Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
- Matthew76Grand sage
Voici un texte que j'avais écrit il y a quelque temps de cela concernant cet auteur britannique que j'apprécie énormément, même si j'aime un peu moins ses derniers ouvrages. Peut-être y-a-t-il des amateurs, voire des passionnés, ou encore des détracteurs ( ) de cet écrivain ? Comme c'est un texte qui date de quelques années, les dernières oeuvres parues ches Bragelonne ne sont pas répertoriées. J'en ai profité pour ajouter quelques illustrations de couvertures (parfois les originales, parfois les françaises; et pour plus de commodité, je vais scinder le texte en deux posts).
Allez, let's go pour le petit tour d'horizon;)...
Graham Masterton (1946- ...).
Graham Masterton est donc un écrivain britannique qui œuvre principalement dans le fantastique, même s’il lui est arrivé aussi d’écrire des romans historiques, des thrillers ou encore des manuels d’éducation sexuelle. Notre homme est donc un auteur plutôt prolifique et possède un certain talent associé à une imagination des plus débordantes. Je vais essayer de vous parler d’une partie de son travail à travers ce topic (en sachant que pas mal de ses ouvrages n’ont jamais été publiés en France, tels que la quasi totalité de ses romans historiques, l’ensemble de ses manuels d’éducation sexuelle et une poignée de ses thrillers et romans fantastiques) !
Graham Masterton est né en 1946 à Edimbourg en Ecosse et s’est lancé dans l’écriture de son tout premier roman en 1975, un roman fantastique nommé « Manitou ». Il a rédigé ce dernier en l’espace d’une semaine et livre déjà quelques-uns des ingrédients qui seront un peu sa marque de fabrique dans la plupart de ses écrits fantastiques. Sa grande passion est liée aux mythes de toutes sortes. Il utilise ces derniers et les réactualise en les incorporant dans des histoires qui se déroulent à notre époque. Cet élément fantastique est souvent combiné à une touche d’humour, à un peu d’érotisme aussi parfois et enfin à des situations qui frappent par leur côté spectaculaire. Cette formule trouvera surtout son essor à partir du livre « Tengu » (écrit en 1983). Avant ça, Masterton aura eu le temps de se faire la main sur quelques thrillers et quelques romans fantastiques, dont son tout premier, « Manitou ».
L’histoire de « Manitou » commence à l’hôpital des Sœurs de Jérusalem où une jeune femme, Karen Tandy, s’inquiète de la tumeur qui déforme son cou. Les spécialistes resteront perplexes face à ce cas étrange, puis découvriront avec stupeur que cette protubérance présente toutes les caractéristiques d’un foetus. Ce dernier s’avère être en fait un homme-médecine sur le point de renaître, un homme-médecine du nom de Misquamacus qui n’aspire qu’à un seul désir, celui de se venger de l’homme blanc responsable des outrages faits à son peuple par le passé. Karen trouvera cependant de l’aide en la personne de Harry Erskine, un diseur de bonne aventure à la petite semaine, et de Singing Rock, un autre homme-médecine aussi sage que bienveillant. S’ensuivra alors un huis clos dans l’hôpital et le début d’une longue confrontation magique où les pires démons apparaîtront pour le plus grand malheur de Harry et son compagnon…
Pour ma part, je l’aime bien ce tout premier bouquin, même si c’est loin d’être le meilleur qu’ait écrit l’auteur. Je le considère comme intéressant, avec quelques passages bien prenants et bien percutants, et cela donne déjà une idée du potentiel que peut faire jaillir Masterton pour ses futures créations. A noter que « Manitou » est le premier volet d’une quintologie (dont les suites sont respectivement « La Vengeance Du Manitou », « L’Ombre Du Manitou », « Du sang pour Manitou» et enfin « Peur Aveugle »)) et que « Manitou » a été le seul de ses romans à avoir été adapté à l’écran sous le titre du « Faiseur d’Epouvantes » (un film réalisé par feu Bill -Grizzly, le monstre de la forêt - Girdler, avec Tony Curtis dans le rôle principal.
Masterton continuera dans sa lancée avec l’écriture du « Djinn », de « Fireflash 5 » (non traduit à ce jour) et de « La Mort Noire » en 1977. Ces deux derniers romans sont respectivement, pour le premier, une sorte de thriller et pour le second, un récit catastrophe où une super peste décime progressivement toute la population des Etats-Unis. « Le Djinn » en revanche reste dans la continuité de « Manitou » et remet en scène Harry Erskine qui se retrouve cette fois-ci confronté à une entité maléfique issue d’une jarre sinistre et inquiétante (ce personnage n’a décidément pas de chance^^). Ce roman possède les mêmes qualités que « Manitou » et ne présente pas encore de changement significatif dans le style. Ce dernier demeure encore assez sobre et manque d’émotions et de vie, même si le récit se laisse lire sans trop de problèmes.
Trois autres bouquins voient le jour en 1978, respectivement « Le Sphinx », « La Maison De Chair » et « Le Jour J Du Jugement ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire « Le Sphinx » n’introduit pas Harry Erskine mais un tout autre personnage qui aura le malheur de rencontrer une splendide femme qui dissimule un effrayant secret au sujet de sa personne. Ce livre démarre plutôt sous de bons auspices, mais l’intrigue ralentit progressivement et le final reste loin d’être à la hauteur de ce que l’on pouvait être en droit d’attendre. Donc déception pour ma part… En revanche, les deux autres romans relèvent le niveau et accrochent le regard. « La Maison De Chair » n’est autre qu’une relecture, plus nerveuse et plus méchante, de « Manitou », dixit l’auteur, et dévoile une maison à l’intérieur de laquelle se cache un esprit indien des plus vindicatifs. Le héros, John Hyatt, aura fort à faire pour parvenir à maîtriser ce dernier et risque de se souvenir longtemps de sa visite au 1551, Pilarcitos Street… « Le Jour J Du Jugement », quant à lui, relate l’histoire d’un char abandonné en Normandie, un char dans lequel a été enfermé un démon qui ne cherche qu’à sortir de sa prison et délivrer ses frères afin de réveiller leur maître, le terrifiant Adramelech. L’aspect intéressant de ce récit provient du fait qu’une partie se passe en France et l’autre en Angleterre. J’aime particulièrement la façon dont Masterton installe l’ambiance et surtout la manière dont il joue avec le héros. Il y a deux, trois passages marquants, dont la confrontation finale avec le singulier Adramelech.
En 1979, Masterton écrit trois autres bouquins, deux axés sur le fantastique avec « La Vengeance Du Manitou » et « Les Puits De l’Enfer », et un thriller nommé « Le Complot Sweetman ».
« La Vengeance Du Manitou » introduit un nouvel héros faisant face au redoutable Misquamacus qui semble avoir plus d’une vie à son arc. Neil Fenner est ce nouvel héros et aura bien du mal à se défaire de l’envahissant esprit indien. Harry Erskine et Singing Rock rempileront pour l’aider à renvoyer le malfaisant homme-médecine dans l’au-delà, même si là la situation est loin d’être à leur avantage. Perso, j’adore ce récit en particulier pour le final que je trouve poignant et effrayant. Il y a une tension palpable qui laisse bouche bée, surtout lors d’un moment clé où on ne peut s’empêcher de frissonner tant la scène décrite est désespérante et marquante.
« Les Puits De l’Enfer », lui, est un roman assez étrange, très bizarre même… Il s’apparente beaucoup à un hommage à l’œuvre de Lovecraft (auteur qui a énormément inspiré Masterton et que ce dernier admire beaucoup. On peut retrouver d’ailleurs de nombreux clins d’œil aux écrits de Lovecraft dans la série des « Manitou », « Le Djinn » et aussi « Apparition »). Le récit des « Puits De l’Enfer » est à mi-chemin entre le fantastique et la science-fiction et peut paraître assez déroutant à première vue (cf l’idée de ces créatures-crabes géantes pouvant contrôler des quantités importantes d’eau… Ouep, je le reconnais, c’est assez zarb pour le coup). En ce qui me concerne, je l’ai trouvé amusant, même s’il est loin d’être particulièrement captivant. Peut-être l’un de ceux que j’aime le moins avec « Le Sphinx », « Magie Des Neiges » et « Le Glaive De Dieu ». Pour ce qui est du « Complot Sweetman », c’est un thriller plutôt efficace avec une galerie de personnages qui ne laisse pas indifférent. J’ai beaucoup aimé le concept même de cette courbe. Seul bémol, la fin qui reste un peu fade par rapport a tout ce qui été mis en place avant.
En 1980, deux autres romans prennent forme, « The Hell Candidate » et « Phobia » (tous deux non traduits à ce jour). Le second s’avère être la novélisation du film répondant au même nom.
En 1981, Masterton livre « Famine » et « Le Trône De Satan ». Le premier est un roman catastrophe qui porte plutôt bien son titre puisqu’une famine se déclare à travers les U.S.A. et met à mal toute la population de cette nation, et cela d’une manière progressive et chaotique. Pour ma part, j’ai assez bien aimé la façon dont l’auteur nous plonge dans ce désastre, même si le récit peut paraître un peu long par moments. Le second est un roman fantastique écrit sous le pseudonyme de Thomas Luke et qui met en scène un fauteuil possédé par le mal, un fauteuil qui entrera en la possession de Rick Delatolla et qui provoquera bien des malheurs dans la cellule familiale de ce dernier. Histoire assez classique mais qui reste quand même plutôt sympathique à lire.
1983, date charnière dans la mesure où c’est là que le style de Masterton prend son envol et atteint une maturité qui servira grandement ses futurs récits. Cette année-là, quatre romans voient le jour, « Tengu », « Ikon » (non traduit à ce jour), « Condor » et « Le Démon Des Morts ». Les trois premiers s’apparentent à des thrillers (« Tengu » étant plus particulièrement horrifique) tandis que le dernier se rapproche plus d’une histoire fantastique classique. « Tengu » s’inspire de la mythologie japonaise et décrit une trame assez complexe où plusieurs intervenants entrent en jeu sans pour autant que cela étouffe le récit. A la lecture de ce roman, on sent que l’auteur a pris conscience de ses capacités et les a repoussées pour pondre une histoire aussi nerveuse que fascinante. Rien que l’introduction est un véritable tour de force avec ce décompte mortel où l’on suit les derniers instants de vie de Sherry Cantor. Sans parler des personnages charismatiques qui parsèment ce livre coupé en deux parties bien distinctes, depuis Kappa jusqu’à M. Esmeralda et cela en passant par les mystérieux Onis. Bref, un sacré virage et une sacrée claque en termes de spectacle et d’horreur.
« Condor », de son côté, relate trois intrigues séparées qui finissent par s’entrelacer et éclaircir la trame principale du livre. Ce thriller est plutôt bien construit et demeure assez efficace dans son ensemble. A la rigueur, le seul reproche que je pourrais lui faire, c’est le fait qu’on s’attache plus facilement à une intrigue qu’à une autre, ce qui crée une sensation de vide quand la suivante prend le relais, du moins de mon point de vue.
« Le Démon Des Morts », lui, relate une histoire de spectre et installe progressivement un malaise au fur et à mesure que l’on tourne les pages. Personnellement, même si c’est très bien écrit, je n’ai pas plus accroché que ça au récit. Le problème se situe au niveau du rythme qui est loin d’être transcendant. Masterton prend trop son temps pour décrire (rien que l’ouverture s’étend sur une longue description de plusieurs pages, ce qui pour le coup m’a un peu assommé) et j’ai eu un peu de mal aussi à m’identifier aux persos. Toutefois je pense que cet effet de lenteur était recherché, même si avec le recul j’ai du mal à y adhérer. Bref une ambiance complètement à l’opposé de « Tengu » et de « Condor » qui sont bien plus vivants et bien plus scotchants !
