- OlympiasProphète
42.500 camps de toutes sortes auraient été construits de 1933 à 1945, selon une enquête récente du Mémorial de la Shoah à Washington.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/05/01016-20130305ARTFIG00553-une-etude-revoit-a-la-hausse-le-nombre-de-camps-nazis.php
Les mémoires collectives ont notamment retenu les horreurs commises dans le camp ou le ghetto de Varsovie. Mais ces deux sites tristement célèbres liés au régime nazi ne représentent qu'une seule partie du réseau d'extermination hitlérien qui était beaucoup plus vaste. Durant treize ans, une équipe de chercheurs, dirigée par Geoffroy Megargee du Mémorial de la Shoah, situé à Washington, a étudié l'ensemble des ghettos, camps et sites éparpillés dans toute l'Europe occupée par les nazis, de la France jusqu'à la Russie.
Ils ont recensé 42.500 sites fonctionnant de 1933 à 1945, de tailles différentes, dans lesquels ont péri ou ont été emprisonnés 15 à 20 millions de personnes. Parmi les victimes, près de 6 millions de juifs mais aussi des prisonniers politiques, des tziganes, des Polonais et des Russes ainsi que d'autres groupes ethniques, des homosexuels et des handicapés.
Ce chiffre contraste avec les précédentes évaluations, car les estimations d'après-guerre se concentraient uniquement sur une région ou un type de camps, mais pas à la sitution globale. Cette recherche américaine synthétise l'ensemble des informations connues et chiffrées de l'Allemagne nazie connues jusqu'ici.
Une synthèse complétée
L'équipe de recherche a passé en revue des milliers d'archives et des témoignages émanant de près de 400 contributeurs, pour certains réfugiés des camps, afin de dresser une liste complète du nom et du lieu des sites nazis et ce que les prisonniers y faisaient. En regroupant toutes leurs informations et le nombre de sites connus dans chaque région ainsi que des travaux précédents, ils ont établi l'existence de 42.500 ghettos et camps nazis de toutes sortes, essentiellement construits en Allemagne et en Pologne. À titre de comparaison, le ministère de la Justice allemand recense à peine 1634 camps dans ces deux pays.
Les chercheurs ont comptabilisé 1150 ghettos juifs, 30.000 camps de travaux forcés, 980 camps de concentrations, 1000 camps remplis de prisonniers de guerre, des milliers d'usines d'armes, 500 bordels dans lesquels les femmes étaient des esclaves sexuelles, ainsi que des milliers de «centres de soins» dans lesquels les femmes enceintes subissaient un avortement forcé, les nouveau-nés tués, les handicapés et vieillards assassinés.
Pour Geoffroy Megargee, les chiffres sont d'une telle ampleur qu'il est impossible pour les citoyens allemands de ne pas avoir eu connaissance de ces camps, «ils étaient partout». Quant au directeur de l'Institut historique allemand, Hartmut Berghoff, il n'a pas su cacher sa surprise à l'annonce des chiffres, relate le New York Times. «Ils sont beaucoup plus élevés que ce que nous pensions», a-t-il déclaré lors de la conclusion des chercheurs fin janvier. Lorsque les recherches ont commencé en 2000, Geoffroy Megargee, se basant sur des estimations d'après-guerre, s'attendait à trouver 7000 ghettos et camps nazis. En l'espace de treize ans, son chiffre a plus que quintuplé.
Une meilleure compréhension de l'Histoire
Cette synthèse complétée permet de mieux comprendre la machine à tuer hitlérienne et son développement. Grâce à cette recherche, les scientifiques ont pu prouver que les camps et les ghettos variaient dans leur taille mais aussi dans leur organisation. Surtout, ils fonctionnaient en fonction des besoins des nazis. En 1933, le IIIe Reich commence à construire 110 camps uniquement conçus pour les opposants politiques: 10.000 personnes y seront incarcérées pour cette seule année. Puis l'Allemagne nazie commence son expansion vers d'autres pays européens où, à chaque fois, elle construit des camps, mais cette fois-ci afin d'exterminer les minorités. Pour Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah à Paris, cette recherche «permet de prouver que l'Holocauste est une composante essentielle du nazisme».
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/05/01016-20130305ARTFIG00553-une-etude-revoit-a-la-hausse-le-nombre-de-camps-nazis.php
Les mémoires collectives ont notamment retenu les horreurs commises dans le camp ou le ghetto de Varsovie. Mais ces deux sites tristement célèbres liés au régime nazi ne représentent qu'une seule partie du réseau d'extermination hitlérien qui était beaucoup plus vaste. Durant treize ans, une équipe de chercheurs, dirigée par Geoffroy Megargee du Mémorial de la Shoah, situé à Washington, a étudié l'ensemble des ghettos, camps et sites éparpillés dans toute l'Europe occupée par les nazis, de la France jusqu'à la Russie.
