- User5899Demi-dieu
Oyez ! Oyez !
Tout est dans le titre
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- InfinimentHabitué du forum
Forcément. Qui a envie de lire Claude Simon ? Duras, à côté, c'est lisible.
- Spoiler:
- :pas vrai: , mais comme ça je fais plaisir à Cripure et à Thrasy dans le même message.
- Spoiler:
- :malmaisbien:
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Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose !
- User5899Demi-dieu
Infiniment a écrit:Forcément. Qui a envie de lire Claude Simon ? Duras, à côté, c'est lisible.
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:pas vrai: , mais comme ça je fais plaisir à Cripure et à Thrasy dans le même message.
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:malmaisbien:
Il tenait une lettre à la main, il leva les yeux me regarda puis de nouveau la lettre puis de nouveau moi, derrière lui je pouvais voir aller et venir passer les taches rouge acajou ocre des chevaux qu’on menait à l’abreuvoir, la boue était si profonde qu’on enfonçait dedans jusqu’aux chevilles mais je me rappelle que pendant la nuit il avait brusquement gelé et Wack entra dans la chambre en portant le café disant Les chiens ont mangé la boue, je n’avais jamais entendu l’expression, il me semblait voir les chiens, des sortes de créatures infernales mythiques leurs gueules bordées de rose leurs dents froides et blanches de loups mâchant la boue noire dans les ténèbres de la nuit, peut-être un souvenir, les chiens dévorant nettoyant faisant place nette : maintenant elle était grise et nous nous tordions les pieds en courant, en retard comme toujours pour l’appel du matin, manquant de nous fouler les chevilles dans les profondes empreintes laissées par les sabots et devenues aussi dures que de la pierre, et au bout d’un moment il dit Votre mère m’a écrit. Ainsi elle l’avait fait malgré ma défense, je sentis que je rougissais, il s’interrompit essayant quelque chose comme un sourire sans doute lui était-il impossible, non d’être aimable (il désirait certainement l’être) mais de supprimer cette distance : cela étira seulement un peu sa petite moustache dure poivre et sel, il avait cette peau du visage tannée des gens qui vivent tout le temps au grand air et mate, quelque chose d’arabe en lui, sans doute un résidu d’un que Charles Martel avait oublié de tuer, alors peut-être prétendait-il descendre non seulement de Sa Cousine la Vierge comme ses nobliaux de voisins du Tarn mais encore par-dessus le marché sans doute de Mahomet, il dit Je crois que nous sommes plus ou moins cousins, mais dans son esprit je suppose qu’en ce qui me concerne le mot devait plutôt signifier quelque chose comme moustique insecte moucheron, et de nouveau je me sentis rougir de colère comme lorsque j’avais vu cette lettre entre ses mains, reconnu le papier. Je ne répondis pas, il vit sans doute que j’étais en rogne, je ne le regardais pas lui mais la lettre, j’aurais voulu pouvoir la lui prendre et la déchirer, il agita un peu la main qui la tenait dépliée, les coins battirent comme des ailes dans l’air froid, ses yeux noirs sans hostilité ni dédain, cordiaux même mais distants eux aussi : peut-être était-il seulement tout aussi agacé que moi, me sachant gré de mon agacement tandis que nous continuions cette petite cérémonie mondaine plantés là dans la boue gelée, faisant cette concession aux usages aux convenances par égard tous deux pour une femme qui malheureusement pour moi était ma mère, et à la fin il comprit sans doute car sa petite moustache remua de nouveau tandis qu’il disait Ne lui en veuillez pas Il est tout à fait normal qu’une mère Elle a bien fait Pour ma part je suis très content d’avoir l’occasion si jamais vous avez besoin de, et moi Merci mon capitaine, et lui Si quelque chose ne va pas n’hésitez pas à venir me, et moi Oui mon capitaine, il agita encore une fois la lettre, il devait faire quelque chose comme environ moins sept ou moins dix dans le petit matin mais il ne semblait même pas s’en apercevoir. Après avoir bu les chevaux repartaient en trottant, par deux, les hommes courant au milieu jurant après eux et s’amusant à se suspendre aux bridons, on pouvait entendre le bruit des sabots sur la boue gelée, lui répétant Si quelque chose ne va pas je serais heureux de pouvoir, pliant ensuite la lettre la mettant dans sa poche m’adressant de nouveau quelque chose qui dans son esprit devait être encore un sourire et qui tirailla simplement une nouvelle fois sur le côté la moustache poivre et sel après quoi il tourna les talons.
- InfinimentHabitué du forum
Séchez vos larmes, Cripure. Le Nouveau roman m'est toujours tombé des mains...