En 1985, Masterton continue de perfectionner son style et se lance dans l’écriture de deux livres dont l’un est considéré par beaucoup comme son chef-d’œuvre (Masterton lui-même le classe parmi ses meilleurs ouvrages). Le bouquin en question s’appelle « Le Portrait Du Mal » et relate l’histoire des Gray, une famille ayant fait un pacte étrange pour pouvoir vivre éternellement grâce à un portrait les représentant. Ce récit est une variation sur le thème du « Portrait De Dorian Gray » et demeure à la fois gracieux, violent, sombre et lumineux. Les descriptions précises de l’auteur frappent par leur réalisme et leur froideur et les protagonistes, en particulier les Gray (dont la séduisante Cordelia, le méticuleux Maurice ou encore le dérangeant Henry), inspirent autant la peur que la fascination. En ce sens, « Le Portrait Du Mal » est une belle réussite et va jusqu’au bout de sa logique en proposant un final des plus troublants. Du grand art ! Le second roman se nomme « Sacrifice » (non traduit à ce jour) et se rapproche d’un thriller.
Deux ouvrages paraissent en 1986, respectivement « Transe De Mort » et « Les Guerriers De La Nuit ». Le premier s’ouvre à Bali en Indonésie où l’on découvre un jeune initié et son mentor pénétrer dans une transe de mort. La transe de mort permet à l’âme de se détacher de son corps et de pénétrer dans une autre réalité où l’on peut voir les esprits des défunts. Seul problème, c’est que lorsqu’on entre dans cet état, on devient la cible des leyaks, des créatures redoutables aux yeux de braise obéissants à la terrifiante et ténébreuse Rangda. En apprenant l’existence d’un telle pratique, Randolph Clare essaiera de trouver l’un de ses initiés afin de pénétrer dans cette transe pour retrouver sa femme et ses enfants récemment assassinés. Voici en gros pour la trame qui frappe les sens par sa noirceur et son exotisme. Lorsqu’on plonge dans ce livre, on reste bluffés par les descriptions, la psychologie des personnages et l’histoire en elle-même. Oui, complètement bluffés… Cet ouvrage montre une fois de plus le talent indéniable de l’auteur pour développer des personnages plus vrais que nature, pour monter une intrigue prenante et surtout pour décrire des passages chocs ! Rien que pour l’effrayant Reece et ses non moins déjantés compagnons, rien que pour cette montée d’adrénaline que l’on ressent lorsque les personnages entrent dans une transe de mort, rien que pour ces passages où le pire peut survenir, ce roman vaut la peine d’être lu et relu !
Le second livre se nomme « Les Guerriers De La Nuit » et s’apparente à un mélange de fantasy et de fantastique tout en s’avérant à la fois original, fascinant et culte ! L’histoire s’ouvre sur la rencontre de trois personnages sur une plage près d’un corps. Trois personnages qui sont loin de se douter de l’incroyable destinée qui les unit. Oh non, ils sont loin de s’en douter ! La toute première fois que j’ai vu ce titre, j’étais des plus intrigués et je me demandais quel pouvait être le sujet tout en m’imaginant des tas de scénarios dans ma tête. Puis en me plongeant dans ce récit, j’ai réalisé à quel point tout ce que j’avais pu envisager était à des lieues de ce qui se trouvait sous mes yeux. Avec « Les Guerriers De La Nuit », le lecteur entre dans un récit complètement nouveau et ahurissant. Le premier chapitre est une merveille d’amorce et accroche d’entrée de jeu le regard. Ce point de rencontre entre ses trois personnages, ce corps à leurs pieds décrit d’une manière délicate, l’ambiance elle-même à la fois calme et singulière, tout est là pour que l’on reste captivés jusqu’à cette rupture lorsque tout vire au cauchemar ! Je n’en dirai pas plus, histoire de ne pas trop gâcher la surprise, mais ce que décrit Masterton par la suite est tétanisant tant on ne s’y attend pas ! Je parlerai juste de l’idée principale, à savoir que les guerriers de la nuit appartiennent à une caste de gens spéciaux doués d’un don particulier, à savoir celui de pouvoir pénétrer dans le monde des rêves, vêtus d’une armure personnalisée et dotés de pouvoirs qui défient l’entendement, cela dans l’ultime but de servir Ashapola, le Dieu des Dieux, et de défaire les démons qui errent dans les songes. Celui qui se trouve au centre de cette histoire s’appelle Yaomauitl, un être rusé, vicieux et dangereux qui ne reculera devant aucun bassesse pour triompher du bien…
En 1988, trois nouveaux romans sortent et montrent à quel point l’imagination de l’auteur semble sans limites. Parmi ces trois romans, nous trouvons « Rituel De Chair », « Le Miroir De Satan » et « Les Rivages De La Nuit » qui n’est autre que la suite des « Guerriers De La Nuit ». « Rituel De Chair » ouvre donc le bal de cette année et demeure sans conteste l’un de mes Masterton préférés avec « L’Enfant De La Nuit ». L’histoire de « Rituel De Chair » se déroule principalement dans le Connecticut et en Louisiane et entraîne le lecteur dans l’horreur la plus totale. Charlie McLean, critique gastronomique, sillonne les routes en compagnie de son fils Martin et finit par tomber sur cet étrange restaurant appelé le Reposoir. Etrange dans le sens où seules certaines personnes sont conviées à y entrer… Charlie sera loin de se douter de ce qui se trame dans cette société secrète où la cuisine que l’on sert y est très… « spirituelle ». Je suis en train de le relire en ce moment même et c'est toujours aussi fascinant de découvrir cette histoire (même après plusieurs lectures). Masterton va très loin dans l’horreur graphique et concocte une intrigue particulièrement délicieuse qui fait qu’on ne peut pas lâcher le bouquin avant d’être arrivé à la dernière page. A noter tout particulièrement une scène choc où le héros se souviendra longtemps des Célestins et de leur étrange culte. Oh oui, il s’en souviendra très longtemps…
« Le Miroir De Satan » est un autre ouvrage ambitieux où l’auteur s’amuse à détourner l’œuvre de Lewis Caroll tout en y incorporant des éléments bibliques, une atmosphère cinématographique (justifiée par le fait que le récit se passe à Hollywood) et surtout une bonne dose de folie ! Là encore, Masterton fait fort et ne s’embarrasse d’aucune limite, allant au bout de son concept jusqu’à ce final dantesque ! Les personnages qu’il décrit semblent sortir tout droit de la réalité, même Boofuls, l’enfant démoniaque qui sera la source de tous les ennuis de ce récit. Un vrai tour de force pour le coup ! Ajouter à cela de l’humour, des références au cinéma et une suite de retournement de situations qui vous retournent l’estomac et vous obtenez un aller simple directement pour l’enfer au cœur même d’Hollywood !
« Les Rivages De La Nuit » met en avant de nouveaux guerriers de la nuit en prise avec un nouveau démon sorti tout droit d’un cauchemar sans nom. Oublier Yaomauitl, son successeur est une colossale créature noire nommée la créature-ombre. Une créature sans visage, au physique impressionnant, qui se nourrit de peur et qui tue pour le plaisir de tuer. La grande force de ce récit repose essentiellement sur le fait que les nouveaux guerriers de la nuit sont à la base des personnes handicapées dans le monde réel. L’idée d’offrir à des paralytiques la possibilité de pouvoir se mouvoir dans le monde des rêves et accomplir des exploits impossibles est tout bonnement géniale ! Autre idée sympathique, le fait que la créature-ombre se cache dans l’esprit innocent d’un jeune garçon, l’enfant même d’un des guerriers de la nuit. Bref, tout est là pour créer une ambiance des plus captivantes et cela jusqu’à l’ultime confrontation avec ce redoutable adversaire qui ne fait pas dans la demi mesure lorsqu’il attaque ! Sans conteste le volet le plus spectaculaire en termes d’affrontements et d’action !
Trois autres bouquins paraissent en 1989, à savoir « Démences », « Le Fléau De La Nuit » (qui est le troisième volet des « Guerriers De La Nuit ») et « La Nuit Des Salamandres ». « Démences » est un livre qui porte très bien son titre et nous plonge dans une histoire aussi barrée qu’hallucinante. Le récit se déroule dans le Wisconsin et frappe par son ambiance atmosphérique : arbres à perte de vue, lumière grise, pluie torrentielle…Et puis la description même de l’endroit où Jack Reed s’égare pour son plus grand malheur, à savoir cet ancien établissement psychiatrique désormais à l’abandon. Un établissement qui cache un secret angoissant et pour cause, à l’intérieur même des murs de cet édifice se trouvent emprisonnés 137 individus. Les 137 pensionnaires de cet asile, des hommes et des femmes, aussi frappés que psychotiques, tous obéissant à leur leader, le terrifiant et charismatique Quintus Miller ! Et tous n’aspirant qu’à une chose, recouvrer leur liberté, et comptant bien se servir de Jack pour parvenir à leurs fins ! Perso, j’adore ce bouquin… Il est à la fois flippant, fascinant, effrayant et possède une ambiance aussi sombre que maléfique (ah, ce Shhhhhhh caractéristique de ces fous se mouvant à l’intérieur des murs ! Trop excellent !). Et puis il y a la présence incroyable de Quintus Miller. Rien que sa sinistre apparence, son charisme exceptionnel, son esprit démentiel et le fait qu’il se prend pour un Dieu font de lui un personnage des plus emblématiques de ce bouquin ! Une claque !
« Le Fléau De La Nuit » se passe à Londres et dévoile un nouvel ennemi en la personne d’Isabelle Gowdie, une sorcière dont l’enveloppe physique est emprisonnée quelque part sur terre mais dont l’esprit est en train de s’éveiller. Une nouvelle équipe de guerriers de la nuit aura pour mission de la débusquer et de la détruire pour de bon avant que celle-ci ne détruise l’humanité. En effet, Gowdie a réveillé ses serviteurs, les Porteurs, et leur a ordonné de transmettre le fléau de la nuit à travers le monde. Ce mal est transmis par relation sexuelle et provoque chez la personne atteinte des nausées et des pulsions primitives qui gagnent en intensité au fur et à mesure que le temps passe, sans compter que ceux qui sont contaminés peuvent à leur tour infectés d’autres individus par l’intermédiaire des rêves. Chaque relation sexuelle rêvée avec d’autres partenaires finit par contaminer ces derniers, et ceux-là à leur tour peuvent infecter d’autres gens et cela ainsi de suite dans une boucle sans fin. Stanley Eisner sera l’un des premiers à être atteint par ce mal lors d’un face-à-face plutôt douloureux avec l’un des Porteurs et apprendra par la suite qu’il appartient à la caste des guerriers de la nuit. Ce sera à lui et à quatre autres de ses compagnons de traquer Isabelle Gowdie et de mettre un terme à son existence avant que l’humanité ne soit entièrement touchée par ce fléau. Une fois encore, Masterton se surpasse pour pondre une intrigue alléchante, développer des personnages réalistes et surtout décrire une ambiance à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Allez, seul petit défaut que je pointerai du doigt, c'est que la fin est un peu trop rapide.
