- AuroreEsprit éclairé
Ne vous contentez pas de ce qui suit qui n'est qu'un insipide résumé à
la sauce Figaro, et allez voir le rapport lui-même (lien ci-dessous) qui
est une véritable épée de Damoclès planant au-dessus de l'enseignement
de la musique en France ! (pdf. impossible à copier-coller)
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Actualites/Missions-et-rapports/Rapport-de-M.-Didier-Lockwood-Mission-de-reflexion-sur-la-democratisation-de-l-enseignement-de-la-musique
-----------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/01/17/01016-20120117ARTFIG00740-la-musique-a-l-ecole-un-instrument-d-integration.php
La musique à l'école, un instrument d'intégration
Le violoniste Didier Lockwood recommande de renforcer la pratique chorale et de développer les orchestres à l'école.
La musique adoucit les moeurs, c'est bien connu. Dans son rapport «Quelles méthodes d'apprentissage et de transmission de la musique aujourd'hui?» remis le 17 janvier à Frédéric Mitterand, Didier Lockwood,
violoniste, vice-président du Haut conseil de l'Education artistique et
culturelle conseille de remettre au goût du jour la musique à l'école.
Le développement de la pratique musicale permet la construction de
l'individu, écrit-il, l'écoute de l'autre et l'apprentissage de la
rigueur. «C'est pourquoi il est primordial de faire en sorte que cet
outil d'intégration sociale soit aujourd'hui mis à la portée du plus
grand nombre pour lutter contre les inégalités».
Trop souvent abandonnée à l'école élémentaire
Selon
ce rapport commandé par le ministre de la culture, dans un contexte de
généralisation de l'enseignement de l'histoire des arts à l'école, cette
dernière «doit jouer un rôle de sensibilisateur en éduquant l'enfant à
l'éveil des sens. Si ce travail est entrepris de manière performante en
maternelle, il est souvent abandonné dès l'entrée à l'école élémentaire,
par manque de moyens et de formation des professeurs des écoles, la
présence d'enseignants spécialisés et d'artistes dans les établissements
étant très loin d'être généralisée».
«Les orchestres à l'école
sont un exemple d'initiation à la pratique instrumentale d'ensemble et
ce dispositif doit être développé. Il est toutefois souhaitable de
renforcer le rôle de l'État dans ce cadre afin de conférer plus de
transparence aux actions mises en place», demandent les membres de la
mission, essentiellement des musiciens, chefs d'orchestre mais aussi un
inspecteur de l'éducation nationale.
Des programmes musicaux pendant les interclasses
«La
diffusion de programmes musicaux de qualité dédiés aux genres et styles
auxquels les jeunes n'ont que trop rarement accès (classique, lyrique,
contemporain, jazz, musiques du monde, …) au cours des temps morts des
emplois scolaires pourrait prendre la forme d'une imprégnation et être
préparée conjointement par les inspections des ministères de l'Éducation
nationale et de la Culture», poursuit le document.
«Un effort
important est à effectuer dans le domaine de la formation des
enseignants et de la mise à disposition de personnels spécialisés auprès
des écoles», estiment les auteurs. «Dans le cadre de la formation des
professeurs des écoles qui ont vocation à exercer à l'école primaire,
les moyens de la formation ont été progressivement réduits pour parfois
atteindre laborieusement une dizaine d'heures sur un cursus de deux ans
de formation», regrette la mission. Cette situation est évidemment
particulièrement dommageable à l'éducation artistique des élèves et il
devra y être remédié.
Et maintenant, c'est l'Institut Montaigne qui s'en mêle !
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/12/23/01016-20101223ARTFIG00659-faire-de-la-musique-au-college-dope-les-resultats-scolaires.php
Faire de la musique au collège dope les résultats scolaires
L'Institut Montaigne a publié une étude qui montre que quand on fait
partie d'un orchestre… les notes s'élèvent! Comme la confiance en soi
et l'ambition.
La musique adoucit les mœurs et… booste les résultats scolaires!
