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- JohnMédiateur
Texte paru dans Libération du 11 juin 2013, p. 24 : http://www.liberation.fr/societe/2013/06/10/en-finir-avec-les-fantasmes-en-tous-genres_909684
Nous, universitaires, enseignons le genre en philosophie, histoire, littérature, sociologie, anthropologie, économie, droit, psychanalyse, biologie, sciences du vivant, arts, sciences politiques… dans des cours et séminaires de recherche qui existent déjà depuis de nombreuses années et attirent un public de plus en plus nombreux. Le genre est un outil d’analyse employé dans diverses disciplines pour saisir la construction sociale, culturelle, langagière et scientifique des différences entre les sexes. Il permet, notamment, de mettre en évidence et d’étudier les assignations dissymétriques et hiérarchiques des rôles et des fonctions sociales entre hommes et femmes.
Ce mode d’analyse vise à comprendre comment et pourquoi, en dépit de l’égalité de droit, persistent, voire se renforcent, des inégalités de fait. Dans un temps de crise et d’inquiétudes majeures, nous pensons que la plupart des dysfonctionnements de nos sociétés sont liés aux inégalités et à la domination de quelques-uns sur l’immense majorité des autres. Au cœur de cette réalité s’est déployée, au cours des siècles, la domination sociale, politique, culturelle, sexuelle et symbolique des hommes sur les femmes. Ainsi voit-on, par exemple, la pauvreté frapper aujourd’hui plus durement les femmes. Cette inégalité entre les femmes et les hommes est le verrou qu’il faut lever pour combattre efficacement et durablement les autres.
Les études de genre permettent d’expliquer pourquoi la liberté des unes est restée longtemps incompatible avec la liberté des autres : il a fallu attendre 1965 pour que les femmes puissent, en France, travailler sans l’autorisation de leur mari. Cette inégalité, véhiculée aussi par la langue, informe durablement les représentations, les pratiques et les valeurs de nos sociétés. A titre d’exemple, longtemps un « homme public » a désigné un homme politique tandis qu’une « femme publique » désignait une prostituée. Aujourd’hui, on déplore le trop faible nombre de femmes à des postes de responsabilités politiques et professionnelles et la trop faible implication des hommes dans la sphère domestique. Les études de genre analysent l’origine et la complexité des résistances en rendant possible une évolution de la société.
En déconstruisant les stéréotypes du masculin et du féminin, en mettant en évidence la dimension culturelle et située des normes sexuelles, les études de genre font apparaître que le lien entre sexe, genre et sexualités n’est pas commandé par une « nature » immuable, l’idée de nature ayant elle-même historiquement varié, et n’étant pas universelle. Elles ont ainsi contribué à lutter contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et aux identités de genre.
C’est dire qu’il n’y a pas une théorie du genre, fantasme entretenu par ceux et celles que la perspective d’une égalité effective dérange ou effraie, mais des études de genre. Tous les champs du savoir sont concernés et notre rôle est de revisiter les disciplines sous cet angle. C’est pourquoi nous avons, pour plusieurs d’entre nous, contribué à la rédaction du rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/134000070/index.shtml). La mission de formation critique de l’Université et la demande croissante des étudiant.e.s soucieux de comprendre notre monde et de chercher des réponses nous donnent pour tâche de développer ce domaine de recherche. Il en va de la construction d’un avenir plus démocratique pour nos sociétés.
Michèle Riot-Sarcey, professeure d’histoire émérite, présidente de la Fédération de Recherche interuniversitaire, interdisciplinaire, national sur le genre (RING)
Anne Emmanuelle Berger, professeure des universités, Directrice, Institut du Genre CNRS/Universités
***
Christine Planté, professeure de littérature française, professeur, Université de Lyon 2
Mercedes Yusta, professeure d’histoire de l’Espagne contemporaine, Université Paris 8
Azadeh Kian, professeure de sociologie, Université Paris Diderot, CEDREF
Valérie Pouzol, maîtresse de conférences d’histoire, Université Paris 8
Anne-Sophie Godfroy, maîtresse de conférences en philosophie, Université Paris-Est Créteil
Sylvie Steinberg, maîtresse de conférences d’histoire, Université de Rouen
Laurence Mullaly, maîtresse de conférences d’études cinématographiques, Université Bordeaux 3
Jules Falquet, maîtresse de conférences de sociologie, Université Paris Diderot
Anna Bellavitis, professeure d’histoire, Université de Rouen
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Nom d'utilisateurNiveau 10
John a écrit:Texte paru dans Libération du 11 juin 2013, p. 24 : http://www.liberation.fr/societe/2013/06/10/en-finir-avec-les-fantasmes-en-tous-genres_909684
nous pensons que la plupart des dysfonctionnements de nos sociétés sont liés aux inégalités et à la domination de quelques-uns sur l’immense majorité des autres
Cela suffit amplement pour fonder un credo et un engagement, avec ses revendications, voire - une fois précisé qu'il s'agit de genres et qu'il faut articuler cela à l'étude des idéologies (cf. "majorité écrasante") - pour alimenter une thèse soumise à validation. Mais cela paraît léger pour fonder une discipline, une "étude". L'assise épistémologique paraît singulièrement faible ! Maladresse circonstancielle des rédactrices de ce texte qui décrivent somme toute bien une théorie. Ou j'ai lu trop vite ?