« La Nuit Des Salamandres » s’ouvre sur la mort spectaculaire de la fiancée de Lloyd Denman s’immolant par le feu sur un parking. Rien n’aurait pu présager que celle-ci commettrait un tel acte, surtout aux yeux de son conjoint. Effondré d’abord, ce dernier se relèvera et cherchera à comprendre ce qui a poussé Celia à s’ôter la vie de cette façon. Ces recherches lui feront découvrir un opéra méconnu de Wagner et l’entraîneront progressivement dans une sombre histoire où un groupe d’individus essaiera par tous les moyens de créer une nouvelle race d’êtres possédant à la fois l’immortalité et la faculté d’enflammer tout ce qui se trouvent à portée de leurs mains et de leur corps. Récit à la fois brûlant, inspiré et très graphique, et dans lequel l’humour côtoie l’horreur au plus près, « La Nuit Des Salamandres » reste plutôt réussi et très prenant à lire !
Allez, let's go pour le petit tour d'horizon;)...
Graham Masterton (1946- ...).
Graham Masterton est donc un écrivain britannique qui œuvre principalement dans le fantastique, même s’il lui est arrivé aussi d’écrire des romans historiques, des thrillers ou encore des manuels d’éducation sexuelle. Notre homme est donc un auteur plutôt prolifique et possède un certain talent associé à une imagination des plus débordantes. Je vais essayer de vous parler d’une partie de son travail à travers ce topic (en sachant que pas mal de ses ouvrages n’ont jamais été publiés en France, tels que la quasi totalité de ses romans historiques, l’ensemble de ses manuels d’éducation sexuelle et une poignée de ses thrillers et romans fantastiques) !
Graham Masterton est né en 1946 à Edimbourg en Ecosse et s’est lancé dans l’écriture de son tout premier roman en 1975, un roman fantastique nommé « Manitou ». Il a rédigé ce dernier en l’espace d’une semaine et livre déjà quelques-uns des ingrédients qui seront un peu sa marque de fabrique dans la plupart de ses écrits fantastiques. Sa grande passion est liée aux mythes de toutes sortes. Il utilise ces derniers et les réactualise en les incorporant dans des histoires qui se déroulent à notre époque. Cet élément fantastique est souvent combiné à une touche d’humour, à un peu d’érotisme aussi parfois et enfin à des situations qui frappent par leur côté spectaculaire. Cette formule trouvera surtout son essor à partir du livre « Tengu » (écrit en 1983). Avant ça, Masterton aura eu le temps de se faire la main sur quelques thrillers et quelques romans fantastiques, dont son tout premier, « Manitou ».
L’histoire de « Manitou » commence à l’hôpital des Sœurs de Jérusalem où une jeune femme, Karen Tandy, s’inquiète de la tumeur qui déforme son cou. Les spécialistes resteront perplexes face à ce cas étrange, puis découvriront avec stupeur que cette protubérance présente toutes les caractéristiques d’un foetus. Ce dernier s’avère être en fait un homme-médecine sur le point de renaître, un homme-médecine du nom de Misquamacus qui n’aspire qu’à un seul désir, celui de se venger de l’homme blanc responsable des outrages faits à son peuple par le passé. Karen trouvera cependant de l’aide en la personne de Harry Erskine, un diseur de bonne aventure à la petite semaine, et de Singing Rock, un autre homme-médecine aussi sage que bienveillant. S’ensuivra alors un huis clos dans l’hôpital et le début d’une longue confrontation magique où les pires démons apparaîtront pour le plus grand malheur de Harry et son compagnon…
Pour ma part, je l’aime bien ce tout premier bouquin, même si c’est loin d’être le meilleur qu’ait écrit l’auteur. Je le considère comme intéressant, avec quelques passages bien prenants et bien percutants, et cela donne déjà une idée du potentiel que peut faire jaillir Masterton pour ses futures créations. A noter que « Manitou » est le premier volet d’une quintologie (dont les suites sont respectivement « La Vengeance Du Manitou », « L’Ombre Du Manitou », « Du sang pour Manitou» et enfin « Peur Aveugle »)) et que « Manitou » a été le seul de ses romans à avoir été adapté à l’écran sous le titre du « Faiseur d’Epouvantes » (un film réalisé par feu Bill -Grizzly, le monstre de la forêt - Girdler, avec Tony Curtis dans le rôle principal.
Masterton continuera dans sa lancée avec l’écriture du « Djinn », de « Fireflash 5 » (non traduit à ce jour) et de « La Mort Noire » en 1977. Ces deux derniers romans sont respectivement, pour le premier, une sorte de thriller et pour le second, un récit catastrophe où une super peste décime progressivement toute la population des Etats-Unis. « Le Djinn » en revanche reste dans la continuité de « Manitou » et remet en scène Harry Erskine qui se retrouve cette fois-ci confronté à une entité maléfique issue d’une jarre sinistre et inquiétante (ce personnage n’a décidément pas de chance^^). Ce roman possède les mêmes qualités que « Manitou » et ne présente pas encore de changement significatif dans le style. Ce dernier demeure encore assez sobre et manque d’émotions et de vie, même si le récit se laisse lire sans trop de problèmes.
Trois autres bouquins voient le jour en 1978, respectivement « Le Sphinx », « La Maison De Chair » et « Le Jour J Du Jugement ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire « Le Sphinx » n’introduit pas Harry Erskine mais un tout autre personnage qui aura le malheur de rencontrer une splendide femme qui dissimule un effrayant secret au sujet de sa personne. Ce livre démarre plutôt sous de bons auspices, mais l’intrigue ralentit progressivement et le final reste loin d’être à la hauteur de ce que l’on pouvait être en droit d’attendre. Donc déception pour ma part… En revanche, les deux autres romans relèvent le niveau et accrochent le regard. « La Maison De Chair » n’est autre qu’une relecture, plus nerveuse et plus méchante, de « Manitou », dixit l’auteur, et dévoile une maison à l’intérieur de laquelle se cache un esprit indien des plus vindicatifs. Le héros, John Hyatt, aura fort à faire pour parvenir à maîtriser ce dernier et risque de se souvenir longtemps de sa visite au 1551, Pilarcitos Street… « Le Jour J Du Jugement », quant à lui, relate l’histoire d’un char abandonné en Normandie, un char dans lequel a été enfermé un démon qui ne cherche qu’à sortir de sa prison et délivrer ses frères afin de réveiller leur maître, le terrifiant Adramelech. L’aspect intéressant de ce récit provient du fait qu’une partie se passe en France et l’autre en Angleterre. J’aime particulièrement la façon dont Masterton installe l’ambiance et surtout la manière dont il joue avec le héros. Il y a deux, trois passages marquants, dont la confrontation finale avec le singulier Adramelech.
En 1979, Masterton écrit trois autres bouquins, deux axés sur le fantastique avec « La Vengeance Du Manitou » et « Les Puits De l’Enfer », et un thriller nommé « Le Complot Sweetman ».
« La Vengeance Du Manitou » introduit un nouvel héros faisant face au redoutable Misquamacus qui semble avoir plus d’une vie à son arc. Neil Fenner est ce nouvel héros et aura bien du mal à se défaire de l’envahissant esprit indien. Harry Erskine et Singing Rock rempileront pour l’aider à renvoyer le malfaisant homme-médecine dans l’au-delà, même si là la situation est loin d’être à leur avantage. Perso, j’adore ce récit en particulier pour le final que je trouve poignant et effrayant. Il y a une tension palpable qui laisse bouche bée, surtout lors d’un moment clé où on ne peut s’empêcher de frissonner tant la scène décrite est désespérante et marquante.
« Les Puits De l’Enfer », lui, est un roman assez étrange, très bizarre même… Il s’apparente beaucoup à un hommage à l’œuvre de Lovecraft (auteur qui a énormément inspiré Masterton et que ce dernier admire beaucoup. On peut retrouver d’ailleurs de nombreux clins d’œil aux écrits de Lovecraft dans la série des « Manitou », « Le Djinn » et aussi « Apparition »). Le récit des « Puits De l’Enfer » est à mi-chemin entre le fantastique et la science-fiction et peut paraître assez déroutant à première vue (cf l’idée de ces créatures-crabes géantes pouvant contrôler des quantités importantes d’eau… Ouep, je le reconnais, c’est assez zarb pour le coup). En ce qui me concerne, je l’ai trouvé amusant, même s’il est loin d’être particulièrement captivant. Peut-être l’un de ceux que j’aime le moins avec « Le Sphinx », « Magie Des Neiges » et « Le Glaive De Dieu ». Pour ce qui est du « Complot Sweetman », c’est un thriller plutôt efficace avec une galerie de personnages qui ne laisse pas indifférent. J’ai beaucoup aimé le concept même de cette courbe. Seul bémol, la fin qui reste un peu fade par rapport a tout ce qui été mis en place avant.
En 1980, deux autres romans prennent forme, « The Hell Candidate » et « Phobia » (tous deux non traduits à ce jour). Le second s’avère être la novélisation du film répondant au même nom.
En 1981, Masterton livre « Famine » et « Le Trône De Satan ». Le premier est un roman catastrophe qui porte plutôt bien son titre puisqu’une famine se déclare à travers les U.S.A. et met à mal toute la population de cette nation, et cela d’une manière progressive et chaotique. Pour ma part, j’ai assez bien aimé la façon dont l’auteur nous plonge dans ce désastre, même si le récit peut paraître un peu long par moments. Le second est un roman fantastique écrit sous le pseudonyme de Thomas Luke et qui met en scène un fauteuil possédé par le mal, un fauteuil qui entrera en la possession de Rick Delatolla et qui provoquera bien des malheurs dans la cellule familiale de ce dernier. Histoire assez classique mais qui reste quand même plutôt sympathique à lire.
1983, date charnière dans la mesure où c’est là que le style de Masterton prend son envol et atteint une maturité qui servira grandement ses futurs récits. Cette année-là, quatre romans voient le jour, « Tengu », « Ikon » (non traduit à ce jour), « Condor » et « Le Démon Des Morts ». Les trois premiers s’apparentent à des thrillers (« Tengu » étant plus particulièrement horrifique) tandis que le dernier se rapproche plus d’une histoire fantastique classique. « Tengu » s’inspire de la mythologie japonaise et décrit une trame assez complexe où plusieurs intervenants entrent en jeu sans pour autant que cela étouffe le récit. A la lecture de ce roman, on sent que l’auteur a pris conscience de ses capacités et les a repoussées pour pondre une histoire aussi nerveuse que fascinante. Rien que l’introduction est un véritable tour de force avec ce décompte mortel où l’on suit les derniers instants de vie de Sherry Cantor. Sans parler des personnages charismatiques qui parsèment ce livre coupé en deux parties bien distinctes, depuis Kappa jusqu’à M. Esmeralda et cela en passant par les mystérieux Onis. Bref, un sacré virage et une sacrée claque en termes de spectacle et d’horreur.
« Condor », de son côté, relate trois intrigues séparées qui finissent par s’entrelacer et éclaircir la trame principale du livre. Ce thriller est plutôt bien construit et demeure assez efficace dans son ensemble. A la rigueur, le seul reproche que je pourrais lui faire, c’est le fait qu’on s’attache plus facilement à une intrigue qu’à une autre, ce qui crée une sensation de vide quand la suivante prend le relais, du moins de mon point de vue.
« Le Démon Des Morts », lui, relate une histoire de spectre et installe progressivement un malaise au fur et à mesure que l’on tourne les pages. Personnellement, même si c’est très bien écrit, je n’ai pas plus accroché que ça au récit. Le problème se situe au niveau du rythme qui est loin d’être transcendant. Masterton prend trop son temps pour décrire (rien que l’ouverture s’étend sur une longue description de plusieurs pages, ce qui pour le coup m’a un peu assommé) et j’ai eu un peu de mal aussi à m’identifier aux persos. Toutefois je pense que cet effet de lenteur était recherché, même si avec le recul j’ai du mal à y adhérer. Bref une ambiance complètement à l’opposé de « Tengu » et de « Condor » qui sont bien plus vivants et bien plus scotchants !