Ils ont recensé 42.500 sites fonctionnant de 1933 à 1945, de tailles différentes, dans lesquels ont péri ou ont été emprisonnés 15 à 20 millions de personnes. Parmi les victimes, près de 6 millions de juifs mais aussi des prisonniers politiques, des tziganes, des Polonais et des Russes ainsi que d'autres groupes ethniques, des homosexuels et des handicapés.
Ce chiffre contraste avec les précédentes évaluations, car les estimations d'après-guerre se concentraient uniquement sur une région ou un type de camps, mais pas à la sitution globale. Cette recherche américaine synthétise l'ensemble des informations connues et chiffrées de l'Allemagne nazie connues jusqu'ici.
Une synthèse complétée
L'équipe de recherche a passé en revue des milliers d'archives et des témoignages émanant de près de 400 contributeurs, pour certains réfugiés des camps, afin de dresser une liste complète du nom et du lieu des sites nazis et ce que les prisonniers y faisaient. En regroupant toutes leurs informations et le nombre de sites connus dans chaque région ainsi que des travaux précédents, ils ont établi l'existence de 42.500 ghettos et camps nazis de toutes sortes, essentiellement construits en Allemagne et en Pologne. À titre de comparaison, le ministère de la Justice allemand recense à peine 1634 camps dans ces deux pays.
Les chercheurs ont comptabilisé 1150 ghettos juifs, 30.000 camps de travaux forcés, 980 camps de concentrations, 1000 camps remplis de prisonniers de guerre, des milliers d'usines d'armes, 500 bordels dans lesquels les femmes étaient des esclaves sexuelles, ainsi que des milliers de «centres de soins» dans lesquels les femmes enceintes subissaient un avortement forcé, les nouveau-nés tués, les handicapés et vieillards assassinés.
Pour Geoffroy Megargee, les chiffres sont d'une telle ampleur qu'il est impossible pour les citoyens allemands de ne pas avoir eu connaissance de ces camps, «ils étaient partout». Quant au directeur de l'Institut historique allemand, Hartmut Berghoff, il n'a pas su cacher sa surprise à l'annonce des chiffres, relate le New York Times. «Ils sont beaucoup plus élevés que ce que nous pensions», a-t-il déclaré lors de la conclusion des chercheurs fin janvier. Lorsque les recherches ont commencé en 2000, Geoffroy Megargee, se basant sur des estimations d'après-guerre, s'attendait à trouver 7000 ghettos et camps nazis. En l'espace de treize ans, son chiffre a plus que quintuplé.
Une meilleure compréhension de l'Histoire
Cette synthèse complétée permet de mieux comprendre la machine à tuer hitlérienne et son développement. Grâce à cette recherche, les scientifiques ont pu prouver que les camps et les ghettos variaient dans leur taille mais aussi dans leur organisation. Surtout, ils fonctionnaient en fonction des besoins des nazis. En 1933, le IIIe Reich commence à construire 110 camps uniquement conçus pour les opposants politiques: 10.000 personnes y seront incarcérées pour cette seule année. Puis l'Allemagne nazie commence son expansion vers d'autres pays européens où, à chaque fois, elle construit des camps, mais cette fois-ci afin d'exterminer les minorités. Pour Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah à Paris, cette recherche «permet de prouver que l'Holocauste est une composante essentielle du nazisme».
- DUMACNiveau 6
«permet de prouver que l'Holocauste est une composante essentielle du nazisme».
A part chez les révisionnistes, il me semble que cela n'a jamais été remis en cause.
A part chez les révisionnistes, il me semble que cela n'a jamais été remis en cause.
- géohistoireNiveau 10
On aimerait quand même bien quelques précisions:
-quelle est la différence entre camps de travaux forcés et camps de concentration?
-les usines d'armes sont elles aussi des camps? Fonctionnaient-elles toutes grâce à des déportés? Quels déportés?
-quelle est la différence entre camps de travaux forcés et camps de concentration?
-les usines d'armes sont elles aussi des camps? Fonctionnaient-elles toutes grâce à des déportés? Quels déportés?
