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lettre - La lettre écrite par Pierre Jacque avant son suicide : le métier de prof n'est "plus acceptable en conscience". - Page 9 Empty Re: La lettre écrite par Pierre Jacque avant son suicide : le métier de prof n'est "plus acceptable en conscience".

par Leclochard Sam 7 Sep 2013 - 20:47
Robin a écrit:
Abraxas a écrit:Une minute de silence à la récré de 10 heures. Et puis tournez manèges — les divers leaders syndicaux n'ont pas voulu rallumer la guerre, que je tentais de lancer, avec l'UNSA et le SGEN. Sic transit.
Merci en tout cas d'avoir parlé.

P.S. (si j'ose dire !) : Je suis quand même sidéré de constater à propos des syndicats que les enseignants continuent à leur faire confiance et à voter pour eux, alors que la plupart d'entre eux collaborent avec des gens qui leur rendent la vie impossible (on l'a bien vu au moment de la réforme du lycée). C'est vraiment, comme dit La Boétie, de la "servitude volontaire" ! Mais bon, on est tous "sympas", on est tous  de Gauche (y compris le SNPDEN) et la Gauche, comme chacun sait, c'est le progrès. Point barre. Circulez, y'a rien à voir !
Faire confiance ? Je ne sais pas mais je pense que pas mal de gens n'attendent pas grand-chose d'eux, quand on voit le pourcentage de gens qui ont voté aux dernières élections professionnelles (environ 40%, je crois) ou le taux de syndiqués (15 %).
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lettre - La lettre écrite par Pierre Jacque avant son suicide : le métier de prof n'est "plus acceptable en conscience". - Page 9 Empty Re: La lettre écrite par Pierre Jacque avant son suicide : le métier de prof n'est "plus acceptable en conscience".

par Lefteris Sam 7 Sep 2013 - 22:23
Robin a écrit:
Abraxas a écrit:Une minute de silence à la récré de 10 heures. Et puis tournez manèges — les divers leaders syndicaux n'ont pas voulu rallumer la guerre, que je tentais de lancer, avec l'UNSA et le SGEN. Sic transit.
Merci en tout cas d'avoir parlé.

P.S. (si j'ose dire !) : Je suis quand même sidéré de constater à propos des syndicats que les enseignants continuent à leur faire confiance et à voter pour eux, alors que la plupart d'entre eux collaborent avec des gens qui leur rendent la vie impossible (on l'a bien vu au moment de la réforme du lycée). C'est vraiment, comme dit La Boétie, de la "servitude volontaire" ! Mais bon, on est tous "sympas", on est tous  de Gauche (y compris le SNPDEN) et la Gauche, comme chacun sait, c'est le progrès. Point barre. Circulez, y'a rien à voir !
Tu sais , puisque tu as lu La Boëtie, que la servitude volontaire s'installe grâce aux nombreux relais du tyran, et de ses vassaux , lesquels trouvent intérêt et confort dans cette servitude. Il est plus facile de traîner ses chaînes que de les briser.

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par Celeborn Sam 21 Sep 2013 - 9:24
Je remonte le sujet pour vous signaler que, suite à une demande du SNALC, une minute de silence à la mémoire de Pierre Jacque a été observée jeudi dernier au Conseil Supérieur de l'Éducation.

Je me permets de vous transmettre la déclaration que j'ai lue : 


« Le suicide est le dernier acte par lequel un homme puisse montrer qu'il a dominé sa vie. » Notre collègue Pierre Jacque nous a laissé une lettre dont le contenu doit nous interpeller. Si l'on sait que les causes d'un tel acte sont souvent complexes, il apparaît, de par les témoignages de sa famille, de ses collègues, de ses anciens élèves, mais aussi de par le texte qu'il nous laisse en héritage, que nous sommes ici confrontés à une décision soupesée, réfléchie, assumée, et d'autant plus violente pour nous que le portrait qu'il brosse de notre système et de ses dysfonctionnements est un portrait lucide. Ce qu'il écrit, il n'est pas le seul à le ressentir, pas le seul à le vivre, et s'il a choisi une voie extrême pour l'exprimer, il dépeint une vérité.


Cette vérité, quelle est-elle ? Celle de personnels qui se sentent trop souvent délaissés, abandonnés et même maltraités. Notre système a hélas tendance à oublier que derrière les personnels, il y a des personnes. Non, des personnes, ça ne se gère pas sous forme de « flux ». Des personnes, ça ne se « pilote » pas. Des personnes, ça se respecte. On ne traite pas ses ressources humaines comme on traite une photocopieuse.


