l'institution qui au fond, ne fait que des voeux pieux sans jamais reconnaître ni accepter la réalité du terrain?
Comment faire pour sauver cette institution qui ne nous entend pas, qui ne veut pas nous entendre? Comment faire pour aider ces élèves malgré l'institution qui au fond, ne fait que des voeux pieux sans jamais reconnaître ni accepter la réalité du terrain?
- AudreyOracle
nightowl a écrit:Audrey a écrit:Je sais bien , Elyas...
J'ai pour ma part pointé le fait que cette formation aurait pu être proposée aussi à des enseignants de sciences, maths, HG, car tous nous sommes confrontés à l'illettrisme...
Je vais avoir besoin de temps pour me remettre de ce mépris affiché à notre égard par les IEN, qui nous considèrent comme de gros prétentieux indifférents aux difficultés des élèves...
Oh non, ils se méfient de nous. Parce que leurs sophismes à base d'arguments fallacieux, nous les démontons généralement plus facilement.
Euh, je t'assure que les profs de toutes les disciplines en sont capables... personne n'était dupe hier, et les arguments ont été très clairement démontés. Mais face à des sourds volontaires, pouvoir démonter les arguments ne sert à rien. Même s'ils savent que nous avons raison, ils ne veulent pas le reconnaître.
- nightowlNiveau 7
Audrey a écrit:nightowl a écrit:Audrey a écrit:Je sais bien , Elyas...
J'ai pour ma part pointé le fait que cette formation aurait pu être proposée aussi à des enseignants de sciences, maths, HG, car tous nous sommes confrontés à l'illettrisme...
Je vais avoir besoin de temps pour me remettre de ce mépris affiché à notre égard par les IEN, qui nous considèrent comme de gros prétentieux indifférents aux difficultés des élèves...
Oh non, ils se méfient de nous. Parce que leurs sophismes à base d'arguments fallacieux, nous les démontons généralement plus facilement.
Euh, je t'assure que les profs de toutes les disciplines en sont capables... personne n'était dupe hier, et les arguments ont été très clairement démontés. Mais face à des sourds volontaires, pouvoir démonter les arguments ne sert à rien. Même s'ils savent que nous avons raison, ils ne veulent pas le reconnaître.
Je me suis peut être mal exprimé : Je n'ai aucun doute sur vos capacités. Mais comme généralement les capacités en SVT et SPC des IEN sont souvent faibles (ils sont de formation littéraire), ils ont peu d'arguments à nous sortir.
Enfin, en ce qui me concerne, je les envoie paître sans précaution, mais poliment.
- SergeMédiateur
Luigi_B a écrit:Audrey a écrit:Pour conclure cet échange, j'ajouterai simplement que, pour ma part, je ne méprise personne, surtout pas mes collègues professeurs des écoles. Je vous redis simplement qu'au contraire, je les respecte infiniment, et que contrairement à eux, formés à enseigner l'écriture et la lecture, je n'ai aucune compétence dans ce domaine très spécifique et complexe. Je ne peux, quand nous avons des spécialistes de ces apprentissages, me résoudre à faire du bricolage et à abandonner la mission d'enseignant de collège que j'ai choisie et pour laquelle j'ai été formée.
Exactement.
Apprendre à lire et à écrire, cela demande une formation spécifique, formation que nous n'avons jamais eue dans notre cursus, et pour cause.
Les élèves arrivant en 6ème sont supposés déjà savoir lire et écrire. L'IEN lui-même semblent pourtant en convenir.
- AudreyOracle
Oui, Serge, ils en convenaient, tout en disant que comme ce n'était plus le cas aujourd'hui, c'était au collège de se remettre en question et de faire le boulot des PE...
"On est mauvais en primaire, on a besoin de vous..."
Je ne m'en remets pas.
"On est mauvais en primaire, on a besoin de vous..."
Je ne m'en remets pas.
- Presse-puréeGrand sage
Échos comparables dans mon coin, avec une mention spéciale aux références à Serres qui montrent surtout qu'il n'a pas été lu et que ses critiques (voir le long article de Julien Gauthier sur le site skholè) l'ont encore moins été.
Il va falloir se battre pied à pied contre ces gens, démonter patiemment leurs discours, souvent culpabilisants à l'égard des enseignants du secondaire comme du primaire, pour leur faire passer l'envie de venir nous voir en réunion - réunions qui, rappelons-le, feront partie de nos OS en 2015 - au cours desquelles la chaise vide ne fonctionnera pas.