- cliohistHabitué du forum
"Wir haben nicht einmal alle Nazi-Lager erfasst"
(Nous n'avons même pas abordé tous les camps nazis)
Die Zeit publie un entretien avec l’historien Geoffrey Megargee et 2 cartes du NYT
http://www.zeit.de/wissen/geschichte/2013-03/interview-holocaust-studie
Internet Archive a conservé une carte de la toile concentrationnaire nazie,
avec camps, sous-camps, kommandos...
http://web.archive.org/web/20100207170852/http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=fr&idPage=101
(Nous n'avons même pas abordé tous les camps nazis)
Die Zeit publie un entretien avec l’historien Geoffrey Megargee et 2 cartes du NYT
http://www.zeit.de/wissen/geschichte/2013-03/interview-holocaust-studie
Internet Archive a conservé une carte de la toile concentrationnaire nazie,
avec camps, sous-camps, kommandos...
http://web.archive.org/web/20100207170852/http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=fr&idPage=101
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
DUMAC a écrit:«permet de prouver que l'Holocauste est une composante essentielle du nazisme».
A part chez les révisionnistes, il me semble que cela n'a jamais été remis en cause.
On dit plutôt "négationnistes". "Révisionnistes", c'est le nom que se sont auto-attribué les négationnistes pour se donner une apparence de légitimité scientifique (la discipline historique étant par nature "révisionniste" en un sens).
géohistoire a écrit:On aimerait quand même bien quelques précisions:
-quelle est la différence entre camps de travaux forcés et camps de concentration?
-les usines d'armes sont elles aussi des camps? Fonctionnaient-elles toutes grâce à des déportés? Quels déportés?
C'est à mon avis le principal problème de cette étude, elle risque d'accroître la confusion (déjà bien ancrée) entre les différents types de camps (qui n'avaient ni la même mortalité, ni les mêmes finalités).
- DUMACNiveau 6
Marcel Khrouchtchev a écrit:DUMAC a écrit:«permet de prouver que l'Holocauste est une composante essentielle du nazisme».
A part chez les révisionnistes, il me semble que cela n'a jamais été remis en cause.
In fine, c'est donc la même chose!
Marcel Khrouchtchev a écrit:On dit plutôt "négationnistes". "Révisionnistes", c'est le nom que se sont auto-attribué les négationnistes pour se donner une apparence de légitimité scientifique (la discipline historique étant par nature "révisionniste" en un sens).
Ah bon!?
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Ben oui. Si ce sujet sémantique t'intéresse, lis la thèse de Valérie Igounet sur le négationnisme, parue en 2001.
- cliohistHabitué du forum
cette étude, elle risque d'accroître la confusion (déjà bien ancrée) entre les différents types de camps (qui n'avaient ni la même mortalité, ni les mêmes finalités).
La confusion, pour l'histoire scolaire, elle tient aussi au temps disponible. En 10 h, la 2GM, c'est 3 chapitres, avec les nuances nécessaires. En 4 heures, la 2GM, ce n'est que de l'anéantissement. Pas le temps d'ajouter la lecture de Robert Antelme à celle de Primo Levi, pas le temps de s'intéresser à la guerre contre le Japon... Pas le temps de penser la complexité. Pourtant la curiosité existe : voir l'audience d'Apocalypse, la guerre selon France 2.
L'espèce humaine (extraits) :
http://clioweb.free.fr/camps/antelme.htm
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Même en 4h, on a quand même le temps d'expliquer quelque chose d'aussi fondamental que la différence entre les types de camps.
- Lux_Fidèle du forum
Marcel Khrouchtchev a écrit:DUMAC a écrit:«permet de prouver que l'Holocauste est une composante essentielle du nazisme».
A part chez les révisionnistes, il me semble que cela n'a jamais été remis en cause.
On dit plutôt "négationnistes". "Révisionnistes", c'est le nom que se sont auto-attribué les négationnistes pour se donner une apparence de légitimité scientifique (la discipline historique étant par nature "révisionniste" en un sens).
Tout à fait d'accord avec Marcel !
Marcel Khrouchtchev a écrit:Même en 4h, on a quand même le temps d'expliquer quelque chose d'aussi fondamental que la différence entre les types de camps.
Oui, j'ai pris le temps de faire la différence entre les types de camps. Tant pis si j'ai pris du retard à ce moment-là ! (je m'en mords les doigts maintenant).
- OlympiasProphète
DUMAC a écrit:Marcel Khrouchtchev a écrit:DUMAC a écrit:«permet de prouver que l'Holocauste est une composante essentielle du nazisme».
A part chez les révisionnistes, il me semble que cela n'a jamais été remis en cause.