En 1985, Masterton continue de perfectionner son style et se lance dans l’écriture de deux livres dont l’un est considéré par beaucoup comme son chef-d’œuvre (Masterton lui-même le classe parmi ses meilleurs ouvrages). Le bouquin en question s’appelle « Le Portrait Du Mal » et relate l’histoire des Gray, une famille ayant fait un pacte étrange pour pouvoir vivre éternellement grâce à un portrait les représentant. Ce récit est une variation sur le thème du « Portrait De Dorian Gray » et demeure à la fois gracieux, violent, sombre et lumineux. Les descriptions précises de l’auteur frappent par leur réalisme et leur froideur et les protagonistes, en particulier les Gray (dont la séduisante Cordelia, le méticuleux Maurice ou encore le dérangeant Henry), inspirent autant la peur que la fascination. En ce sens, « Le Portrait Du Mal » est une belle réussite et va jusqu’au bout de sa logique en proposant un final des plus troublants. Du grand art ! Le second roman se nomme « Sacrifice » (non traduit à ce jour) et se rapproche d’un thriller.
Deux ouvrages paraissent en 1986, respectivement « Transe De Mort » et « Les Guerriers De La Nuit ». Le premier s’ouvre à Bali en Indonésie où l’on découvre un jeune initié et son mentor pénétrer dans une transe de mort. La transe de mort permet à l’âme de se détacher de son corps et de pénétrer dans une autre réalité où l’on peut voir les esprits des défunts. Seul problème, c’est que lorsqu’on entre dans cet état, on devient la cible des leyaks, des créatures redoutables aux yeux de braise obéissants à la terrifiante et ténébreuse Rangda. En apprenant l’existence d’un telle pratique, Randolph Clare essaiera de trouver l’un de ses initiés afin de pénétrer dans cette transe pour retrouver sa femme et ses enfants récemment assassinés. Voici en gros pour la trame qui frappe les sens par sa noirceur et son exotisme. Lorsqu’on plonge dans ce livre, on reste bluffés par les descriptions, la psychologie des personnages et l’histoire en elle-même. Oui, complètement bluffés… Cet ouvrage montre une fois de plus le talent indéniable de l’auteur pour développer des personnages plus vrais que nature, pour monter une intrigue prenante et surtout pour décrire des passages chocs ! Rien que pour l’effrayant Reece et ses non moins déjantés compagnons, rien que pour cette montée d’adrénaline que l’on ressent lorsque les personnages entrent dans une transe de mort, rien que pour ces passages où le pire peut survenir, ce roman vaut la peine d’être lu et relu !
Le second livre se nomme « Les Guerriers De La Nuit » et s’apparente à un mélange de fantasy et de fantastique tout en s’avérant à la fois original, fascinant et culte ! L’histoire s’ouvre sur la rencontre de trois personnages sur une plage près d’un corps. Trois personnages qui sont loin de se douter de l’incroyable destinée qui les unit. Oh non, ils sont loin de s’en douter ! La toute première fois que j’ai vu ce titre, j’étais des plus intrigués et je me demandais quel pouvait être le sujet tout en m’imaginant des tas de scénarios dans ma tête. Puis en me plongeant dans ce récit, j’ai réalisé à quel point tout ce que j’avais pu envisager était à des lieues de ce qui se trouvait sous mes yeux. Avec « Les Guerriers De La Nuit », le lecteur entre dans un récit complètement nouveau et ahurissant. Le premier chapitre est une merveille d’amorce et accroche d’entrée de jeu le regard. Ce point de rencontre entre ses trois personnages, ce corps à leurs pieds décrit d’une manière délicate, l’ambiance elle-même à la fois calme et singulière, tout est là pour que l’on reste captivés jusqu’à cette rupture lorsque tout vire au cauchemar ! Je n’en dirai pas plus, histoire de ne pas trop gâcher la surprise, mais ce que décrit Masterton par la suite est tétanisant tant on ne s’y attend pas ! Je parlerai juste de l’idée principale, à savoir que les guerriers de la nuit appartiennent à une caste de gens spéciaux doués d’un don particulier, à savoir celui de pouvoir pénétrer dans le monde des rêves, vêtus d’une armure personnalisée et dotés de pouvoirs qui défient l’entendement, cela dans l’ultime but de servir Ashapola, le Dieu des Dieux, et de défaire les démons qui errent dans les songes. Celui qui se trouve au centre de cette histoire s’appelle Yaomauitl, un être rusé, vicieux et dangereux qui ne reculera devant aucun bassesse pour triompher du bien…
En 1988, trois nouveaux romans sortent et montrent à quel point l’imagination de l’auteur semble sans limites. Parmi ces trois romans, nous trouvons « Rituel De Chair », « Le Miroir De Satan » et « Les Rivages De La Nuit » qui n’est autre que la suite des « Guerriers De La Nuit ». « Rituel De Chair » ouvre donc le bal de cette année et demeure sans conteste l’un de mes Masterton préférés avec « L’Enfant De La Nuit ». L’histoire de « Rituel De Chair » se déroule principalement dans le Connecticut et en Louisiane et entraîne le lecteur dans l’horreur la plus totale. Charlie McLean, critique gastronomique, sillonne les routes en compagnie de son fils Martin et finit par tomber sur cet étrange restaurant appelé le Reposoir. Etrange dans le sens où seules certaines personnes sont conviées à y entrer… Charlie sera loin de se douter de ce qui se trame dans cette société secrète où la cuisine que l’on sert y est très… « spirituelle ». Je suis en train de le relire en ce moment même et c'est toujours aussi fascinant de découvrir cette histoire (même après plusieurs lectures). Masterton va très loin dans l’horreur graphique et concocte une intrigue particulièrement délicieuse qui fait qu’on ne peut pas lâcher le bouquin avant d’être arrivé à la dernière page. A noter tout particulièrement une scène choc où le héros se souviendra longtemps des Célestins et de leur étrange culte. Oh oui, il s’en souviendra très longtemps…
« Le Miroir De Satan » est un autre ouvrage ambitieux où l’auteur s’amuse à détourner l’œuvre de Lewis Caroll tout en y incorporant des éléments bibliques, une atmosphère cinématographique (justifiée par le fait que le récit se passe à Hollywood) et surtout une bonne dose de folie ! Là encore, Masterton fait fort et ne s’embarrasse d’aucune limite, allant au bout de son concept jusqu’à ce final dantesque ! Les personnages qu’il décrit semblent sortir tout droit de la réalité, même Boofuls, l’enfant démoniaque qui sera la source de tous les ennuis de ce récit. Un vrai tour de force pour le coup ! Ajouter à cela de l’humour, des références au cinéma et une suite de retournement de situations qui vous retournent l’estomac et vous obtenez un aller simple directement pour l’enfer au cœur même d’Hollywood !
« Les Rivages De La Nuit » met en avant de nouveaux guerriers de la nuit en prise avec un nouveau démon sorti tout droit d’un cauchemar sans nom. Oublier Yaomauitl, son successeur est une colossale créature noire nommée la créature-ombre. Une créature sans visage, au physique impressionnant, qui se nourrit de peur et qui tue pour le plaisir de tuer. La grande force de ce récit repose essentiellement sur le fait que les nouveaux guerriers de la nuit sont à la base des personnes handicapées dans le monde réel. L’idée d’offrir à des paralytiques la possibilité de pouvoir se mouvoir dans le monde des rêves et accomplir des exploits impossibles est tout bonnement géniale ! Autre idée sympathique, le fait que la créature-ombre se cache dans l’esprit innocent d’un jeune garçon, l’enfant même d’un des guerriers de la nuit. Bref, tout est là pour créer une ambiance des plus captivantes et cela jusqu’à l’ultime confrontation avec ce redoutable adversaire qui ne fait pas dans la demi mesure lorsqu’il attaque ! Sans conteste le volet le plus spectaculaire en termes d’affrontements et d’action !
Trois autres bouquins paraissent en 1989, à savoir « Démences », « Le Fléau De La Nuit » (qui est le troisième volet des « Guerriers De La Nuit ») et « La Nuit Des Salamandres ». « Démences » est un livre qui porte très bien son titre et nous plonge dans une histoire aussi barrée qu’hallucinante. Le récit se déroule dans le Wisconsin et frappe par son ambiance atmosphérique : arbres à perte de vue, lumière grise, pluie torrentielle…Et puis la description même de l’endroit où Jack Reed s’égare pour son plus grand malheur, à savoir cet ancien établissement psychiatrique désormais à l’abandon. Un établissement qui cache un secret angoissant et pour cause, à l’intérieur même des murs de cet édifice se trouvent emprisonnés 137 individus. Les 137 pensionnaires de cet asile, des hommes et des femmes, aussi frappés que psychotiques, tous obéissant à leur leader, le terrifiant et charismatique Quintus Miller ! Et tous n’aspirant qu’à une chose, recouvrer leur liberté, et comptant bien se servir de Jack pour parvenir à leurs fins ! Perso, j’adore ce bouquin… Il est à la fois flippant, fascinant, effrayant et possède une ambiance aussi sombre que maléfique (ah, ce Shhhhhhh caractéristique de ces fous se mouvant à l’intérieur des murs ! Trop excellent !). Et puis il y a la présence incroyable de Quintus Miller. Rien que sa sinistre apparence, son charisme exceptionnel, son esprit démentiel et le fait qu’il se prend pour un Dieu font de lui un personnage des plus emblématiques de ce bouquin ! Une claque !
« Le Fléau De La Nuit » se passe à Londres et dévoile un nouvel ennemi en la personne d’Isabelle Gowdie, une sorcière dont l’enveloppe physique est emprisonnée quelque part sur terre mais dont l’esprit est en train de s’éveiller. Une nouvelle équipe de guerriers de la nuit aura pour mission de la débusquer et de la détruire pour de bon avant que celle-ci ne détruise l’humanité. En effet, Gowdie a réveillé ses serviteurs, les Porteurs, et leur a ordonné de transmettre le fléau de la nuit à travers le monde. Ce mal est transmis par relation sexuelle et provoque chez la personne atteinte des nausées et des pulsions primitives qui gagnent en intensité au fur et à mesure que le temps passe, sans compter que ceux qui sont contaminés peuvent à leur tour infectés d’autres individus par l’intermédiaire des rêves. Chaque relation sexuelle rêvée avec d’autres partenaires finit par contaminer ces derniers, et ceux-là à leur tour peuvent infecter d’autres gens et cela ainsi de suite dans une boucle sans fin. Stanley Eisner sera l’un des premiers à être atteint par ce mal lors d’un face-à-face plutôt douloureux avec l’un des Porteurs et apprendra par la suite qu’il appartient à la caste des guerriers de la nuit. Ce sera à lui et à quatre autres de ses compagnons de traquer Isabelle Gowdie et de mettre un terme à son existence avant que l’humanité ne soit entièrement touchée par ce fléau. Une fois encore, Masterton se surpasse pour pondre une intrigue alléchante, développer des personnages réalistes et surtout décrire une ambiance à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Allez, seul petit défaut que je pointerai du doigt, c'est que la fin est un peu trop rapide.