L'Institut Montaigne vient de publier une étude qui donne le la: quand
dans l'enceinte même de leur collège ou lycée, les élèves peuvent jouer
dans un orchestre, le niveau scolaire de chacun monte, l'ambition de
tous s'accroît et la confiance des élèves dans leur bonne étoile
augmente. À l'égard de l'institution. De leurs professeurs, mais aussi
des autres élèves! Une découverte qui ne surprend pas les professeurs
qui enseignent dans les classes à horaires aménagés (Cham). Ces classes,
qui permettent aux élèves de recevoir, dans le cadre des horaires et
programmes scolaires, un enseignement artistique renforcé en musique,
danse et même, depuis 2009, dans le domaine théâtral, suscitent aussi
l'engouement des parents. «J'ai insisté pour que ma fille prenne cette
option. Tous les enseignants le disent, ces classes regroupent souvent
des têtes de classe, et puis faire de la musique à un bon niveau demande
d'être aussi rigoureux qu'en mathématiques», plaide une mère de
famille.
Les parents s'investissent aussi dans les projets
En
région parisienne, à Dourdan, petite cité de 10.000 âmes, Pierre
Zevort, professeur de musique au collège Condorcet, pourrait écrire un
livre sur la dynamique née dans tout l'établissement depuis que 57 des
900 élèves des classes Cham du collège ont eu l'occasion de travailler
avec le Coréen Myung-Whun Chung, directeur musical de l'Orchestre
philharmonique de Radio France, autour du Boléro de Ravel pour le
dixième anniversaire des droits de l'enfant. «C'était une expérience
unique, une rencontre hors norme, dit-il. Nous n'imaginions pas pouvoir
construire avec des élèves un projet d'une telle qualité, d'une telle
ambition. Les adolescents se sont donnés à fond, car ils ont compris
qu'on leur offrait le meilleur.» De son côté, Myung-Whun Chung, qui ne
demande qu'à renouveler l'expérience, observe: «La musique provoque une
réflexion. Il faut savoir écouter plusieurs fois certains passages. Elle
aide à grandir, à trouver un équilibre.» Depuis dix ans, le Coréen a
choisi de faire découvrir la musique classique aux enfants grâce à des
concerts spécifiques, des ateliers pédagogiques. L'enthousiasme des
heureux élus est si communicatif qu'à Dourdan le maire voudrait que les
enfants soient initiés à la musique de la maternelle au lycée. Dans cet
esprit, en matière théâtrale cette fois, un spectacle est prévu au
printemps avec Denis Podalydès, qui travaillera avec des élèves à une
mise en scène de Richard II dans le château royal de la ville. «Outre la
pertinence de ce travail avec les enfants, les relations avec leurs
parents deviennent vite différentes. Ils se rapprochent de l'école,
s'investissent dans nos projets. La communauté éducative est gagnante,
mais c'est le regard de chacun sur l'école qui change et le travail de
tous qui est facilité», analyse Anne Maurel, responsable de la culture.
Même
prise de conscience, même engouement au lycée Racine à Paris, l'un des
tout premiers dès 1965 à avoir compris l'importance des disciplines
artistiques dans le cursus scolaire des enfants. Ici, l'ambition est
encore supérieure: la classe Cham de seconde ne participe pas seulement à
un spectacle, elle va se produire au Théâtre du Châtelet, à Paris, le
12 février prochain pour une création musicale et chorégraphique. «Ce
sont 30 élèves d'un très bon niveau musical. Ils travaillent depuis
plusieurs mois sur une œuvre du compositeur finlandais Esa-Pekka
Salonen», raconte Cécile Kauffmann, responsable du programme pédagogique
de l'Orchestre philharmonique de Radio France. Pour elle, l'ambition du
projet rapproche aussi bons et moins bons élèves. «C'est vrai que dans
ces classes-là, on trouve généralement les meilleurs, mais des
adolescents aux résultats plus modestes se révèlent aussi et
reprennent.» Un argument conforté par l'étude de l'Institut Montaigne,
qui conclut même que la présence d'un orchestre à l'école diminue les
différences sociales.