Il ne s'agit pas ici de dresser la liste des responsabilités des uns et des autres, mais bien de prendre enfin conscience de ce qui déraille. « Conscience », c'est un mot que Pierre Jacque a utilisé dans sa lettre : « le métier tel qu'il est devenu au moins dans ma spécialité ne m'est plus acceptable en conscience. » Je crois que si l'on finit par admettre le constat qu'il nous dresse, nous aurons fait un grand pas. Le constat, c'est celui d'un métier dans lequel nombre de collègues (je reprends les mots de Pierre Jacque) ne se sentent plus à leur place. D'un métier dans lequel les réformes sont hélas trop souvent « faites à la hussarde dans un état d'affolement que l'inspection a du mal à dissimuler. » D'un métier dans lequel « les questions que posent les enseignants » restent souvent « sans réponses. » D'un métier dans lequel on se voit contraint de travailler à l'aveugle tout en étant sommé de rendre des comptes et d'exposer nos façons de faire afin de mutualiser les bonnes pratiques (comprendre par-là que les collègues paient les pots cassés afin qu'on puisse avoir a posteriori une idée de ce à quoi la réforme aurait dû ressembler). D'un métier, enfin (je m'arrêterai là, mais la liste, elle, ne s'arrête pas), dans lequel on fait pression sur l'aval (l'évaluation) pour que les résultats à la sortie viennent corroborer les objectifs fixés à l'entrée, et ce au détriment de la réalité.


Voilà pourquoi Pierre Jacque parle d'un métier qui n'est « plus acceptable en conscience ». Voilà pourquoi il écrit cette phrase terrible à propos de notre encadrement : « L'ensemble du corps inspectoral est criminel ou lâche ou les deux d'avoir laissé faire une chose pareille. » Car chaque échelon hiérarchique est porteur d'une grande responsabilité, et qu'il ne peut s'en dédouaner sur l'échelon d'en-dessous sans qu'il y ait des conséquences désastreuses à l'arrivée. Il n'est plus tenable que les professeurs soient soumis à des injonctions contradictoires, à des revirements perpétuels, dans lesquels l'inspecteur qui vous disait A la veille vous dit Z le lendemain. Il n'est plus tenable de lire dans les lettres de rentrées des inspecteurs des choses telles que, je cite : « la transmission de connaissances n’est plus l’objectif essentiel de la formation des élèves. » Il n'est plus tenable de se retrouver au centre de toutes les pressions : pression des élèves, des parents d'élèves, mais également pressions d'une hiérarchie qui semble de plus en plus considérer que les professeurs ne sont plus des concepteurs, mais des exécutants qui doivent s'adapter à tout ce qu'on leur dit de faire, y compris marcher sur la tête, différencier à 35 élèves, trouver le dahut, mettre en œuvre le tout nouveau système qui sera remplacé deux ans plus tard par un système encore plus nouveau, le tout sans se plaindre, parfois en s'auto-formant sur son temps libre, et avec le sourire s'il vous plaît ; après tout, ce métier est une vocation, non ?


Pardonnez mon ironie, mais comment ne pas être dépité de constater que notre médecine du travail est quasi inexistante, que notre direction des ressources humaines est essentiellement symbolique, que nos professions ne sont même pas régies par le code du travail, ce qui conduit à des abus réguliers, et que notre absence actuelle de formation fait que la plupart des professeurs ne connaissent ni leurs droits, ni leurs devoirs ? Comment ne pas s'étonner que chaque annonce d'inspection soit vécue comme une source de stress (sera-t-on « conforme » à des attentes qu'il nous est le plus souvent impossible d'identifier ?) et non comme la possibilité d'un échange fructueux ? Comment ne pas se révolter devant un système qui est aujourd'hui fondé sur la défiance et non sur la confiance ? Comment en est-on arrivé là ? Et surtout, peut-on essayer d'inverser la tendance ? Peut-on reconnaître que certaines réformes ont été ratées et qu'on ne peut laisser les choses où elles en sont ? Peut-on avoir des lettres de rentrée qui ne soient pas des injonctions idéologiques d'appliquer la dernière mode, et qui ne se contredisent pas d'une discipline à l'autre, d'une académie à l'autre ? Peut-on avoir des relations professionnelles pacifiées par un cadrage fort et clair, qui éviterait que les collègues se déchirent entre eux pour savoir qui aura son dédoublement et qui ne l'aura pas ? Peut-on avoir des programmes réalistes que l'on n'aurait pas à aménager tous les quatre matins pour qu'ils correspondent à la réalité de l'enseignement dans les classes ? Peut-on avoir des examens transparents, équitables, et dont les épreuves soient pensées en amont, en même temps que les programmes qui y mènent, et non a posteriori, une fois les dégâts constatés ?


