Classe de 6ème sans notes

Ton argument est assez convaincant, mais la remédiation a aussi ses limites: on ne peut pas faire de l'or avec du plomb, même si on peut aider certains élèves à progresser bien sûr. De toute façon, j'essaierai de m'adapter, quoi qu'il arrive.

c0c0 a écrit:

Caspar Goodwood a écrit: Au fond, les compétences changent-elles grand chose? Les élèves en difficulté vont-ils devenir de petits génies heureux de venir en classe? Ils auront des pastilles vertes et rouges, des soleils et des nuages, des smileys, des courbes et des pourcentages. En seront-ils vraiment plus heureux?

Je vais aussi faire part de ma (maigre) expérience, j'ai vu les 3 systèmes (seulement notes, seulement compétences ou les deux à la fois) et je n'ai pas vu de différence fondamentale dans le rapport des élèves aux apprentissages et aux évaluations.

Il ne sont pas du tout plus heureux d'avoir des points de couleur ! (même si c'est vrai qu'ils ne sont pas plus malheureux non plus...)

Il y a quand même un gros avantage quand on évalue par compétence, c'est pour faire de la remédiation. Même si je connais mes élèves, si je ne mets que des notes j'ai du mal à me souvenir qui ne maîtrise pas telle ou telle capacité du programme alors qu'avec les points ça va tout seul !

Mais bon comme on n'a pas vraiment le temps de faire de la remédiation (et qu'en plus il me semble que ce n'est plus "à la mode" voir carrément proscrit), cela limite grandement l’intérêt des compétences

La question de la remédiation a été posée en fin d'année dernière et on nous a répondu qu'il n'y avait pas d'heures prévues à cet effet

Et pour certains élèves, la remédiation est un puits sans fond de toute façon. Je suis un peu fataliste/pessimiste/cynique sans doute (d'où mon regard distancié et narquois sur le livret de compétences).

Ce n'est pas gentil de mettre mon énorme faute en gras Edit Merci Tiptop

C'est vrai que la remédiation c'est parfois comme écoper le titanic avec une petite cuillère (percée la cuillère...).
Mais bon dans ces cas là, est-ce-qu'il y a vraiment une solution (notes, gomettes, stickers...).

Et puis attention qu'on se comprenne bien, j'ai trouvé un léger avantage pour l'évaluation par compétence, certainement pas pour ce ****** livret

J'ai bien compris et ton argument n'est pas idiot, je n'étais pas ironique. Ma conviction profonde est la même que la tienne: ce n'est pas en changeant de thermomètre qu'on soigne le malade mais puisque nous sommes de bons fonctionnaires obéissants, je me prépare à utiliser un nouveau thermomètre.

Serge a écrit:

Caspar Goodwood a écrit: Quand je parlais d'originalité, je voulais dire que je peux mettre 16 à un élève qui a écrit une bonne rédaction (ou expression écrite) qui respecte bien les consignes et retranscrit bien ce qui a été vu en classe, et 18 ou 20 à celui qui est sorti des sentiers battus et a fait preuve d'originalité et d'inventivité. Comment faire de même avec le livret?

Oui, sans note une excellente copie et une copie juste moyenne obtiennent toutes deux un "acquis".

Rien qui pousse les élèves à tendre vers l'excellence, rien qui peut leur permettre de se voir récompenser de leurs efforts pour avoir voulu tendre au-delà du "moyen"


En gros, pourquoi se casser le bol à faire mieux que du moyen validable ?

Ma collège qui évalue par compétences a du coup 4 degrés d'évaluation : non acquis, en cours d'acquisition, acquis, maîtrisé.

Madame_Prof a écrit:

Ma collège qui évalue par compétences a du coup 4 degrés d'évaluation : non acquis, en cours d'acquisition, acquis, maîtrisé.

Allez, je lui donne encore 1an pour en parvenir à un système équivalent aux notes....encore 6 paliers intermédiaires et c'est la note sur 10 ! courage! Ramons! :lol:

Plusieurs collègues m'ont raconté qu'il y a une vingtaine d'années à peu près (à préciser) il y avait déjà eu des expérinces d'arrêt des notes.Il fallait mettre des lettres : A, B ,C. Très vite, E et F ont été rajoutés, puis ls ont nuancé avec des A+ , B-....Tout s'est arrêté en deux ans..

