- DalilahNiveau 6
Je prépare un GT pour des premières STMG sur l'OE roman.
J'envisage de faire une séquence avec pour sujet "Le héros au champ de bataille : l'expression du sentiment d'absurdité".
Bien sûr je mettrai Fabrice à Waterloo et un passage de Bardamu au front, mais je n'ai pas d'extrait pour le 17e ou 18eme (il me faudrait 3 LA).
Des suggestions (en sachant que je garde Don Quichotte pour une lecture complémentaire)?
J'envisage de faire une séquence avec pour sujet "Le héros au champ de bataille : l'expression du sentiment d'absurdité".
Bien sûr je mettrai Fabrice à Waterloo et un passage de Bardamu au front, mais je n'ai pas d'extrait pour le 17e ou 18eme (il me faudrait 3 LA).
Des suggestions (en sachant que je garde Don Quichotte pour une lecture complémentaire)?
- DalilahNiveau 6
Que pensez-vous de la fin du livre 2 des Aventures de Télémaque, le récit de la guerre civile causée par l'hubris du roi?
Je copie-colle l'extrait:
"Les Egyptiens me parurent divisés entre eux: je n'eus aucune peine à croire que l'insensé roi Bocchoris avait, par ses violences, causé une révolte de ses sujets et allumé la guerre civile. Je fus, du haut de cette tour, spectateur d'un sanglant combat. Les Egyptiens qui avaient appelé à leur secours les étrangers, après avoir favorisé leur descente, attaquèrent les autres Egyptiens, qui avaient le roi à leur tête. Je voyais ce roi qui animait les siens par son exemple: il paraissait comme le dieu Mars: des ruisseaux de sang coulaient autour de lui; les roues de son char étaient teintes d'un sang noir, épais et écumant; à peine pouvaient-elles passer sur des tas de corps morts écrasés. Ce jeune roi, bien fait, vigoureux, d'une mine haute et fière, avait dans ses yeux la fureur et le désespoir: il était comme un beau cheval qui n'a point de bouche; son courage le poussait au hasard, et la sagesse ne modérait point sa valeur. Il ne savait ni réparer ses fautes, ni donner des ordres précis, ni prévoir les maux qui le menaçaient, ni ménager les gens dont il avait le plus grand besoin. Ce n'était pas qu'il manquât de génie: ses lumières égalaient son courage; mais il n'avait jamais été instruit par la mauvaise fortune; ses maîtres avaient empoisonné par la flatterie son beau naturel. Il était enivré de sa puissance et de son bonheur; il croyait que tout devait céder à ses désirs fougueux: la moindre résistance enflammait sa colère. Alors il ne raisonnait plus; il était comme hors de lui-même: son orgueil furieux en faisait une bête farouche; sa bonté naturelle et sa droite raison l'abandonnaient en un instant; ses plus fidèles serviteurs étaient réduits à s'enfuir; il n'aimait plus que ceux qui flattaient ses passions. Ainsi il prenait toujours des partis extrêmes contre ses véritables intérêts, et il forçait tous les gens de bien à détester sa folle conduite.
Longtemps sa valeur le soutint contre la multitude de ses ennemis; mais enfin il fut accablé. Je le vis périr: le dard d'un Phénicien perça sa poitrine. Il tomba de son char, que les chevaux traînaient toujours, et ne pouvant plus tenir les rênes, il fut mis sous les pieds des chevaux. Un soldat de l'île de Chypre lui coupa la tête; et, la prenant par les cheveux, il la montra, comme en triomphe, à toute l'armée victorieuse.
Je me souviendrai toute ma vie d'avoir vu cette tête qui nageait dans le sang, ces yeux fermés et éteints, ce visage pâle et défiguré, cette bouche entrouverte, qui semblait vouloir encore achever des paroles commencées, cet air superbe et menaçant, que la mort même n'avait pu effacer. Toute ma vie il sera peint devant mes yeux, et, si jamais les dieux me faisaient régner, je n'oublierais point, après un si funeste exemple, qu'un roi n'est digne de commander et n'est heureux dans sa puissance qu'autant qu'il la soumet à la raison. Hé! quel malheur, pour un homme destiné à faire le bonheur public, de n'être le maître de tant d'hommes que pour les rendre malheureux!"
Je copie-colle l'extrait:
"Les Egyptiens me parurent divisés entre eux: je n'eus aucune peine à croire que l'insensé roi Bocchoris avait, par ses violences, causé une révolte de ses sujets et allumé la guerre civile. Je fus, du haut de cette tour, spectateur d'un sanglant combat. Les Egyptiens qui avaient appelé à leur secours les étrangers, après avoir favorisé leur descente, attaquèrent les autres Egyptiens, qui avaient le roi à leur tête. Je voyais ce roi qui animait les siens par son exemple: il paraissait comme le dieu Mars: des ruisseaux de sang coulaient autour de lui; les roues de son char étaient teintes d'un sang noir, épais et écumant; à peine pouvaient-elles passer sur des tas de corps morts écrasés. Ce jeune roi, bien fait, vigoureux, d'une mine haute et fière, avait dans ses yeux la fureur et le désespoir: il était comme un beau cheval qui n'a point de bouche; son courage le poussait au hasard, et la sagesse ne modérait point sa valeur. Il ne savait ni réparer ses fautes, ni donner des ordres précis, ni prévoir les maux qui le menaçaient, ni ménager les gens dont il avait le plus grand besoin. Ce n'était pas qu'il manquât de génie: ses lumières égalaient son courage; mais il n'avait jamais été instruit par la mauvaise fortune; ses maîtres avaient empoisonné par la flatterie son beau naturel. Il était enivré de sa puissance et de son bonheur; il croyait que tout devait céder à ses désirs fougueux: la moindre résistance enflammait sa colère. Alors il ne raisonnait plus; il était comme hors de lui-même: son orgueil furieux en faisait une bête farouche; sa bonté naturelle et sa droite raison l'abandonnaient en un instant; ses plus fidèles serviteurs étaient réduits à s'enfuir; il n'aimait plus que ceux qui flattaient ses passions. Ainsi il prenait toujours des partis extrêmes contre ses véritables intérêts, et il forçait tous les gens de bien à détester sa folle conduite.