Il s'agira alors de démonter méticuleusement tout leur discours. Il faudra des ressources, des études, des références et du courage. Ça fait 40 ans que les IEN veulent mettre le pied au collège pour accroître leur pouvoir, alors ils seront envieux, cassants et agressifs. Il faudra du courage.
Il va falloir se battre pied à pied contre ces gens, démonter patiemment leurs discours, souvent culpabilisants à l'égard des enseignants du secondaire comme du primaire, pour leur faire passer l'envie de venir nous voir en réunion - réunions qui, rappelons-le, feront partie de nos OS en 2015 - au cours desquelles la chaise vide ne fonctionnera pas.
Il s'agira alors de démonter méticuleusement tout leur discours. Il faudra des ressources, des études, des références et du courage. Ça fait 40 ans que les IEN veulent mettre le pied au collège pour accroître leur pouvoir, alors ils seront envieux, cassants et agressifs. Il faudra du courage.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- MorgaredNiveau 9
Serge a écrit:
Les élèves arrivant en 6ème sont supposés déjà savoir lire et écrire. L'IEN lui-même semblent pourtant en convenir.
Sauf que les IEN n'admettront jamais qu'il puisse y avoir des élèves qui ne savent ni lire ni écrire en entrant au collège : il leur suffit pour cela d'affirmer que les professeurs du secondaire n'ont pas la même (i.e. la bonne) définition de ce qu'est "savoir lire", puisqu'on "apprend à lire toute sa vie" et que nous mêmes adultes, ne saurions prétendre définitivement savoir lire - comment pourrions-nous dès lors affirmer qu'un seul élève en fin de primaire ne sait pas lire ? Cela fait plus de dix ans que j'entends ce discours, qui consiste à tout simplement nier l'existence même d'une nécessaire maîtrise technique de la lecture pour uniquement considérer "le sens".
Bref, rien de neuf sous le soleil.
- SergeMédiateur
Audrey a écrit:Oui, Serge, ils en convenaient, tout en disant que comme ce n'était plus le cas aujourd'hui, c'était au collège de se remettre en question et de faire le boulot des PE...
"On est mauvais en primaire, on a besoin de vous..."
Je ne m'en remets pas.
C'est d'autant plus scandaleux que ce n'est pas vrai.
En tout cas, vers chez moi, je trouve que la primaire fait un boulot formidable.
Après, si certains élèves ne veulent ou ne peuvent pas suivre, ce n'est sans doute pas la faute des PE.
A moins de vouloir les culpabiliser en cas d'échec, comme s'ils devaient en plus aller dans les familles, éduquer et border les enfants.
Chacun fait de son mieux, mais il ne faut pas pousser les PE dans les orties.
- Presse-puréeGrand sage
Elyas a écrit:Ce que tu dis là ne concerne pas que l'enseignement des lettres. Le conseil école-collège va être une tentative des IEN de mettre au pas les enseignants de collège à leurs visions. Le mot favori de ces personnes est que ce que nous faisons ou ce que nous disons est impossible. Par exemple, chez moi, l'IEN et son conseiller pédagogique de circonscription m'ont expliqué longuement que des élèves de 6e ne pouvaient pas composer des textes cohérents de 20-30 lignes. Problème, ils avaient sous les yeux environ 200 textes cohérents de 6e de 20-30 lignes.
Bref, nivellement par le bas. Les élèves en difficulté donnent le rythme que tous doivent suivre. Une merveilleuse idée digne des Teletubbies ! Brrrrrrrrrrrrr...
Je suis globalement d'accord avec ce que tu dis, sauf pour l'expression "nivellement par le bas". Pour ce que j'en connais, c'est surtout l'idée que ces élèves ne sont "pas capables" - ce qui est par ailleurs contraire au principe d'"éducabilité" - et que donc on doit les maintenir dans des tâches de seconde zone et les raccrocher seulement avec du "ludique" ou des "activités qui ont du sens", ce qui se traduit dans ce langage par "laisser de côté l'écrit" ou "l'orthographe est la science des ânes". Du moins, c'est ainsi que je perçois ce type de discours.
Lisons les conseils d'Elyas sur l'écrit, allons voir ceux de Véronique sur la didactique de la phrase!
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- fran24Niveau 6
Et en primaire, lors d'une conférence "pédagogique", l'ien nous a récemment indiqué que l'apprentissage de la lecture s'étale jusqu'au collège... :shock: J'étais tellement sidérée que j'en suis restée bouche bée et n'ai pas eu le temps de relever le propos!