« La Nuit Des Salamandres » s’ouvre sur la mort spectaculaire de la fiancée de Lloyd Denman s’immolant par le feu sur un parking. Rien n’aurait pu présager que celle-ci commettrait un tel acte, surtout aux yeux de son conjoint. Effondré d’abord, ce dernier se relèvera et cherchera à comprendre ce qui a poussé Celia à s’ôter la vie de cette façon. Ces recherches lui feront découvrir un opéra méconnu de Wagner et l’entraîneront progressivement dans une sombre histoire où un groupe d’individus essaiera par tous les moyens de créer une nouvelle race d’êtres possédant à la fois l’immortalité et la faculté d’enflammer tout ce qui se trouvent à portée de leurs mains et de leur corps. Récit à la fois brûlant, inspiré et très graphique, et dans lequel l’humour côtoie l’horreur au plus près, « La Nuit Des Salamandres » reste plutôt réussi et très prenant à lire !
- Matthew76Grand sage
Deuxième partie;)...
En 1990, Masterton livre « Le Maître Des Mensonges » et « Apparition ». « Le Maître Des Mensonges » démarre d’une manière extrêmement brutale et rappelle beaucoup l’ouverture de « Tengu » puisque Masterton réutilise le décompte mortel en décrivant les derniers instants de vie de la famille Berry avant que le terrifiant Satan de San Francisco ne fasse irruption dans leur appartement pour leur faire connaître une mort aussi douloureuse qu’effroyable. Et on ne peut pas dire que l’auteur y va avec le dos de la cuiller là ! J’ai jamais vu autant de sauvagerie concentrée en si peu de pages. Larry Foggia aura le privilège de mener l’enquête pour essayer d’appréhender ce tueur hors normes et prendra peu à peu conscience que les crimes commis par ce dernier ne sont que la partie émergée de l’iceberg et qu’autre chose se prépare derrière tout ça. Encore une fois, c’est du lourd, du violent, avec un paquet de passages qui valent le coup d’œil depuis l’ouverture jusqu’au final, sans parler des personnages très bien détaillés et de quelques idées plutôt bien exploitées. Un très bon livre pour ma part !
Avec « Apparition », Masterton rend hommage à l’univers de Lovecraft et relate une histoire qui se déroule sur l’île de Wight, et plus précisément à Fortyfoot House. Cette dernière est une vieille demeure victorienne, dans laquelle David Williams a emménagé avec son fils afin de la restaurer. Le seul hic, c’est que Fortyfoot House n’est pas une maison comme les autres dans la mesure où celle-ci héberge d’étranges personnages qui apparaissent et disparaissent sans prévenir au moment où l’on s’y attend le moins. David finira par comprendre que cet endroit dissimule une porte temporelle dans le grenier permettant d’accéder à d’autres époques. Il apprendra aussi à connaître les noms de ces mystérieux personnages, en particulier celui de l’être hybride que l’on nomme Brown Jenkin, un être mi-humain mi-rat parlant plusieurs langues. De mon point de vue, « Apparition » est un très bon récit et offre un bon crescendo dans l’horreur. Les personnages y sont pittoresques et bien définis, les dialogues marquent les esprits, et puis la présence de Brown Jenkin crée une vraie sensation de malaise !
C’est en 1991 que sort le troisième volet de la quintologie des « Manitou », « L’Ombre Du Manitou ». Ce dernier est un sacré pavé dans lequel Misquamacus refait parler de lui en s’alliant avec l’effrayant Dr Hambone, un sorcier pratiquant le Vaudou, et en s’assurant le concours d’Aktunowihio, le dieu des ténèbres, ceci afin de faire disparaître la civilisation de l’homme blanc sous terre. Harry Erskine s’opposera à nouveau à la folie de l’homme-médecine prêt à tout pour venger son peuple et livrera une bataille qui semblera déjà perdue d’avance… Ambiance de fin du monde pour ce troisième livre où le sens de la démesure de Masterton prend toute son ampleur tant les descriptions des buildings disparaissant sous terre sont impressionnantes et tant le sentiment de panique et d’urgence reste palpable tout au long de l’histoire. Cet aspect apocalyptique est l’un des éléments les plus prenants de ce récit et à la lecture on se demande vraiment comment Harry et ses amis vont bien pouvoir venir à bout de Misquamacus cette fois-ci !
En 1993 sort « The Lily White Boys » (aka « The Sleepless », non traduit à ce jour).
Trois autres romans sortent en 1994, respectivement « Sang Impur », « Hel » et « Walhalla ». Pour « Sang Impur », Masterton met en place une intrigue complexe sous forme de manipulations génétiques et de légendes tchèques qui vont s’avérer être un véritable cauchemar pour les protagonistes de cette histoire. Ces légendes en question mettent en scène un curieux personnage répondant au nom du voyageur vert accompagné de ses fidèles compagnons qui s’avèrent être tout aussi mystérieux que lui. Comme souvent, l’auteur ouvre son récit avec une scène choc avant de nous plonger progressivement dans une étrange trame où divers protagonistes vont s’entrecroiser et où le voyageur vert et ses amis vont montrer toute l’étendue de leurs talents particuliers. Personnellement, je déconseille fortement de démarrer avec ce livre si on a envie de connaître cet auteur. L’intrigue est assez touffue, très bizarre par moments, et on peut assez vite se sentir dérouté. Pour ma part, j’ai adoré, en particulier pour la présence du voyageur vert et de ses comparses (il y a un passage trop excellent où ils entrent en scène. Un passage qui accroche complètement le regard !) et de l’ambiance glauque que l’on peut ressentir de la première page à la dernière page !
« Hel » est une sorte de variation sur les contes de fées assez originale et assez réaliste, je dois dire. Ce récit raconte l’histoire de deux sœurs qui se retrouvent confrontés à l’esprit de leur cadette, Peggy, morte noyée dans des circonstances tragiques. Cette dernière semble s’être mis un point d’honneur à les protéger de tout individu s’approchant un peu trop près d’elles, que leurs intentions soient bonnes ou mauvaises. Accompagnée du personnage de l’un de ses contes de fées préférés en la personne de la Reine des Neiges, la jeune fille châtie sans la moindre pitié tous ceux qui croisent le chemin de ses sœurs aînées. Elizabeth et Laura comprendront assez vite qu’elles n’auront pas d’autre choix que d’arrêter Peggy et de l’affronter sur son propre terrain, celui de l’imaginaire. Mais pour accéder à celui-ci, il leur faudra être prêtes à tenter l’impossible, quitte à en perdre la vie… Histoire plutôt sympathique, avec pas mal d’idées intéressantes (notamment celle qui permet de pénétrer dans le monde imaginaire), le fait que Peggy ne fait aucune distinction entre le bien et le mal et certaines morts qui restent assez spectaculaires. Le seul défaut que je pointerai du doigt, c’est au niveau de certaines descriptions qui sont un peu longues parfois, en particulier au début, à part ça, c’est un récit qui vaut le coup d’œil !
« Walhalla » fait encore partie de cette catégorie de romans qui démarrent d’une manière extrêmement violente et douloureuse. Craig Bellman en fera l’amère expérience et ne risquera pas de l’oublier de sitôt. Et pour cause, suite à un différend avec un chauffeur de taxi qui devait le conduire à un rendez-vous important, Craig se retrouve obligé de poursuivre son chemin à pied, sous une pluie battante. C’est à cet instant que surgit une jeune fille, l’implorant de lui venir en aide en affirmant que l’un de ses amis est en train de se faire agresser dans un magasin abandonné. Craig hésitera qu’un court instant avant de se décider à porter secours à l’ami de la jeune fille. Très mauvaise idée puisqu’il tombera dans un traquenard organisé par deux adolescents, tous deux de mèche avec la jeune fille. Craig sera vite maîtrisé par ces derniers et passera un très mauvais quart d’heure, notamment lors d’une mise aux enchères des plus particulières, une mise aux enchères qui me donne la chair de poule rien que d’y repenser… Suite à cette agression, Craig partira en convalescence avec sa femme Effie dans un endroit reculé et tombera complètement sous le charme d’une demeure nommée Walhalla. C’est à partir de ce moment que l’histoire débutera vraiment et que Craig subira progressivement l’étrange influence qui émane de cette mystérieuse maison... Très bon roman pour ma part avec un très bon rendu au niveau de l’ambiance, la présence de personnages très charismatiques et très réalistes et surtout une intéressante relecture du mythe du vampirisme via cette demeure aussi singulière que maléfique ! Bref, un indispensable !
En 1995, Masterton sort un recueil de nouvelles intitulé « Les Escales Du Cauchemar », recueil regroupant une douzaine d’histoires teintées de fantastique pour la plupart et d’érotisme pour certaines. Pour faire bref, celles qui m’ont le plus accroché sont dans l’ordre « J.R.E Ponsford », « L’Objet Sexuel », « Le Loup », « Le Cœur d’Helen Day », « Le Scarabée Jajouka » et « Absence De Bête ».
En 1996, Masterton remet ça avec un autre recueil appelé « Les Visages Du Cauchemar », recueil regroupant cette fois-ci huit histoires fantastiques. Parmi celles-ci, à noter une nouvelle confrontation entre Harry Erskine et Misquamacus (je crois que ces deux-là seront amis pour la vie) dans le récit intitulé « Le Retour Du Manitou ». A noter aussi comme très bons récits, « La Lune Affamée », « Le Shih-Tan Secret » et « Suffer Kate », très captivants à lire.
La même année, Masterton débute une série destinée à un public adolescent, une série dont le héros principal se nomme Jim Rook, un enseignant qui possède un don de clairvoyance et qui se retrouve généralement impliqué dans des aventures qui sortent beaucoup de l’ordinaire (ben oui, sinon ça serait pas drôle !). Histoire de faire clair, je vais regrouper dans ce paragraphe les six volets sortis à ce jour. Alors respectivement, il y a « Magie Vaudou », « Magie Indienne » (1997), « Magie Maya » (1998), « Magie Des Neiges » (2000), « Magie Des Eaux » (2001) et le dernier en date « Magie Des Flammes » (2004). Donc, comme je le disais un peu avant, ces histoires restent un peu plus softs que ses autres écrits, tant dans la violence que dans l’érotisme et touche à des mythes très différents (je pense que les titres sont assez explicites^^). Personnellement, mes préférés sont le tout dernier qui est sorti, à savoir « Magie Des Flammes » (pour son ton un tout petit plus adulte et le style un peu plus sombre aussi qui se démarque pas mal des cinq premiers volets), suivi de « Magie Des Eaux » et de « Magie Maya ». « Magie Vaudou » et « Magie Indienne » demeurent assez sympathiques à lire, sans plus, en sachant que « Magie Indienne » réintroduit Coyote (l’esprit indien aperçu dans « La Maison De Chair »). En revanche, je n’ai pas du tout accroché à « Magie Des Neiges », trouvant qu’il manquait cruellement d’âme et de profondeur.
En 1998 sort « Génie Maléfique », thriller dans lequel de sombres individus tentent de mettre la main sur un scientifique détenant une formule permettant de devenir un génie, suite à quelques injections d’une drogue spéciale. Ce roman possède quelques passages fulgurants, des retournements de situation plutôt inattendus et une intrigue assez intéressante à suivre. On s’attache assez aux personnages et comme souvent Masterton réussit à décrire des méchants très charismatiques et des femmes des plus séduisantes.