- ShajarVénérable
Aurore a écrit:Même
prise de conscience, même engouement au lycée Racine à Paris, l'un des
tout premiers dès 1965 à avoir compris l'importance des disciplines
artistiques dans le cursus scolaire des enfants. Ici, l'ambition est
encore supérieure: la classe Cham de seconde ne participe pas seulement à
un spectacle, elle va se produire au Théâtre du Châtelet, à Paris, le
12 février prochain pour une création musicale et chorégraphique. «Ce
sont 30 élèves d'un très bon niveau musical. Ils travaillent depuis
plusieurs mois sur une œuvre du compositeur finlandais Esa-Pekka
Salonen», raconte Cécile Kauffmann, responsable du programme pédagogique
de l'Orchestre philharmonique de Radio France. Pour elle, l'ambition du
projet rapproche aussi bons et moins bons élèves. «C'est vrai que dans
ces classes-là, on trouve généralement les meilleurs, mais des
adolescents aux résultats plus modestes se révèlent aussi et
reprennent.» Un argument conforté par l'étude de l'Institut Montaigne,
qui conclut même que la présence d'un orchestre à l'école diminue les
différences sociales.
Ce passage montre bien que l'institut Montaigne ne connaît pas son sujet. Le lycée Racine comporte non pas des classes CHAM, mais des classes mi-temps, où les élèves ne travaillent que le matin. (En CHAM, ils sont libérés en général trois après-midi par semaine, et l'établissement scolaire est directement lié au conservatoire). Ce sont des musiciens, sportifs et danseurs d'un excellent niveau (parfois professionnels, parfois au CNSMD ou au conservatoire supérieur de Paris, parfois à la maîtrise de Radio-France ou à la maîtrise de Paris), qui n'entrent que sur dossier (artistique et scolaire). Le temps de cours est drastiquement réduit, nécessitant des élèves très motivés et capables de suivre (d'où des fréquents 100% au bac); il n'y a donc aucune démonstration d'une amélioration du niveau, mais une sélection à l'entrée (comme dans les autres établissements mi-temps de Paris : lycée Brassens, collège-lycée La Fontaine, Collège Octave Gréard et école de la Bienfaisance). L'origine sociale n'est pas très différenciée : plutôt des classes sociales aisées. Par contre, les élèves viennent de toute la France, voire de l'étranger.
Un modèle absolument impossible à mettre en place dans des classes classiques.
- kensingtonEsprit éclairé
Hollande dans son discours de ce soir a justement annoncé qu'il voulait "généraliser l'éducation artistique" (?).
Un des rares trucs qu'il ait dit en matière d'éducation.
- CelebornEsprit sacré
kensington a écrit:
Hollande dans son discours de ce soir a justement annoncé qu'il voulait "généraliser l'éducation artistique" (?).
Un des rares trucs qu'il ait dit en matière d'éducation.
Ça s'annonce bien.
_________________
"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
Mon Blog
- ClarinetteGrand Maître
Je rends hommage à mon collègue de CM1, qui lui a remis du plomb dans la cervelle, et j'ai parachevé l'oeuvre de réaffirmation de ce qui est primordial à l'école, et de ce qui est facultatif...
- AuroreEsprit éclairé
kensington a écrit:
Hollande dans son discours de ce soir a justement annoncé qu'il voulait "généraliser l'éducation artistique" (?).
Un des rares trucs qu'il ait dit en matière d'éducation.
Il se trouve que le rapport Lockwood reprend en plus détaillé (et c'est pour cela qu'il semble bien plus inquiétant !) les idées du PS en matière d'enseignement artistique.
Pour résumer, c'est du Meirieu ou du Jack Lang puissance mille. Sous couvert des meilleures intentions, cela revient en gros à généraliser la transdisciplinarité, à refuser tout enseignement structuré et conçu sur le long terme, et à expliquer la musique de Mozart à partir de celle de "Mozart, l'opéra rock" (imagine-t-on en cours de français une introduction à l'univers romanesque de Hugo à partir de la comédie musicale Notre Dame de Paris ???). Bref, on prend les élèves pour des demeurés et on leur fait perdre leur temps.
- AuroreEsprit éclairé
Clarinette a écrit:Enfin, nous, il y a quelques années, on a reçu au CM1 une gamine qui venait d'une école CHAM. C'est bien simple, elle ne savait quasiment rien !