- ParatgeNeoprof expérimenté
"Faire le deuil de vos représentations" !
Vocabulaire pseudo-psy qui veut faire croire que nous sommes malades alors que ces nuls font un déni de la réalité incroyable !
Envoyez-les devant des classes !
Vocabulaire pseudo-psy qui veut faire croire que nous sommes malades alors que ces nuls font un déni de la réalité incroyable !
Envoyez-les devant des classes !
- philannDoyen
Olympias a écrit:Et tout cela va arriver au lycée grâce à l'orientation choisie de la FCPE
Quand tu vois déjà les élèves que l'on envoie au lycée!
Ap. les CC de 3èmes certains de mes collègues avaient presque honte!
Ils se disent que leurs collègues du lycée de secteur vont croire qu'on se paye leur tête! (dernier brevet blanc....26% de reçus! le tout dans une banlieue favorisée des Hauts-de-Seine)
_________________
2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- ElyasEsprit sacré
Presse-purée a écrit:Elyas a écrit:Ce que tu dis là ne concerne pas que l'enseignement des lettres. Le conseil école-collège va être une tentative des IEN de mettre au pas les enseignants de collège à leurs visions. Le mot favori de ces personnes est que ce que nous faisons ou ce que nous disons est impossible. Par exemple, chez moi, l'IEN et son conseiller pédagogique de circonscription m'ont expliqué longuement que des élèves de 6e ne pouvaient pas composer des textes cohérents de 20-30 lignes. Problème, ils avaient sous les yeux environ 200 textes cohérents de 6e de 20-30 lignes.
Bref, nivellement par le bas. Les élèves en difficulté donnent le rythme que tous doivent suivre. Une merveilleuse idée digne des Teletubbies ! Brrrrrrrrrrrrr...
Je suis globalement d'accord avec ce que tu dis, sauf pour l'expression "nivellement par le bas". Pour ce que j'en connais, c'est surtout l'idée que ces élèves ne sont "pas capables" - ce qui est par ailleurs contraire au principe d'éducabilité" - et que donc on doit les maintenir dans des tâches de seconde zone et les raccrocher seulement avec du "ludique" ou des "activités qui ont du sens", ce qui se traduit dans ce langage par "laisser de côté l'écrit" ou "l'orthographe est la science des ânes". Du moins, c'est ainsi que je perçois ce type de discours.
Lisons les conseils d'Elyas sur l'écrit, allons voir ceux de Véronique sur la didactique de la phrase!
On va dire que j'essayais d'être optimiste. Si ce que tu dis est vrai, ce cynisme est insupportable.
- AudreyOracle
Quand une des IEN a dit "On est mauvais en primaire!", une collègue a pris la parole et a dit: " Et donc, comme vous êtes mauvais en primaire, vous nous demandez de faire comme vous en collège pour régler les difficultés des élèves? Quelle logique imparable.."..
- ParatgeNeoprof expérimenté
philann a écrit:Olympias a écrit:Et tout cela va arriver au lycée grâce à l'orientation choisie de la FCPE
Quand tu vois déjà les élèves que l'on envoie au lycée!
Ap. les CC de 3e certains de mes collègues avaient presque honte!
Ils se disent que leurs collègues du lycée de secteur vont croire qu'on se paye leur tête! (dernier brevet blanc....26 % de reçus! le tout dans une banlieue favorisée des Hauts-de-Seine)
Dans notre lycée un bon tiers des élèves de 2de sont largués, ils ne peuvent pas suivre et ne veulent pas d'ailleurs !
L'ambiance est infernale avec des cas qui relèvent de la psy !
Ce ne sont pas les copies blanches qu'ils rendent qui peuvent compenser l'emmerdement maximum que nous vivons, élèves et profs.
- CathEnchanteur
Je suis effarée...
Ces gens n'ont pas peur de se faire huer ?
Ces gens n'ont pas peur de se faire huer ?
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- échange collège Lyon-Nîmes ou Lyon-Arles ou Lyon-Autre pour latinistes.
- Qu'aviez-vous à faire et qu'avez-vous fait pour l'agreg' aujourd'hui?
- Pourquoi vous levez-vous le matin pour aller faire cours ?
- Que pensez-vous du sujet "une oeuvre doit-elle faire rire ou faire réfléchir ?" pour un brevet blanc ?
- Que faire face à une élève qui vous fixe (pour vous déstabiliser) ?
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