- InvitéP2Niveau 5
Manifestement, vous n'avez rien lu du tout ! Ce texte (que vous transformez en prétexte) n'est en rien une théorie, précisent les signataires, parce qu'il n'y a pas, en effet, matière à réfutation sur un mode expérimental scientifique. Ce n'est, ajoutent-elles, qu'un outil d'analyse. Or, me semble-t-il, on n'a que les outils que l'on se donne, donc que l'on choisit. Les auteures ont, d'ailleurs, l'honnêteté intellectuelle de dire "nous pensons que ...", clause que vous ne trouverez dans aucune théorie. Dès lors, que leur démarche repose sur un credo n'a rien d'étonnant, ni même de rédhibitoire, comme vous l'expliqueront tous les épistémologues : dans une démonstration, y compris la plus formelle, on peut et on doit tout démontrer, sauf, bien entendu ... les prémisses du raisonnement, inter alia, le choix des outils conceptuels. Le choix desdits outils peut donc légitimement prêter le flanc à la critique. Encore faut-il la conduire avec un peu de finesse, de profondeur et de rigueur intellectuelle.Nom d'utilisateur a écrit:John a écrit:Texte paru dans Libération du 11 juin 2013, p. 24 : http://www.liberation.fr/societe/2013/06/10/en-finir-avec-les-fantasmes-en-tous-genres_909684
nous pensons que la plupart des dysfonctionnements de nos sociétés sont liés aux inégalités et à la domination de quelques-uns sur l’immense majorité des autres
Cela suffit amplement pour fonder un credo et un engagement, avec ses revendications, voire - une fois précisé qu'il s'agit de genres et qu'il faut articuler cela à l'étude des idéologies (cf. "majorité écrasante") - pour alimenter une thèse soumise à validation. Mais cela paraît léger pour fonder une discipline, une "étude". L'assise épistémologique paraît singulièrement faible ! Maladresse circonstancielle des rédactrices de ce texte qui décrivent somme toute bien une théorie. Ou j'ai lu trop vite ?
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Philippe Jovi a écrit:Les auteures ont, d'ailleurs, l'honnêteté intellectuelle de dire "nous pensons que ...", clause que vous ne trouverez dans aucune théorie. Dès lors, que leur démarche repose sur un credo n'a rien d'étonnant, ni même de rédhibitoire, comme vous l'expliqueront tous les épistémologues : dans une démonstration, y compris la plus formelle, on peut et on doit tout démontrer, sauf, bien entendu ... les prémisses du raisonnement, inter alia, le choix des outils conceptuels. Le choix desdits outils peut donc légitimement prêter le flanc à la critique. Encore faut-il la conduire avec un peu de finesse, de profondeur et de rigueur intellectuelle.
Je ne suis pas d'accord avec votre première phrase ci-dessus. "Nous pensons que..." délivre une sorte d'orientation générale qu'on soutient, bien conscient qu'il s'agit d'un biais, ce qui ne l'invalide pas. On trouve cela dans toutes les sciences de l'homme et humanités. Sans doute au-delà aussi, un peu, non ? On peut chercher chez Lakatos, je crois, plutôt que chez Popper ou Kuhn.
Dans la suite, je ne comprends pas votre emportement. Peut-on ici parler posément ?
Il n'y avait, on l'aura compris, rien de péjoratif dans l'emploi du terme "credo". Mon sentiment - peut-être erroné, d'ailleurs - était que dans ce texte, la notion de "genre" était à peu près utilisée comme on peut par ailleurs utiliser celle de "classe" ou de "formation idéologique".
- JohnMédiateur
Philippe Jovi a bien compris la différence entre l'objet d'un discours et le discours lui-même.
Si je dis "j'enseigne les mathématiques, et je pense que les mathématiques sont rigoureuses", on ne peut pas me répondre : "les mathématiques ne sont pas rigoureuses car M. John a écrit je pense".
Si je dis "j'enseigne les mathématiques, et je pense que les mathématiques sont rigoureuses", on ne peut pas me répondre : "les mathématiques ne sont pas rigoureuses car M. John a écrit je pense".
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- Nom d'utilisateurNiveau 10
John a écrit:Philippe Jovi a bien compris la différence entre l'objet d'un discours et le discours lui-même.
Si je dis "j'enseigne les mathématiques, et je pense que les mathématiques sont rigoureuses", on ne peut pas me répondre : "les mathématiques ne sont pas rigoureuses car M. John a écrit je pense".
Oui. Et ce que je dis dans ce cas, je ne l'ai simplement pas démontré avec rigueur. Ce qui, once again, n'invalide pas le propos en question.