Voilà, je crois, ce que nous dit Pierre Jacque. On peut choisir de ne pas l'écouter, de mettre son acte sur le compte de sa « fragilité », de circonstances « personnelles », toutes choses que l'on retrouve régulièrement dans la communication institutionnelle quand un enseignant se suicide, mais que, heureusement, cette fois-ci, on n'a pas entendues. Peut-être choisira-t-on pour une fois, et ce serait un acte courageux, d'entendre notre collègue et de prendre les mesures qui s'imposent : gestion des ressources humaines, médecine du travail, cadrage des injonctions hiérarchiques et des missions des corps d'inspection, prise en compte des dysfonctionnements causés par les réformes des lycées mises en œuvre par le précédent gouvernement, affichage d'un soutien systématique et indéfectible de la hiérarchie à ses personnels ... Les chantiers sont nombreux, et ils sont tous indispensables pour que l'on passe d'une logique de la défiance à une logique de la confiance, d'une logique de l'abandon à une logique du soutien, d'une logique du dédain à une logique du respect. Pierre Jacque doit rester présent dans nos mémoires et dans notre action. « Les morts sont des invisibles, mais non des absents. » : nous demandons ainsi que la prise en compte de l'acte de Pierre Jacques aille au-delà de la minute de silence que nous souhaiterions que les membres du CSE observent.
Je vous remercie.

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par Luigi_B Sam 21 Sep 2013 - 9:28
Merci Celeborn.

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par Igniatius Sam 21 Sep 2013 - 9:41
C'est très bien, merci.


Mais je ne peux m'empêcher de penser à l'indifférence que devaient contenir les hauts fonctionnaires présents : Pierre Jacque a parfaitement décrit leur quotidien.

Pour rappel, il y a 2 ans, mon ipr a conclu son rapport par : "M. Igniatius assimile les attentes des nouveaux programmes a un changement de paradigme ds l'enseignement des mathématiques. Il est encore temps d'accompagner ce changement."
Je ne suis pas de naturel dépressif mais j'ai pensé à France Telecom.

En résumé : l'administration se fout de ce suicide.
Certains de tes collègues syndiques du CSE aussi d'ailleurs.

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par Invité-B Sam 21 Sep 2013 - 11:18
Igniatius a écrit:
En résumé : l'administration se fout de ce suicide.
Je suis bien d'accord avec toi...et c'est terriblement triste.
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par Presse-purée Sam 21 Sep 2013 - 11:38
Beau texte en tout cas. Mais bon, lorsque certains comparent ce suicide à celui de Dominique Venner, assimilant ainsi par le jeu de la comparaison la vision du métier évoquée par Pierre Jacque aux délires fachos de l'extrême-droite, lorsque certains considèrent que ceux qui n'adhèrent pas à leurs vues sur le travail à entreprendre avec les élèves ne sont pas des collègues mais des ennemis à éliminer, penses-tu que ce texte a pu rencontrer un écho favorable là où il a été lu?

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par John Sam 21 Sep 2013 - 11:44
Presse-purée a écrit:Lorsque certains comparent ce suicide à celui de Dominique Venner, [...] lorsque certains considèrent que ceux qui n'adhèrent pas à leurs vues sur le travail à entreprendre avec les élèves ne sont pas des collègues mais des ennemis à éliminer
Et c'est pourtant l'un d'eux qui a publié un livre de 200 pages sur "l'éducation à la citoyenneté", les" compétences sociales" et les "compétences civiques", co-édité par le Scérén et le CRAP...

Edit : je complète mon message, puisque le collègue en question a apporté cette précision à l'instant : "Ne déformez pas mes propos ! j'ai comparé ceux qui utilisent un suicide pas le suicide !".

Dont acte.