Mes espoirs renaissent! Chez nous le CDE n'a pas fait les choses à moitié: il a envoyé un contingent de collègues volontaires dans un collège à l'autre bout de l'académie qui pratique la 6e sans note. Même ceux qui étaient dubitatifs sont revenus convaincus. Je soupçonne un lavage de cerveau intensif (ils évaluent par compétences les scientologues? )

Mais comme souvent, il va falloir tomber au fond du trou pour remonter .Donc on va bouffer de la compétence jusqu'à ce qu'une nouvelle lubie arrive et on reviendra aux notes..Parce que bon, il faudra bien que les enfants des pédagos aillent en prépa quand même..

albertine02 a écrit:mais tu n'avais pas dit que vous aviez voté contre en CA ? je confonds alors ?

Et sinon, courage, fuis !!
c'est un énorme boulot d'organisation en amont : trouver le logiciel, créer les référentiels, faire les bons paramétrages, se mettre d'accord sur ce qu'on appelle un item validé ou non (les pourcentages de réussite par exemple), puis le format du bulletin, puis la réunion d'information pour les parents d'élèves.....c'est gigantesque. (et vain, je ne vais te le cacher....)

Tu confonds avec moi. C'est dans mon collège que nous avons voté contre ce projet en CA, que le chef nous a refait voter au CA suivant... les votes "contre" l'ont emporté (de justesse)

roxanne a écrit:Plusieurs collègues m'ont raconté qu'il y a une vingtaine d'années à peu près (à préciser) il y avait déjà eu des expérinces d'arrêt des notes.Il fallait mettre des lettres : A, B ,C. Très vite, E et F ont été rajoutés, puis ls ont nuancé avec des A+ , B-....Tout s'est arrêté en deux ans..

Il y a largement plus de vingt ans : fin des années 70 je pense, ou tout début 80, mais ça n'a pas duré longtemps en effet ...

Il y a toujours des ABC en GB ou aux USA mais cela correspond à des pourcentages et donc à des notes. On pourrait les comparer aux mentions du bac: si on a un A, c'est l'équivalent de la mention très bien etc..

Caspar Goodwood a écrit: Et pour certains élèves, la remédiation est un puits sans fond de toute façon. Je suis un peu fataliste/pessimiste/cynique sans doute (d'où mon regard distancié et narquois sur le livret de compétences).

Et quand la remédiation, c'est une heure quinzaine avec des élèves que tu n'as pas en cours, que de fait tu ne connais pas, et pour lesquels tu ne parviens pas au mois de mai à te rappeler leurs prénoms (parce que tu les as vus 4 fois depuis septembre...), c'est d'une efficacité incroyable...

harry james a écrit:

Madame_Prof a écrit:

Ma collège qui évalue par compétences a du coup 4 degrés d'évaluation : non acquis, en cours d'acquisition, acquis, maîtrisé.

Allez, je lui donne encore 1an pour en parvenir à un système équivalent aux notes....encore 6 paliers intermédiaires et c'est la note sur 10 ! courage! Ramons! :lol:

C'est tout de même très symptomatique : on vante l'absence de notes et on finit par créer artificiellement des intermédiaires. C'est donc que même ceux qui sont convaincus sont confrontés à des manques à combler.

De toute façon le côté binaire pastille rouge/pastille verte, ça ne peut pas vraiment fonctionner. Je vois d'ici les parents dire à leurs enfants: "Attention, si tu nous ramènes encore un feu rouge, ça va mal aller!"

Je sais que cet argument n'est pas valable pour les gens de là-haut très loin, mais ce matin j'ai décidé de relever et noter une activité pour qu'ils se mettent au travail car ils étaient affreux. Ben oui, faut le dire, parfois la note c'est bien pratique!!! Le but étant de récompenser ceux qui décident de fournir un effort, et non pas l'inverse.

Tu es jeune mais tu as déjà compris beaucoup de choses

Depuis 4 ans, plus de notes en 6e dans notre collège (donc en 5e depuis 3 ans).
Evaluation par compétences seulement.
Au début, nous l'avons fait contraints et forcés, aujourd'hui nous avons trouvé nos marques.