Je rends hommage à mon collègue de CM1, qui lui a remis du plomb dans la cervelle, et j'ai parachevé l'oeuvre de réaffirmation de ce qui est primordial à l'école, et de ce qui est facultatif...
Ce doit être une CHAM dite "non traditionnelle" où les élèves passent le plus clair de leur temps à monter des "projets collectifs et citoyens" à la noix.
Actuellement le ministère encourage beaucoup ces initiatives qui tendent à proliférer un peu partout. Et F. Mitterrand a récemment déclaré vouloir passer à la vitesse supérieure s'agissant de la "démocratisation des pratiques artistiques" et du "décloisonnement" de celles-ci : ça promet !
- AuroreEsprit éclairé
kensington a écrit:
Hollande dans son discours de ce soir a justement annoncé qu'il voulait "généraliser l'éducation artistique" (?).
Un des rares trucs qu'il ait dit en matière d'éducation.
Sarko l'a dit aussi, et ça tombe bien : je ne voterai ni pour l'un, ni pour l'autre !
- doublecasquetteEnchanteur
- AuroreEsprit éclairé
doublecasquette a écrit:C'est dommage qu'on ne puisse rien copier-coller de ce rapport... Je ne l'ai pas lu en intégralité, mais rien qu'en survolant, j'y ai détecté des perles rares qui ont dû vous faire bondir, Aurore...
En effet. J'ai l'impression que l'heure devient grave. Mais je ne compte pas m'arrêter au fait de ne pas pouvoir le copier-coller...
S'ils comptaient le faire appliquer, ce serait la fin de tout enseignement artistique digne de ce nom, et je pèse mes mots.
Ce qui est amusant dans l'histoire, c'est que Lockwood lui-même est passé dans sa prime jeunesse par la méthode Flesch, qui est loin d'être ce qu'il y a de plus "glamour" dans l'apprentissage du violon. Et il s'en vante ! Deux poids, deux mesures...
Ces "commissions" et comités théodules grassement rétribués par l'Etat pour pondre ce type de torchon sont un véritable scandale, quand on pense à toutes les suppressions de postes et à la multiplication du travail précaire dans les collectivités locales sous prétexte de coupes budgétaires (certains collègues de ma connaissance bossent pour 13 euros l'heure, et on leur refuse de passer à 13,75 !!!).
On a ici le cas typique d'une brochette d'artistes officiels vivant des subventions de l'Etat qui assure leur carrière (Lockwood crache sur les "conservatoires = conservateurs" mais dans le même temps intervient dans les écoles de musique partout en France, cherchez l'erreur !) en échange de leurs "services" pour sa propagande. Cela me rappelle un autre temps, et d'autres lieux...
- UlrichNiveau 6
http://webcache.googleusercontent.com/search?hl=fr&gbv=2&gs_sm=e&gs_upl=469l9882l0l10014l47l43l0l32l0l0l220l1456l2.7.2l11l0&q=cache:IHGa0UPy9YwJ:http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/21853/186207/file/Rapport%20Lockwood.pdf+%22une+mission+a+ete+confiee+a+monsieur+lockwood%22&ct=clnk
... pour le copier-coller
- doublecasquetteEnchanteur
Objectif principal :
- Créer du temps de cerveau disponible pour Coca Cola !
Le problème est que la frontière entre ces deux genres musicaux est désormais définie par l’économie qu’ils génèrent, à tel point que, pour les honorer chaque année, les médias ont créé trois cérémonies distinctes :
- << les victoires de la musique >> pour l'industrie musicale, événement qui s’adresse au grand public ;
- << les victoires de la musique classique» et « les victoires du jazz » pour les amateursde ces deux genres musicaux.
Les taux d’écoute de ces deux dernières catégories sont dérisoires : c’est l’obligation << culturelle >> du service public de l’audiovisuel qui permetde maintenir leur diffusion.
_Pour parler crûment, le goût des jeunes aujourd’hui (goût forgé par l’industrie musicale) les porte à apprécier davantage l’opéra-rock << Mozart >> que son Requiem!