Dernière édition par John le Sam 21 Sep 2013 - 11:57, édité 2 fois

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par Paratge Sam 21 Sep 2013 - 11:49
Presse-purée a écrit:Beau texte en tout cas. Mais bon, lorsque certains comparent ce suicide à celui de Dominique Venner, assimilant ainsi par le jeu de la comparaison la vision du métier évoquée par Pierre Jacque aux délires fachos de l'extrême-droite, lorsque certains considèrent que ceux qui n'adhèrent pas à leurs vues sur le travail à entreprendre avec les élèves ne sont pas des collègues mais des ennemis à éliminer, penses-tu que ce texte a pu rencontrer un écho favorable là où il a été lu?
Je redis ce que j'ai posté plus haut, pour une bonne part des pédagos c'est une vraie guerre : certains comme des IPR ne se cachent pas en disant que les vilains profs « à l'ancienne » finissent bien par disparaître, c'est biologique, hi hi hi !

Un suicide ou une dépression d'un collègue c'est donc tout bénéf : place aux nouveaux « animateurs en lieux de vie qui accompagnent les jeunes. »

D'où les stratégies pour faire craquer prématurément les mauvais esprits qui ne veulent pas d'une « francetélécomisation » du métier...
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par Presse-purée Sam 21 Sep 2013 - 12:06
John a écrit:Edit : je complète mon message, puisque le collègue en question a apporté cette précision à l'instant : "Ne déformez pas mes propos ! j'ai comparé ceux qui utilisent un suicide pas le suicide !".

Dont acte.
Dont acte. C'est une précision qu'il fallait faire. Il n'empêche que la comparaison est plus que malheureuse.

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par John Sam 21 Sep 2013 - 12:34
Pour moi, la vérité sur le lien entre les deux suicides, c'est que chacun des deux hommes avait laissé une lettre pour expliquer son geste. Voilà, c'est tout.

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par philann Sam 21 Sep 2013 - 12:46
Celeborn: un grand merci pour cette déclaration.

Elle était importante pour la mémoire de ce collègue qui est littéralement mort de vouloir enseigner.

Elle est importante tant elle décrit bien le vécu de nombreux collègues et l'état d'une institution à la dérive.

Merci! fleurs 

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par Ronin Sam 21 Sep 2013 - 15:20
Merci Celeborn.

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par Zenxya Sam 21 Sep 2013 - 16:31
Merci Celeborn, lundi je vais afficher ce texte en salle des profs.

Nous avons été particulièrement affecté par ce suicide dans mon lycée. Toutes nos STI ayant disparu, nos profs ont été "recyclé" pour la STI2D. L'année de la première puis celle de la terminale, ils avaient à peine 15 jours d'avance sur les élèves. Maintenant, 3ème année de première et seconde de terminale, ils commencent à avoir "un peu" de recul. Ils travaillent comme des fous, ne prennent quasiment pas le temps de souffler. Certains en sont tombés malades avec des affections bien physiques, de celles qui nécessitent une hospitalisation et pourtant on ne peut s'empêcher de penser qu'elles semblent bien psychosomatiques les causes. Et le sort de ceux qui en plus ont été sollicités pour la formation des profs !!!! Quel gâchis humain. Quelle négation même de la dignité humaine.

C'est de plus en plus l'étrangeté du discours qui me laisse perplexe. Pour les élèves, on nous parle de bienveillance, d'écoute (bienveillante aussi), de validation d'items où est pris en compte la dignité humaine, de déclaration des droits de l'Homme, et j'en oublie, et ces mêmes personnes qui nous servent ces injonctions ne sont même pas capable de nous considérer avec le minimum dû à tous êtres vivants (même les chiens et les cloportes y ont droit). C'est certainement l'exemple le plus abouti du discours schizophrène.
Et ce qui m'étonne encore plus, c'est comment peut-on être à ce point obtus, aveugle, pour ne jamais se remettre en cause, jamais se poser de questions, se dire que peut-être ....
Ils semblent avoir appris par coeur tous les éléments d'un "code"  qu'ils recrachent tel quel, comme des disciples d'une secte ou certains fanatiques.
Comment peut-on, avec un esprit un tant soi peu critique et sans sourciller, adopter une telle attitude de suivisme.
Comment peut-on seulement se regarder dans une glace.