- JPhMMDemi-dieu
Je m'interroge sur votre compréhension du mot théorie et me demande quelles conséquences aurait cette compréhension sur votre estimation de l' assise épistémologique de la théorie des ensembles, de la théorie de la relativité générale, de la théorie de l'évolution des espèces ou de la théorie des probabilités.Nom d'utilisateur a écrit:Cela suffit amplement pour fonder un credo et un engagement, avec ses revendications, voire - une fois précisé qu'il s'agit de genres et qu'il faut articuler cela à l'étude des idéologies (cf. "majorité écrasante") - pour alimenter une thèse soumise à validation. Mais cela paraît léger pour fonder une discipline, une "étude". L'assise épistémologique paraît singulièrement faible ! Maladresse circonstancielle des rédactrices de ce texte qui décrivent somme toute bien une théorie. Ou j'ai lu trop vite ?
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- Nom d'utilisateurNiveau 10
JPhMM a écrit:Je m'interroge sur votre compréhension du mot théorie et me demande quelles conséquences aurait cette compréhension sur votre estimation de l' assise épistémologique de la théorie des ensembles, de la théorie de la relativité générale, de la théorie de l'évolution des espèces ou de la théorie des probabilités.Nom d'utilisateur a écrit:Cela suffit amplement pour fonder un credo et un engagement, avec ses revendications, voire - une fois précisé qu'il s'agit de genres et qu'il faut articuler cela à l'étude des idéologies (cf. "majorité écrasante") - pour alimenter une thèse soumise à validation. Mais cela paraît léger pour fonder une discipline, une "étude". L'assise épistémologique paraît singulièrement faible ! Maladresse circonstancielle des rédactrices de ce texte qui décrivent somme toute bien une théorie. Ou j'ai lu trop vite ?
Interrogation sur interrogation, cela fait beaucoup. Avançons, ou plutôt : je précise mon point (qui ne transforme pas le texte "en prétexte" comme on l'écrit plus haut en travestissant un refrain de chanson). Je suis surpris que le texte que nous commentons annonce des "outils d'analyse", puis cela devient "mode d'analyse" lançant un alinéa militant :
Ce mode d’analyse vise à comprendre comment et pourquoi, en dépit de l’égalité de droit, persistent, voire se renforcent, des inégalités de fait. Dans un temps de crise et d’inquiétudes majeures, nous pensons que la plupart des dysfonctionnements de nos sociétés sont liés aux inégalités et à la domination de quelques-uns sur l’immense majorité des autres. Au cœur de cette réalité s’est déployée, au cours des siècles, la domination sociale, politique, culturelle, sexuelle et symbolique des hommes sur les femmes. Ainsi voit-on, par exemple, la pauvreté frapper aujourd’hui plus durement les femmes. Cette inégalité entre les femmes et les hommes est le verrou qu’il faut lever pour combattre efficacement et durablement les autres.
Je pense en effet que les théories peuvent être militantes (sans doute n'êtes-vous pas d'accord, c'est une discussion que je mènerai pas ici). En revanche, pour les outils d'analyse, je ne suis pas sûr de comprendre. Cf. aussi les exemples des concepts de "classe" et de "formation idéologique" que je donne plus haut.
- InvitéP2Niveau 5
Pas du tout. C'est chez les philosophes du langage et non chez les épistémologues qu'il faut aller voir pour analyser ce qu'on appelle, depuis Russell, les "attitudes propositionnelles" (propositional attitudes) et dont la particularité est que le contenu enchâssé dans la "clause en que" (that-clause) n'a pas sa dénotation habituelle. De "Desdémone aime Cassio", on peut inférer : il existe quelque chose comme l'amour de Desdémone pour Cassio. Tandis que de "Othello pense que Desdémone aime Cassio", on ne peut rien inférer de tel (cf. Quine et les guillemets). Ce qui implique qu'on ne puisse employer une telle clause dans un contenu théorique. Imaginez qu'on nous dise : "je pense que le boson de Higgs existe". Nous serions bien avancés !Nom d'utilisateur a écrit:"Nous pensons que..." délivre une sorte d'orientation générale qu'on soutient, bien conscient qu'il s'agit d'un biais, ce qui ne l'invalide pas. On trouve cela dans toutes les sciences de l'homme et humanités. Sans doute au-delà aussi, un peu, non ? On peut chercher chez Lakatos, je crois, plutôt que chez Popper ou Kuhn.
Et pourquoi pas le petit doigt en l'air, tant qu'on y est ? On n'est pas chez les Verdurin, ici ! Tout au long de ma carrière, j'ai enseigné à mes élèves, en parodiant Bourdieu, que la philosophie est un sport de combat. Quant à mon "emportement" (oh, my God !), comme vous dites, il vise le type de caricature des gender studies que l'on a vues et entendues ad nauseam dans les "manifs pour tous" et dont vous vous faites complaisamment l'écho.Nom d'utilisateur a écrit:Dans la suite, je ne comprends pas votre emportement. Peut-on ici parler posément ?