En 2000, Masterton se lance dans l’écriture de trois romans, « L’Enfant De La Nuit », « Les Gardiens De La Porte » et « Les Papillons Du Mal ». Comme je l’ai dit un plus haut, « L’Enfant De La Nuit » est mon Masterton préféré avec « Rituel De Chair » (suivi de pas très loin par « Les Guerriers De La Nuit »). Ce roman se déroule en Pologne et s’ouvre sur un chapitre qui plonge directement dans l’atmosphère dérangeante et oppressante de ce récit glauque et malsain. Fait assez rare pour être souligné, le héros s’avère être une héroïne, nommée Sarah Leonard, et celle-ci a pour mission de mener à terme la construction d’un grand hôtel international. Seul problème, des incidents dramatiques surviennent et interrompent les travaux. Une sorte de tueur appelé l’Exécuteur erre dans le réseau souterrain et tue des personnes au hasard. Aidée de Clayton Marsh, un enquêteur privé, ami de son père, et de la police locale, Sarah cherchera à comprendre de quoi il retourne et réalisera assez vite que le tueur en question n’a rien d’humain… Voilà en gros pour l’intrigue principale, en sachant qu’il y a d’autres intrigues qui se mêlent à cette dernière, en nous immergeant encore davantage dans cette ambiance claustrophobique et inquiétante. Ce livre est décrit vraiment d’une manière très réaliste (on se croirait vraiment à Varsovie pour le coup !), les personnages admirablement dépeints et certaines situations sont à couper le souffle (en particulier une qui m’a marqué tant l’intensité de la scène est forte et poignante !). Bref, un excellent roman bien déstabilisant comme il faut.
« Les Gardiens De La Porte » se passe à Londres et s’oriente vers un concept où il est question de réalité alternative. Des portes dissimulées dans la ville permettent d’accéder à des Londres alternatifs où la situation Historique est grandement modifiée. Dans cette histoire, le héros Josh cherchera à retrouver les meurtriers de sa sœur et prendra conscience que ces derniers utilisent ces portes temporelles pour se déplacer d’un Londres à un autre. S’ensuivra alors une traque dans d’autres réalités qui déconcerteront beaucoup notre ami et le mèneront dans une aventure aussi intense qu’effrayante. J’ai assez bien aimé ce livre, même si je dois avouer que je m’étais attendu à autre chose à la base (lorsque j’avais entendu parler du synopsis, je voyais quelque chose de bien plus sombre et de bien plus choquant en fait !). En tout cas, je n’oublierai jamais le passage avec la harpe Sacrée, un passage qui donne foutrement la chair de poule et qui met terriblement mal à l’aise. Je n’aurais pas aimé être à la place de Josh là…
« Les Papillons Du Mal » offre une cassure assez intéressante dans le style de l’auteur. Même si le fond est toujours le même, Masterton change la forme et opte pour une écriture plus sobre et plus réaliste. Ce qui explique la brièveté des chapitres et surtout ce réalisme qui fait qu’on a l’impression de vivre le quotidien de l’héroïne comme si on y était. L’héroïne en question se nomme Bonnie Winter et mène une existence qui est loin d’être palpitante, partagée entre sa famille fragilisée par des relations tendues et son métier qui consiste à nettoyer des scènes de crimes. Vu comme ça, on peut aisément comprendre que la vie de Bonnie n’est pas facile. Et celle-ci le sera encore d’autant moins lorsqu’elle se mettra à croire en l’existence d’une légende mexicaine. Une légende qui la fera basculer dans une spirale de doute, de paranoïa et de peur et qui sera le déclencheur d’une suite d’événements tragiques… A la lecture de ce livre, on ne peut que rester déconcertés et ébahis par la forme directe et précise employée par l’auteur. La méticulosité des descriptions du quotidien de Bonnie et des siens, leur comportement, leurs attitudes, et ce réalisme malsain font qu’on a vraiment l’impression de lire un fait divers étiré qui se serait réellement passé à un moment donné. Une belle leçon d’écriture pour une histoire aussi sombre que lugubre.
En 2001, « Katie Maguire » paraît et conserve un peu cette structure utilisée dans « Les Papillons Du Mal », avec ces descriptions très réalistes et l’élaboration d’une atmosphère hyper glauque. L’histoire relate l’enquête de Katie après la découverte de plusieurs ossements dans le champ d’une ferme isolée. Des ossements aménagés en une sorte d’autel…Au fur et à mesure que le récit se déroulera, nous apprendrons qu’un tueur tente d’exécuter un rituel bien particulier, ceci dans un but bien précis. A Katie de comprendre de quoi il retourne et de mettre la main sur ce meurtrier qui semble nullement s’embarrasser de morale et de pitié… Très bon roman pour ma part, même si le twist final peut paraître gros et décontenancer avec le recul. Mon seul regret finalement, c’est qu’on reste un peu sur sa faim. En fait, j’aurais bien aimé que le « personnage » que le tueur essaye à tout prix de « rencontrer » ait un acte de présence et une importance un peu plus grandes à la fin. Mais bon, ça reste tout de même un ouvrage très prenant à lire.
« Le glaive De Dieu » et « Corbeau » sortent en 2002. « Le Glaive De Dieu » m’a beaucoup déçu et m’a laissé une impression de fadeur. La trame s’apparente à un thriller dans lequel un ex flic, Conor O’Neil, se retrouve impliqué dans une singulière situation suite à un braquage dans un magasin où il est chargé d’en assurer la sécurité. Voilà pour le point de départ du récit. Dedans, Masterton développe des idées intéressantes sur l’hypnotisme, décrit un duo de méchants assez charismatiques (même s’il ne s’agit que de subalternes), mais le problème se situe dans la suite du roman qui perd progressivement en intérêt et plus particulièrement vis-à-vis du grand méchant de l’histoire qui manque de contenance et d’attrait. En fait, on a un peu du mal à croire à son plan, à son ambition… On reste un peu perplexe et perdu, du moins en ce qui me concerne. Un Masterton plutôt faible, même s’il reste quelques passages bien prenants, dont l’amorce du récit !
« Corbeau », lui, met en avant Holly, une assistance sociale atteinte de surdité, mais qui arrive cependant à mener une vie plus ou moins normale grâce à cette hypersensibilité qui lui permet de lire sur les lèvres. Son quotidien sera cependant bouleversé après avoir faire emprisonner un homme d’origine indienne qui avait maltraité sa femme et son enfant. En effet, suite à cette affaire, l’Indien nommé Elliot Joseph lui a promis qu’elle n’échapperait pas à sa vengeance et comme pour confirmer les dires de ce dernier, Holly se sent soudainement observée par une présence menaçante et inquiétante. Voilà en gros pour la trame… Ce « Corbeau » présente des similitudes avec « Les Papillons Du Mal » dans sa construction et joue d’une manière subtile avec notre imagination, nous faisant constamment douter de la réalité dans laquelle avance Holly. Est-elle vraiment menacée par un esprit indien ou tout cela n’est-il que le produit de son imaginaire ? Perso, j’aime bien ce bouquin. Il se lit rapidement et demeure assez osé par moments, notamment en ce qui concerne le final. Seul bémol, quelques boulettes commises par l’auteur lors de certaines descriptions, donnant ainsi l’impression que Holly n’est plus du tout atteinte de son handicap.
Voilà pour le tour d’horizon de l’œuvre de Masterton. Bon, je n’ai pas inclus dans cette liste tous les thrillers et romans fantastiques non traduits parmi ses plus récents, ainsi que les ouvrages parus après 2002 chez Bragelonne, soit une bonne demi-douzaine. Sans compter que comme je l’ai dit au début, il faut prendre en compte aussi tous ses manuels d’éducation sexuelle, ses romans historiques (ils ne sont pas très nombreux, et il me semble qu’il y en a qu’un qui a été traduit à ce jour en France, il s’agit de « Solitaire » (1982), paru sous le nom du « Diamant De Kimberley », mais ce dernier a disparu des rayons depuis fort longtemps), ces nombreuses nouvelles (il faut savoir qu’il existe deux autres recueils non traduits à ce jour, respectivement « Fortnight Of Fear » (1994) et « Feelings Of Fear » (2000)) et enfin une sorte de biographie parlant de l’ensemble de ses écrits connu sous le nom de « Manitou Man – The Worlds Of Graham Masterton » (1998). Voilà pour ce que je pouvais dire sur cet auteur, en espérant que ça vous donnera envie de le découvrir et de l’apprécier;)...
En 1990, Masterton livre « Le Maître Des Mensonges » et « Apparition ». « Le Maître Des Mensonges » démarre d’une manière extrêmement brutale et rappelle beaucoup l’ouverture de « Tengu » puisque Masterton réutilise le décompte mortel en décrivant les derniers instants de vie de la famille Berry avant que le terrifiant Satan de San Francisco ne fasse irruption dans leur appartement pour leur faire connaître une mort aussi douloureuse qu’effroyable. Et on ne peut pas dire que l’auteur y va avec le dos de la cuiller là ! J’ai jamais vu autant de sauvagerie concentrée en si peu de pages. Larry Foggia aura le privilège de mener l’enquête pour essayer d’appréhender ce tueur hors normes et prendra peu à peu conscience que les crimes commis par ce dernier ne sont que la partie émergée de l’iceberg et qu’autre chose se prépare derrière tout ça. Encore une fois, c’est du lourd, du violent, avec un paquet de passages qui valent le coup d’œil depuis l’ouverture jusqu’au final, sans parler des personnages très bien détaillés et de quelques idées plutôt bien exploitées. Un très bon livre pour ma part !
Avec « Apparition », Masterton rend hommage à l’univers de Lovecraft et relate une histoire qui se déroule sur l’île de Wight, et plus précisément à Fortyfoot House. Cette dernière est une vieille demeure victorienne, dans laquelle David Williams a emménagé avec son fils afin de la restaurer. Le seul hic, c’est que Fortyfoot House n’est pas une maison comme les autres dans la mesure où celle-ci héberge d’étranges personnages qui apparaissent et disparaissent sans prévenir au moment où l’on s’y attend le moins. David finira par comprendre que cet endroit dissimule une porte temporelle dans le grenier permettant d’accéder à d’autres époques. Il apprendra aussi à connaître les noms de ces mystérieux personnages, en particulier celui de l’être hybride que l’on nomme Brown Jenkin, un être mi-humain mi-rat parlant plusieurs langues. De mon point de vue, « Apparition » est un très bon récit et offre un bon crescendo dans l’horreur. Les personnages y sont pittoresques et bien définis, les dialogues marquent les esprits, et puis la présence de Brown Jenkin crée une vraie sensation de malaise !
C’est en 1991 que sort le troisième volet de la quintologie des « Manitou », « L’Ombre Du Manitou ». Ce dernier est un sacré pavé dans lequel Misquamacus refait parler de lui en s’alliant avec l’effrayant Dr Hambone, un sorcier pratiquant le Vaudou, et en s’assurant le concours d’Aktunowihio, le dieu des ténèbres, ceci afin de faire disparaître la civilisation de l’homme blanc sous terre. Harry Erskine s’opposera à nouveau à la folie de l’homme-médecine prêt à tout pour venger son peuple et livrera une bataille qui semblera déjà perdue d’avance… Ambiance de fin du monde pour ce troisième livre où le sens de la démesure de Masterton prend toute son ampleur tant les descriptions des buildings disparaissant sous terre sont impressionnantes et tant le sentiment de panique et d’urgence reste palpable tout au long de l’histoire. Cet aspect apocalyptique est l’un des éléments les plus prenants de ce récit et à la lecture on se demande vraiment comment Harry et ses amis vont bien pouvoir venir à bout de Misquamacus cette fois-ci !
En 1993 sort « The Lily White Boys » (aka « The Sleepless », non traduit à ce jour).
