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par Reine Margot Dim 22 Fév - 15:52
je sis en train de commencer ce livre de sociologie sur l'école, sorti en 2007 au seuil, remettant en cause le discours selon lequel "le niveau baisse" "il faut plus de sélection", qui connaît? votre avis là-dessus? il reprend un certain nombre de thèmes sur lesquels on a souvent discuté ici...


Dernière édition par marquisedemerteuil le Dim 22 Fév - 16:24, édité 2 fois

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par Karine B. Dim 22 Fév - 15:56
je ne connais pas, mais j'ai commandé le livre de Stéphane Bonnéry "Comprendre l’échec scolaire" qui est un orateur très convaincant (il est intervenu lors d'un stage académique du SNES il y a quelques jours, mais il n'avait pas amené assez de livres pour que lui en prenne un !)

http://www.humanite.fr/2008-02-26_Societe_Stephane-Bonnery-L-eleve-en-echec-par-essence-n-existe-pas

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la nouvelle question scolaire d'Eric Maurin Empty Re: la nouvelle question scolaire d'Eric Maurin

par Reine Margot Dim 22 Fév - 16:35
extrait:

"Un vent mauvais semble se lever. Il souffle en particulier sur l'école et, à travers elle, sur l'utopie d'émancipation dont elle fut à la fois le symbole et le laboratoire. ce vent ramène avec lui, à la faveur d'un certain conservatisme culturel, voire d'un réel pessimisme social, des idées que l'on croyait passées de mode. Il faudrait, dit-on, avoir le courage de reconnaître qu'en dépit de nos généreuses convictions tous les enfants ne sont pas égaux devant la connaissance et les apprentissages. La nature est ainsi faite qu'il y en aurait de capables et de moins capables. Et, par respect pour les capables, autant que par égard pour les moins capables (que l'on fait inutilement souffrir à la tâche)la société aurait pour devoir de faire le tri le plus tôt possible de manière à sélectionner ses futures élites, à optimiser leur développement cognitif et leur utilité sociale;et à ne pas faire perdre trop de temps aux autres.

Cet aristocratisme scolaire se fait entendre aujourd'hui dans plusieurs pays développés. Il a de très ancienes racines, mais s'enveloppe de justifications nouvelles. Ses adeptes ne s'appuient plus guère sur la défense explicite d'un ordre social traditionnel, voire naturel, dont il faudrait perpétuer les hierarchies. Ils se sont rapatriés vers les terres d'un présumé bon sens: comme les enfants ont naturellement des aptitudes inégales, les mélanger dans les mêmes écoles et leur imposer les mêmes programmes conduit à constituer des classes "ingérables", à tirer les meilleurs vers le bas et à faire baisser le niveau général des élèves. Le solde de la massification scolaire s'apparenterait donc à une dramatique perte de qualité et de performance [...]
Un certain malthusianisme est également de retour sur la scène des idées [...] Il fut un temps, disent-ils, où l'économie était en mesure de créer de nombreux emplois de qualité et d'accueillir des cohortes toujours plus volumineuses de jeunes qualifiés. Mais, le marché du travail n'étant pas extensible à l'infini, et le mouvement de recompostion des emplois étant en panne, l'offre d'insertion professionnelle ne parvient plus aujourd'hui à satisfaire la demande ni en quantité ni en qualité. Il serait donc inutile, pour ne pas dire pervers, d'allonger sans cesse les durées de scolarité [...] Elles (Les politiques de démocratisation scolaire) auraient alimenté un processus de dévalorisation des diplômes et des titres en circulation. Elles auraient transformé en monnaie de singe les précieux sésames d'autrefois, aiguisant le ressentiment d'une jeunesse studieuse, prête à de nombreux sacrifices, mais bientôt découragée. Le "blues" du jeune déclassé vivant aux crochets de sa famille et attendant sur le paillasson de la vie active qu'on lui ouvre les portes de l'âge adulte serait le fruit amer de ce diabolique engrenage.
L'arrière-pensée de ces nouveaux malthusiens se devine trop aisément : il est criminel de faire miroiter aux yeux d'un trop grand nombre des horizons que peu atteindront, faute de places disponibles. Autrement dit, il vaudrait mieux installer d'emblée la majorité des enfants dans l'idée d'une vie digne, mais modeste. [...]
Elitistes et malthusiens ne sauraient être confondus. ils ne présentent pas les mêmes arguments. ils ne partagent pas non plus les mêmes valeurs. Mais d'objectives convergences d'intérêts les rassemblent aujourd'hui sur une ligne conservatrice et les conduisent à faire cause commune autour d'une idée simple et de plus en plus consensuelle: il serait temps d'interrompre le grand processus de démocratisation qui a caractérisé de nombreuses politiques éducatives occidentales depuis 50 ans"

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par Invité Dim 22 Fév - 16:47
Curieusement monsieur Maurin ne travaille pas dans une université ni dans un lycée mais aux hautes études..étrange !
sand
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par sand Dim 22 Fév - 16:56
Voilà un livre que je ne lirai pas. Que ces messieurs viennent faire un stage en collège ambion réussite, tiens !
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par Reine Margot Dim 22 Fév - 18:10
justement il a un point de vue extérieur, ce que je trouve intéressant. Il étudie la question d'un point de vue sociologique, il mesure les bénefices et les échecs de la démocratisation scolaire, et parle aussi du ressenti des profs, de leur découragement face aux notes...je trouve intéressant de prendre du recul par rapport à notre ressenti face aux copies et aux élèves. quand on voit les copies, le niveau des élèves on se dit "le niveau baisse, ce n'est pas possible d'avoir des élèves comme Kevin ou kevina" et en fait quand on voit les choses d'un point de vue sociologique, les choses paraissent différentes. En fait selon Maurin, c'est le niveau des filières autrefois "d'élite"qui baisse: le collège, puis le lycée, maintenant la fac, qui baisse, mais le niveau global d'une classe d'âge augmente. En d'autres termes, quand on compare le collège d'avant Haby, quand il était réservé à une élite, avec le nôtre, effectivement les exigences sont plus faibles, le niveau baisse, puisqu'on a désormais affaire à des élèves très hétérogènes. Mais comme toute une génération d'élèves de milieux défavorisés a eu accès à ce collège autrefois impossible, cela leur a profité, c'est sur l'ensemble de la population que les enquêtes des sociologues portent. je trouve ça intéressant de lire un bouquin qui aille contre les impressions que j'ai depuis des années, et fasse prendre du recul. Je ne dis pas que je suis totalement d'accord avec lui, mais je voulais lire des livres qui vont à contre-courant de cette idée que "le niveau baisse", et qui me fassent prendre de la distance par arrport à mon ressenti de prof le nez dans le guidon.

Enfin je continue la lecture, je n'ai pas fini hein. je vous dirai si je suis d'accord ou pas.

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