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- thrasybuleDevin
Le Nouveau roman, il est là depuis longtemps, et je parle pas seulement de Flaubert et Proust.
- InfinimentHabitué du forum
thrasybule a écrit:Le Nouveau roman, il est là depuis longtemps, et je parle pas seulement de Flaubert et Proust.
Oui, je sais bien, mais pas tout à fait comme l'entendent Robbe-Grillet, Simon ou Sarraute. La Jalousie, Les Gommes, La Route des Flandres, Le Planétarium : autant de souvenirs d'ennui profond et de perplexité. Mais c'est mon côté "vieille France".
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Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose !
- User5899Demi-dieu
thrasybule a écrit:Le Nouveau roman, il est là depuis longtemps, et je parle pas seulement de Flaubert et Proust.
Je ne mettrai jamais sur le même plan Robbe-Grillet et Simon, pour ma part.
- bikkhouHabitué du forum
Je n'ai jamais rencontré personne pour apprécier ces auteurs. A croire qu'ils forment la partie désagréable de la prescription médicale (pardon, universitaire...).
La Jalousie, la Maison de rendez-vous aussi, sont des livres qui ont exercé une sorte de fascination sur mon esprit définitivement étriqué. Ceci explique-t-il peut-être cela.
Je ne mets sur le même plan aucun auteur pour ma part et j'ai un système de rangement interne qui ne peut se réduire à un savant étiquetage puisque je ne suis capable d'aucune connaissance sur rien sans expérience personnelle.
Je n'ai jamais lu les Gommes parce qu'on m'a parlé de polar et que ces mots créent pour moi une sorte d'attente, comme une grille de références interne qui éteint ma curiosité et me fait craindre les comparaisons.
J'ai beaucoup moins de mal avec Simon depuis que j'ai réalisé que la lecture suppose une sorte d'abandon : chaque livre a son moment dans nos vies. Nous ne choisissons pas les Caraïbes lorsque nous fuyons le soleil. Je n'ouvre pas la Modification de Butor ou la Route des Flandres lorsque m'appellent les Mémoires d'Outre-Tombe.
La Jalousie, la Maison de rendez-vous aussi, sont des livres qui ont exercé une sorte de fascination sur mon esprit définitivement étriqué. Ceci explique-t-il peut-être cela.
Je ne mets sur le même plan aucun auteur pour ma part et j'ai un système de rangement interne qui ne peut se réduire à un savant étiquetage puisque je ne suis capable d'aucune connaissance sur rien sans expérience personnelle.
Je n'ai jamais lu les Gommes parce qu'on m'a parlé de polar et que ces mots créent pour moi une sorte d'attente, comme une grille de références interne qui éteint ma curiosité et me fait craindre les comparaisons.
J'ai beaucoup moins de mal avec Simon depuis que j'ai réalisé que la lecture suppose une sorte d'abandon : chaque livre a son moment dans nos vies. Nous ne choisissons pas les Caraïbes lorsque nous fuyons le soleil. Je n'ouvre pas la Modification de Butor ou la Route des Flandres lorsque m'appellent les Mémoires d'Outre-Tombe.
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Le rhinocéros courait / Le lion s'accrochait / mordait / le sang giclait le cou se tordait / Le rhinocéros regardait le ciel / Ciel bleu, calme et tranquille : / on y voyait la lune /
Tableau / Incident dans la jungle lointaine / Le paysage se taisait / Les deux bêtes se figeaient / Et dans le silence / Le lion tuait à chaque instant / Le rhinocéros mourait éternellement
KAORU MARUYAMA
- bikkhouHabitué du forum
Ces bêtises matinales pour dire que j'estime les -30 % être une bonne nouvelle... mais que je ne trouvais pas la touche % sur mon clavier. :lol!:
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Le rhinocéros courait / Le lion s'accrochait / mordait / le sang giclait le cou se tordait / Le rhinocéros regardait le ciel / Ciel bleu, calme et tranquille : / on y voyait la lune /
Tableau / Incident dans la jungle lointaine / Le paysage se taisait / Les deux bêtes se figeaient / Et dans le silence / Le lion tuait à chaque instant / Le rhinocéros mourait éternellement
KAORU MARUYAMA
- Colloque Claude Simon, 9-10-11 octobre - Perpignan
- pourquoi jamais de promo/prix réduit sur les livres?
- Les oeuvres complètes de Mme de Lafayette entrent dans la collection de la Pléïade.
- Proust dans la Pléiade : qu'apporte la seconde édition (en quatre volumes) ?
- Aux parisien(ne)s: un hôtel sympa et pas hors de prix dans la ville?
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