Trois autres romans sortent en 1994, respectivement « Sang Impur », « Hel » et « Walhalla ». Pour « Sang Impur », Masterton met en place une intrigue complexe sous forme de manipulations génétiques et de légendes tchèques qui vont s’avérer être un véritable cauchemar pour les protagonistes de cette histoire. Ces légendes en question mettent en scène un curieux personnage répondant au nom du voyageur vert accompagné de ses fidèles compagnons qui s’avèrent être tout aussi mystérieux que lui. Comme souvent, l’auteur ouvre son récit avec une scène choc avant de nous plonger progressivement dans une étrange trame où divers protagonistes vont s’entrecroiser et où le voyageur vert et ses amis vont montrer toute l’étendue de leurs talents particuliers. Personnellement, je déconseille fortement de démarrer avec ce livre si on a envie de connaître cet auteur. L’intrigue est assez touffue, très bizarre par moments, et on peut assez vite se sentir dérouté. Pour ma part, j’ai adoré, en particulier pour la présence du voyageur vert et de ses comparses (il y a un passage trop excellent où ils entrent en scène. Un passage qui accroche complètement le regard !) et de l’ambiance glauque que l’on peut ressentir de la première page à la dernière page !
« Hel » est une sorte de variation sur les contes de fées assez originale et assez réaliste, je dois dire. Ce récit raconte l’histoire de deux sœurs qui se retrouvent confrontés à l’esprit de leur cadette, Peggy, morte noyée dans des circonstances tragiques. Cette dernière semble s’être mis un point d’honneur à les protéger de tout individu s’approchant un peu trop près d’elles, que leurs intentions soient bonnes ou mauvaises. Accompagnée du personnage de l’un de ses contes de fées préférés en la personne de la Reine des Neiges, la jeune fille châtie sans la moindre pitié tous ceux qui croisent le chemin de ses sœurs aînées. Elizabeth et Laura comprendront assez vite qu’elles n’auront pas d’autre choix que d’arrêter Peggy et de l’affronter sur son propre terrain, celui de l’imaginaire. Mais pour accéder à celui-ci, il leur faudra être prêtes à tenter l’impossible, quitte à en perdre la vie… Histoire plutôt sympathique, avec pas mal d’idées intéressantes (notamment celle qui permet de pénétrer dans le monde imaginaire), le fait que Peggy ne fait aucune distinction entre le bien et le mal et certaines morts qui restent assez spectaculaires. Le seul défaut que je pointerai du doigt, c’est au niveau de certaines descriptions qui sont un peu longues parfois, en particulier au début, à part ça, c’est un récit qui vaut le coup d’œil !
« Walhalla » fait encore partie de cette catégorie de romans qui démarrent d’une manière extrêmement violente et douloureuse. Craig Bellman en fera l’amère expérience et ne risquera pas de l’oublier de sitôt. Et pour cause, suite à un différend avec un chauffeur de taxi qui devait le conduire à un rendez-vous important, Craig se retrouve obligé de poursuivre son chemin à pied, sous une pluie battante. C’est à cet instant que surgit une jeune fille, l’implorant de lui venir en aide en affirmant que l’un de ses amis est en train de se faire agresser dans un magasin abandonné. Craig hésitera qu’un court instant avant de se décider à porter secours à l’ami de la jeune fille. Très mauvaise idée puisqu’il tombera dans un traquenard organisé par deux adolescents, tous deux de mèche avec la jeune fille. Craig sera vite maîtrisé par ces derniers et passera un très mauvais quart d’heure, notamment lors d’une mise aux enchères des plus particulières, une mise aux enchères qui me donne la chair de poule rien que d’y repenser… Suite à cette agression, Craig partira en convalescence avec sa femme Effie dans un endroit reculé et tombera complètement sous le charme d’une demeure nommée Walhalla. C’est à partir de ce moment que l’histoire débutera vraiment et que Craig subira progressivement l’étrange influence qui émane de cette mystérieuse maison... Très bon roman pour ma part avec un très bon rendu au niveau de l’ambiance, la présence de personnages très charismatiques et très réalistes et surtout une intéressante relecture du mythe du vampirisme via cette demeure aussi singulière que maléfique ! Bref, un indispensable !
En 1995, Masterton sort un recueil de nouvelles intitulé « Les Escales Du Cauchemar », recueil regroupant une douzaine d’histoires teintées de fantastique pour la plupart et d’érotisme pour certaines. Pour faire bref, celles qui m’ont le plus accroché sont dans l’ordre « J.R.E Ponsford », « L’Objet Sexuel », « Le Loup », « Le Cœur d’Helen Day », « Le Scarabée Jajouka » et « Absence De Bête ».
En 1996, Masterton remet ça avec un autre recueil appelé « Les Visages Du Cauchemar », recueil regroupant cette fois-ci huit histoires fantastiques. Parmi celles-ci, à noter une nouvelle confrontation entre Harry Erskine et Misquamacus (je crois que ces deux-là seront amis pour la vie) dans le récit intitulé « Le Retour Du Manitou ». A noter aussi comme très bons récits, « La Lune Affamée », « Le Shih-Tan Secret » et « Suffer Kate », très captivants à lire.
La même année, Masterton débute une série destinée à un public adolescent, une série dont le héros principal se nomme Jim Rook, un enseignant qui possède un don de clairvoyance et qui se retrouve généralement impliqué dans des aventures qui sortent beaucoup de l’ordinaire (ben oui, sinon ça serait pas drôle !). Histoire de faire clair, je vais regrouper dans ce paragraphe les six volets sortis à ce jour. Alors respectivement, il y a « Magie Vaudou », « Magie Indienne » (1997), « Magie Maya » (1998), « Magie Des Neiges » (2000), « Magie Des Eaux » (2001) et le dernier en date « Magie Des Flammes » (2004). Donc, comme je le disais un peu avant, ces histoires restent un peu plus softs que ses autres écrits, tant dans la violence que dans l’érotisme et touche à des mythes très différents (je pense que les titres sont assez explicites^^). Personnellement, mes préférés sont le tout dernier qui est sorti, à savoir « Magie Des Flammes » (pour son ton un tout petit plus adulte et le style un peu plus sombre aussi qui se démarque pas mal des cinq premiers volets), suivi de « Magie Des Eaux » et de « Magie Maya ». « Magie Vaudou » et « Magie Indienne » demeurent assez sympathiques à lire, sans plus, en sachant que « Magie Indienne » réintroduit Coyote (l’esprit indien aperçu dans « La Maison De Chair »). En revanche, je n’ai pas du tout accroché à « Magie Des Neiges », trouvant qu’il manquait cruellement d’âme et de profondeur.
En 1998 sort « Génie Maléfique », thriller dans lequel de sombres individus tentent de mettre la main sur un scientifique détenant une formule permettant de devenir un génie, suite à quelques injections d’une drogue spéciale. Ce roman possède quelques passages fulgurants, des retournements de situation plutôt inattendus et une intrigue assez intéressante à suivre. On s’attache assez aux personnages et comme souvent Masterton réussit à décrire des méchants très charismatiques et des femmes des plus séduisantes.
En 2000, Masterton se lance dans l’écriture de trois romans, « L’Enfant De La Nuit », « Les Gardiens De La Porte » et « Les Papillons Du Mal ». Comme je l’ai dit un plus haut, « L’Enfant De La Nuit » est mon Masterton préféré avec « Rituel De Chair » (suivi de pas très loin par « Les Guerriers De La Nuit »). Ce roman se déroule en Pologne et s’ouvre sur un chapitre qui plonge directement dans l’atmosphère dérangeante et oppressante de ce récit glauque et malsain. Fait assez rare pour être souligné, le héros s’avère être une héroïne, nommée Sarah Leonard, et celle-ci a pour mission de mener à terme la construction d’un grand hôtel international. Seul problème, des incidents dramatiques surviennent et interrompent les travaux. Une sorte de tueur appelé l’Exécuteur erre dans le réseau souterrain et tue des personnes au hasard. Aidée de Clayton Marsh, un enquêteur privé, ami de son père, et de la police locale, Sarah cherchera à comprendre de quoi il retourne et réalisera assez vite que le tueur en question n’a rien d’humain… Voilà en gros pour l’intrigue principale, en sachant qu’il y a d’autres intrigues qui se mêlent à cette dernière, en nous immergeant encore davantage dans cette ambiance claustrophobique et inquiétante. Ce livre est décrit vraiment d’une manière très réaliste (on se croirait vraiment à Varsovie pour le coup !), les personnages admirablement dépeints et certaines situations sont à couper le souffle (en particulier une qui m’a marqué tant l’intensité de la scène est forte et poignante !). Bref, un excellent roman bien déstabilisant comme il faut.
« Les Gardiens De La Porte » se passe à Londres et s’oriente vers un concept où il est question de réalité alternative. Des portes dissimulées dans la ville permettent d’accéder à des Londres alternatifs où la situation Historique est grandement modifiée. Dans cette histoire, le héros Josh cherchera à retrouver les meurtriers de sa sœur et prendra conscience que ces derniers utilisent ces portes temporelles pour se déplacer d’un Londres à un autre. S’ensuivra alors une traque dans d’autres réalités qui déconcerteront beaucoup notre ami et le mèneront dans une aventure aussi intense qu’effrayante. J’ai assez bien aimé ce livre, même si je dois avouer que je m’étais attendu à autre chose à la base (lorsque j’avais entendu parler du synopsis, je voyais quelque chose de bien plus sombre et de bien plus choquant en fait !). En tout cas, je n’oublierai jamais le passage avec la harpe Sacrée, un passage qui donne foutrement la chair de poule et qui met terriblement mal à l’aise. Je n’aurais pas aimé être à la place de Josh là…
« Les Papillons Du Mal » offre une cassure assez intéressante dans le style de l’auteur. Même si le fond est toujours le même, Masterton change la forme et opte pour une écriture plus sobre et plus réaliste. Ce qui explique la brièveté des chapitres et surtout ce réalisme qui fait qu’on a l’impression de vivre le quotidien de l’héroïne comme si on y était. L’héroïne en question se nomme Bonnie Winter et mène une existence qui est loin d’être palpitante, partagée entre sa famille fragilisée par des relations tendues et son métier qui consiste à nettoyer des scènes de crimes. Vu comme ça, on peut aisément comprendre que la vie de Bonnie n’est pas facile. Et celle-ci le sera encore d’autant moins lorsqu’elle se mettra à croire en l’existence d’une légende mexicaine. Une légende qui la fera basculer dans une spirale de doute, de paranoïa et de peur et qui sera le déclencheur d’une suite d’événements tragiques… A la lecture de ce livre, on ne peut que rester déconcertés et ébahis par la forme directe et précise employée par l’auteur. La méticulosité des descriptions du quotidien de Bonnie et des siens, leur comportement, leurs attitudes, et ce réalisme malsain font qu’on a vraiment l’impression de lire un fait divers étiré qui se serait réellement passé à un moment donné. Une belle leçon d’écriture pour une histoire aussi sombre que lugubre.
En 2001, « Katie Maguire » paraît et conserve un peu cette structure utilisée dans « Les Papillons Du Mal », avec ces descriptions très réalistes et l’élaboration d’une atmosphère hyper glauque. L’histoire relate l’enquête de Katie après la découverte de plusieurs ossements dans le champ d’une ferme isolée. Des ossements aménagés en une sorte d’autel…Au fur et à mesure que le récit se déroulera, nous apprendrons qu’un tueur tente d’exécuter un rituel bien particulier, ceci dans un but bien précis. A Katie de comprendre de quoi il retourne et de mettre la main sur ce meurtrier qui semble nullement s’embarrasser de morale et de pitié… Très bon roman pour ma part, même si le twist final peut paraître gros et décontenancer avec le recul. Mon seul regret finalement, c’est qu’on reste un peu sur sa faim. En fait, j’aurais bien aimé que le « personnage » que le tueur essaye à tout prix de « rencontrer » ait un acte de présence et une importance un peu plus grandes à la fin. Mais bon, ça reste tout de même un ouvrage très prenant à lire.