De même qu'il n'y a rien de péjoratif si je vous dis que vous pratiquez la langue de bois ! Mill nous a appris que la plupart des termes du langage naturel ont, en plus de leur dénotation, une ou plusieurs connotation(s). Credo a pour dénotation le verbe croire à la première personne du singulier du présent en latin et pour connotation principale la profession de foi de chacune des trois religions monothéistes. Je ne suis pas certain que cette connotation soit méliorative pour les auteures du texte en question. Mais peut-être pensez-vous à une autre connotation ...Nom d'utilisateur a écrit:Il n'y avait, on l'aura compris, rien de péjoratif dans l'emploi du terme "credo".
Votre "sentiment" ... hum ... c'est en ce sens que j'en appelais, in fine, à un peu plus de finesse, de profondeur et de rigueur.Nom d'utilisateur a écrit:Mon sentiment - peut-être erroné, d'ailleurs - était que dans ce texte, la notion de "genre" était à peu près utilisée comme on peut par ailleurs utiliser celle de "classe" ou de "formation idéologique".
En effet. Quant à votre conception de la démonstration, elle laisse pantois :JPhMM a écrit:Je m'interroge sur votre compréhension du mot théorie et me demande quelles conséquences aurait cette compréhension sur votre estimation de l' assise épistémologique de la théorie des ensembles, de la théorie de la relativité générale, de la théorie de l'évolution des espèces ou de la théorie des probabilités.
Nom d'utilisateur a écrit:Et ce que je dis dans ce cas, je ne l'ai simplement pas démontré avec rigueur. Ce qui, once again, n'invalide pas le propos en question.
En quoi le fait de désigner les inégalité sociales comme un problème est-il une marque de militantisme ? Quelle sorte de militantisme anime Estragon lorsqu'il tente désespérément d'ôter un caillou de sa chaussure ?Nom d'utilisateur a écrit:Je pense en effet que les théories peuvent être militantes (sans doute n'êtes-vous pas d'accord, c'est une discussion que je mènerai pas ici). En revanche, pour les outils d'analyse, je ne suis pas sûr de comprendre. Cf. aussi les exemples des concepts de "classe" et de "formation idéologique" que je donne plus haut.
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Ce n'est donc pas ici qu'on aura une discussion sereine au sujet de ce texte de "mise au point". D'autant plus que vos deux posts ont pour objectif, je ne sais trop pourquoi, de faire de moi un militant pour ou contre le MAriage pour tous (je n'ai pas compris), un étudiant de première année auquel manquerait de la biblio sur la philosophie du langage, voire, en fait, un âne. Dont acte ^__^
Peu importe : il y a quelques autres endroits où l'on peut discuter vraiment des gender studies, de leur inscription dans les SHS et disciplines connexes, de leur consistance scientifique, de leur rôle dans la sociologie de la recherche et l'attribution de crédits, etc.
Quant au texte posté, vous n'en parlez pas.
Peu importe : il y a quelques autres endroits où l'on peut discuter vraiment des gender studies, de leur inscription dans les SHS et disciplines connexes, de leur consistance scientifique, de leur rôle dans la sociologie de la recherche et l'attribution de crédits, etc.
Quant au texte posté, vous n'en parlez pas.
- RonubNiveau 9
Trop fort : après avoir supprimé les genres, il faut aussi en supprimer la théorie.
C’est dire qu’il n’y a pas une théorie du genre, fantasme entretenu par ceux et celles que la perspective d’une égalité effective dérange ou effraie, mais des études de genre.
- JohnMédiateur
Une excellente explication ici aussi :
http://www.rue89.com/2013/06/29/risque-radoter-theorie-genre-nexiste-243298
Extrait :
http://www.rue89.com/2013/06/29/risque-radoter-theorie-genre-nexiste-243298
Extrait :
Loin d’être une théorie, le genre est un concept. Il s’agit d’un outil d’analyse, qui permet aux chercheurs d’étudier divers phénomènes sociaux, et à tout le monde de mieux comprendre comment s’articulent notamment les identités d’homme et de femme.
On pourrait argumenter qu’une théorie spécifique est fausse, en avançant des preuves à son encontre, on ne peut pas dire de même d’un outil analytique.
Parler de « théorie du genre » permet de supposer que le genre n’est pas vrai. Or en tant que concept, le genre peut être plus ou moins pertinent ou utile, mais pas vrai ou faux.
Le concept de genre permet par exemple d’étudier les comportements individuels ou collectifs et des expressions culturelles qui ne sont pas imputables au sexe biologique.
Dans ce sens les adversaires de la « théorie du genre » ne se trompent pas ; au lieu d’accepter que tout ordre social qui traite les hommes et les femmes différemment soit immédiatement explicable par la biologie, les études du genre cherchent des explications sociales. Or, ce serait une erreur de maintenir, comme le font certains médias, que les études du genre nient « toute distinction » entre les sexes biologiques.
Au contraire, la majorité des chercheurs du genre acceptent ce fait. Or, ils l’interrogent pour porter un regard critique sur la manière routinière de vouloir tout expliquer, et justifier, par la biologie.
La biologie des êtres humains n’a pas changé depuis des milliers d’années, et pourtant on a pu assister à une évolution dans les comportements des femmes et des hommes comme groupe.
