Comment évaluer une séquence ?

Bonjour à tous.

Après un report de stage, je débute dans le métier de professeur en septembre.

J'ai commencé à travailler sur le programme de 5è et j'ai fait trois séquences. Malheureusement, je n'ai pas encore d'avis sur celles-ci et je suis bien embêtée concernant les évaluations.

En général une séquence se compose de deux ou trois évaluations. Mais concernant l'évaluation de fin de séquence c'est le casse-tête.

1° Je n'arrive pas à poser des questions sur les œuvres étudiées sans partir dans des considérations trop complexes pour l'élève mais sinon je reste cramponnée aux simples questions de compréhension...
2° Je me demande s'il faut que je mêle plusieurs points étudiés en classes (par exemple sur une œuvre, puis sur la valeur des temps, puis sur les homonymes), ou si je choisis de les interroger sur un seul point.
3° C'est ici mon plus gros "problème", je me demande si évaluer les élèves à la fin de la séquence sur des éléments vus en début n'est pas trop dur. Ils devront revoir des éléments du cours qui remontent à plusieurs semaines...

Vaut-il mieux que je fasse plusieurs petites évals et non pas une éval de fin séquence qui reprend toute la séquence? Ou alors faut-il mettre moins de petites évaluation mais mettre une grosse éval qui reprend plusieurs éléments de la séquence (mêlant donc littérature, grammaire etc)?


Je crains de m'éparpiller dans mes questions. J'espère malgré tout une toute petite réponse

Bonsoir Naïade,

Sans avoir vu tes séquences et la manière dont tu les organises, il est un peu difficile de te répondre. De plus, il y a autant de pratiques que d'enseignants. Je vais donc ici te dire ce que je fais, mais ça ne veut pas dire que c'est la seule manière de fonctionner.

Comme je sépare le programme de langue (grammaire orthographe conjugaison) du programme de littérature (lecture écriture vocabulaire), mes devoirs de grammaire et de conjugaison ne sont pas inclus pour eux-mêmes dans le devoir final. Ils ont lieu quand la ou les leçons sur lesquelles je veux interroger sont terminées, ce qui ne coïncide pas nécessairement avec la fin d'un chapitre littéraire.
En cours de chapitre, je réalise plusieurs petits contrôles (sur 5 ou 10 points), sous différentes formes, concernant le vocabulaire, les procédés d'écriture à connaître, l'écriture d'un paragraphe réinvestissant ce voc et ces procédés, mais aussi (en début de 6e au moins) un entraînement au devoir final (questions sur texte).

Le devoir de fin de chapitre comprend :
- un texte de même genre et registre ou tiré de la même oeuvre ;
- des questions de cours sans lien direct avec le sens du texte (peu nombreuses et facultatives, je ne les insère pas à chaque devoir, elles permettent de vérifier l'apprentissage de la leçon et l'acquisition d'une culture, ou alors de remettre en tête aux élèves les notions dont ils auront besoin dans la suite du devoir) ;
- des questions sur le texte, de compréhension, d'observation des procédés, d'interprétation de ces procédés (ou vice-versa : questions portant sur le sens du texte - ce qu'il veut dire - et justification par des procédés ou un relevé de vocabulaire) ;
- une question de synthèse, ou conclusion, demandant à l'élève de réunir l'ensemble de ses réponses et de ses justifications (du type "Pourquoi peut-on dire que ce texte est extrait d'un conte merveilleux ? Donnez au moins trois éléments de réponse." ou "En quelques phrases, expliquez quelle image le poète donne de l'automne/ce que le poète pense de l'automne et comment il l'exprime.")
- une réécriture (pour préparer au brevet, facultative, pas présente à chaque devoir).

Bien sûr, les questions de compréhension et surtout d'observation et d'analyse du texte correspondent aux questions qui ont été posées au cours du chapitre sur les autres textes, et la conclusion prend la forme d'au moins une conclusion déjà formulée sur un autre texte. Je ne demanderai pas d'observer le champ lexical de ceci ou cela et d'en tirer des conclusions si la notion de champ lexical n'a jamais été abordée, même chose pour le rythme des phrases ou l'expression d'un sentiment tel que le ressentiment ou d'une qualité telle que la persévérance.

Dans les questions sur le texte interviennent donc des questions de vocabulaire (un même mot revient dans un texte du chapitre et dans le texte du devoir, ou la même famille de mots), de grammaire (structure syntaxique et ses effets ayant été étudiés dans un texte du chapitre), etc. mais seulement si ces questions éclairent le sens du texte (ou permettent à l'élève d'en approcher).

Je n'insère donc jamais, dans un devoir final sur texte, de question de vocabulaire, de conjugaison ou de grammaire gratuite, sans rapport avec le sens du texte. Je préfère, si c'est absolument nécessaire, couper le devoir en deux parties plus courtes.

Pour ton tertio, franchement, je ne m'inquiète pas de savoir si les leçons remontent à plusieurs semaines : tu verras qu'on passe notre temps à répéter la même chose semaine après semaine sur les textes. Évidemment, il faut prévenir les élèves suffisamment à l'avance que le devoir aura lieu (disons, une semaine à l'avance environ). Cela est valable parce que je ne mêle pas langue et texte. Toutefois, à partir du moment où j'ai étudié un point de grammaire en classe, et même si ça remonte à des mois, je ne m'interdis pas de poser une question dessus lors de l'étude d'un texte, si c'est pertinent. C'est pourquoi il est utile de toujours répéter et ressasser, au détour d'une phrase, en posant une question mine de rien (ou de pratiquer la "phrase du jour", dont tu trouveras la présentation sur plusieurs fils ici même).

Pour ton primo, qu'appelles-tu "considérations trop complexes" ?

En me relisant, je constate que j'ai donné des exemples tirés du programme de 6e. Donc les questions finales sur un texte peuvent être, en 5e : "Pourquoi peut-on dire que ce texte est un fabliau ? Donnez trois éléments de réponse et justifiez-les." "Que critique l'auteur de ce fabliau et par quels moyens y parvient-il ?"

Je fais la même chose que Dalva.
Cette année, je vais vraiment séparer la langue de la partie littérature. Etant formatée IUFM, il a fallu plusieurs mois/années pour vraiment me mettre dans la tête de procéder ainsi.

Pour la partie langue, je donne de petites évaluations pour vérifier si les leçons sont apprises et des petits exercices, mais aussi des devoirs un peu plus conséquents pour vérifier si les derniers points étudiés sont acquis ou non.
Pour la partie littérature, je fais des petits exercices d'écriture notés sur 10 et non plus une seule évaluation sur 20. C'est plus de travail, mais ça porte ses fruits. Je vérifie si les leçons sont apprises également afin de ne pas perdre mes élèves... Enfin, à la fin du chapitre, je donne une évaluation qui combine questions de leçons (encore) et questions sur un texte nouveau, mais tiré de l'oeuvre, ou sur le même genre/thême.

Merci pour vos réponses.
En fait je me rends compte qu'il va tout simplement falloir que j'apprenne à faire un devoir. En master on a bien insisté sur le fait qu'il ne fallait pas séparer langue et étude d'un texte.
Du coup, par exemple, pour ma séquence sur Vendredi ou la vie sauvage, j'ai fait deux évals sur la vérification de la lecture, une sur des éléments vus en début de séquence (l'inicipit, le CC), j'ai fait un petit d'exercice de rédaction (seulement quelques lignes), et une dernière sur les antonymes et les expansions du nom.

J'avais à la base presque tout réuni en une éval, mais je trouvais qu'elle n'avait aucune cohérence. Pourquoi évaluer sur l'incipit, puis l'expansion, puis poser des questions du l’œuvre?
En outre, comme je l'ai dit, j'ai trouvé que mes questions sur l’œuvre étaient soient inutiles (on a déjà vérifié la lecture et on ne va pas le faire en fin de séquence) soit trop complexes. J'ai demandé par exemple: "En quoi peut-on dire que Vendredi ou la vie sauvage est un plaidoyer contre l'esclavage?"

Mais après lecture de vos réponses, je pense que je vais en effet garder mes petites évals sur les points de grammaire, peut-être les alléger et ensuite faire une éval de fin séquence en réinvestissant des connaissances/compétences uniquement liées à l’œuvre (incipit, champ lexical, rapport Vendredi-Robinson).
Si quelqu'un le souhaite, je peux lui envoyer ma séquence (c'est ma toute première, donc il y a sûrement plein de choses à revoir).

Naïade, on vous impose donc encore de travailler en séquences, c'est-à-dire en liant intimement l'étude de la langue à l'étude des textes ?

Ce qui manque dans tes évaluations, c'est un devoir qui te permet de vérifier que l'élève sait à son tour, et tout seul, ressortir les éléments essentiels d'un extrait et raccrocher cet extrait au chapitre que tu viens de terminer. Je ne sais pas si je suis très claire.
Ce que tu appelles "vérification de la lecture", c'est pour vérifier que Vendredi a été lu en entier, c'est ça ?
Si tu veux vraiment travailler sur l'incipit, tu peux leur proposer l'incipit d'un autre roman d'aventures et leur faire repérer les points communs, les éléments caractéristiques. En question de synthèse, tu pourras ainsi leur demander de montrer en quoi le texte est un incipit et en quoi il s'agit bien d'un incipit de roman d'aventures. Cela te permet de vérifier à la fois qu'ils ont appris la leçon (qu'est-ce qu'un incipit ? quelles sont ces caractéristiques ? qu'apporte-t-il ?) et qu'ils savent l'appliquer.

D'après ma prof de formation professionnelle, c'est la séparation langue/texte qui ne doit pas se faire. Mais après, honnêtement, elle n'était pas très informée.

Si je ne dois pas travailler en séquences, je me rends compte que tout mon travail n'a servi à rien. Je vais donc attendre les directives du tuteur qui saura mieux.

Merci à nouveau.