« Le glaive De Dieu » et « Corbeau » sortent en 2002. « Le Glaive De Dieu » m’a beaucoup déçu et m’a laissé une impression de fadeur. La trame s’apparente à un thriller dans lequel un ex flic, Conor O’Neil, se retrouve impliqué dans une singulière situation suite à un braquage dans un magasin où il est chargé d’en assurer la sécurité. Voilà pour le point de départ du récit. Dedans, Masterton développe des idées intéressantes sur l’hypnotisme, décrit un duo de méchants assez charismatiques (même s’il ne s’agit que de subalternes), mais le problème se situe dans la suite du roman qui perd progressivement en intérêt et plus particulièrement vis-à-vis du grand méchant de l’histoire qui manque de contenance et d’attrait. En fait, on a un peu du mal à croire à son plan, à son ambition… On reste un peu perplexe et perdu, du moins en ce qui me concerne. Un Masterton plutôt faible, même s’il reste quelques passages bien prenants, dont l’amorce du récit !
« Corbeau », lui, met en avant Holly, une assistance sociale atteinte de surdité, mais qui arrive cependant à mener une vie plus ou moins normale grâce à cette hypersensibilité qui lui permet de lire sur les lèvres. Son quotidien sera cependant bouleversé après avoir faire emprisonner un homme d’origine indienne qui avait maltraité sa femme et son enfant. En effet, suite à cette affaire, l’Indien nommé Elliot Joseph lui a promis qu’elle n’échapperait pas à sa vengeance et comme pour confirmer les dires de ce dernier, Holly se sent soudainement observée par une présence menaçante et inquiétante. Voilà en gros pour la trame… Ce « Corbeau » présente des similitudes avec « Les Papillons Du Mal » dans sa construction et joue d’une manière subtile avec notre imagination, nous faisant constamment douter de la réalité dans laquelle avance Holly. Est-elle vraiment menacée par un esprit indien ou tout cela n’est-il que le produit de son imaginaire ? Perso, j’aime bien ce bouquin. Il se lit rapidement et demeure assez osé par moments, notamment en ce qui concerne le final. Seul bémol, quelques boulettes commises par l’auteur lors de certaines descriptions, donnant ainsi l’impression que Holly n’est plus du tout atteinte de son handicap.
Voilà pour le tour d’horizon de l’œuvre de Masterton. Bon, je n’ai pas inclus dans cette liste tous les thrillers et romans fantastiques non traduits parmi ses plus récents, ainsi que les ouvrages parus après 2002 chez Bragelonne, soit une bonne demi-douzaine. Sans compter que comme je l’ai dit au début, il faut prendre en compte aussi tous ses manuels d’éducation sexuelle, ses romans historiques (ils ne sont pas très nombreux, et il me semble qu’il y en a qu’un qui a été traduit à ce jour en France, il s’agit de « Solitaire » (1982), paru sous le nom du « Diamant De Kimberley », mais ce dernier a disparu des rayons depuis fort longtemps), ces nombreuses nouvelles (il faut savoir qu’il existe deux autres recueils non traduits à ce jour, respectivement « Fortnight Of Fear » (1994) et « Feelings Of Fear » (2000)) et enfin une sorte de biographie parlant de l’ensemble de ses écrits connu sous le nom de « Manitou Man – The Worlds Of Graham Masterton » (1998). Voilà pour ce que je pouvais dire sur cet auteur, en espérant que ça vous donnera envie de le découvrir et de l’apprécier;)...
- RoninMonarque
Ah ouais, toi quand tu aimes quelque chose, ce n'est pas à moitié
- thrasybuleDevin
Il y a deux ou trois titre qui me disent quelque chose mais pas lu, quoiqu'il me semble avoir, il y a longtemps, lu les Visages du cauchemar, mais le titre est quand même bateau donc je peux confondre
Merci du topo Matt
Merci du topo Matt
- ErgoDevin
Merci pour les infos ! Je n'en ai pas encore lu parce qu'il est britannique (et donc pas au sommet de ma liste prioritaire de lectures, bien que proche de mon sujet de thèse) mais j'ai eu l'occasion d'assister à une conférence de Roger Bozzetto sur cet auteur lors de ce colloque:
http://www.ccic-cerisy.asso.fr/gothique08.html
Voir ce lien également:
http://www.noosfere.org/bozzetto/article.asp?numarticle=739
http://www.ccic-cerisy.asso.fr/gothique08.html
Voir ce lien également:
http://www.noosfere.org/bozzetto/article.asp?numarticle=739
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- thrasybuleDevin
Et puis avec tous les bouquins que j'ai lus dans la collection Terreur Pocket, je confonds, oui, j'ai honte!
Il y en a un que j'aimerais retrouver mais j'ai oublié le titre!
Il y en a un que j'aimerais retrouver mais j'ai oublié le titre!
- JPhMMDemi-dieu
Merci pour ce topo.
A ne pas confondre avec Matheson (père et fils). :lol:
A ne pas confondre avec Matheson (père et fils). :lol:
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- Matthew76Grand sage
Ergo a écrit:Merci pour les infos ! Je n'en ai pas encore lu parce qu'il est britannique (et donc pas au sommet de ma liste prioritaire de lectures, bien que proche de mon sujet de thèse) mais j'ai eu l'occasion d'assister à une conférence de Roger Bozzetto sur cet auteur lors de ce colloque:
http://www.ccic-cerisy.asso.fr/gothique08.html
Voir ce lien également:
http://www.noosfere.org/bozzetto/article.asp?numarticle=739
Merci pour les liens, Ergo! Franchement, ça m'aurait trop plu d'assister à cette conférence...
Et de rien pour les infos;)...
De nada non plus, Thrasy.
C'est vrai que la collection Terreur Pocket, ainsi que la collection fantastique de J'ai Lu, ça a été quelque chose (j'en avais facile une bonne soixantaine, peut-être même un peu plus... C'était le bon vieux temps où le fantastique était encore en odeur de sainteté dans le milieu impitoyable de l'édition).
edit: de rien, JP;)...
- thrasybuleDevin
Moi pas connaitre, kisédonk? :sorciere:JPhMM a écrit:Merci pour ce topo.
A ne pas confondre avec Matheson (père et fils). :lol:
- thrasybuleDevin
J'ai un bouquiniste à côté de chez moi, il en a plein! J vais voir s'il en a de ce Dawson
- ErgoDevin
JPhMM a écrit:
A ne pas confondre avec Matheson (père et fils). :lol:
Je suppose qu'il y a des liens à faire.
Matthew, tu conseillerais de commencer par lequel, de Masterton ? (De préférence, un qui soit le plus représentatif de son "horreur".)
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- ErgoDevin
Tsss, tu n'es pas crédible, tout le monde connaît Richard "I am Legend" Matheson et son fils du même nom.thrasybule a écrit:Moi pas connaitre, kisédonk? :sorciere:JPhMM a écrit:Merci pour ce topo.
A ne pas confondre avec Matheson (père et fils). :lol:
(Arrrg, ma conscience !)
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- thrasybuleDevin
Le faiseur d'épouvante de ce Mason n'aurait pas été adapté au cinoche?
- Matthew76Grand sage
Ben, moi, je vous conseillerai mon préféré, à savoir "Rituel de Chair" qui vaut vraiment son pesant de cacahouètes en termes de scènes chocs et d'horreur graphique.
Je ne me lasse jamais de le redécouvrir. Faut dire aussi que l'histoire qu'il a mis en place est super addictive (enfin, moi, je trouve :lol: ).
Je ne me lasse jamais de le redécouvrir. Faut dire aussi que l'histoire qu'il a mis en place est super addictive (enfin, moi, je trouve :lol: ).
- Matthew76Grand sage
thrasybule a écrit:Le faiseur d'épouvante de ce Mason n'aurait pas été adapté au cinoche?
C'est écrit dans mon topo :lol:
- ErgoDevin
Cheers !
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- stenchMonarque
thrasybule a écrit:Et puis avec tous les bouquins que j'ai lus dans la collection Terreur Pocket, je confonds, oui, j'ai honte!
!
D'ailleurs, je suis retourné en librairie avec l'intention d'acheter des romans fantastiques pour les vacances, or je ne connais plus aucune collection! A la grande époque je prenais tout ce qui sortait chez Pocket "terreur" ou J'ai lu "épouvante"... Aujourd'hui, je dois me tourner vers quel éditeur/ collection?
EDIT : je remarque avec surprise en parcourant ce sujet que j'ai bien lu une vingtaine de romans de cet auteur, ça me rappelle des souvenirs
- Hermione0908Modérateur
J'ai lu L'Enfant de la nuit, il fait partie des bouquins qui m'ont le plus collé la chair de poule.
_________________
Certaines rubriques de Neoprofs.org sont en accès restreint.
Pour en savoir plus, c'est par ici : https://www.neoprofs.org/t48247-topics-en-acces-restreint-forum-accessible-uniquement-sur-demande-edition-2021
- Matthew76Grand sage
stench a écrit:thrasybule a écrit:Et puis avec tous les bouquins que j'ai lus dans la collection Terreur Pocket, je confonds, oui, j'ai honte!
!
D'ailleurs, je suis retourné en librairie avec l'intention d'acheter des romans fantastiques pour les vacances, or je ne connais plus aucune collection! A la grande époque je prenais tout ce qui sortait chez Pocket "terreur" ou J'ai lu "épouvante"... Aujourd'hui, je dois me tourner vers quel éditeur/ collection?
EDIT : je remarque avec surprise en parcourant ce sujet que j'ai bien lu une vingtaine de romans de cet auteur, ça me rappelle des souvenirs
Pareil que toi, stench. Je m'achetais pratiquement chaque semaine un ouvrage de la collection "Terreur" de Pocket (ah, leur fameux slogan au début des années 90 "Terreur": le nouveau genre littéraire qui fait fureur, de grands auteurs qui révolutionnent le fantastique, des cauchemars haut de gamme pour les années 90") ou" Epouvante" de J'ai lu. Sinon, comme je le disais dans un post plus haut, le fantastique se fait plus rare dans les rayons... et ça depuis quelques années déjà:/.
Sinon, Thrasy, tu vas me copier 100 fois le nom de Masterton (comme si moi, je me moquais de Ryan G., tssss ).
- Matthew76Grand sage
Hermione0908 a écrit:J'ai lu L'Enfant de la nuit, il fait partie des bouquins qui m'ont le plus collé la chair de poule.
Il est excellent celui-là (je le mets pratiquement au même niveau que "Rituel de Chair", même si ce dernier exerce sur moi une "fascination" très forte).
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
J'ai acheté Rituel de Chair voilà un petit moment, je vais peut-être m'y lancer pendant les vacances, pour me détendre...
Je pensais pas qu'il avait écrit autant de romans !!
Je pensais pas qu'il avait écrit autant de romans !!
- Matthew76Grand sage
Douglas Colvin a écrit:J'ai acheté Rituel de Chair voilà un petit moment, je vais peut-être m'y lancer pendant les vacances, pour me détendre...
Je pensais pas qu'il avait écrit autant de romans !!
Il est très productif, et encore il n'y a pas tout... J'envie sa capacité de concentration pour écrire avec autant d'aisance et de rapidité.
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum