"Etre inspecteur, c'est rendre le métier d'enseignant possible".

Jean-Marc Vasseur : le départ à la retraite d'un inspecteur de classe

| LE VISAGE DE L'ACTUALITÉ | Jean-Marc Vasseur est un inspecteur de l'Éducation nationale d'une trempe en voie de disparition, plus attaché aux relations humaines qu'à la culture du résultat. Il va prendre sa retraite le 26 juin. Retour sur le parcours de ce fils unique de mineur qui n'a commencé l'école qu'à 6 ans.

Jean-Marc Vasseur, inspecteur de la circonscription d'Aire-sur-la-Lys, quitte l'Éducation nationale «nostalgique et soulagé».

PAR DAVID MONNERY

Au moment de ranger une dernière fois son bureau d'inspecteur de l'Éducation nationale de la circonscription d'Aire-sur-la-Lys, Jean-Marc Vasseur, classe aussi un vieux rêve inassouvi. « Je n'ai jamais fait classe comme je rêvais de la faire quand j'étais gamin. » Il voulait devenir « maître d'école. J'adorais ce mot ». Faire comme « Monsieur Chappe », son professeur de CM2. « Un vrai hussard de la République, profondément laïc. Il dessinait des cartes au tableau, il fallait le voir... » Au lieu de ça, à la sortie de l'école normale, Jean-Marc Vasseur devient enseignant spécialisé en classes de perfectionnement, « pas la classe comme je l'imaginais ». Vingt-deux ans dans un paquet d'établissements audomarois au gré de sa bougeotte. Puis un coup de tête, à 41 ans. « Je ne voulais pas être muté dans le bassin minier suite à une fermeture de poste. » Alors il s'inscrit au concours d'inspecteur. « J'étais quasiment sûr de ne pas l'avoir car je ne l'avais pas préparé comme il fallait. » Pas de bol, il est reçu. Et nommé bien plus loin encore, dans la Somme. « Trois années formidables. » Il se rapproche finalement de ses attaches pour devenir inspecteur à Aire, à la tête de 43 écoles dont cinq privées et 282 enseignants.

« Je n'aime pas vraiment ce mot, inspecteur. J'ai toujours eu en tête cette phrase d'une formatrice, elle nous avait dit : "Vous allez devenir inspecteur. Certains s'arrêtent au côté cadre supérieur, mais le plus important c'est de rendre le métier d'enseignant possible."C'est ce que j'ai essayé de faire durant toute ma carrière. » Évaluer, former. « Lors de mes animations pédagogiques, les enseignants étaient comme mes élèves, finalement. » Il a « adoré ». Mais part « soulagé et nostalgique ». Nostalgique, « parce que j'ai aimé voir les enseignants en fonction. Une personne peut toujours s'améliorer et on doit l'aider à faire mieux. C'est compliqué de faire classe, les enseignants font un boulot bien difficile qui demande la meilleure formation possible ». Et soulagé, pour « ne plus avoir à subir le stress.

Toutes les exigences de l'administration qui se sont accrues. La logique du résultat engendre forcément une pression. Les problèmes de relations humaines au sein des équipes, eux, n'ont jamais varié. Mais ce qui a augmenté, ce sont les relations conflictuelles avec les parents. Ça reste une minorité mais certains sont capables de déstabiliser tout l'édifice ».

Dur à comprendre pour quelqu'un qui a connu un temps où « on faisait une confiance presque aveugle à l'école ». Jean-Marc Vasseur y voit la marque de la société de consommation. De tout, tout de suite. « Mais l'école ne doit pas tout. C'est une affaire collective. Un enfant, ça s'élève. » Lui sait qu'il doit beaucoup à ses parents. « Mon père et mon grand-père étaient des ouvriers de la mine.

Mais ils avaient une grande culture, un goût pour la découverte. Ce n'est pas l'école qui me l'a donné, ça, mais ma famille. Sinon ma culture se serait limitée au livresque. » Son côté rabelaisien prend racine ici, dans ses jeunes années. « Vous savez, j'adore la maternelle car c'est là que les enfants progressent le plus. Mais je n'y suis jamais allé... Dans la cité minière où j'habitais, la maternelle, c'était la rue. On a fait tous les tours pendables ! » Plus tard, il a aimé l'école. Mais ne s'est jamais contenté de ça. Il aura désormais tout le temps de se consacrer à ses passions pour le jardin et le vin. Tiens, encore des choses qui s'élèvent

Cripure a écrit:Être enseignant, c'est rendre possible le métier d'inspecteur.

liliepingouin a écrit:De éléments intéressants et justes dans cet article...

Mais la citation mise en titre... :lol:

linkus a écrit:Ce ne sont pas des inspecteurs mais des managers. Ce métier a bien changé en mal.

scoeurs a écrit:

linkus a écrit:Ce ne sont pas des inspecteurs mais des managers. Ce métier a bien changé en mal.

+ 1

Cripure a écrit:Signé Cripure, pas inspecté depuis avril 1997.

linkus a écrit:Et enfin, les IG sont différents des IPR. Cette "maladie" ne les a pas (encore?) atteint.

linkus a écrit:Tu es dans quelle matière? Depuis deux ans que je me fais harceler par ces inspections, quand est venu l'IG, elle m'a trouvé que du positif contrairement à ces IPR. Cela doit forcement varier d'une discipline à une autre.

jilucorg a écrit:

Cripure a écrit:Signé Cripure, pas inspecté depuis avril 1997.

Tiens, moi j'ai été inspecté l'an dernier – étant au 7e et dernier échelon de la H-Cl, je stressais à mort comme on imagine –, ma dernière mascarade avec un IPR datait de 1987. Cette carence ne m'a pas empêché de passer à la H-Cl en 2006 avec avis de l'inspecteur : « Favorable », motivation : « Bon favorable » (sic), tel que vu sur iProf (j'ai une copie d'écran). Entretemps, ma note pédago avait monté toute seule deux fois (en tout de 7 points /60). Vingt-sept ans sans que personne ne se soucie de voir ce que je faisais, alors que je bosse dans une grande agglomération, pas au fond des bois : un truc à prendre au sérieux, l'inspection [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Kensei a écrit:

linkus a écrit:Et enfin, les IG sont différents des IPR. Cette "maladie" ne les a pas (encore?) atteint.

Hélas si. J'en ai fait l'amère expérience l'année dernière avec un incompétent qui m'a pourri la vie ensuite à travers ma chef...