Un jeune qui aurait envie d’apprendre à jouer de la guitare électrique trouvera-t-il son bonheur au conservatoire ? Rarement. Souvent encore, il devra faire un an de formation musicale préalable (solfège) et quelques armées de guitare classique acoustique. Bien sûr cet exemple est caricatural car les conservatoires ont déjà beaucoup évolué dans le sens d’une plus grande ouverture, mais il décrit bien la nature du problème.
- AuroreEsprit éclairé
LE problème, c'est que nous sommes à peu près les seuls à s'en apercevoir, et que ces gens-là contrôlent le ministère et exercent un pouvoir sans partage dans le monde des conservatoires.
- AuroreEsprit éclairé
http://stephanebechy.typepad.com/blog/2012/01/le-rapport-lockwood-remis-au-ministre-de-la-culture-une-honte-au-pays-des-lumières.html#comments23/01/2012[/b]
Le rapport Lockwood remis au Ministre de la Culture : une honte au pays des Lumières
Je ne donnerai pas à ce texte la publicité qu'il ne mérite pas en
l'insérant sur ce blog... il est accessible sur le site du ministère de
la culture. La lettre de monsieur Lockwood au Ministre est affligeante
sur tous les plans : expression écrite, slogans à l'emporte pièce,
affirmations idéologiques et ressassées etc etc... Pour se faire une
idée, visitez la notice Wilkipedia de monsieur Lockwood.
Passons sous silence le ridicule et l'inutilité de ce type de rapport
qui ne fait que reformuler les vieilles lunes anti culture classique au
profit d'un clientélisme imbécile.
Ce n'est pas à ce type de commission (même s'il s'y trouve quelques
artistes talentueux qui ont dû souffrir...) de faire des préconisations.
Où sont les études sociologiques ? Où sont les projets politiques en
matière de vie sociale, de justice sociale, d'éducation populaire ??
Quel est le bilan de la soit-disant démocratisation culturelle ??
Je vous invite à lire Jacqueline de Romilly, Hélène Carrère
d'Encausse, George Steiner, Raymond Aron et quelques autres... Donnons
la parole et surtout écoutons ceux qui ont quelque chose à dire de notre
Culture et de sa transmission. Luttons, en restant fermes dans nos bons
vieux Conservatoires, classiques, ringards, qui pourtant sont respectés
et pris d'assaut chaque rentrée par des miliers d'enfants et de parents
qui en attendent une véritable éducation.
Resistons à la bien pensance des bobos de tout poil.
"Le journal de ce matin est déjà vieux, Homère est toujours jeune" Péguy
- UlrichNiveau 6
http://celeblog.over-blog.com/article-le-rapport-lockwood-bas-les-masques-101377295.html
Les préconisations pédagogistes de Didier & Co y sont finement analysées...
Rappelons qu'elles ne concernent que les conservatoires ordinaires, car pour ceux qui peuvent payer, il y a le Centre des Musiques Didier Lockwood où la pédagogie reste traditionnelle !
- UlrichNiveau 6
A propos du rapport Lockwood : « Ne confondons pas démocratie et démagogie. »
Le rapport ne fait que reprendre et paraphraser les textes officiels qui existent déjà depuis belle lurette ; ce rapport est, en fait, un non-événement. Il ressasse la même idéologie "innovante", transversale, destinée à une clientèle de bobos qui jubilent de voir leurs petits chéris se trémousser à leur saxophone sur des syncopes jazzies, c’est tellement sympa, la musique !
Directeur d’un Centre de musiques dont les stages coûtent entre 500 et 7 500 euros par an, Didier Lockwood émaille son texte de formules héritées de 1793 : « la musique est un outil de communication universel et égalitaire », « l’enfant-citoyen », « outil d’intégration sociale mis à la portée du plus grand nombre pour lutter contre les inégalités ». On n’est pas loin du totalitarisme et surtout du mépris pour ceux qui attendent d’un établissement de service public des apprentissages et une culture classique authentique. Oui, il y a des parents qui désirent que leur enfant apprenne à jouer Beethoven, Bach, Mozart et Schubert. Ceux-là, on les oublie. Oui, on inscrit nos enfants dans les conservatoires pour qu’ils y apprennent une technique, le langage musical, l’histoire de la musique, la chronologie, l’histoire des formes et surtout l’exigence et l’artisanat de la musique, avec des maîtres qui ont une expérience de concert, qui forment leurs élèves avec amour, talent et passion (et il y en a) et non qui se soumettent au pédagogisme dictatorial, aux orientations ministérielles, aux projets d’établissement souvent concoctés dans l’inculture et l’incompétence, sans aucune réelle envie de faire apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit, pourvu que ça bouge et que l’élu municipal à la culture soit fier de son établissement.