La biologie n’est donc pas en mesure d’expliquer ces changements, ni toutes les irrégularités, toute la diversité que l’on peut observer dans les comportements de personnes aux organes génitaux, hormones et chromosomes semblables. C’est ici que le genre peut jouer un rôle.
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- Nom d'utilisateurNiveau 10
Oui, c'est plus clair ainsi, alors que la lettre ouverte publiée dans Libération entretient un grand flou : tantôt outil d'analyse et concept comme ici, tantôt mode d'analyse, tantôt domaine, tantôt motif de lutte etc.
L'hiatus qui me gêne est le passage de concept (en l'occurrence, le genre comme construction sociale) à domaine de recherche (cf. l'expression "Gender studies" et ses tentatives de traduction en français).
Le texte initial cité dans ce fil faisait un peu penser à l'engouement comparable sur le "Nation making" à la suite des "Imagined communities" de Benedict Anderson, peut-être à la "complexité" d'E. Morin, certainement aux "Lieux de mémoire" de Nora et tant d'autres mots d'ordre des SHS et assimilées. A chaque fois : des idées riches et nouvelles, puis une extension du domaine de la lutte... On transforme des concepts utiles en ramasse-tout.
Je pensais aussi à Lakatos qui disait des théories qu'elles permettent aussi de voir les phénomènes (dans une épistémologie qui est donc toute autre que la popperienne...). Les concepts mange-tout, eux, risquent de tout brouiller. Donc le second texte cité me paraît meilleur. D'où mon premier post dans ce fil.
Bon, j'arrête d'éditer, ne pas augmenter le bruit.
L'hiatus qui me gêne est le passage de concept (en l'occurrence, le genre comme construction sociale) à domaine de recherche (cf. l'expression "Gender studies" et ses tentatives de traduction en français).
Le texte initial cité dans ce fil faisait un peu penser à l'engouement comparable sur le "Nation making" à la suite des "Imagined communities" de Benedict Anderson, peut-être à la "complexité" d'E. Morin, certainement aux "Lieux de mémoire" de Nora et tant d'autres mots d'ordre des SHS et assimilées. A chaque fois : des idées riches et nouvelles, puis une extension du domaine de la lutte... On transforme des concepts utiles en ramasse-tout.
Je pensais aussi à Lakatos qui disait des théories qu'elles permettent aussi de voir les phénomènes (dans une épistémologie qui est donc toute autre que la popperienne...). Les concepts mange-tout, eux, risquent de tout brouiller. Donc le second texte cité me paraît meilleur. D'où mon premier post dans ce fil.
Bon, j'arrête d'éditer, ne pas augmenter le bruit.
- InvitéP2Niveau 5
Vous avez clairement un problème de lecture ! Plus précisément avec les anaphores :Nom d'utilisateur a écrit:Oui, c'est plus clair ainsi, alors que la lettre ouverte publiée dans Libération entretient un grand flou : tantôt outil d'analyse et concept comme ici, tantôt mode d'analyse, tantôt domaine, tantôt motif de lutte etc.
- "Le genre est un outil d’analyse employé dans diverses disciplines pour saisir la construction sociale, culturelle, langagière et scientifique des différences entre les sexes." ; "genre" est "un outil d'analyse" (soit dit en passant : non pas "outil d'analyse et concept" mais "concept donc outil d'analyse")
- "Il [l'outil d'analyse] permet, notamment, de mettre en évidence et d’étudier les assignations dissymétriques et hiérarchiques des rôles et des fonctions sociales entre hommes et femmes. Ce mode d’analyse vise à comprendre comment et pourquoi, en dépit de l’égalité de droit, persistent, voire se renforcent, des inégalités de fait." ; "Ce mode d'analyse" ne renvoie pas à "un outil d'analyse" mais à ce qu'il permet de faire, à savoir "notamment, de mettre en évidence et d’étudier les assignations dissymétriques et hiérarchiques des rôles et des fonctions sociales entre hommes et femmes"
- "C’est pourquoi nous avons, pour plusieurs d’entre nous, contribué à la rédaction du rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/134000070/index.shtml). La mission de formation critique de l’Université et la demande croissante des étudiant.e.s soucieux de comprendre notre monde et de chercher des réponses nous donnent pour tâche de développer ce domaine de recherche." ; "ce domaine de recherche" ne renvoie pas à "un outil d'analyse" mais à "rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre"
- "les études de genre font apparaître que le lien entre sexe, genre et sexualités n’est pas commandé par une « nature » immuable, l’idée de nature ayant elle-même historiquement varié, et n’étant pas universelle. Elles ont ainsi contribué à lutter contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et aux identités de genre." ; "Elles ont contribué à lutter" ne renvoie pas à "un outil d'analyse", mais à "les études de genre" (soit dit en passant : non pas motif de lutte mais contribution à la lutte).
Sage résolution.Nom d'utilisateur a écrit:Bon, j'arrête d'éditer, ne pas augmenter le bruit.
- JohnMédiateur
Le Point vient de publier un hors serie reprenant une selection de textes fondamentaux sur la question du genre. Je n'ai pas encore eu le temps de bien en prendre connaissance, mais ça a l'air plutôt stimulant.