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par Condorcet Sam 21 Sep 2013 - 17:56
Merci Celeborn fleurs2 fleurs 
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par Igniatius Sam 21 Sep 2013 - 18:42
Presse-purée a écrit:
John a écrit:Edit : je complète mon message, puisque le collègue en question a apporté cette précision à l'instant : "Ne déformez pas mes propos ! j'ai comparé ceux qui utilisent un suicide pas le suicide !".

Dont acte.
Dont acte. C'est une précision qu'il fallait faire. Il n'empêche que la comparaison est plus que malheureuse.

Mouais...
La citation exacte était : "un suicidé a forcement raison ? #DominiqueVenner"

J'y ai qd même, pour ma part, vu la comparaison des délires de Venner avec les arguments précis de Pierre Jacque contre la réforme des sti. On peut ergoter mais bon...
De la part de quelqu'un qui pense que ceux qui ne soutiennent pas Peillon et son syndicat sont tous plus ou moins des fascistes du FN en puissance (snalc, snes, fo, fdg même combat), je ne sais pas si la comparaison est innocente.
J'ose juste espérer qu'il a été odieux par méconnaissance de la réalité de la violence de la réforme des sti, tant pour les élèves que pour les collègues.

A sa décharge, sur Twitter, certains écrivent souvent des conneries faute de place pour une pensée complexe (car je lui accorde qu'il doit certainement en avoir une).

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par Audrey Sam 21 Sep 2013 - 21:37
Merci Celeborn pour ce texte, qui dit très bien ce que nous vivons, pensons et ressentons.
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par Voltaire Dim 22 Sep 2013 - 7:52
Merci Celeborn pour ce très beau texte. N'oublions pas Pierre JACQUE. Je l'ai personnellement très bien connu, il n'y avait aucune "fragilité" en lui, au contraire même, et c'est probablement ce qui l'a tué : il a "cassé" comme un chêne, quand les conditions d'exercice de son métier ont heurté violemment ses convictions morales. Et aucune "circonstance personnelle" n'a pu contribuer à son geste, qu'il a mûrement et longuement réfléchi, ainsi que le texte terrible et vrai qu'il a laissé. Sa famille, ses amis, ses collègues et même ses élèves l'ont aimé et respecté.
Jacq
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par Jacq Dim 22 Sep 2013 - 8:21
Voltaire a écrit:Merci Celeborn pour ce très beau texte. N'oublions pas Pierre JACQUE. Je l'ai personnellement très bien connu, il n'y avait aucune "fragilité" en lui, au contraire même, et c'est probablement ce qui l'a tué : il a "cassé" comme un chêne, quand les conditions d'exercice de son métier ont heurté violemment ses convictions morales. Et aucune "circonstance personnelle" n'a pu contribuer à son geste, qu'il a mûrement et longuement réfléchi, ainsi que le texte terrible et vrai qu'il a laissé. Sa famille, ses amis, ses collègues et même ses élèves l'ont aimé et respecté.
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par User5899 Dim 22 Sep 2013 - 14:37
J'ajoute mon remerciement à Celeborn à ceux des autres.
kensington
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par kensington Dim 22 Sep 2013 - 14:46

Très beau et très bon texte. Merci Celeborn.
Sibylle
Sibylle
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par Sibylle Dim 22 Sep 2013 - 16:05
Mille mercis. C'est un magnifique texte et je suis heureuse qu'il ait pu être lu en haut lieu.
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User17706
Bon génie

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par User17706 Lun 23 Sep 2013 - 19:17
Je signale également l'article suivant, paru sur mezetulle.net:

http://www.mezetulle.net/article-un-monde-ou-les-professeurs-se-suicident-par-a-j-mougin-120194716.html
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par Serviteur Mar 24 Sep 2013 - 4:53
Très beau texte bien écrit. Dommage qu'il en soit arrivé à mettre fin à ses jours
John
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par John Mer 25 Sep 2013 - 16:36
Le Snes d'Aix-Marseille a mis en ligne le message de Mme Françoise Jacque qu'elle a rédigé en hommage à son mari :

https://www.aix.snes.edu/IMG/pdf/Hommage_de_Francoise_Jacque_lors_des_obseques.pdf