Le rôle de l’Education nationale
Le texte s’appuie fortement sur le rôle de l’Education nationale. Malgré quelques belles réalisations, quand va-t-on arrêter de s’illusionner sur l’enseignement de la musique dans l’Education nationale ? Quel bénéfice peut-on tirer d’une heure de cours par semaine (soit environ 140 heures de formation au collège), temps qu’il faut quasiment diviser par deux pour arriver à une écoute et une pratique convenables, compte tenu de l’hétérogénéité et du surpeuplement des classes pour cette discipline notamment ? (Sur 55 minutes de cours, environ 20 à 25 sont perdues en gestion de classe, absence de matériel, rapports d’exclusion, incivilités diverses, sans compter l’inertie des élèves face à quelque pratique musicale que ce soit.) Si l’on veut vraiment que l’Education nationale remplisse ses objectifs louables, il faut alors aller beaucoup plus loin : augmenter le temps consacré à la musique, travailler en groupe, faire venir des intervenants spécialisés et surtout modifier considérablement la formation des professeurs d’éducation musicale à qui l’on demande non seulement d’être des couteaux suisses, mais d’animer et non d’instruire, et qui s’écroulent souvent ou démissionnent.
Démocratie ou démagogie ?
Ce rapport, fait de formules à l’emporte-pièce, semble confondre démocratisation et démagogie. On ne lit pas un mot sur les bienfaits de la musique classique sur une jeunesse déstructurée par l’hyperconnectivité et la musique commerciale. On ne parle que de métissages, de mélanges, d’interaction, de passerelles... autrement dit rien à quoi on ne puisse se raccrocher. J’ai la faiblesse de croire que tenir sa partie dans le chœur d’une cantate de Bach est plus formateur que d’aller swinguer sur des consonnes ou des voyelles en fin d’après-midi ou faire trois pizzicati en une heure dans un ensemble improvisé.
S’il s’agissait d’une véritable volonté de démocratisation, ce à quoi on applaudirait des deux mains, il serait plutôt question de faire accéder le plus grand nombre à ce à quoi il n’a pas accès et qui l’élève. Mais évidemment, « doit-on distinguer ce qui est une bonne pratique d’une moins bonne... ou ne rester que concentrés sur la protection d’un patrimoine et la transmission d’une tradition historique des musiques savantes et classiques ? », nous dit le texte. Quel mépris, tout de même, ce "ne rester que", quelle démagogie !
Quel niveau pour les prochaines générations ?
Ce rapport veut nous convaincre que, puisque la majorité consomme de la musique amplifiée, du rap, de la techno, du métal, formes représentatives de la société actuelle (tout à fait respectables, d’ailleurs, mais qui ne s’apprennent pas) et qui sont aussi et surtout des sources de profits considérables pour les industries musicales, il faudrait, en plus de leur envahissement radiophonique, télévisuel, et désormais emportable avec soi partout et tout le temps, qu’elles soient apprises dans les conservatoires, et non seulement apprises, mais quasiment imposées, puisque, pour Didier Lockwood, « il est préjudiciable à un élève qui s’engage vers un apprentissage de la musique classique de ne pas profiter des enseignements de la musique populaire ». On imagine le niveau instrumental et culturel d’une prochaine génération sous l’angle obtus de ce raisonnement. A ce compte-là, jamais plus de Nadia Boulanger, exit nos grands pédagogues et maîtres français. Mais un peuple amateur qui swinguera, se trémoussera et surtout improvisera ! Pendant ce temps, à l’étranger, on continuera à faire des gammes, à apprendre à poser sa voix, à faire des dictées de rythme, à écouter religieusement un quatuor de Beethoven.
La carrière des professeurs privés qui apprendront quelque chose à leurs élèves avec foi, passion, talent et patience et qui s’assiéront sur la transversalité a un bel avenir.