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- Nom d'utilisateurNiveau 10
Philippe_Jovi a visiblement des actions dans cette entreprise. Ne pas s'y attarder, juste pointer un exemple :
Étrange liaison...
Mais basta.
L'info donnée par John, et qui m'intéresse au premier chef pour la raison dite plus bas, fournit l'occasion d'en ajouter une couche (oui, Phillipe_Jovi : ce sera une couche de crasse, nul besoin de le dire, tout lecteur instruit et intelligent le verra tout de suite) : on peut - doit ? - être très attentif lorsque est proposé un "outil d'analyse", un "concept" - bref, un construit théorique - susceptible d'être mis en oeuvre dans plusieurs disciplines, voire pour un pan entier de la recherche scientifique. En l'occurrence : SHS et Humanités. Passage lyrique : dans mes travaux, j'aime que mes découvertes empiriques et constructions théoriques gardent un ancrage disciplinaire. Que les épistémologues, philosophes et historiens des sciences établissent les connexions qu'ils jugent possibles !
(Entre(-)temps, nous avons eu le plaisir de visionner ici même grâce à l'infatigable JPhMM les excellentes présentations par René Chenon des mathématiques modernes : on était, en 1969, très circonspect sur ce genre de transports pas toujours contrôlés des construits théoriques. Un très beau passage, notamment, sur l'application de la notion mathématique d' "ensemble" en dehors des mathématiques).
Il se trouve que les Gender Studies n'ont pas fait que du bien aux études portant sur le phénomène linguistique connu sous le nom de "genres grammaticaux", et sur ce que Damourette et Pichon ont en leur temps baptisé "sexuisemblance". C'est un mes domaines de recherche actuels : la description fine de ce phénomène, de ses manifestations dans quelques langues du monde, la construction de modèles qui rendent compte des interactions entre genres grammaticaux et d'autres catégories linguistiques et avec le lexique.
Par ailleurs, même si je n'en ai cure et observe cela de loin, d'où les petits caractères de cet alinéa : les mêmes études président actuellement à la féminisation normalisée des noms de métiers suivants des principes souvent très éloignés de l'état actuel des recherches en morphologie du français, et même en refusant, souvent, toute discussion avec les linguistes, voire d'autres représentants de la science ou de la société : chasse gardée. Mais bon, admettons : il s'agit plus ici de pouvoir que de savoir.
Philippe Jovi a écrit:
- "C’est pourquoi nous avons, pour plusieurs d’entre nous, contribué à la rédaction du rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/134000070/index.shtml). La mission de formation critique de l’Université et la demande croissante des étudiant.e.s soucieux de comprendre notre monde et de chercher des réponses nous donnent pour tâche de développer ce domaine de recherche." ; "ce domaine de recherche" ne renvoie pas à "un outil d'analyse" mais à "rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre"
Étrange liaison...
Mais basta.
L'info donnée par John, et qui m'intéresse au premier chef pour la raison dite plus bas, fournit l'occasion d'en ajouter une couche (oui, Phillipe_Jovi : ce sera une couche de crasse, nul besoin de le dire, tout lecteur instruit et intelligent le verra tout de suite) : on peut - doit ? - être très attentif lorsque est proposé un "outil d'analyse", un "concept" - bref, un construit théorique - susceptible d'être mis en oeuvre dans plusieurs disciplines, voire pour un pan entier de la recherche scientifique. En l'occurrence : SHS et Humanités. Passage lyrique : dans mes travaux, j'aime que mes découvertes empiriques et constructions théoriques gardent un ancrage disciplinaire. Que les épistémologues, philosophes et historiens des sciences établissent les connexions qu'ils jugent possibles !
(Entre(-)temps, nous avons eu le plaisir de visionner ici même grâce à l'infatigable JPhMM les excellentes présentations par René Chenon des mathématiques modernes : on était, en 1969, très circonspect sur ce genre de transports pas toujours contrôlés des construits théoriques. Un très beau passage, notamment, sur l'application de la notion mathématique d' "ensemble" en dehors des mathématiques).
Il se trouve que les Gender Studies n'ont pas fait que du bien aux études portant sur le phénomène linguistique connu sous le nom de "genres grammaticaux", et sur ce que Damourette et Pichon ont en leur temps baptisé "sexuisemblance". C'est un mes domaines de recherche actuels : la description fine de ce phénomène, de ses manifestations dans quelques langues du monde, la construction de modèles qui rendent compte des interactions entre genres grammaticaux et d'autres catégories linguistiques et avec le lexique.
Par ailleurs, même si je n'en ai cure et observe cela de loin, d'où les petits caractères de cet alinéa : les mêmes études président actuellement à la féminisation normalisée des noms de métiers suivants des principes souvent très éloignés de l'état actuel des recherches en morphologie du français, et même en refusant, souvent, toute discussion avec les linguistes, voire d'autres représentants de la science ou de la société : chasse gardée. Mais bon, admettons : il s'agit plus ici de pouvoir que de savoir.