HOMMAGE POUR PIERRE
Jeudi 5 septembre 2013
Je ne souhaitais d'abord pas m'exprimer aujourd'hui, ne pensant pas en être capable, mais l'appel téléphonique d'une maman d'un élève de Pierre, hier, m'a fait changer d'avis. Certaines choses devaient être dites, et c'était à moi de le faire.
Je vous remercie d'être venus si nombreux, et j'espère que par votre présence le geste de Pierre trouvera un large écho, ce qu'il aurait très certainement apprécié.
J'ai souhaité dire quelques mots pour partager avec vous mon immense douleur, mais surtout pour essayer d'expliquer et de comprendre comment Pierre a été amené à choisir de nous quitter de façon si brutale, en nous laissant abasourdis et anéantis. Cette décision qui a été prise en raison même de ce qui faisait de lui un homme si remarquable, et si aimé.
Pierre, tu étais le meilleur mari du monde, toujour s présent pour moi, un rocher dans ma vie, un guide dans tous les sens du terme, et avec toi j'ai vraiment perdu ma moitié. Tu étais un père modèle, un gendre attentionné, tu as été un grand−père extraordinaire, mais pour un temps si court ! et j'aurais tellement, tellement aimé partager avec toi encore de longues années. Nous avions beaucoup de projets, des enfants magnifiques, et un merveilleux petit−fils que tu adorais, mais tu n'as pas eu la force de continuer à subir un métier qui changeait tellement et qui devenait si contraire à toutes tes convictions.
Tu as été petit à petit détruit par tes grandes qualités qui se sont retournées contre toi quand, au fil des réformes successives, tu as été amené à les renier dans ton travail, qui te tenait tant à cœur, qui te correspondait si bien, et qui occupait, comme pour beaucoup d'enseignants, une grande place dans ta vie :
• ton honnêteté, vis−à−vis de tes élèves que tu avais l'impression de leurrer à cause de programmes creux et vides de contenus,
• ton intégrité, quand on modifiait tes notes sans ton avis, ou que tu étais forcé toi−même, pour ne pas pénaliser les élèves, de donner des notes sans rapport réel avec leurs savoirs,
• ton amour du travail bien fait, à cause d'options pédagogiques hasardeuses et non validées, imposées par les programmes,
• ton immense envie de transmettre à ton tour du savoir, et le tien était très grand, à cause de locaux inadaptés, de programmes boursouflés, ambitieux en paroles, étriqués en réalité,
• ton désir de guider les élèves, d'aider chaque jeune à se réaliser, alors même que les plus fragiles sont irrémédiablement broyés par un système qui ne leur transmet pas les connaissances les plus essentielles,
• et l'amour sincère que tu portais à ton pays, la France, pour lequel tu pensais qu'une éducation de qualité était nécessaire à un redressement que tu souhaitais de toutes tes forces. Alors que le chemin emprunté par les réformes successives conduit inévitablement au
résultat inverse, que l'ascenseur social est en panne, et qu'aucun changement ni revirement ne semble amorcé.
Je voudrais partager rapidement avec vous quelques anecdotes pour montrer l'homme et le professeur extraordinaire que tu étais, et combien tu souffrais des conditions d'exercice de ton métier :
• Une maman d'élève m'a téléphoné hier en pleurs pour me dire combien elle avait apprécié ta disponibilité et ton aide pour le suivi scolaire de son fils : tu étais un professeur extraordinaire, concerné, disponible, qui donnait son numéro de téléphone personnel à ses élèves et aux parents, en leur disant de ne pas hésiter à appeler en cas de besoin ou de difficulté, quand tu ne les appelais pas toi même pour leur signaler un problème, ainsi plus vite réglé. Grâce à toi, a−t−elle dit, son fils a eu son bac, et ce qui a frappé cette maman maghrébine (c'est elle qui a insisté sur ce point pour souligner ton absence totale de racisme), c'est quand tu lui as dit que son fils, comme tous les enfants, avait droit à la réussite, et la possibilité d'un bon départ dans sa vie, en commençant par ses études, et que cela a redonné le moral à son fils.
• L'été dernier, en 2012, tu as passé une grande partie de tes vacances à préparer tes cours en fonction du nouveau programme, et un petit robot a passé des heures à rouler sur le sol de notre séjour en contournant plus ou moins efficacement des bouteilles d'eau minérale, disposées en guise d'obstacles, sous le contrôle d'un programme que tu mettais minutieusement au point pour pouvoir ensuite le faire réaliser à tes élèves