In fine, c'est donc la même chose!Marcel Khrouchtchev a écrit:On dit plutôt "négationnistes". "Révisionnistes", c'est le nom que se sont auto-attribué les négationnistes pour se donner une apparence de légitimité scientifique (la discipline historique étant par nature "révisionniste" en un sens).
Ah bon!?
Marcel a raison...l'abus du terme révisionnisme par les négationnistes fait oublier aux gens que ce que nous connaissons sous le terme révisionnisme faisait référence à un projet judiciaire (procès en révision) mais surtout aux évolutions internes du mouvement socialiste (Bernstein)...Mais tout cela ne s'apprend plus..
- Marie LaetitiaBon génie
La discussion ayant dérivé vers l'évolution de l'enseignement de l'histoire, je vous invite à continuer la discussion sur l'enseignement de l'histoire ici https://www.neoprofs.org/t58345-l-evolution-de-l-enseignement-de-l-histoire
Pour parlez de l'étude sur la révision du nombre de camps nazis, cela se fait bien sûr ici...
Pour parlez de l'étude sur la révision du nombre de camps nazis, cela se fait bien sûr ici...
_________________
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- cliohistHabitué du forum
Merci à Marie-Laetitia
Je replace dans ce fil la partie camps du message envoyé cet après-midi :
L'histoire de la déportation n'échappe pas aux controverses entre déportés, entre historiens, entre politiques. Avec plus de temps, il y aurait à faire sur la chronologie, au moins de 1933 à 1945 (cf la place de Wansee dans la politique nazie). Et à replacer le sujet sur le temps long, dans d'autres pays et d'autres systèmes.
L'opposition entre concentration et extermination a mis du temps à s'installer. Mais Primo Levi le résistant survit à l'enfer d'Auschwitz III et Robert Antelme a failli finir en cadavre à Dachau, le camp libéré par les soldats américains (cf le documentaire de George Stevens, D-Day to Berlin)
En France, la réalité de l'internement est mieux étudiée.
La thèse de Denis Pechanski sur la France des camps (951 pages) est en ligne.
http://histoire-sociale1.univ-paris1.fr/cherche/TheseComplete.pdf
Les camps du Loiret, ceux que la gendarmerie de 1956 ne voulait pas voir dans Nuit et Brouillard sont mieux connus.
Voir aussi le site web du camp des Milles
http://www.campdesmilles.org/
Et les sujets abordés par le Cercle d'étude de la déportation et de la shoah
http://cercleshoah.free.fr - http://www.cercleshoah.org
Je replace dans ce fil la partie camps du message envoyé cet après-midi :
L'histoire de la déportation n'échappe pas aux controverses entre déportés, entre historiens, entre politiques. Avec plus de temps, il y aurait à faire sur la chronologie, au moins de 1933 à 1945 (cf la place de Wansee dans la politique nazie). Et à replacer le sujet sur le temps long, dans d'autres pays et d'autres systèmes.
L'opposition entre concentration et extermination a mis du temps à s'installer. Mais Primo Levi le résistant survit à l'enfer d'Auschwitz III et Robert Antelme a failli finir en cadavre à Dachau, le camp libéré par les soldats américains (cf le documentaire de George Stevens, D-Day to Berlin)
En France, la réalité de l'internement est mieux étudiée.
La thèse de Denis Pechanski sur la France des camps (951 pages) est en ligne.
http://histoire-sociale1.univ-paris1.fr/cherche/TheseComplete.pdf
Les camps du Loiret, ceux que la gendarmerie de 1956 ne voulait pas voir dans Nuit et Brouillard sont mieux connus.
Voir aussi le site web du camp des Milles
http://www.campdesmilles.org/
Et les sujets abordés par le Cercle d'étude de la déportation et de la shoah
http://cercleshoah.free.fr - http://www.cercleshoah.org
- Invité20Habitué du forum
Vous savez à quoi a été utilisée après guerre la villa où a eu lieu la conférence de Wansee. Les ouest-Berlinois en ont fait une colonie de vacances et un lieu de classe nature, classe verte, où on emmenait les petits Berlinois prendre le bon air. Amusant, non ?
Il a fallu des années pour obtenir qu'on en fasse un mémorial. Des gens (Joseph Wulf par exemple, mort par suicide bien avant la création du mémorial, en 1974) se sont battus pour ça face à un immobilisme total.
Il a fallu des années pour obtenir qu'on en fasse un mémorial. Des gens (Joseph Wulf par exemple, mort par suicide bien avant la création du mémorial, en 1974) se sont battus pour ça face à un immobilisme total.