- RonubNiveau 9
Donc on commence par supprimer les genres puis on en supprime, formellement, la théorie pour mieux soutenir enfin qu'il s'agit d'une évidence indiscutable. Sans doute, à l'arrivée, pour nier l'évidence du caractère biologique de la différence entre hommes et femmes dans la reproduction et la filiation.Loin d’être une théorie, le genre est un concept. Il s’agit d’un outil d’analyse, qui permet aux chercheurs d’étudier divers phénomènes sociaux, et à tout le monde de mieux comprendre comment s’articulent notamment les identités d’homme et de femme.
On pourrait argumenter qu’une théorie spécifique est fausse, en avançant des preuves à son encontre, on ne peut pas dire de même d’un outil analytique.
Parler de « théorie du genre » permet de supposer que le genre n’est pas vrai. Or en tant que concept, le genre peut être plus ou moins pertinent ou utile, mais pas vrai ou faux.
Le genre est un "concept" = l'homme et la femme ne sont que des produits de la culture et pas de la nature.
- JPhMMDemi-dieu
*Baille*
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- JohnMédiateur
Une bonne fois pour toutes :Sans doute, à l'arrivée, pour nier l'évidence du caractère biologique de la différence entre hommes et femmes dans la reproduction et la filiation.
1) Personne ne nie le caractère biologique de différence entre hommes et femmes en général.
2) Personne ne nie le caractère biologique de différence entre hommes et femmes en ce qui concerne la reproduction.
3) La filiation n'a en revanche rien à voir avec les différences biologiques hommes-femmes.
Je comprends que JPhMM baille en te lisant...
Lis plutôt l'excellent blog d'Odile Fillod sur ces questions : j'en reparlerai d'ailleurs sous peu.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- RonubNiveau 9
Ainsi, la théorie du genre reconnaitrait la différence sexuelle entre les hommes et les femmes mais nierait le fruit de cette différence sexuelle qu'est la filiation ? A voir donc dans ta prochaine référence.
- JohnMédiateur
La filiation n'est pas "le fruit d'une différence sexuelle". Entre autres exemples : l'adoption et les familles monoparentales.
Si tu ne distingues pas reproduction et filiation, j'imagine que tu es aussi horrifié par les enfants nés hors mariage, le divorce, l'aide médicale à la procréation, etc.
Si tu ne distingues pas reproduction et filiation, j'imagine que tu es aussi horrifié par les enfants nés hors mariage, le divorce, l'aide médicale à la procréation, etc.
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"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- RonubNiveau 9
En tout cas, une théorie du genre remettant en cause la filiation biologique ne serait pas un "outil d'analyse" "ni vrai ni faux" mais bien un ensemble théorique qui pourrait être discuté voire dénoncé comme tel. De plus, il est étonnant de présenter un simple "outil d'analyse" de manière aussi pompeuse : "nous, grands chercheurs, etc...
- InvitéP2Niveau 5
Nom d'utilisateur a écrit:Philippe_Jovi a visiblement des actions dans cette entreprise. Ne pas s'y attarder, juste pointer un exemple :
Il rappelle à soi toute l’autorité de la table, et il y a un moindre inconvénient à la lui laisser entière qu’à la lui disputer. (La Bruyère, Caractères, v, 12)
Ah non ! One more time, vous ne savez pas lire : le déictique "ce" dans "ce domaine de recherche" pointe vers "rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre". Un point et c'est tout ! Je ne vois pas ce qu'il y a d'"étrange" dans ladite liaison ...Nom d'utilisateur a écrit:Philippe Jovi a écrit:
- "C’est pourquoi nous avons, pour plusieurs d’entre nous, contribué à la rédaction du rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/134000070/index.shtml). La mission de formation critique de l’Université et la demande croissante des étudiant.e.s soucieux de comprendre notre monde et de chercher des réponses nous donnent pour tâche de développer ce domaine de recherche." ; "ce domaine de recherche" ne renvoie pas à "un outil d'analyse" mais à "rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre"
Étrange liaison...
Mais basta.
:Ronub a écrit:Ainsi, la théorie du genre reconnaitrait la différence sexuelle entre les hommes et les femmes mais nierait le fruit de cette différence sexuelle qu'est la filiation ?
- il n'est pas question de "théorie du genre", mais du concept de genre
- la filiation est une notion (ni une théorie, ni un concept, sorry !) juridique qui fait l'objet des titres vii et viii du livre 1° du Code Civil, et non pas une notion biologique (citez-moi le titre d'un seul ouvrage de biologie où il soit question de filiation).
:Ronub a écrit:En tout cas, une théorie du genre remettant en cause la filiation biologique ne serait pas un "outil d'analyse" "ni vrai ni faux" mais bien un ensemble théorique qui pourrait être discuté voire dénoncé comme tel. De plus, il est étonnant de présenter un simple "outil d'analyse" de manière aussi pompeuse : "nous, grands chercheurs, etc...
- une "théorie du genre" qui serait (pertinence du conditionnel ?) "un ensemble théorique" et non pas "un outil d'analyse" ... oups ! ... c'est quoi ce charabia ???
- où voyez-vous la formule "nous, grands chercheurs" ? Moi je lis "nous, universitaires" !