Christian Lorandin, ancien professeur en conservatoire et dans l’Education nationale.
http://www.lalettredumusicien.fr/s/articles/1429_131_a-propos-du-rapport-lockwood-ne-confondons-pas-democratie-et-demagogie
- AuroreEsprit éclairé
http://www.lalettredumusicien.fr/articles/articles.php?idarticle=1525
La réponse de Didier Lockwood
A quel moment dans ce rapport est-il dit qu'il fallait faire passer les musiques populaires avant la musique classique dans les conservatoires ? Ce commentaire prouve l'urgence de devoir changer les choses. J'ai du mal à comprendre comment La Lettre du Musicien peut publier ce genre de propos qui est à la limite diffamatoire lorsque cette personne [Christian Lorandin, NDLR] parle du coût des stages de notre école, le CMDL. Si il y a de plus en plus d'écoles de musique privées, c'est que les conservatoires et l'enseignement public de la musique ne remplissent plus leur mission. D'ailleurs j'invite cette personne à venir suivre dans notre école quelques cours pour qu'il comprenne que le swing et le groove s'apprennent ainsi que l'improvisation, tout comme y sont venus avec grande humilité de prodigieux interprètes classiques tels que Maxim Vengerov, Patricia Petitbon, Gilles Apap, mais aussi, juste avant son décès, Sir Yehudi Menuhin qui est venu assister à notre toute première académie de Calais (vous pouvez voir un petit film sur mon site ou Facebook à ce propos). Oui il y a tout autant de science dans les musiques actuelles et improvisées que dans la musique dite savante, elle ne sont pas les mêmes, mais elles sont complémentaires. Mais cela semble échapper complètement à ce monsieur comme à ceux qui n'ont jamais pratiqué ou qui n'ont pas été formés à ce type de musique. Et comme très souvent lorsque l'on ne connaît pas, on méprise.
Je ne vais pas perdre davantage mon temps à vous répondre, je suis en tournée avec le grand guitariste de jazz Mike Stern (avec lequel je travaille avant chaque concert les partitas de Bach qu'il connaît par cœur) à travers l'Europe et profite des voyages pour écrire un troisième concerto de violon que je dois interpréter dans quelques mois avec le très bel Orchestre philharmonique de Géorgie. Je terminerai donc par vous dire que vos propos sont une insulte à tous les membres éminents de notre mission qui ont contribué à l'élaboration de ce rapport (comme moi-même à titre bénévole), mais aussi à Louis Armstrong, Count Basie, Duke Ellington. Miles Davis, Jimi Hendrix, John Coltrane, Frank Zappa, Keith Jarrett, Pat Metheny, Stéphane Grappelli, Django Reinhardt, Bill Evans qui, tout comme Quincy Jones, est venu en France prendre des cours avec Nadia Boulanger, aux Beatles, à la musique africaine, à Ravi Shankar, à Sting, Peter Gabriel, Cecil Taylor, mais encore à Ravel, Stravin-sky, Bach, Bartok, Gershwin, Bernstein, Glenn Gould, Isaac Perlman qui m'a personnellement soutenu dans ma démarche pédagogique, et tant d'autres...
A moins que cette personne se situe bien au- dessus de ces artistes, on ne sait jamais là où la frustration peut nous mener...
Didier Lockwood
****
M. Lockwood nous dit que de grands interprètes sont venus dans son école, mais ce n'est pas là qu'ils ont appris à devenir de grands interprètes. Or le rapport s'intéresse aux élèves de conservatoires et il y est dit que seul environ 1 ou 2 % de jeunes embrasseront la carrière de musicien. On sait que Menuhin s'intéressait à toutes sortes de musique, mais surtout qu'il avait créé une école d'élite de la musique classique à Cobham où exerçaient Gendron, Ciampi, Nadia Boulanger...
On connaît tous l'intérêt de Ravel, Stravinsky et de bien d'autres compositeurs et interprètes pour le jazz, qui est une grande discipline musicale, mais encore une fois ce qui est contenu dans le rapport est, dans le fond et la forme, bien plus inquiétant que ce qui est dit dans cette réponse.