Longtemps sa valeur le soutint contre la multitude de ses ennemis; mais enfin il fut accablé. Je le vis périr: le dard d'un Phénicien perça sa poitrine. Il tomba de son char, que les chevaux traînaient toujours, et ne pouvant plus tenir les rênes, il fut mis sous les pieds des chevaux. Un soldat de l'île de Chypre lui coupa la tête; et, la prenant par les cheveux, il la montra, comme en triomphe, à toute l'armée victorieuse.
Je me souviendrai toute ma vie d'avoir vu cette tête qui nageait dans le sang, ces yeux fermés et éteints, ce visage pâle et défiguré, cette bouche entrouverte, qui semblait vouloir encore achever des paroles commencées, cet air superbe et menaçant, que la mort même n'avait pu effacer. Toute ma vie il sera peint devant mes yeux, et, si jamais les dieux me faisaient régner, je n'oublierais point, après un si funeste exemple, qu'un roi n'est digne de commander et n'est heureux dans sa puissance qu'autant qu'il la soumet à la raison. Hé! quel malheur, pour un homme destiné à faire le bonheur public, de n'être le maître de tant d'hommes que pour les rendre malheureux!"
- cannelle21Grand Maître
L'incontournable Candide à la guerre (chap 3)
Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles, éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.
Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l’avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants, ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n’oubliant jamais mademoiselle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande ; mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu’on y était chrétien, il ne douta pas qu’on ne le traitât aussi bien qu’il l’avait été dans le château de monsieur le baron avant qu’il en eût été chassé pour les beaux yeux de mademoiselle Cunégonde.
Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles, éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.
Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l’avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants, ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n’oubliant jamais mademoiselle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande ; mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu’on y était chrétien, il ne douta pas qu’on ne le traitât aussi bien qu’il l’avait été dans le château de monsieur le baron avant qu’il en eût été chassé pour les beaux yeux de mademoiselle Cunégonde.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- cannelle21Grand Maître
Avec l'extrait de Barry Lyndon
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- DalilahNiveau 6
Ben oui mais je préférerais quand même un extrait de roman puisque ma séquence s'inscrit dans cet OE...
- User5899Demi-dieu
HS
Pas plus d'hubris que d'hupoglucémie, d'hupokhâgne ou d'hupothèse
hybris, comme le maïshubride hybride
Pas plus d'hubris que d'hupoglucémie, d'hupokhâgne ou d'hupothèse
hybris, comme le maïs
- DalilahNiveau 6
(Ah oui, avais pas vu, pardon d'avoir ripé!... A ma décharge il était 3h30 )
Mais sinon, on peut l'écrire comme ça quand on transcrit le terme grec, avec un accent aigu sur le u, non :lol: ?
Mais sinon, on peut l'écrire comme ça quand on transcrit le terme grec, avec un accent aigu sur le u, non :lol: ?
- sabsyedNiveau 1
Salut,
Pense à l'extrait mettant en scène Fabrice à Waterloo dans Le rouge et le noir commençant par "notre héros était fort peu héros"...
Pense à l'extrait mettant en scène Fabrice à Waterloo dans Le rouge et le noir commençant par "notre héros était fort peu héros"...
- sabsyedNiveau 1
Non pas dans Le rouge et le noir (quelle gourde) dans La chartreuse de Parme bien-sûr.
- DalilahNiveau 6
Déjà prévu dans mon GT : "Bien sûr je mettrai Fabrice à Waterloo et un passage de Bardamu au front"
Je cherche un texte de roman du XVIIe ou XVIIIe...
Je cherche un texte de roman du XVIIe ou XVIIIe...
- sabsyedNiveau 1
Corneille, Le Cid, "Nous partîmes cinq cents"...qu'en fis-tu? ça te fait croiser avec le théâtre, mais tant mieux, non?
- retraitéeDoyen
Candide pour le 18e.Dalilah a écrit:Je prépare un GT pour des premières STMG sur l'OE roman.
J'envisage de faire une séquence avec pour sujet "Le héros au champ de bataille : l'expression du sentiment d'absurdité".
Bien sûr je mettrai Fabrice à Waterloo et un passage de Bardamu au front, mais je n'ai pas d'extrait pour le 17e ou 18eme (il me faudrait 3 LA).
Des suggestions (en sachant que je garde Don Quichotte pour une lecture complémentaire)?
- InvitéeHrÉrudit
En texte complémentaire un extrait de Barry Lyndon le roman de Thackeray et/ou comme le suggère Cannelle un extrait du film.
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Pour le XXe siècle il y a des passages très bien dans Un long dimanche de fiançailles de Japrisot. Le 1er chapitre notamment.
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
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