- Invité20Habitué du forum
http://ilcea.revues.org/index1473.html
31Enfin, un dernier échec a profondément marqué la vie de Joseph Wulf : celui du projet d’un « Centre de Documentation Internationale » situé dans la « Villa Wannsee », tristement célèbre pour avoir abrité la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942, qui a réglé l’organisation administrative et technique de l’extermination des Juifs d’Europe. C’était là sans doute son plus grand projet, qu’il avait développé à partir de 1965 avec un cercle d’amis et de collègues. Le but était de réunir des archives documentant la « solution finale » éparpillées aux quatre coins du monde et rédigées en allemand, en polonais, en yiddish ou en hébreu. La villa devait abriter également une bibliothèque spécialisée, des salles de séminaires et conférences, et plus tard, une exposition permanente ouverte à tous. Après avoir été un temps administrée par les Américains, cette maison est devenue propriété de la ville de Berlin, et fut louée au SPD jusqu’en 1952. À cette date, elle a été transformée en résidence de vacances pour les enfants défavorisés de Neukölln, un quartier ouvrier situé au Sud de Berlin. Or, le Sénat de Berlin-Ouest n’a jamais voulu – du temps de Wulf – reloger ailleurs cette colonie. Il y avait là un enjeu politique : la colonie de vacances était bien plus populaire que la fondation de Wulf, et ce même malgré les personnalités éminentes qui la soutenaient : que ce soient son président d’honneur, Karl Jaspers, Egon Bahr, ou encore des représentants illustres de la Communauté juive comme Heinz Galinski, Simon Wiesenthal ou encore Nahum Goldmann, le président du Congrès juif mondial, qui s’est rendu deux fois à Berlin à ce sujet. Au cours de cette lutte qui a duré plusieurs années, il y a eu des expressions très maladroites, comme celle du maire Klaus Schütz, qui a parlé de « lieu de culte macabre19 ». On trouve également des développements bucoliques sur le bien-être des enfants, d’ailleurs parfois assimilés sans aucun discernement aux victimes du national-socialisme, qui pouvaient s’ébattre joyeusement dans le paysage verdoyant, atteignant leur comble dans des publications d’extrême-droite : ainsi, dans le Wochen-Zeitung du 4 novembre 1966, Wulf est qualifié d’« apôtre de la pénitence intronisé par les États-Unis et redouté par l’ensemble des personnalités de Berlin-Ouest, pour qui les millions de victimes du bolchévisme mondial ne sont apparemment jamais mortes20 ». Le journal recourt à une argumentation typique de la guerre froide, assimilant Wulf au camp communiste afin de le discréditer, tout en cherchant à relativiser les crimes nazis en les comparant aux crimes staliniens. D’autre part, les compétences de Wulf ont été remises en cause, tout comme son statut d’apatride et sa judéité. Il aurait même reçu des menaces de mort (Berg, p. 454). En 1970, il décide de renoncer à son projet et se sent abandonné de tous. Il faut dire que le caractère symbolique du lieu n’était pas compris par tous à l’époque. Même une autorité morale comme Heinrich Grüber était contre, et ce dernier s’est montré très virulent à l’égard de Wulf, craignant que ce centre ne suscite des réactions antisémites21. Mais surtout, on doutait à l’époque de la nécessité d’une telle entreprise : la guerre froide avait placé d’autres priorités à l’ordre du jour. Le rabbin Nathan Peter Levinson résume très bien cet échec, qui serait lié selon lui « justement à ce mécanisme de refoulement contre lequel Wulf s’est battu toute sa vie22 ». Ainsi, jusqu’au début des années 1970, l’opinion n’était pas prête à entendre la voix des Cassandre. Ce contexte défavorable va se transformer sensiblement au cours des deux décennies suivantes, malheureusement trop tard pour Joseph Wulf.
Pour Wulf, le succès sera posthume et on peut considérer que sa réhabilitation s’est produite le jour de l’ouverture de la Maison de la Conférence de Wannsee. Son projet est en effet repris par la ville de Berlin (alors sous une majorité CDU) à la fin des années 1980. Il n’y aura alors plus aucun problème pour trouver les moyens financiers ni pour reloger les enfants sur l’autre rive du Wannsee. La villa sera ouverte au public pour les cinquante ans de la Conférence, le 20 janvier 1992. Sa médiathèque porte aujourd’hui le nom de Joseph Wulf. On semble enfin avoir pris conscience du caractère pionnier de son œuvre, même si ses livres ne sont plus beaucoup lus ni cités par les historiens.
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