- RonubNiveau 9
Ronub a écrit:Ainsi, la théorie du genre reconnaitrait la différence sexuelle entre les hommes et les femmes mais nierait le fruit de cette différence sexuelle qu'est la filiation ?Où comment ergoter sur un changement de dénomination pour interdire toute critique, comme le fait l'article.Philippe Jovi a écrit:- il n'est pas question de "théorie du genre", mais du concept de genreAinsi nous aurions naturellement tendance à abandonner nos enfants à la naissance si ce n'était pas écrit dans le code civil ?Philippe Jovi a écrit:- la filiation est une notion (ni une théorie, ni un concept, sorry !) juridique qui fait l'objet des titres vii et viii du livre 1° du Code Civil, et non pas une notion biologique (citez-moi le titre d'un seul ouvrage de biologie où il soit question de filiation).
Ronub a écrit:En tout cas, une théorie du genre remettant en cause la filiation biologique ne serait pas un "outil d'analyse" "ni vrai ni faux" mais bien un ensemble théorique qui pourrait être discuté voire dénoncé comme tel. De plus, il est étonnant de présenter un simple "outil d'analyse" de manière aussi pompeuse : "nous, grands chercheurs, etc...Le conditionnel est là pour marquer une nuance de doute, laissant porte ouverte à la discussion. Pour le charabia, c'est bien le but de l'article.Philippe Jovi a écrit:- une "théorie du genre" qui serait (pertinence du conditionnel ?) "un ensemble théorique" et non pas "un outil d'analyse" ... oups ! ... c'est quoi ce charabia ???
Le "Nous" est déjà de trop.Philippe Jovi a écrit:- où voyez-vous la formule "nous, grands chercheurs" ? Moi je lis "nous, universitaires" !
- AbraxasDoyen
John a écrit:Texte paru dans Libération du 11 juin 2013, p. 24 : http://www.liberation.fr/societe/2013/06/10/en-finir-avec-les-fantasmes-en-tous-genres_909684
Dans un temps de crise et d’inquiétudes majeures, nous pensons que la plupart des dysfonctionnements de nos sociétés sont liés aux inégalités et à la domination de quelques-uns sur l’immense majorité des autres. Au cœur de cette réalité s’est déployée, au cours des siècles, la domination sociale, politique, culturelle, sexuelle et symbolique des hommes sur les femmes.
Sidérant de présenter comme un dysfonctionnement ce qui est le fonctionnement propre aux sociétés humaines.
La première fois que l'on a osé ce genre de renversement des évidences, ce fut avec le christianisme, qui a prétendu ériger des esclaves en maîtres des maîtres. Nietzsche (après Hobbes) a parfaitement démêlé cette fausse dialectique des faibles.
Puis Marx. On sait ce qu'il en est résulté. Pas bien évident que les femmes et les homos en particulier soient plus heureux dans des sociétés socialistes qui s'affairaient à donner aux unes le droit de faire du stakhanovisme, et rééduquaient les autres dans des camps idoines.
La réalité, c'est que nous fonctionnons justement sur la domination des forts (et peu importe leur sexe) sur les faibles (et peu importe… etc.). La société feint d'équilibrer pour mieux pérenniser cet état de choses — nous sommes passés du stade guerrier au stade hypocrite. Une femme respectable et respectée est une femme forte — elle l'est parce qu'elle est forte, pas parce qu'elle est femme. Un écrivain est grand parce qu'il écrit bien, pas parce qu'il a un phallus ou un clitoris (les "festivals de films de femmes", qui fleurissent depuis une trentaine d'années, me font gerber : ils sont juste une plate-forme de lancement pour des œuvres invisibles par manque de talent). Dites tout ce que vous voulez de Camille Claudel, elle n'arrive pas au petit doigt de pied de Rodin. Que Montherlant ait été homo et Patricia Highsmith lesbienne ne m'apprend rien : ce sont l'un et l'autre des génies de la littérature, que leur homosexualité n'a en rien gêné, bien au contraire : est-ce que ça ne handicape pas surtout les impuissants ? Ça me rappelle certains copains qui, il y a quarante ans, fumaient des joints en pensant que ça leur donnerait le génie de Baudelaire. Il y a des forts et des créateurs, et puis les autres.
Et je m'en tape un peu, des autres — alors certes, ils sont nombreux, ils ont appris à être revendicatifs, mais pour quel bénéfice collectif ?
Toutes choses égales, ça me rappelle ces pédagos qui prétendent que tous les élèves sont égaux — eh non, ils ont droit à la même formation, mais vous ne ferez jamais Einstein avec un loukoum vivant.
Les inégalités et la domination de quelques-uns (et franchement, tout le monde se fiche du sexe ou des options du surhomme) sont le mode de fonctionnement de l'espèce, qui est quelque peu plus significative que le genre, me semble-t-il. Dites-moi que le système est grippé, que des minables se stratifient aux premières places, qu'il faut donner toute leur chance aux meilleurs — d'accord. Je suis d'ailleurs prof, entre autres, pour ça. Mais pas que l'inégalité de talent et de capacités est en soi un dysfonctionnement.
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