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John
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Québec : l'enseignante Diane Boudreau s'insurge contre les réformes pédagogiques (2011) Empty Québec : l'enseignante Diane Boudreau s'insurge contre les réformes pédagogiques (2011)

par John Dim 11 Aoû 2013 - 20:52
http://www.lactualite.com/societe/oui-je-connais-justin-bieber-et-jai-un-ipod/

Diane Boudreau, prof de français au secondaire, s'exprime sur les réformes pédagogiques appliquées au Québec. Ses phrases ont des accents très proches de ce que ressentent beaucoup d'enseignants français.

Et il y a les réformes… Au Québec, trois grandes réformes ont marqué l’enseignement au primaire et au secondaire : les programmes-cadres, dans les années 1960 ; la pédagogie par objectifs, dans les années 1980 ; puis le renouveau pédagogique, dans les années 2000. Chacune a connu ses détracteurs et ses adeptes. La dernière réforme, celle qui nous a imposé les compétences transversales, les bulletins avec des émoticônes, les bilans de fin d’année à données variables, a fait couler beaucoup d’encre.

La rectification de l’ortho­graphe et la grammaire simplifiée (dit-on) ont aussi fait l’objet de critiques acerbes ou de dithyrambes enthousiastes. Les experts du MELS, des conseillers pédagogiques, des directeurs d’école ont tenté de convaincre enseignants et parents qu’ils avaient trouvé la panacée au décrochage et à la démotivation de nos élèves. Balivernes ! Simon Larose, professeur et directeur de l’« Évaluation du renouveau à l’enseignement secondaire », à l’Université Laval, a découvert que les élèves de la réforme échouent davantage que leurs prédécesseurs – près de 5 % de plus que les cohortes précédentes.

Depuis 2008 – année où j’ai enseigné à ma première cohorte de la réforme -, je constate que des élèves ont de grandes lacunes en écriture : vocabulaire limité, règles de grammaire élémentaires non maîtrisées. À qui la faute ? Certainement pas à la réforme, concluent les fonctionnaires du MELS. Ce sont les enseignants de français les coupables : ils n’y connaissent rien en évaluation et en appréciation des apprentissages de leurs élèves, ils maugréent sans cesse, ils s’insurgent contre tous les changements par principe.

En 4e secondaire, les compétences « lire » et « communiquer oralement » représentent 60 % de la note finale. Une hérésie. Tous les adolescents de 15 ans savent lire et s’exprimer oralement. Résultat : presque tous les élèves réussissent leur cours de français. Même les moins motivés. Et même s’ils ont de graves lacunes en écriture.

Quant à la fameuse rectification de l’orthographe, elle ne fait disparaître que 3 ou 4 fautes dans un texte qui en compte plus de 40. Pourtant, on conti­nue de former les enseignants sur ces « améliorations ». [...]

Et puis, il y a le fameux bilan de fin d’année ! Nous sommes les dupes d’une immense fumisterie : chaque enseignant décidant de la valeur et du nombre des travaux qui doivent faire partie de ces bilans, nous créons un fouillis destiné à produire des statistiques ministérielles favorables à la réforme. Certains diront que l’épreuve ministérielle de 5e secondaire réduira les possibles écarts entre les résultats des enseignants d’une même école et entre les écoles elles-mêmes, mais la correction de ces épreuves est assujettie au laxisme des correcteurs (laxisme imposé par les superviseurs, qui ont reçu des consignes claires). Si les résultats s’avèrent insatisfaisants, on augmentera les notes de l’ensemble des élèves. Le tour est joué ! L’école publique est devenue une fabrique de diplômes au rabais. [...]

Je suis fatiguée, et inquiète. Pour ma profession, pour les jeunes enseignants, pour ce qui les attend. Et pourtant, malgré le salaire dérisoire des premières années, malgré les critiques nombreuses, je crois que les enseignants exercent la plus belle profession du monde. Qui peut se targuer d’avoir marqué un être humain au point qu’il se souvienne de vous pendant des décennies, voire pendant toute sa vie ?

Mais les enseignants du Québec doivent pouvoir compter sur l’aide des parents. Ils veulent qu’on reconnaisse leur autorité, pas qu’on la conteste. Ils veulent qu’on les soutienne quand leur enfant a été impoli ou qu’il s’est absenté pour une raison futile. Ils veulent qu’on sache qu’ils sont des pédagogues compétents, plus que les parents. Ils veulent qu’on comprenne qu’ils n’ont aucun plaisir à punir les écarts et qu’ils le font pour que leurs enfants deviennent des adultes équilibrés et responsables. Ils veulent que la ministre de l’Éducation ait enfin le courage de concéder que toutes les réformes ou toutes les études n’y changeront rien tant qu’elle n’admettra pas cette évidence : ce sont des êtres humains, les enseignants, qui connaissent leurs élèves par cœur ! Laissons-les enseigner… et remercions-les quand nous en avons la chance.

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User5899
Demi-dieu

Québec : l'enseignante Diane Boudreau s'insurge contre les réformes pédagogiques (2011) Empty Re: Québec : l'enseignante Diane Boudreau s'insurge contre les réformes pédagogiques (2011)

par User5899 Dim 11 Aoû 2013 - 21:28
Rien sur le numérique ? :shock:
philann
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Doyen

Québec : l'enseignante Diane Boudreau s'insurge contre les réformes pédagogiques (2011) Empty Re: Québec : l'enseignante Diane Boudreau s'insurge contre les réformes pédagogiques (2011)

par philann Dim 11 Aoû 2013 - 22:17
En 4e secondaire, les compétences « lire » et « communiquer oralement » représentent 60 % de la note finale. Une hérésie. Tous les adolescents de 15 ans savent lire et s’exprimer oralement. Résultat : presque tous les élèves réussissent leur cours de français. Même les moins motivés. Et même s’ils ont de graves lacunes en écriture.
Si seulement ça avait pu être le cas de mes élèves cette année!! 😢 

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