J'ai discuté avec quelques collègues ce midi.
Il semble que l'équipe pédagogique est loin d'être constituée et seule une personne m'a dit qu'elle irait à la réunion demain...

De toute façon Barnafée la Patouille (j'adore ton pseudo), "marques" ou pas, qu'est-ce que ça change pour les élèves? Ils ont des validations de compétence à la place des notes et pis voilà...

Madame_Prof a écrit:Je sais que cet argument n'est pas valable pour les gens de là-haut très loin, mais ce matin j'ai décidé de relever et noter une activité pour qu'ils se mettent au travail car ils étaient affreux. Ben oui, faut le dire, parfois la note c'est bien pratique!!! Le but étant de récompenser ceux qui décident de fournir un effort, et non pas l'inverse.

En fait, ça marche aussi si tu notes par compétences.
Caspar a raison : ce n'est qu'un changement de thermomètre. Et j'ajoute, en filant la métaphore : ce que le ministère veut, c'est que nous prenions la température ailleurs (ah, je sens que ce fil va bientôt déraper...), sauf qu'au lieu de le dire clairement et de l'imposer, on te change tes outils pour que tu sois contraint de t'adapter.
Notes ou pas, ou points, ou autres, on peut parfaitement acquiescer aux co****ries du ministère et continuer à oeuvrer en douce pour faire progresser nos élèves quand même. Sans prétention aucune, je crois bien en apporter la preuve chaque jour.
Je n'ai pas la moindre idée du temps que prendra cette lubie, et je ne me risque pas aux pronostics. Ce qui me fait peur, c'est que c'est un changement à échelle européenne, et qu'un retour en arrière semble difficile. Ensuite, vous allez me trouver un peu rude, mais ce que pensent ces "gens-là-haut" de ma façon de faire, je m'en tamp*** le coqu**** (et si je trouvais une expression encore plus vulgaire, je l'emploierais !!) ; mon avancement m'importe moins que la réussite de ces gamins pas nés du bon côté de la richesse.

C'est l'argument de certains collègues: "De toute façon, ça vient de l'Europe alors on ne peut rien y faire."

tiptop77 a écrit:J'ai discuté avec quelques collègues ce midi.
Il semble que l'équipe pédagogique est loin d'être constituée et seule une personne m'a dit qu'elle irait à la réunion demain...

La résistance passive peut être une réponse efficace. Se rendre à cette réunion, c'est montrer qu'on est éventuellement de bonne volonté.

Et le combat cessa, faute de combattants.

Provence a écrit:

tiptop77 a écrit:J'ai discuté avec quelques collègues ce midi.
Il semble que l'équipe pédagogique est loin d'être constituée et seule une personne m'a dit qu'elle irait à la réunion demain...

La résistance passive peut être une réponse efficace. Se rendre à cette réunion, c'est montrer qu'on est éventuellement de bonne volonté.

Et le combat cessa, faute de combattants.

C'est ce que je souhaite vivement.
Si une équipe est constituée malgré tout, ce sera évidemment sans moi.
Une collègue m'a dit qu'elle avait envoyé un mail à la direction en disant qu'elle n'appréciait pas la manière de faire. La PA a répondu qu'elle ne forcerait la main à personne, ben encore heureux!

Texto de ma collègue: elle ne va pas à la réunion non plus

Caspar Goodwood a écrit: De toute façon Barnaféé la Patouille (j'adore ton pseudo ), "marques" ou pas, qu'est-ce que ça change pour les élèves? Ils ont des validations de compétence à la place des notes et pis voilà...

Merci pour mon pseudo!
Je dirais quand même que ça peut changer les choses pour des élèves moyens ou en difficulté, qui ne sont pas autant découragés que s'ils avaient de (mauvaises) notes. En revanche, il nous a fallu créer un niveau d'acquisition au-dessus d'"acquis" car les bons/très bons élèves (si, si, on en a quand même quelques-uns!) avaient tendance à se laisser vivre dans la mesure où ils obtenaient "acquis" facilement.