- PaulusNiveau 2
Bonjour à tous.
je ne retrouve plus l'explication du "vert de la cire" dans le sonnet de Sponde "Mais si faut-il mourir" !
"Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le vert de cire éteindra ses ardeurs".
Merkiiiii, P.
je ne retrouve plus l'explication du "vert de la cire" dans le sonnet de Sponde "Mais si faut-il mourir" !
"Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le vert de cire éteindra ses ardeurs".
Merkiiiii, P.
- PhilomèleNiveau 9
Bonjour,
Il faudrait jeter un coup d'oeil dans l'édition critique d'Alan Boase - je n'ai pas cela sous la main. Il me semble que c'est en effet un passage difficile.
Il y a un article intéressant de Bertrand Gibert (dans le volume collectif : Jean de Sponde, un humaniste dans la tourmente, Classiques Garnier, 2012) qui attire l'attention sur le vers "L'huyle de ce tableau ternira ses couleurs". D'après cette étude, la peinture à l'huile est à la fois un symbole de vanité entrant dans la liste des vanités énumérées, mais aussi une métaphore du poème lui-même. On peut travailler sur la double interprétation du démonstratif "ce tableau" (un tableau désigné par le poème ou bien le poème se désignant lui-même comme tableau). En fait, dans ce sonnet, on glisse sans cesse d'un discours sur la peinture à un discours sur la poésie, et réciproquement.
Il me semble que cette hypothèse de la "poésie comme une peinture" (elle-même frappée de vanité et tenue à distance par le poète chrétien) permet de lire "verd de la cire". C'est le poème dans son ensemble qui est une ekphrasis, reposant sur l'hypotypose. La peinture de nature morte, en clair obscur, donne une lueur verdâtre à la cire normalement plutôt blanchâtre : la couleur de la cire, figurée par le peintre poète, est "ternie" ("ternira ses couleurs").
Il me semble aussi que l'on peut signaler la charge péjorative de cette association inattendue de couleur "verd de la cire". L'article de B. Gibert insiste sur la méfiance à l'égard de la représentation, blâmée comme mensongère, notamment à l'égard de la couleur. Si on applique à l'expression problématique (ce n'est pas dans l'article de B. Gibert), en ce sens, "verd de la cire" exprime la méfiance à l'égard du travail de l'illusion picturale, en soulignant l'artifice du peintre, une pratique mondaine et courtisane de l'art, pour la réussite de la nature morte.
À mon sens, cela peut être une lecture équilibrée pour un cours (en simplifiant le jargon, bien sûr : là, on est entre enseignants, on peut faire plus costaud). Il reste évidemment toujours possible qu'il y ait une allusion que l'érudition pourrait lever. Et sans doute que d'autres lecteurs auront d'autres propositions...
Il faudrait jeter un coup d'oeil dans l'édition critique d'Alan Boase - je n'ai pas cela sous la main. Il me semble que c'est en effet un passage difficile.
Il y a un article intéressant de Bertrand Gibert (dans le volume collectif : Jean de Sponde, un humaniste dans la tourmente, Classiques Garnier, 2012) qui attire l'attention sur le vers "L'huyle de ce tableau ternira ses couleurs". D'après cette étude, la peinture à l'huile est à la fois un symbole de vanité entrant dans la liste des vanités énumérées, mais aussi une métaphore du poème lui-même. On peut travailler sur la double interprétation du démonstratif "ce tableau" (un tableau désigné par le poème ou bien le poème se désignant lui-même comme tableau). En fait, dans ce sonnet, on glisse sans cesse d'un discours sur la peinture à un discours sur la poésie, et réciproquement.
Il me semble que cette hypothèse de la "poésie comme une peinture" (elle-même frappée de vanité et tenue à distance par le poète chrétien) permet de lire "verd de la cire". C'est le poème dans son ensemble qui est une ekphrasis, reposant sur l'hypotypose. La peinture de nature morte, en clair obscur, donne une lueur verdâtre à la cire normalement plutôt blanchâtre : la couleur de la cire, figurée par le peintre poète, est "ternie" ("ternira ses couleurs").
Il me semble aussi que l'on peut signaler la charge péjorative de cette association inattendue de couleur "verd de la cire". L'article de B. Gibert insiste sur la méfiance à l'égard de la représentation, blâmée comme mensongère, notamment à l'égard de la couleur. Si on applique à l'expression problématique (ce n'est pas dans l'article de B. Gibert), en ce sens, "verd de la cire" exprime la méfiance à l'égard du travail de l'illusion picturale, en soulignant l'artifice du peintre, une pratique mondaine et courtisane de l'art, pour la réussite de la nature morte.