− combien tu as été déçu ensuite de constater combien tes ambitions, bien que modestes, et apparemment pourtant en conformité avec le nouveau programme, étaient au dessus du niveau réel des élèves.
• Tu as noté pour le bac tes propres élèves, en contradiction absolue avec l'esprit même de cet examen anonyme, en essayant d'être juste avec eux sans être ni laxiste ni sévère, bien que le poids de cette note pour l'obtention du bac soit énorme, et que les critères de notation aient été à la fois flous et exagérément détaillés. Tu as passé des heures à t'angoisser à ce sujet − dans l'intérêt de tes élèves, mais sans renier une certaine idée de la qualité de l'enseignement. Tu as ensuite noté les élèves d'un autre établissement, pour l'autre moitié de la note, et quand tu as par hasard ensuite appris que tes notes avaient été modifiées sans ton avis, tu t'es, à juste titre, senti désavoué.
• Tu assurais, sur ton temps libre, bénévolement, une partie de l'entretien du matériel de ta section. Tu es allé jusqu'à aider au déménagement du mobilier. Pourtant, les travaux n'ont pu être finis à temps et tu as passé l'année dans des conditions matérielles plus que précaires.
• Tu t'es reconnu, l'an dernier, dans un jeune en per dition, et tu as été choqué et atterré de constater que, 30 ans plus tard, au lieu de poursuivre les brillantes études qui ont été les tiennes, tu aurais probablement dans le contexte actuel sombré dans l'échec scolaire.
• J'ai reçu, depuis dimanche, une quantité de témoignages d'affection, d'éloges et d'hommages à ton endroit.
Même les commentaires des lecteurs sur internet, car ton témoignage a été largement diffusé, sont pour la plupart en accord avec tes positions.
Tu avais tellement le désir de bien faire ! Et tu ne le pouvais pas, contraint que tu étais par les locaux et le matériel inadaptés, les méthodes absurdes imposées.
Tu as continué à te battre, pourtant, te sentant bien seul malgré l'amour de ta famille, l'amitié de tes collègues, l'affection de tes amis. Tout le monde, famille, amis, élèves, parents, collègues, t'aimait et appréciait tes grandes qualités, mais petit à petit tu as perdu l'envie et la force de continuer cette lutte inégale contre ceux qui perpétuent la dégradation de notre système scolaire sous les gouvernements successifs. Cette bataille sans espoir a peu à peu fini par miner ta vie personnelle : chez un enseignant consciencieux, et tu l'étais ô combien, la frontière est ténue, on ramène inévitablement son métier chez soi. Et ton désespoir est devenu si grand que tu n'as trouvé qu'un moyen d'y échapper. Tu as préparé ton départ et mis en œuvre sa réalisation avec ta discrétion, ta méticulosité et hélas ton efficacité habituelles. Tu nous laisses bien seuls, tu laisses un vide immense, pourtant tu nous as dit de continuer à vivre, sans imaginer combien sans toi cela allait être difficile, ni à combien de gens tu allais manquer, et combien nous allions regretter de n'avoir pas pu t'aider − tu étais trop fier pour nous y autoriser. Ma vie avait un sens quand je la partageais avec toi, mon avenir est en cendres, et il va me falloir reconstruire une autre vie, en faisant le même métier que toi − mais dans une autre discipline, qui me laisse un tout petit peu plus de liberté.
C'est douloureux, mais je m'y efforcerai, par respect et amour pour toi.
Pierre, tu as été un homme consciencieux, nous t'avons tant aimé. Nous déposerons sur ton cercueil une petite branche de chacun des arbres que tu avais planté avec soin, tu en avais planté un encore même la semaine dernière. Puisses−tu ainsi reposer, enfin en paix,
dans ton jardin.
Tu as souhaité laisser, avant ton départ, un témoignage, où tu exprimes ton analyse de la situation de l'enseignement de ta discipline et ton parcours personnel. Tu y avais beaucoup réfléchi, et ce texte est terrible et magnifique. Tes collègues vont maintenant le lire, car moi je n'en suis pas capable, mais c'est toi qu'on va entendre par leurs voix.
Françoise JACQUE

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lettre - La lettre écrite par Pierre Jacque avant son suicide : le métier de prof n'est "plus acceptable en conscience". - Page 9 Empty Re: La lettre écrite par Pierre Jacque avant son suicide : le métier de prof n'est "plus acceptable en conscience".

par Olympias Mer 25 Sep 2013 - 16:40
Une pensée pour lui, que je ne connaissais pas, et pour sa veuve, qui se trouve dans le désarroi et la tristesse. On ne peut manquer d'être touché. :flower: 
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