La réaction de M. Lockwood qui prend prétexte de sa carrière pour éluder une bonne discussion de fond ne le place pas, je trouve, dans une bonne posture.
Et le fait d'affirmer que les conservatoires ne remplissent pas leur mission est, de sa part, un argument à mon avis très dangereux.
Christian Lorandin
- AuroreEsprit éclairé
- UlrichNiveau 6
Didier Lockwood plaide à Matignon pour l'éducation artistique (Le nouvel Observateur)
PARIS, 08 oct 2012 (AFP) - Le violoniste de jazz Didier Lockwood a plaidé lundi lors d'une rencontre à Matignon avec Jean-Marc Ayrault en faveur de l'éducation artistique qui doit, selon lui, impliquer l'éducation nationale et les artistes.
Didier Lockwood, vice-président du Haut conseil de l'éducation artistique et culturelle, a été reçu durant 40 minutes par le Premier ministre.
"J'ai un peu donné mes points de vue concernant la mise en place, qui doit être centrale aujourd'hui, de l'éducation artistique", a expliqué à l'AFP le musicien à l'issue de cet entretien. Selon lui, l'éducation artistique peut tout à fait "soulager les problématiques sociales aujourd'hui".
"On a parlé de ce qui pourrait être fait, des coordinations entre éducation nationale et créateurs", a ajouté M. Lockwood, pour qui le Premier ministre est "extrêmement sensible" à cette problématique.
"Ca fait du bien! Je n'avais jamais été reçu par un Premier ministre auparavant, c'est quelqu'un de très concerné par ça", a ajouté le violoniste.
L'éducation artistique doit créer "des synergies entre beaucoup d'acteurs" et reposer sur de "réels programmes", a estimé le musicien. "Ce n'est pas le nombre d'heures qui compte", a poursuivi M. Lockwood.
"Il faut impliquer les artistes, il faut que les artistes comprennent que s'ils veulent générer de nouveaux publics, il faut les éduquer", a-t-il conclu.
Créé en 2005, le Haut conseil pour l'éducation artistique vise à promouvoir les arts à l'école. Regroupant des représentants de l'Etat, des collectivités ou des parents d'élèves, le Haut conseil, présidé par les ministres de l'Education et de la Culture, est chargé de faire des propositions au gouvernement.
- PseudoDemi-dieu
Ulrich a écrit:stre.
"J'ai un peu donné mes points de vue concernant la mise en place, qui doit être centrale aujourd'hui, de l'éducation artistique", a expliqué à l'AFP le musicien à l'issue de cet entretien. Selon lui, l'éducation artistique peut tout à fait "soulager les problématiques sociales aujourd'hui".
Ma foi... Pourquoi l'éducation artistique plutôt qu'autre chose ?
Il représente un lobby le monsieur, c'est tout.
M. Microsoft pourrait dire de même (l'éducation aux nouveaux outils doit être centrale), M. EDF ou Aréva pareil (l'éducation aux énergies nouvelles doit être centrale), etc...
Ce qu'il veulent mettre au centre de l'éducation, c'est ce qui est au centre de leur gagne pain.
_________________
"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- UlrichNiveau 6
Pseudo a écrit:
M. Microsoft pourrait dire de même (l'éducation aux nouveaux outils doit être centrale), M. EDF ou Aréva pareil (l'éducation aux énergies nouvelles doit être centrale), etc...
Un représentant d'Apple a d'ailleurs été auditionné par les membres de la commission présidée par D. Lockwood, car bien évidemment, l'éducation artistique du futur n'est pas concevable sans ordinateurs !
- PseudoDemi-dieu
Ulrich a écrit:Pseudo a écrit:
M. Microsoft pourrait dire de même (l'éducation aux nouveaux outils doit être centrale), M. EDF ou Aréva pareil (l'éducation aux énergies nouvelles doit être centrale), etc...
Un représentant d'Apple a d'ailleurs été auditionné par les membres de la commission présidée par D. Lockwood, car bien évidemment, l'éducation artistique du futur n'est pas concevable pas sans ordinateurs !
Ah ! Me voilà pleinement rassurée !
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- Arts Appliqués/Arts Plastiques > Reconversion dans l'enseignement
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