À mon sens, cela peut être une lecture équilibrée pour un cours (en simplifiant le jargon, bien sûr : là, on est entre enseignants, on peut faire plus costaud). Il reste évidemment toujours possible qu'il y ait une allusion que l'érudition pourrait lever. Et sans doute que d'autres lecteurs auront d'autres propositions...
- IphigénieProphète
De façon moins savante,et très prosaïque, dans le Nathan collection H Mitterrand,la note dit:
"Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse
sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs"
=
la cire verte dans laquelle la flamme se noie et s'éteint.
très hypothétique:
La couleur verte a peut-être quelque chose à voir avec "l'ardeur": la mort est dans la vie et le" vert "de l'ardeur fond, comme la flamme dans la cire?
peut-être aussi une espèce d'hypallage entre
la flamme fumeuse
le vert de la cire?(exprimant le passage insensible de la vie à la mort ,de la flamme à la mèche)
"Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse
sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs"
=
la cire verte dans laquelle la flamme se noie et s'éteint.
très hypothétique:
La couleur verte a peut-être quelque chose à voir avec "l'ardeur": la mort est dans la vie et le" vert "de l'ardeur fond, comme la flamme dans la cire?
peut-être aussi une espèce d'hypallage entre
la flamme fumeuse
le vert de la cire?(exprimant le passage insensible de la vie à la mort ,de la flamme à la mèche)
- PhilomèleNiveau 9
iphigénie a écrit:De façon moins savante,et très prosaïque, dans le Nathan collection H Mitterrand,la note dit:
"Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse
sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs"
=
la cire verte dans laquelle la flamme se noie et s'éteint.
très hypothétique:
La couleur verte a peut-être quelque chose à voir avec "l'ardeur": la mort est dans la vie et le" vert "de l'ardeur fond, comme la flamme dans la cire?
peut-être aussi une espèce d'hypallage entre
la flamme fumeuse
le vert de la cire?(exprimant le passage insensible de la vie à la mort ,de la flamme à la mèche)
Oui, c'est un rappel judicieux, Iphigénie !
Pour le sens littéral "verd de la cire" = à comprendre au sens de "cire (de couleur) verte", par nominalisation de l'adjectif, qui permet d'extraire une propriété.
Ensuite, on peut bâtir un château :
- lecture réaliste : c'est une bougie peinte sur un tableau dont la cire est de couleur verte
- lecture morale : cette couleur verte attire l'attention sur l'art du peintre, ses techniques (la cire est normalement blanche), c'est-à-dire sur le jeu de l'illusion, de la mondanité, et la condamnation de ces vanités.
- La lecture morale peut devenir métalittéraire : même propos sur l'art du poète lui-même. Il attire l'attention sur l'artifice en poésie, par le procédé de l'extraction, par la couleur inattendue...
(Je viens de comprendre le malentendu d'à peu près tous mes cours : je me passionne pour un truc, je développe, les étudiants me regardent avec de grands yeux pleins de détresse et / ou de commisération, je me rends compte finalement que j'ai perdu tout le monde et que plus personne ne suit... Mais on est là pour parler de Sponde, pas de mes échecs pédagogiques.)
- IphigénieProphète
Mais comme on n'est pas un de tes étudiants, on te comprend quand même un peu, Philomèle!
( Mon propos visait juste à une explication littérale du texte, te laissant humblement l'interprétation savante de la symbolique. )
( Mon propos visait juste à une explication littérale du texte, te laissant humblement l'interprétation savante de la symbolique. )
- PhilomèleNiveau 9
iphigénie a écrit:Mais comme on n'est pas un de tes étudiants, on te comprend quand même un peu, Philomèle!
(Merci, Iphigénie. C'est gentil et réconfortant.)
Bon, reste à espérer que Paulus y retrouve ses petits, dans tout ça.
- IphigénieProphète
voilàPhilomèle a écrit:iphigénie a écrit:Mais comme on n'est pas un de tes étudiants, on te comprend quand même un peu, Philomèle!
(Merci, Iphigénie. C'est gentil et réconfortant.)
Bon, reste à espérer que Paulus y retrouve ses petits, dans tout ça.
(En tout cas on lui laisse le choix du niveau: )
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